Manifeste pour la vraie démocratie

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ANDRÉ TOLMÈRE

MANIFESTE POUR LA VRAIE DÉMOCRATIE

Pourquoi faut-il sup­primer les élec­tions au
suf­frage universel ?

Par quoi faut-il les remplacer ?
Com­ment ren­dre le pou­voir aux citoyens ?

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“Il n’y a de lib­erté pour per­son­ne, s’il n’y en a pas pour celui qui pense autrement”.
Rosa Luxembourg

 

“Celui qui ne gueule pas la vérité, lorsqu’il con­naît la vérité, se fait le com­plice des menteurs et des faussaires”.
Charles Péguy

 

“Ce n’est pas aux hommes que je m’adresse, c’est à toi Dieu de tous les êtres, de tous les mon­des et de tous les temps. Tu ne nous as point don­né un coeur pour nous haïr et des mains pour nous égorg­er ; fais que les petites dif­férences entre nos vête­ments, entre nos lan­gages, entre tous nos usages, entre toutes nos lois, entre toutes nos opin­ions ; que toutes ces petites nuances qui dis­tinguent les hommes ne soient pas des signes de haine ! Que ceux qui cou­vrent leur robe d’une toile blanche pour dire qu’il faut T’aimer, ne détes­tent pas ceux qui dis­ent la même chose sous un man­teau de laine noire ! Puis­sent tous les hommes se sou­venir qu’ils sont frères !”
Voltaire “Traité sur la tolérance” 1763


PLAN DÉTAILLÉ

AVANT-PROPOS :

La démoc­ra­tie trahie par les politi­ciens. La poli­tique au coeur de tous les prob­lèmes. Pro­pos­er un nou­veau mod­èle poli­tique. Chang­er les règles du jeu. Restau­r­er une véri­ta­ble démocratie.

Première partie : la folie des hommes

Jusqu’où va la folie des hommes. Toute forme de pou­voir est dan­gereuse et engen­dre iné­gal­ités et vio­lences. Les politi­ciens et la lutte pour le pou­voir. La manip­u­la­tion des masses.

Chapitre I : les racines du mal. Le pouvoir et les hommes

Le pou­voir est une arme. Pou­voir de l’argent. Le pou­voir crée de l’inégalité. Ampli­fi­ca­tion de l’inégalité par les élec­tions au suf­frage uni­versel. Les effets per­vers du pou­voir. Le pou­voir oli­garchique. Le principe de Peter. L’expérience de Stan­ley Mil­gram. Le pire des pouvoirs.

Chapitre II : la politique et les politiciens

La poli­tique et le poli­tique. La classe poli­tique. Ses orig­ines. Le com­porte­ment des politi­ciens. La dérive per­verse. La fausse communication.

Chapitre III : le suivisme

Les mou­tons de Panurge. Les dom­inés con­tribuent à leur pro­pre dom­i­na­tion. La vio­lence sym­bol­ique. Vio­lence d’État. La manip­u­la­tion par la com­mu­ni­ca­tion et par la mise en scène. Fanati­sa­tion des mass­es. La peur du loup. Com­porte­ment du leader. Pater­nal­isme et infan­til­i­sa­tion. Ampli­fi­ca­tion du suiv­isme. Le fanatisme, stade ultime du suiv­isme. Les six phas­es du fanatisme. Fanatisme et sectarisme.

Deuxième partie  : la démocratie trahie

Les insti­tu­tions actuelles ne respectent pas les principes les plus éle­men­taires de la démoc­ra­tie. La pra­tique démoc­ra­tique actuelle ne respecte même pas ses pro­pres règles.

Chapitre I : le déficit démocratique

Les insti­tu­tions ren­for­cent le pou­voir poli­tique d’une oli­garchie au détri­ment du citoyen. La séduc­tion poli­tique. Les lead­ers pop­ulistes. Dimen­sion spir­ituelle ou organique de la poli­tique ? La perte des valeurs de la poli­tique. Un min­i­mum de démoc­ra­tie, un max­i­mum de pou­voir aux mains des politi­ciens pro­fes­sion­nels. L’escroquerie à la démocratie.

Chapitre II : l’escroquerie des élections

L’idéal de la jus­tice élec­torale est impos­si­ble à attein­dre. Mul­ti­tude de sys­tèmes élec­toraux. Injus­tice de la représen­ta­tion : 550% d’inégalité ! Illé­gal­ité des élec­tions lég­isla­tives de 2002. Le “ger­ry­man­der”. Amélio­ra­tions pos­si­bles. L’énigme Jospin.

Chapitre III : la mythologie du suffrage universel

Suf­frage cen­si­taire et suf­frage uni­versel. His­torique. Référen­dums et plébiscites. Électeurs et élus. L’illusion du vote. Le citoyen manip­ulé. Nature coerci­tive et oli­garchique du pou­voir. L’impossibilité des réformes struc­turelles. La mon­tée de l’abstention.

Troisième partie : le retour aux sources

Il faut revenir aux orig­ines de la démoc­ra­tie pour la redéfinir et clar­i­fi­er ses principes fon­da­men­taux. Faire table rase, et pro­pos­er un mod­èle de fonc­tion­nement d’une vraie démoc­ra­tie respectueuse de ses pro­pres principes et des attentes des citoyens. Cela débouche oblig­a­toire­ment sur une stratégie de recon­quête du pou­voir politique.

Chapitre I : les origines de la démocratie

La démoc­ra­tie à Athènes au V° siè­cle avant Jésus-Christ. L’histoire de la démoc­ra­tie truquée et tron­quée. L’escroquerie intel­lectuelle. Démoc­ra­tie directe et indi­recte. Le refus du mod­èle démoc­ra­tique athénien. Égal­ité et suf­frage cen­si­taire. La procé­dure grecque. Citoyens, métèques, esclaves, ostracisme. Hitler porté au pou­voir par la démoc­ra­tie. Respon­s­abil­ité des femmes.

Chapitre II : les principes de la démocratie

His­toire grecque. Solon et Clisthène. Ecclésia, ago­ra, boulè, héliée, paideia. Le principe pre­mier : l’égalité poli­tique. Le tour de passe-passe : un homme, une voix. Le principe sec­ond : la lib­erté poli­tique. Troisième et qua­trième principes : deux procé­dures qui respectent le principe du partage égal­i­taire du pou­voir. Les qua­tre piliers de la démocratie.

Chapitre III : l’égalité politique, fondement des libertés

Pri­or­ité à la lib­erté poli­tique depuis 1789. La lib­erté économique con­duit à l’exploitation économique. L’analyse marx­iste est insuff­isante. La démoc­ra­tie libérale fab­rique des dic­tatures. La démoc­ra­tie est trahie par le suf­frage universel.

Chapitre IV : le tirage au sort

1) Une nou­velle procé­dure… vieille de 2500 ans.
Pre­mier principe. Deux­ième principe. Conséquences.
2) La réduc­tion décimale.
Exem­ple sim­pli­fié. Un nou­veau sys­tème pour désign­er les représen­tants. Précé­dents his­toriques. Rejet des moyens élec­tron­iques. Jus­ti­fi­ca­tion de la réduc­tion décimale.
3) La nou­velle procédure.
4) La durée du mandat.
5) Fonc­tion­nement des groupes-citoyens.
6) Le prob­lème des circonscriptions.

Chapitre V : les enjeux du tirage au sort

1) L’égalité politique;
2) La fin de la vio­lence d’État.
3) La recon­nais­sance de l’autorité.
4) La représen­ta­tion miroir.
5) La fin d’un sys­tème poli­tique schizophrène.
6) L’élimination des per­vers dangereux.
7) La fin de la cor­rup­tion et du règne de l’argent.
8) La fin du cen­tral­isme et de l’irresponsabilité.
9) Le gâchis des énergies.
10) La tranparence.
11) Sor­tir du con­flit psy­chologique et de l’aliénation.
12) La recon­quête démocratique.
13) L’initiative citoyenne.

Chapitre VI : oppositions et critiques

L’opposition de l’oligarchie. Une utopie poli­tique ? Qui est le plus capa­ble de gou­vern­er ? La dic­tature de l’économie. La bêtise absolue des “experts”. Exem­ple du FMI. L’accusation de dém­a­gogie. Un nou­veau pou­jadisme ? D’autres objections ?

Chapitre VII : la stratégie

Un pro­jet poli­tique. Un nou­veau par­ti poli­tique : le MCVD. La deux­ième voie : la mise en place des groupes-citoyens.

Chapitre VIII : avant de conclure

Une économie mécan­iste. Droit de pro­priété et pou­voir. Colo­nial­isme, impéri­al­isme, mon­di­al­i­sa­tion, mêmes com­bats. Con­di­tion­nement et lan­gage. L’illusion démoc­ra­tique. L’essence de la démoc­ra­tie. La dic­tature de la com­péti­tion. Uni­ver­sal­ité des valeurs de la vraie démoc­ra­tie. L’initiative citoyenne.

CONCLUSION

La pen­sée démoc­ra­tique mécon­nue et trahie. La démoc­ra­tie ago­nisante. Le Meilleur des mon­des. Chang­er les règles du jeu poli­tique. La folie de la com­péti­tion. La tromperie des politi­ciens. Sor­tir de l’infantilisme poli­tique. Égal­ité, lib­erté et fra­ter­nité. Paix, jus­tice et dignité.


AVANT-PROPOS

La plu­part des citoyens de ce pays et de beau­coup d’autres sont con­fron­tés à un mon­u­men­tal sen­ti­ment d’impuissance et de frus­tra­tion face à l’omnipotence de la machiner­ie poli­tique, voire de la machi­na­tion politi­ci­enne, sec­ondée par les implaca­bles rouleaux com­presseurs de l’appareil d’État et des médias.
Que peu­vent-ils faire et espér­er face à un monde poli­tique inca­pable de leur apporter autre chose que des promess­es et des répons­es politi­ci­ennes sans intérêt ?
Le vide politi­cien est absolu.
Le déficit poli­tique est total.
Si la démoc­ra­tie actuelle ne répond plus aux exi­gences des citoyens qui veu­lent de la trans­parence, pou­voir se faire enten­dre et par­ticiper aux déci­sions, peut-on encore par­ler de démocratie ?
Des quan­tités de citoyens dans le monde entier se bat­tent tous les jours pour essay­er de chang­er les choses et vivre un peu mieux, mais partout ils se heur­tent à des pou­voirs en place, de toutes natures, qui s’accrochent à leurs priv­ilèges et ruinent leurs espoirs ou leurs vies.
Face au chaos mon­di­al engen­dré par la dic­tature de la finance inter­na­tionale, les citoyens sont désar­més, trou­peau de mou­tons menés à l’abattoir par des fous furieux.
Hier : Napoléon, Lénine, Staline, Hitler, Pol Pot… Aujourd’hui : l’OMC, le FMI, la Banque Mon­di­ale… Sous cou­vert d’une idéolo­gie libérale (qui autorise autant d’infamies que les idéolo­gies nazie ou com­mu­niste) et d’une démoc­ra­tie dévoyée, Bush, Pou­tine, Sharon et quelques autres, imposent une dic­tature vio­lente et san­guinaire à la com­mu­nauté internationale.
À quoi rime une démoc­ra­tie qui nie aus­si ouverte­ment ses pro­pres principes ? À quoi rime une démoc­ra­tie qui per­pétue au pou­voir une oli­garchie ou des trublions mil­liar­daires (Bush, Berlus­coni) ? Com­ment remet­tre en ques­tion une démoc­ra­tie fac­tice qui trahit les citoyens et prof­ite à l’oligarchie régnante ?
Com­ment faire pour que le citoyen se libère du car­can politi­cien insti­tu­tion­nel, ne subisse plus pas­sive­ment et prenne enfin l’initiative politique ?
Pour y par­venir, il faut néces­saire­ment avancer des idées rad­i­cale­ment nou­velles ou oubliées pour bous­culer la pen­sée nor­ma­tive et étriquée qui pré­vaut et impose des pré­ceptes réputés acquis et indéboulonnables.
Mon par­ti pris est donc celui de l’audace, du non-con­formisme, du poli­tique­ment incor­rect, de la rébellion.
Le droit à la rébel­lion n’est-il pas recon­nu comme fon­da­men­tal par la con­sti­tu­tion de 1958 à laque­lle le préam­bule rat­tache la déc­la­ra­tion des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, qui déclare en son arti­cle 2 : “ Le but de toute asso­ci­a­tion poli­tique est la con­ser­va­tion des droits naturels et impre­scriptibles de l’Homme. Ces droits sont la lib­erté, la pro­priété, la sûreté et la résis­tance à l’oppression”.
On remar­quera dans ces droits “naturels” l’absence cri­ante de l’égalité poli­tique. Mais les révo­lu­tion­naires bour­geois de 1789, qui voulaient con­stituer la nou­velle élite dirigeante, avaient pris bien soin d’écarter une référence qui aurait pu “naturelle­ment” don­ner des idées à l’exécrée populace !

Ma réflex­ion n’est évidem­ment pas exhaus­tive. Mon pro­jet n’est qu’une ébauche. Des bib­lio­thèques entières ont été écrites sur les sujets que j’aborde. Chaque chapitre mérit­erait un livre à lui tout seul. Je pro­pose ici un rac­cour­ci, un con­den­sé pour aller vite, droit au but, suiv­ant le con­seil ô com­bi­en avisé d’un maître en “esprit uni­versel”, l’abstracteur de quin­tes­sence François Rabelais, qui nous invite à “tou­jours tir­er des choses la sub­stan­tifique moelle”. Tout comme l’Écriture qui nous aver­tit : “Là où est la mul­ti­tude des paroles et l’effusion des dis­cours, là se trou­ve une grande van­ité” (Eccl., VI, 11).
Et tou­jours par­ler le plus claire­ment pos­si­ble. Trop d’intellectuels cachent la mis­ère de leur pen­sée der­rière un ver­biage abscons et inin­tel­li­gi­ble, des­tiné à met­tre une bar­rière entre ceux qui com­pren­nent ‑ou font sem­blant d’avoir com­pris pour être à la “hau­teur”- et ceux qui rejet­tent avec rai­son des lec­tures indi­gestes ou impos­si­bles et devraient, de fac­to, admet­tre leur inféri­or­ité, voire leur débil­ité men­tale. Pour ma part, je me réclame d’un Pythagore qui prévient : “Ne dis pas peu de choses en beau­coup de mots, mais dis beau­coup de choses en peu de mots” et d’un Diderot, pour qui “ ce qui se conçoit bien s’énonce clairement…”
Ce dernier dis­ait aus­si : “ Avoir des esclaves n’est rien, mais ce qui est intolérable, c’est d’avoir des esclaves en les appelant citoyens”.
Je prends ici la défense des citoyens. Je veux leur ren­dre enfin la parole con­fisquée par les politi­ciens et la pos­si­bil­ité de repren­dre l’initiative poli­tique. Je n’invente rien. Je ne fais que repren­dre une idée vieille de 2500 ans, oubliée et trahie : la démoc­ra­tie, la vraie, qui doit tout au génie grec et qui n’a rien à voir avec la pseu­do-démoc­ra­tie actuelle.
J’ai le sen­ti­ment que les temps sont venus pour pro­pos­er une nou­velle voie, un nou­veau mod­èle politique.
La poli­tique est au coeur de tous les prob­lèmes. On ne peut rien chang­er sans chang­er la poli­tique, et on ne peut chang­er la poli­tique sans chang­er ses règles du jeu.
Il ne pour­ra y avoir un réel renou­velle­ment de la poli­tique si l’on ne remet pas en ques­tion l’ordre établi par les jeux politi­ciens. Il faut en arriv­er à une réno­va­tion rad­i­cale de la poli­tique et redonner ses let­tres de noblesse à une démoc­ra­tie qui a sin­gulière­ment besoin de redor­er son blason.

Après le choc du 11 sep­tem­bre 2001 et, chez nous, celui des élec­tions prési­den­tielles du mois d’avril 2002, on assiste à un remue-ménage chez nom­bre d’intellectuels, un vrai remue-méninges pour pro­pos­er et pour réformer : le déficit démoc­ra­tique est évi­dent pour tous. Cer­tains en sont arrivés à deman­der une VIe république. Mais je ne la vois pas comme eux l’imaginent, avec quelques emplâtres sur une jambe de bois !
Je n’ai pas d’ambitions per­son­nelles. Je refuse absol­u­ment d’être un mou­ton per­du dans la masse con­fuse, bêlante et subis­sante. Je n’ai pas plus voca­tion à être le berg­er cynique et hyp­ocrite, fausse­ment bien­veil­lant et ras­sur­ant, qui les tond et les con­duit à l’abattoir. Quant aux loups, il y a belle lurette qu’ils ont com­pris et qu’ils se sont recon­ver­tis dans le méti­er de berg­er. Eh oui ! Depuis 1789, les loups sont dans la bergerie !
Quant à moi, je veux qu’il n’y ait plus ni loups, ni berg­ers, ni moutons.
Utopie, diront cer­tains. Je suis sûr du con­traire. Au lecteur, citoyen mou­ton, de se faire sa pro­pre idée.
Pre­mière par­tie : la folie des hommes

Chapitre I : les racines du mal : le pouvoir et les hommes.

“Ma maîtresse, c’est le pou­voir. J’ai trop fait pour sa con­quête, pour me la laiss­er ravir ou souf­frir même qu’on la con­voite. Quoique vous disiez que le pou­voir m’est venu comme de lui-même, je sais ce qu’il m’a coûté de peines, de veilles, de combinaisons.”
Napoléon Bonaparte

“Je suis fer­me­ment per­suadé que les ânes, quand ils s’insultent entre eux, n’ont pas de plus sanglante injure que de s’appeler hommes” .
Hein­rich Heine

Cette chose étrange que l’on appelle le pou­voir, qui donne la capac­ité de faire, et tout par­ti­c­ulière­ment la capac­ité de faire plus que les autres. Qui per­met à celui qui le détient d’obtenir cette sat­is­fac­tion, cette jouis­sance dans le moin­dre avan­tage, dans le plus petit gain imposé à autrui. Ce goût du pou­voir qui explique ou qui jus­ti­fie toutes les manoeu­vres, tous les cal­culs, toutes les trahisons, tous les crimes.
Déjà entre eux, les enfants, par des con­fronta­tions, des bagar­res, cherchent à établir une hiérar­chie, les plus forts à impos­er leur autorité. À quelque niveau que ce soit, la plus petite par­celle de pou­voir con­fère à son déten­teur un sen­ti­ment de puis­sance, de supéri­or­ité sur le sub­al­terne, avec la ten­ta­tion d’en abuser.
Le pou­voir est une arme pour son déten­teur, une men­ace, voire une ter­reur pour la per­son­ne qui s’y trou­ve confrontée.
Chez les enfants, il y a une jouis­sance non dis­simulée du plus fort à impos­er sa puis­sance physique à un cadet. Chez les adultes, la force bru­tale n’est plus tolérée sociale­ment : le pou­voir est con­féré par des struc­tures hiérar­chiques d’origines divers­es, pro­fes­sion­nelles, économiques, sociales, caté­gorielles et politiques.
La délin­quance quant à elle, priv­ilégie tou­jours la vio­lence, sans doute pour son effi­cac­ité, la rapid­ité de ses effets, l’obtention d’un pou­voir imposant immé­di­ate­ment une soumis­sion totale.
Voilà un homme quel­conque. Qu’il bran­disse soudain une arme à feu (ou une sim­ple réplique inof­fen­sive) en vocif­érant des ordres, il ver­ra instan­ta­né­ment l’effet de son pou­voir qui est d’inspirer la ter­reur par la peur de la mort. Red­outable mais trop voy­ant et con­damné sociale­ment et pénalement.
Tout aus­si red­outable et presque invis­i­ble : voilà un cou­ple quel­conque. Unique­ment avec des mots insi­dieux, destruc­teurs, dis­til­lés savam­ment pen­dant des mois, des années, une femme au com­porte­ment per­vers pour­ra démolir com­plète­ment son mari, psy­chologique­ment et même physique­ment, le réduire à l’état de loque humaine. Et si par mal­heur, l’homme réag­it un jour vio­lem­ment, il y aura une femme battue de plus, le bour­reau devien­dra vic­time, cer­ti­fi­cat médi­cal à l’appui, avec dom­mages et intérêts, divorce aux torts exclusifs de l’homme, trop sou­vent privé défini­tive­ment de ses enfants dans les griffes de leur mère abu­sive. La réciproque est vraie mais bien plus facile à prouver.
Car le pou­voir s’exerce par de sim­ples mots, sou­vent anodins, un regard, une atti­tude. Par la sim­ple obéis­sance à des règles non dites, le dom­iné accepte et recon­naît le dominant.
Il suf­fit de bien peu de choses, une into­na­tion sur un mot, pour qu’une vio­lence cachée s’insinue dans le rap­port hiérar­chique. Une dérive s’installe et l’abus de pou­voir commence.
Dans la sphère poli­tique, la masse des citoyens investit une poignée de représen­tants de pou­voirs con­sid­érables. Ce n’est plus un gang­ster avec une arme de poing, c’en est un autre, le prési­dent de la République, avec, dans sa main, la bombe atom­ique. Carrément !
Il faut que la démoc­ra­tie soit dev­enue folle pour en arriv­er là. C’est comme si un père-peu­ple don­nait à son fils-prési­dent un pis­to­let chargé en espérant qu’aucun acci­dent n’arrive. Voilà l’inconséquence des peu­ples, qui se déchar­gent de toute respon­s­abil­ité par l’intermédiaire du suf­frage uni­versel et des représen­tants élus qui se con­tentent de prof­iter du sys­tème et de le faire per­dur­er. Il fau­dra bien qu’un jour les citoyens pren­nent directe­ment en main leur des­tin. Mais cela sup­pose une prise de con­science, une volon­té et un déclenche­ment. L’emprise du sys­tème et le con­di­tion­nement sont tels que cela paraît impos­si­ble. Et pour­tant, l’écroulement de l’empire sovié­tique et des Twin Tow­ers sem­blaient aus­si impossible.

L’argent est sou­vent con­sid­éré par beau­coup comme une valeur matérielle mépris­able et cer­tains y voient même l’instrument priv­ilégié de l’action du dia­ble en per­son­ne sur la pau­vre et faible human­ité. Mais ne serait-ce pas plutôt un piège de plus du Malin pour focalis­er notre atten­tion sur cet objet pas tou­jours matériel, qui ali­mente le fan­tasme col­lec­tif de la richesse ?
L’argent, sous quelque forme qu’il se présente, n’est fon­da­men­tale­ment qu’un moyen, qu’un instru­ment, qu’un out­il qui aide à résoudre cer­tains prob­lèmes. La dif­férence entre l’argent et un marteau tient au domaine d’utilisation de l’un ou l’autre out­il. Le marteau, me direz-vous, ne sert qu’à martel­er le fer ou à enfon­cer des clous. Cela sem­ble peu de choses mais sans lui, toutes les pro­duc­tions, innom­brables, de la forge, de la menuis­erie, de la char­p­ente et d’autres activ­ités, seraient impossibles.
L’outil moné­taire pos­sède cette supéri­or­ité extra­or­di­naire sur tous les autres qui tient à son uni­ver­sal­ité. C’est pour cela qu’on préfère avoir dans sa poche un porte­feuille bien gar­ni plutôt qu’un marteau ! L’argent est util­is­able dans toutes les cir­con­stances, dans tous les domaines. À l’exception d’un seul : on n’achète pas le coeur de l’Homme.
Lorsque le Nou­veau Tes­ta­ment décrète que “ l’amour de l’argent est la racine de tous les maux”, ne tombe-t-il pas lui-même dans le piège ? Ne faudrait-il pas rem­plac­er le mot “argent” par le mot “pou­voir” ? La fas­ci­na­tion de l’argent n’est que celle du pou­voir qu’il pro­cure. Si le dia­ble est bien quelque part, il faut le chercher du côté du pou­voir, de la supéri­or­ité, de la puis­sance qu’il con­fère à son détenteur.
Le pou­voir crée une iné­gal­ité entre celui qui le détient et celui qui n’en est pas pourvu. Il donne à l’un la pos­si­bil­ité de domin­er l’autre qui ne peut que subir. Ceci, quelle que soit sa nature : pou­voir de l’argent, pou­voir de la force ou de l’intelligence, pou­voir hiérar­chique (dans l’entreprise ou dans l’appareil d’État), pou­voir politique.
Le pou­voir crée de l’inégalité.
C’est pourquoi, dans le domaine poli­tique, l’invention de la démoc­ra­tie veut réduire cette iné­gal­ité en insti­tu­ant un principe de stricte égal­ité poli­tique entre les citoyens.
Un citoyen “ pèse” autant qu’un autre. Mais une fois posé ce principe, le plus dif­fi­cile reste à faire : com­ment s’y pren­dre pour faire jouer son rôle poli­tique au citoyen, lui don­ner la parole, lui faire exprimer sa volonté ?
Les Grecs eux-mêmes, qui ont inven­té la démoc­ra­tie, avaient par­faite­ment com­pris la difficulté.
Ils ont inven­té la démoc­ra­tie directe mais en ont perçu les lim­ites et les insuff­i­sances, puisqu’ils ont inven­té, en même temps, le principe de la représen­ta­tion qui est celui d’une démoc­ra­tie indirecte.
Mais ils ont com­pris aus­sitôt que la représen­ta­tion, en con­cen­trant le pou­voir poli­tique entre les mains du représen­tant, heur­tait de front le principe fon­da­men­tal de la démoc­ra­tie : l’égalité absolue des citoyens.
Ils ont donc inven­té le seul sys­tème sus­cep­ti­ble de réc­on­cili­er ce qui est inc­on­cil­i­able : à savoir la con­cen­tra­tion du pou­voir qui crée de l’inégalité et le principe d’égalité des citoyens. C’est là tout leur génie. Ce sys­tème, génial, ne con­sis­tait pas à élire des représen­tants du peu­ple au suf­frage universel.
D’ailleurs, la théorie démoc­ra­tique depuis Spin­oza et le Con­trat Social de Jean-Jacques Rousseau con­firme qu’il ne suf­fit pas de compter des voix, sans autre con­di­tion. On s’obstine à en ignor­er les principes les plus élé­men­taires. La démoc­ra­tie se moque des fauss­es hiérar­chies politi­ci­ennes et se soucie de faire accéder à ses valeurs poli­tiques l’ensemble des citoyens. Par son principe d’égalité poli­tique, elle sup­pose et impose l’indépendance et la lib­erté de juge­ment de chaque citoyen. La démoc­ra­tie invite chaque citoyen à revendi­quer et à débat­tre en poli­tique, c’est-à-dire sur tout ce qui con­cerne les affaires publiques du peu­ple des citoyens ou de la Nation.
Le sys­tème de la vota­tion au suf­frage uni­versel, con­sid­éré actuelle­ment comme l’idéal démoc­ra­tique, insti­tué au niveau du droit inter­na­tion­al dans la Déc­la­ra­tion Uni­verselle des Droits de l’Homme, ne répond pas à cette exigence.
C’est pire : ce sys­tème ne fait qu’amplifier l’inégalité poli­tique en ren­forçant le pou­voir poli­tique des représen­tants con­sti­tués en castes poli­tiques, et en réduisant au qua­si-silence celui des citoyens.
Le grand cirque des élec­tions con­siste, pour le citoyen-spec­ta­teur, à appréci­er devant son poste de télévi­sion lequel des deux ou trois lead­ers en piste présente les meilleures apparences, et c’est là-dessus que le citoyen fonde sa croy­ance en la démoc­ra­tie et en son juge­ment souverain !
Le pou­voir, quelle que soit sa nature, fab­rique de l’inégalité.
Cepen­dant, cer­taines iné­gal­ités sont accept­a­bles parce qu’elles résul­tent d’une iné­gal­ité somme toute naturelle, liée aux dons per­son­nels des indi­vidus. On appréciera tout autant le tal­ent d’un musi­cien ou d’un pein­tre, la dex­térité d’un souf­fleur de verre, l’imagination d’un inven­teur ou d’un écrivain, l’opportunisme d’un entre­pre­neur, etc.
Qu’ils en tirent des avan­tages économiques ne peut heurter per­son­ne, sauf si ces avan­tages ampli­fient exces­sive­ment le pou­voir et la richesse d’une minorité au détri­ment d’une majorité. C’est là l’origine des reven­di­ca­tions économiques et sociales et de toute la cri­tique marx­iste, l’inégalité économique menant tout droit à la lutte des class­es et à la prise du pou­voir poli­tique par le prolétariat.
Cela ne résoud en rien le prob­lème poli­tique. Les pro­lé­taires chas­sant les bour­geois, un pou­voir poli­tique en rem­place un autre. C’est la faille majeure du marx­isme. Avec Lénine et Staline, cette faille devien­dra un abîme, rem­pli de mil­lions de cadavres.
Le pou­voir poli­tique, fondé par la démoc­ra­tie sur l’égalité des droits, ne doit pas engen­dr­er l’inégalité poli­tique. C’est pour­tant ce que fait le sys­tème démoc­ra­tique actuel avec la méth­ode inap­pro­priée et injuste de la vota­tion et du suf­frage uni­versel : il fab­rique une caste d’élus, pro­fes­sion­nels et car­riéristes, dont toute l’activité est cen­trée sur leur réélec­tion et leur main­tien au pouvoir.
Ce qui explique les dis­cours creux de la langue de bois, les pro­grammes poli­tiques inter­change­ables et vides, l’importance accordée à la forme plutôt qu’au fond, les staté­gies poli­tiques rem­placées par des straté­gies de mar­ket­ing, la place accordée à la com­mu­ni­ca­tion, à la pub­lic­ité pour séduire un citoyen rabais­sé à un rôle de sim­ple con­som­ma­teur d’une marchan­dise politique.
L’idéal démoc­ra­tique est trahi et ne nous offre que l’escroquerie insti­tu­tion­nelle d’une démoc­ra­tie de marchands de tapis… ou de café.
Le pou­voir s’exerce tout autant dans la sphère privée que dans la sphère publique.
Dans la sphère privée, le pou­voir, c’est celui qu’exerce l’homme dans la famille tra­di­tion­nelle patri­ar­cale. Ce qui n’empêche nulle­ment bien des épous­es de “porter le pan­talon” car, ce que femme veut … Rien n’interdit la con­cer­ta­tion et les déci­sions pris­es en com­mun dans le cou­ple pour tout ce qui engage la vie de celui-ci. Choix de con­som­ma­tion, de dépens­es ou d’investissements (va-t-on chang­er de voiture, acheter un apparte­ment, par­tir en vacances…) Choix de vie : va-t-on faire un enfant, démé­nag­er, chang­er de tra­vail, faire une for­ma­tion, pren­dre une année sab­ba­tique… C’est tout cela et quan­tité d’autres déci­sions pos­si­bles, pris­es au jour le jour ou plan­i­fiées sur des années, qui con­stituent la poli­tique d’un cou­ple, d’une famille, d’un clan, sur le plan privé. Le pou­voir est détenu exclu­sive­ment par l’homme dans les sociétés machistes (au moins en apparence, car une femme habile est tou­jours capa­ble de manip­u­la­tion) ou bien il résulte d’une négo­ci­a­tion et d’un accord.
Tou­jours dans la sphère privée, le pou­voir est détenu par le créa­teur ou le patron d’une entre­prise, parce qu’il en est le pro­prié­taire et le dirigeant. Le patron peut s’entourer d’une équipe qui l’aidera à exercer son pou­voir, mais c’est lui seul, en dernier ressort, qui pren­dra les déci­sions défini­tives. Un patron qui réus­sit (sauf s’il tra­vaille seul) sait recruter des col­lab­o­ra­teurs effi­caces et sait leur déléguer une par­tie de ses pou­voirs. Beau­coup de créa­teurs d’entreprises échouent parce qu’ils ne savent pas déléguer, con­fi­er une par­tie de leur pro­pre tra­vail à d’autres. La hiérar­chie instal­lée dans une entre­prise dilue pro­gres­sive­ment le pou­voir du patron et dis­tribue ce pou­voir à tous les éch­e­lons. Chaque employé en détient une par­celle plus ou moins impor­tante en fonc­tion de son rôle et de son niveau de respon­s­abil­ité dans l’entreprise.
Dans la sphère publique, le pou­voir est exer­cé par tous les élus, à l’échelon local (maire, con­seillers munic­i­paux) ou nation­al (députés, séna­teurs, prési­dent). Ils ont la pri­mauté du pou­voir pub­lic parce qu’ils déti­en­nent le pou­voir lég­is­latif, c’est-à-dire le pou­voir extra­or­di­naire de mod­i­fi­er, d’adapter ou de chang­er les règles du jeu de la société toute entière. Ce pou­voir poli­tique est relayé par l’incontournable cour­roie de trans­mis­sion que con­stitue l’appareil d’État. Ain­si, une mul­ti­tude de fonc­tion­naires déti­en­nent dans leur spé­cial­ité une par­celle de pou­voir qu’ils ont la charge d’appliquer : juges, policiers, douaniers, inspecteurs des impôts, des fraudes, d’académie… Ce pou­voir se réper­cute par la hiérar­chie jusqu’au plus mod­este employé de l’administration. Lorsqu’un gen­darme sanc­tionne une infrac­tion au code de la route, il exerce un pou­voir pub­lic sur le sim­ple citoyen qu’il ver­balise. Un pro­fesseur qui note un élève exerce lui aus­si un pou­voir public.
Toute hiérar­chie fonc­tionne sur la base d’une dis­tri­b­u­tion et d’une dilu­tion du pou­voir et de la responsabilité.
Le ver­tige du pouvoir.
Ain­si défi­ni, le pou­voir pro­duit des effets red­outable­ment per­ni­cieux, per­vers, dia­boliques. Il exerce une dou­ble fas­ci­na­tion sur les maîtres et sur les sujets, sur les acteurs et sur les spec­ta­teurs, sur les élus et sur les citoyens, sur les dom­i­nants et sur les dominés.
Fas­ci­na­tion sur les dominants.
Un chef d’entreprise a pour prin­ci­pal objec­tif la réus­site de son entre­prise et l’obtention d’avantages économiques per­son­nels. Ce qui motive un créa­teur d’entreprise, c’est avant tout la créa­tion, l’envie de faire vivre son idée à tout prix et quelque­fois le prix à pay­er est très élevé : journées de tra­vail inter­minables, pas de repos ni de vacances, stress per­ma­nent, mise en dif­fi­culté de son cou­ple, épuise­ment des finances, dettes, fail­lite, divorce. Un chef d’entreprise n’est pas motivé a pri­ori par son pou­voir de chef sur ses employés. Le pou­voir du patron n’est pas un but en soi. Il est une con­séquence de sa posi­tion de décideur. C’est dans la révéla­tion de son pro­pre pou­voir à lui-même que le leader peut être saisi de ver­tige et per­dre les pédales. Quan­tité de patrons tyran­niques et de petits chefs usent et abusent de leur posi­tion hiérar­chique. Cepen­dant, cet abus est lim­ité aux fron­tières de l’entreprise. Dans le cas des multi­na­tionales, ces fron­tières sont démesurées et leurs abus peu­vent con­cern­er des mil­lions de per­son­nes et toute la planète, sans lim­ite, sans con­trôle, même pas de la part de leurs action­naires : elles rejoignent la dimen­sion des États. Comme eux, elles pré­ten­dent respecter la démoc­ra­tie, mais bafouent les droits de l’homme les plus élé­men­taires et n’hésitent pas à installer des dic­ta­teurs là où cela les arrange. Ain­si, le pou­voir d’une entre­prise privée peut avoir une action déci­sive et déter­mi­nante sur le pou­voir d’un État. Les exem­ples sont innom­brables. Je n’en cit­erai qu’un : l’action d’ ITT, soutenue par la CIA, qui con­duisit Pinochet au pou­voir et liq­ui­da Allende, légale­ment et légitime­ment élu en 1970. La liste des dic­tatures instal­lées par la “ démoc­ra­tie” améri­caine n’est qu’une litanie dés­espérante, révoltante, écoeu­rante. La France n’est pas en reste en Afrique avec ses anci­ennes colonies.
Les politi­ciens, quant à eux, ont pour prin­ci­pal objec­tif la con­quête du pou­voir. Ils n’ont aucun point com­mun avec un créa­teur d’entreprise, si ce n’est l’envie de réus­sir. Ce sont avant tout des pré­da­teurs et des séducteurs.
Bien sûr, bon nom­bre de citoyens naïfs, pleins de bonne volon­té, ten­tent l’aventure poli­tique. Elle reste pos­si­ble au niveau d’un con­seil munic­i­pal d’une petite com­mune. Mais si l’ambition est plus forte, notre pré­ten­dant sera obligé de pass­er sous les fourch­es caudines d’un par­ti poli­tique. Il lui fau­dra subir la con­cur­rence d’autres ambitieux (jeunes loups aux dents peut-être plus longues que les siennes), les tirs de bar­rage des nota­bles déjà en place, subir la dis­ci­pline du par­ti et de son bureau ou comité cen­tral, jouer au mil­i­tant act­if et dévoué, accepter d’avaler des couleu­vres gross­es comme des ana­con­das d’Amazonie. Il lui fau­dra longtemps jouer des coudes et gliss­er des peaux de bananes sous les pieds de ses adver­saires avant de se voir accorder le strapon­tin recher­ché, puis le fau­teuil con­voité. Il lui fau­dra beau­coup de patience, une obsti­na­tion de tous les instants, “l’égoïsme, la dureté et la ruse” (De Gaulle), l’indispensable baratin, la maîtrise de la langue de bois et de la rhé­torique de son par­ti, le sens de la manip­u­la­tion et le cynisme à dos­es mas­sives pour la pra­tique sys­té­ma­tique du men­songe (dans le cas peu prob­a­ble où il ne serait pas mythomane). Il pour­ra ain­si gravir les éch­e­lons de la représen­ta­tion élec­tive : con­seil munic­i­pal, mairie, con­seil général, con­seil région­al, Assem­blée Nationale, Sénat. Et pourquoi pas l’Élysée ?
La plu­part des citoyens naïfs et pleins de bonne volon­té sont telle­ment écoeurés par ces pra­tiques indignes qu’ils ont tôt fait d’abandonner la par­tie et le par­ti. Leur hon­nêteté ne peut s’accommoder de toutes ces com­pro­mis­sions. Les croc­o­diles, qui ignorent l’envie de vom­ir, atten­dent leur heure en pataugeant dans l’eau trou­ble du marig­ot politi­cien. Ceux-là fer­ont car­rière dans la jun­gle politi­ci­enne et s’infiltreront dans l’oligarchie rég­nante, en cos­tume trois pièces.
Quelles que soient leurs appar­te­nances poli­tiques et leurs antag­o­nismes idéologiques, les mem­bres de cette caste politi­ci­enne, qu’ils soient au pou­voir ou dans l’opposition, for­ment une classe cohérente et sol­idaire qui les rassem­blent tous dans le même univers clos, coupé du monde réel, la même bulle aris­to­cra­tique, où cha­cun tient son rôle dans le jeu poli­tique. Ain­si, deux députés qui s’invectivent verte­ment dans l’hémicycle, se retrou­vent, un quart d’heure plus tard, à rire ensem­ble à la buvette de l’Assemblée Nationale, comme les meilleurs amis du monde.
Ils sont telle­ment loin les citoyens “d’en bas” !
Par­venant à ces som­mets, aucun acteur du jeu poli­tique ne recon­naî­tra jamais sa fas­ci­na­tion et son goût du pou­voir, sa volon­té de puis­sance et de con­sid­éra­tion, qui con­stituent les moti­va­tions essen­tielles de son engage­ment. L’ambition des lead­ers poli­tiques (les pires puisqu’ils sont au som­met) passe par le mépris des hommes et de leurs juge­ments : ils sont blind­és, sûrs d’eux, sans pudeur, sans ver­gogne, ce sont des m’as-tu-vus exhi­bi­tion­nistes au-delà de l’indécence, menteurs effron­tés, mythomanes, égo­tistes à la démesure de leur nom­bril­isme, para­noïaques dan­gereux et per­vers nar­cis­siques retors. Le pou­voir attire jusqu’à lui ces hommes étranges. Il sélec­tionne, grâce à la com­péti­tion élec­torale, une “élite” prête à toutes les manoeu­vres, toutes les manip­u­la­tions, tous les coups tor­dus (que les gens ordi­naires sont bien inca­pables d’imaginer) pour obtenir les faveurs des citoyens. La démoc­ra­tie actuelle sélec­tionne des hommes aber­rants, des malades men­taux, des psy­chosés du pou­voir. Les citoyens “d’en bas” doivent pren­dre con­science qu’ils valent beau­coup mieux qu’eux et qu’ils peu­vent faire mieux à leur place.
Le principe de Peter a démon­tré depuis longtemps que les incom­pé­tents se croient plus com­pé­tents que les autres, qu’ils sont inca­pables de recon­naître leurs erreurs, ce qui ne les empêche pas, bien au con­traire, de grimper beau­coup plus vite dans les hiérar­chies et de s’installer à leur som­met pour très longtemps, trop longtemps.
Fas­ci­na­tion sur les dominés.
Les dom­inés sont con­scients de la dis­tance qui les sépare des dom­i­nants. Le chef est recon­nu supérieur, plus intel­li­gent, plus courageux, plus méri­tant. Il est admiré, respec­té. Il est un mod­èle que l’on imite, qui attire, qui flat­te, qui per­met de se dépass­er, de se per­fec­tion­ner. Dans cette rela­tion de fas­ci­na­tion, le sujet ne s’oppose pas à son mod­èle, ne l’affronte pas. Il est avec lui, de son côté et s’enrichit à tra­vers lui. Il peut ain­si s’auréoler de l’énergie et de la force du chef, se reval­oris­er à ses pro­pres yeux et récupér­er quelques pré­cieuses miettes de pouvoir.
La déten­tion d’un pou­voir, de quelque nature ou impor­tance qu’il soit, per­turbe et per­ver­tit le com­porte­ment de la per­son­ne qui l’utilise. La plus petite par­celle de pou­voir pos­sède une énorme capac­ité de per­tur­ba­tion, de cor­rup­tion. Celui qui en use est con­stam­ment ten­té d’abuser de ce pou­voir, de repouss­er les lim­ites ini­tiale­ment définies pour prof­iter au mieux des avan­tages de supéri­or­ité qu’il lui con­fère. Le plus sou­vent, sans même s’en ren­dre compte, sans en pren­dre conscience.
L’expérience la plus trou­blante et la plus révéla­trice de la nociv­ité du pou­voir a été menée naguère par un psy­choso­ci­o­logue améri­cain, Stan­ley Milgram.
Il a fait croire aux per­son­nes testées qu’elles par­tic­i­paient au test psy­chologique d’une autre per­son­ne, en fait com­plice de l’expérience. Ce com­plice doit répon­dre à une série de ques­tions posées par le sujet. Chaque fois que la réponse est erronée, le sujet a pour con­signe de punir le com­plice par une impul­sion élec­trique douloureuse dont la fonc­tion serait de dimin­uer le nom­bre d’erreurs. Évidem­ment, le com­plice, branché sur des fils élec­triques fac­tices, simule des souf­frances. Le résul­tat de l’expérience est édifiant.
Con­fron­tés à la souf­france qu’ils infli­gent, les sujets pour­suiv­ent l’expérience, obéis­sant aux injonc­tions du psy­cho­logue, et très peu refusent d’aller plus loin. L’immense majorité se mon­tre peu sen­si­ble aux souf­frances du com­plice. Cer­tains con­tin­u­ent l’expérience jusqu’à l’évanouissement (simulé) de ce dernier. En l’occurrence, le con­trôle de l’autorité (le psy­cho­logue) et les ordres don­nés au sujet boule­versent le com­porte­ment d’un indi­vidu nor­mal. Le pou­voir de nuire dont il est investi est util­isé. La pos­ses­sion de ce pou­voir anesthésie toute capac­ité de cri­tique et de révolte, tout sen­ti­ment de pitié et d’empathie. Pire, cer­tains sujets pren­nent un réel plaisir à ce jeu sadique. Mil­gram con­clut : “ Des gens ordi­naires dépourvus de toute hos­til­ité peu­vent, en s’acquittant sim­ple­ment de leur tâche, devenir des agents d’un atroce proces­sus de destruction”.

La fas­ci­na­tion des armes et en par­ti­c­uli­er des armes à feu, est liée au pou­voir qu’elles con­fèrent à leurs déten­teurs. Il est évi­dent qu’un homme avec un fusil entre les mains n’est plus celui qui, cinq min­utes plus tôt, avait les mains libres. Si un supérieur hiérar­chique, recon­nu comme tel (mil­i­taire, civ­il, religieux ou autre) lui intime l’ordre de tir­er sur un lapin ou sur le voisin d’en face, notre hon­nête homme se trans­formera aus­sitôt en tueur.
C’est exacte­ment pour les mêmes raisons que l’automobile trans­forme par­fois son chauf­feur en chauf­fard et en meur­tri­er. La voiture est un mer­veilleux instru­ment de lib­erté. Faut-il accuser la voiture ou le pou­voir qu’elle con­fère à son util­isa­teur, qui lui per­met de se déplac­er plus vite qu’à pied, et de jouir d’une machine qui ampli­fie con­sid­érable­ment la puis­sance (pour ne pas dire la viril­ité) de l’homme ?
Le pou­voir d’une arme ou d’une voiture vous trans­forme d’un coup de baguette mag­ique et dia­bolique un homme respectable en tueur exécrable.
Le pou­voir poli­tique trans­forme de la même façon ceux qui y touchent : il anesthésie leurs con­sciences, per­turbe leurs com­porte­ments, per­ver­tit leurs pen­sées, leurs réflex­ions, leurs paroles. Mieux, il attire inex­orable­ment à lui les êtres les plus mal­hon­nêtes, les plus per­vers, les plus fous, les plus dangereux.
Pour l’économiste Joseph Schum­peter (Cap­i­tal­isme, social­isme et démoc­ra­tie) les phénomènes de groupe ne font qu’amplifier le prob­lème : “… on ne doit pas oubli­er que les phénomènes de psy­cholo­gie des foules ne se lim­i­tent aucune­ment aux émeutes d’une pop­u­lace dans les rues étroites d’une ville latine. Tout par­lement, toute com­mis­sion, tout con­seil de guerre où siè­gent une douzaine de généraux sex­agé­naires présen­tent (…) cer­tains des symp­tômes qui se man­i­fes­tent sous un jour si cru quand la canaille descend dans la rue, notam­ment un sens réduit des respon­s­abil­ités, un niveau inférieur d’énergie intel­lectuelle et une sen­si­bil­ité accrue aux influ­ences extra logiques”.
La parade est pos­si­ble. Elle con­siste à con­trôler, réduire, lim­iter, voire sup­primer ce qui est à l’origine du pouvoir.
Les armes ? Il suf­fit d’en inter­dire la vente et la déten­tion. Les États-Unis, où l’on peut acheter une arme aus­si facile­ment qu’un kilo de carottes, déti­en­nent le record mon­di­al de morts par arme à feu. C’est pour­tant logique : plus on mul­ti­plie les armes et leurs déten­teurs, plus on mul­ti­plie les occa­sions de les utilis­er mal. Mais le lob­by des armes veille et son pou­voir est assez puis­sant pour acheter les politi­ciens et cor­rompre le pou­voir politique.
Les voitures ? Puisque l’on ne peut pas s’en pass­er, faut-il que les chauf­fards soient pour­suiv­is comme des crim­inels, que tous leurs biens per­son­nels soient sai­sis au béné­fice de leurs vic­times, que l’on installe des mouchards comme pour les poids lourds, que l’on inscrive sur le tableau de bord, sous le nez du con­duc­teur, en gross­es let­tres évi­dentes, inef­façables et bien moches, comme pour l’alcool et le tabac, la men­tion oblig­a­toire : “ L’abus de la voiture est mor­tel pour vous et pour les autres”, etc.?
Le pou­voir poli­tique ? C’est le pire des pou­voirs. Il per­met à ceux qui le déti­en­nent, d’un bureau con­fort­able, sous les ors et les lus­tres de l’État, de décider de la vie et de la mort de mil­lions de per­son­nes qui ne désirent qu’une chose : la paix. Au nom de la “ rai­son d’État”, de “l’intérêt général”, de la “défense de la patrie en dan­ger”, pour “sauver la démoc­ra­tie et la lib­erté”, ces beaux messieurs, qui ne se salis­sent jamais les mains, d’un sim­ple para­phe au bas d’une feuille déci­dent le mas­sacre des Pales­tiniens, des Tchétchènes, des Irakiens, etc.
C’est une his­toire sans fin. Les pires crim­inels se recru­tent chez les hommes poli­tiques. Per­son­ne ne peut con­tester cette évidence.
Le plus effarant (mais qui s’en offusque ?) c’est que la vio­lence de la dic­tature n’est même pas néces­saire pour installer des crim­inels au pou­voir. La “démoc­ra­tie” a su sélec­tion­ner Hitler et les derniers en date : Milo­se­vic, Sharon, Bush et Poutine.
Une démoc­ra­tie capa­ble de nous impos­er ça est une car­i­ca­ture de démoc­ra­tie, une escro­querie juridique et insti­tu­tion­nelle, un crime con­tre l’humanité.
Le pou­voir poli­tique étant dans son essence créa­teur d’une dif­férence entre ceux qui l’ont et ceux qui ne l’ont pas, dif­férence généra­trice d’une iné­gal­ité de fait, il faut impéra­tive­ment restau­r­er une égal­ité poli­tique qui, si elle est recon­nue en droit, est trahie par le sys­tème de la vota­tion et du suf­frage uni­versel, inca­pable de l’imposer dans la pra­tique de la démoc­ra­tie actuelle. Il faut donc chang­er cette pratique.
Au lieu de con­cen­tr­er le pou­voir entre les mains de quelques indi­vidus fatale­ment per­tur­bés et per­ver­tis par son exer­ci­ce, il faut l’émietter et le dis­tribuer au plus grand nom­bre pos­si­ble et en restrein­dre l’usage dans le temps à des péri­odes les plus cour­tes possibles.
Ce change­ment de per­spec­tive devra intro­duire oblig­a­toire­ment un change­ment de com­porte­ment de ceux qui détien­dront ce pou­voir. Ils seront for­cés de respecter les valeurs d’humilité, d’honnêteté, de trans­parence. Une vraie révo­lu­tion en per­spec­tive ! Elle ne peut pass­er que par le goulot d’étranglement incon­tourn­able de la politique.

Chapitre II : la politique et les politiciens

“ Le poli­tique s’efforce à domin­er l’opinion… Aus­si met-il tout son art à la séduire, dis­sim­u­lant suiv­ant l’heure, n’affirmant qu’opportunément… Enfin, par mille intrigues et ser­ments, voici qu’il l’a con­quise : elle lui donne le pou­voir. À présent, va-t-il agir sans fein­dre ? Mais non ! Il lui faut plaire encore, con­va­in­cre le prince ou le par­lement, flat­ter les pas­sions, tenir en haleine les intérêts.”
Charles de Gaulle

Comme tous les ans, la télévi­sion nous pro­pose son mar­ronnier habituel : les épreuves du bac. Avec, comme tou­jours, un intérêt renou­velé pour la philoso­phie, prob­a­ble­ment parce que c’est la pre­mière épreuve subie par les candidats.
Par­mi les sujets de dis­ser­ta­tion pro­posés, “ La poli­tique est-elle une sci­ence ou un art ?” sem­blait ral­li­er l’intérêt des jour­nal­istes, d’autant plus que se révélait par ailleurs la “frac­ture”, pour ne pas dire le précipice, qui se creuse de plus en plus entre la classe poli­tique et les citoyens “ d’en bas”.
À la clef, les inévita­bles inter­views de can­di­dats bache­liers avec l’opinion unanime : c’est évi­dent, la poli­tique est un art, pas une sci­ence. Cerise sur le gâteau, l’interview d’un homme poli­tique très en vue, lequel, du haut de sa grandeur et de sa suff­i­sance et dans son iné­narrable ver­biage de pro­fes­sion­nel, con­fir­mait l’évidence des opin­ions précé­dentes : la poli­tique ne peut être qu’un art.
Hélas pour les can­di­dats et pour l’homme poli­tique, la philoso­phie ne fait pas bon ménage avec les évi­dences. Elle exige une réflex­ion en pro­fondeur. Le sujet pro­posé tendait un piège grossier. Chaque mot avait son impor­tance. Il fal­lait bien définir chaque mot.
Tout sem­ble sépar­er la sci­ence et l’art. Com­ment le mot “poli­tique” pou­vait-il les réunir ?
La vraie dif­fi­culté était de définir claire­ment le mot “poli­tique”. Ce qui sem­ble ne pas avoir été fait ni par les can­di­dats inter­rogés ni par l’homme poli­tique. Il n’est pas ques­tion ici de pro­pos­er un cor­rigé de ce sujet du bac. Mais il vaut la peine d’y réfléchir un tout petit peu.
Si l’on définit la poli­tique dans son sens pre­mier qui est la ges­tion de la ville (polis) et des affaires publiques de la com­mu­nauté des citoyens, il devient évi­dent que réduire cette activ­ité à un art est inac­cept­able. Cette activ­ité de ges­tion, notam­ment de ges­tion de ressources finan­cières, ce qui sup­pose la pré­ci­sion rigoureuse de la compt­abil­ité, la rap­proche plus de la sci­ence que de l’art.
La poli­tique con­siste aus­si à faire des choix dans les déci­sions à pren­dre, dans l’affectation des ressources aux dépens­es. Mais ces choix ne devraient-ils pas relever du sim­ple bon sens et des évi­dences logiques ? Ne devraient-ils pas être déter­minés en fonc­tion des besoins pri­or­i­taires des citoyens et non pas des lubies des hommes poli­tiques asservis aux lob­bies privés ?
C’est ici qu’il faut faire appa­raître le hia­tus entre la poli­tique et le poli­tique, les hommes politiques.
La poli­tique peut en effet met­tre en oeu­vre des tech­niques sci­en­tifiques : ges­tion, compt­abil­ité, sta­tis­tiques, étude d’impact, ren­de­ment des investisse­ments, etc. Par con­tre, les hommes poli­tiques ne sont surtout pas des sci­en­tifiques. Leur démarche relève plus de l’artiste en représen­ta­tion : que doit-il dire, pro­pos­er et (très acces­soire­ment) faire pour séduire son pub­lic de citoyens. Pour dur­er. Pour exis­ter. Pour être réélu. Pour être une vedette. Pour être con­nu. Pour être incon­tourn­able, indis­pens­able. Pour être au pou­voir. Car seul le pou­voir motive ces gens-là. Le sen­ti­ment de puis­sance et de supéri­or­ité qu’il leur pro­cure les met en valeur. C’est leur oxygène. Pour lui, ils sont capa­bles de tout. Toutes les bassess­es, toutes les com­pro­mis­sions, jusqu’aux pires folies. Celles qui se con­stru­isent sur des beaux raison­nements qui con­duisent tout droit aux épreuves de force et à la guerre. Le tout avec bonne con­science et dans la plus absolue irresponsabilité.
La vraie poli­tique n’est pas un art. Par con­tre, la poli­tique, telle qu’elle est pra­tiquée par les politi­ciens, dite “poli­tique politi­ci­enne”, relève de l’art du politi­cien artiste.
Mais ce que l’on peut accepter d’un artiste est inac­cept­able de la part d’un homme poli­tique. Si un artiste pra­tique l’art de plaire, qui s’en plain­dra ? Mais un politicien ?
On accepte volon­tiers qu’un artiste dont le tal­ent s’exprime dans quelque dis­ci­pline que ce soit puisse être un m’as-tu-vu, arro­gant, égo­tiste, cabotin. Il peut être ivrogne, drogué, dépres­sif. Insup­port­able, bête et méchant pour ses proches. Méga­lo­mane, hypocon­dri­aque, para­noïaque ou per­vers. Peu importe les défauts de sa per­son­nal­ité, ses faib­less­es de car­ac­tère ou ses vices. Seuls comptent son tal­ent dans son art, sa créa­tiv­ité, le plaisir qu’il pro­cure à son pub­lic. Si un artiste ne vous plaît pas, per­son­ne ne vous oblige à acheter ses pro­duc­tions, à pay­er pour les voir, les écouter, les touch­er, les goûter (les grands cuisiniers sont aus­si des artistes).
Tan­dis qu’un politi­cien, à quelque niveau que ce soit, qui se com­porte avec tous les défauts pos­si­bles d’un artiste, les fait subir à tous ses conci­toyens en imposant des choix sou­vent con­testa­bles et quelque­fois cat­a­strophiques pour la collectivité.
Il est inutile de dress­er une liste des plus cinglés d’entre eux. Ils sont bien con­nus. Cette folie ne date pas d’aujourd’hui !
Dans “Éloge de la folie”, Érasme, au début du seiz­ième siè­cle, n’hésite pas à dire du prince : “Il ignore les lois, est assez hos­tile au bien général, car il n’envisage que le sien ; il s’adonne aux plaisirs, hait le savoir, l’indépendance et la vérité, se moque du salut pub­lic et n’a d’autres règles que ses con­voitis­es et son égoïsme.”
Calvin en rajoute : “Fi ! Ce n’est qu’ordure d’eux… Il faut qu’ils soient mis bas et qu’on ne tienne plus compte d’eux, non plus que des savates.” (Cor­pus reformatorum)
Luther déclare que les princes : “sont à l’ordinaire, les plus grands fous et les plus fief­fés brig­ands qui soient sur terre.”
Saint-Just, révo­lu­tion­naire franc-maçon, psy­chopathe per­vers de la plus exécrable espèce, mon­tant vers l’échafaud, cria à la foule : “Peu­ple, ton pire enne­mi, ce sont tes dirigeants !” Était-il seule­ment con­scient à ce moment-là de sa pro­pre respon­s­abil­ité dans les abom­i­na­tions de la Ter­reur ? Prob­a­ble­ment pas.
Le sim­ple statut de politi­cien autorise tout un cha­cun à s’interroger sur la san­té men­tale des pré­ten­dants au suf­frage universel.
On préfère de temps en temps se focalis­er sur la san­té physique d’un prési­dent qui s’engage à la trans­parence et qui pub­lie pen­dant des années des cer­ti­fi­cats médi­caux bidons.
Quel est l’objectif d’un politi­cien ? C’est d’entrer et de se main­tenir dans la classe poli­tique, la caste des politi­ciens pro­fes­sion­nels qui se pré­ten­dent représen­tat­ifs par la ver­tu de la démoc­ra­tie. En fait, c’est un milieu, le milieu par excel­lence, une qua­si-mafia où s’élaborent entre les dif­férents acteurs qui la com­posent des tac­tiques et des straté­gies de con­quête ou de con­ser­va­tion du pou­voir dans le respect des règles du jeu poli­tique qu’ils ont eux-mêmes définies.
Cela sup­pose de leur part l’acceptation, la val­i­da­tion et les com­pro­mis­sions avec le fonc­tion­nement de ce jeu sor­dide et tragique.
La poli­tique qu’ils pra­tiquent, c’est l’art de la séduc­tion et du men­songe. Le con­traste est total entre le mono­pole et le défer­lement des dis­cours des politi­ciens et le silence des citoyens.
De deux choses, l’une : ou bien ils s’en accom­mod­ent avec cynisme, hypocrisie, indé­cence ; ou bien ce sont des aveu­gles et des incon­scients, des naïfs, des niais. Dans les deux cas, (et l’on voit bien lequel est pré­dom­i­nant) ils sont indignes d’être là où ils sont.
Mais pourquoi y sont-ils? Qu’est-ce qui con­duit un indi­vidu vers la poli­tique ? Un cer­tain nom­bre d’explications objec­tives sont don­nées pour l’entrée dans l’arène politique.
Tout d’abord l’origine famil­iale, voire dynas­tique, de l’engagement poli­tique. Les Napoléon, les De Gaulle, les Debré, les Poni­a­tows­ki, les Douste-Blazy, les Baud­is, les Kennedy, les Gand­hi, les Bush, etc. En 1974, le poli­to­logue améri­cain R. Hess décriv­it seize familles améri­caines d’où venaient huit prési­dents, trois vice-prési­dents, trente séna­teurs, douze gou­verneurs, cinquante-six mem­bres de la cham­bre des représentants.
Ensuite des cir­con­stances his­toriques : les révo­lu­tions améri­caine, française ou russe, les coups d’État, la Résistance…
Des cir­con­stances par­ti­c­ulières, comme la mort du frère de Lénine, Alexan­dre, exé­cuté par la police tsariste.
Enfin, le recrute­ment ou les voca­tions don­nent la part belle aux class­es sociales favorisées et aux diplômés des grandes écoles et des universités.
Ces expli­ca­tions clas­siques sont insuff­isantes. Pour moi, il y a chez les politi­ciens une struc­ture car­ac­térielle qui les prédis­pose et les ori­ente dans cette car­rière. Le suf­frage uni­versel et l’élection stim­u­lent et comblent le nar­cis­sisme et l’égotisme du can­di­dat politicien.
Pour con­va­in­cre les électeurs (et ce sera plus facile s’il en est lui-même con­va­in­cu) le politi­cien doit mon­tr­er son altru­isme, sa capac­ité et ses atouts pour la défense de l’intérêt général, l’intérêt de la Nation ou des Français. Il peut exis­ter un réel désir de servir, mais il est clair que la logique de l’élection l’oblige en per­ma­nence à se com­porter osten­si­ble­ment comme un authen­tique phil­an­thrope, soucieux d’améliorer la sit­u­a­tion d’autrui. Il y est obligé pour pou­voir se faire élire et réélire. Il n’est pas éton­nant qu’il finisse par croire à sa phil­an­thropie, à sa générosité, à son human­ité, à son excep­tion : ses tal­ents d’acteur finis­sent par le con­va­in­cre lui-même. Même s’il est bat­tu, les suf­frages recueil­lis sur son nom lui con­fèrent une aura d’estime, de con­fi­ance, de pres­tige, de légitim­ité. Quand il gagne, c’est le paradis !
La per­son­nal­ité nar­cis­sique se décrit par l’existence d’au moins cinq des car­ac­tères suivants :
— un sens aigu de sa pro­pre importance
— l’obsession du suc­cès et du pou­voir personnel
— le sen­ti­ment d’être unique, spé­cial, exceptionnel
— le besoin d’être admiré, recon­nu, approuvé
— la cer­ti­tude que tout lui est dû
— l’utilisation, la manip­u­la­tion d’autrui dans les rela­tions personnelles
— le manque d’empathie vraie
— la jalousie, la con­voitise, l’envie
— l’absence de doutes, l’arrogance.
N’est-ce pas la descrip­tion exacte du com­porte­ment ordi­naire des politi­ciens ? Notons que le manque d’empathie réelle n’empêche nulle­ment notre can­di­dat de se pré­cip­iter vers la foule, bras ouverts, large sourire vendeur aux lèvres pour dis­tribuer à la ronde d’innombrables et chaleureuses poignées de mains, tout en flat­tant la croupe des vaches…
La vie d’un nar­cisse con­siste à chercher son image dans le regard des autres qui n’existent pas en tant qu’individus mais en tant que miroir. Il cherche à faire illu­sion pour mas­quer son pro­pre vide. Il cherche le pou­voir pour faire illu­sion. Il est prob­a­ble que ce qui affecte le plus les tit­u­laires d’un siège, bat­tus au soir d’une élec­tion, est moins la perte du pou­voir que le retrait d’une con­fi­ance de l’électorat con­sti­tu­tive d’une blessure nar­cis­sique profonde.
La dérive perverse.
“Ô Zeus, pourquoi as-tu fourni aux humains des moyens de recon­naître l’or de mau­vais aloi, alors que les hommes ne por­tent sur le corps aucune mar­que qui dis­tingue le per­vers ?” Euripide.
Certes, nous sommes tous plus ou moins névrosés et tout le monde con­naît des petites crises de nar­cis­sisme, des petits épisodes per­vers ou para­noïaques. Mais on en sort vite et l’on s’en rend compte. C’est beau­coup plus grave quand on fonc­tionne en per­ma­nence dans ces reg­istres douteux.
Les politi­ciens sont les spé­cial­istes de la com­mu­ni­ca­tion ? Les per­vers aus­si. Par­lons-en ! Qu’est-ce qui car­ac­térise la com­mu­ni­ca­tion perverse ?
— La défor­ma­tion du langage :
Le dis­cours per­vers est cal­culé pour être flou et impré­cis, ce qui provoque la con­fu­sion de l’auditeur qui se trou­ve désar­mé, en posi­tion de faiblesse.
Le dis­cours per­vers est pronon­cé sur un ton nor­mal, calme, maîtrisé, mais ses pro­pos sont insi­dieuse­ment agres­sifs. La vic­time qui se sent agressée s’énerve, ce qui per­met au per­vers de mon­tr­er que c’est lui qui est agressé.
Le dis­cours per­vers utilise un lan­gage tech­nique, dog­ma­tique, abstrait. Sur un ton très docte, pro­fes­so­ral, il vous donne l’impression que lui sait et que vous êtes ignare, même si, en fait, il dit n’importe quoi. Il en impose avec une éru­di­tion appar­ente, n’hésitant pas à recourir aux cita­tions pédantes d’auteurs plus ou moins con­nus. Pour le per­vers, la forme importe plus que le fond, il faut qu’il en impose en parais­sant savant. Il existe même une école où l’on apprend tout cela : c’est l’ENA ; on en sort avec une maîtrise ès langue de bois. On peut tou­jours chercher à argu­menter, les per­vers ont tou­jours rai­son et trou­vent tou­jours le moyen d’avoir le dernier mot.
— Le men­songe systématique :
Les per­vers pra­tiquent le men­songe en toutes cir­con­stances, même s’il est évi­dent qu’ils mentent. Mais voilà : “L’esprit de l’homme est ain­si fait que le men­songe a cent fois plus de prise sur lui que la vérité” (Érasme). La force du per­vers et de son men­songe, c’est qu’il est lui même telle­ment con­va­in­cu par son men­songe qu’il fait douter l’autre et qu’il finit par le con­va­in­cre. Plus le men­songe est gros, plus il est effi­cace. Si on l’accuse de men­tir, le per­vers niera avec une telle sincérité qu’il emportera l’adhésion. C’est ce qui per­met d’expliquer les “primes à la casse­role” : des politi­ciens cor­rom­pus, sanc­tion­nés par les tri­bunaux ou men­acés de l’être, sont réélus facile­ment par des électeurs grugés par leur aplomb. Il n’est pas néces­saire de don­ner des noms. Tout le monde les con­naît. Hélas, les Guig­nols de Canal + ne sont même plus une caricature !
— La séduc­tion permanente :
Les per­vers vont à la ren­con­tre des autres pour les séduire. Ils ont un art con­som­mé d’user et d’abuser de leur charme et de leur fac­ultés d’adaptation pour s’imposer et gravir les échelons.
Le but d’un per­vers, c’est la con­quête du pou­voir et s’y main­tenir par tous les moyens.
Dans un groupe, quel qu’il soit, le per­vers déploiera toutes les ressources de sa séduc­tion pour attir­er à lui les par­tic­i­pants les plus dociles. Si quelqu’un ne se laisse pas manip­uler, il sera désigné comme bouc émis­saire et le groupe le rejet­tera. Per­dant tout sens cri­tique, le groupe, sous l’influence du per­vers, tombe dans l’intolérance, l’irrespect, le cynisme, le dén­i­gre­ment. Le per­vers se débar­rasse ain­si de tous ceux qu’il perçoit comme des obsta­cles sur son chemin ou qui ont un juge­ment trop lucide sur ses agisse­ments. Les per­vers se ser­vent des faib­less­es des autres, savent mas­quer leur incom­pé­tence pour s’imposer. Ils pra­tiquent l’art de la fausse mod­estie, mais n’ont aucune mod­estie, aucune humil­ité vraies.
Ce por­trait par­tiel du com­porte­ment per­vers sera com­plété par ce qu’en dit Marie-France Hirigoyen dans son livre best-sell­er “Le har­cèle­ment moral” :
“Il (le per­vers) lui est impos­si­ble de se remet­tre en ques­tion… il leur faut rabaiss­er les autres pour acquérir une bonne estime de soi, et par là même acquérir le pou­voir, car ils sont avides d’admiration et d’approbation… ils savent naturelle­ment manip­uler, ce qui sem­ble un atout dans le monde des affaires ou de la poli­tique. On les craint égale­ment car on sait instinc­tive­ment qu’il vaut mieux être avec eux que con­tre eux… une tolérance actuelle con­siste à s’abstenir d’intervenir dans les actions et les opin­ions d’autres per­son­nes alors même que ces actions ou opin­ions nous parais­sent déplaisantes ou même morale­ment répréhen­si­bles. De même, nous avons une indul­gence inouïe à l’égard des men­songes et des manip­u­la­tions des hommes de pou­voir. La fin jus­ti­fie les moyens. Mais jusqu’où est-ce accept­able ? Est-ce qu’ainsi nous ne risquons pas de nous trou­ver nous-mêmes com­plices, par indif­férence, en per­dant nos lim­ites ou nos principes ? La tolérance passe néces­saire­ment par l’instauration de lim­ites claire­ment définies… Le con­texte socio­cul­turel actuel per­met à la per­ver­sion de se dévelop­per parce qu’elle y est tolérée.”
D’autant plus que le pou­voir et les politi­ciens don­nent l’exemple même de la per­ver­sion ! Elle poursuit :
“C’est la société tout entière qui est con­cernée dès qu’il est ques­tion de pou­voir… Dans un sys­tème qui fonc­tionne sur la loi du plus fort, du plus malin, les per­vers sont rois… Sous pré­texte de tolérance, les sociétés occi­den­tales renon­cent peu à peu à leurs pro­pres inter­dits. Mais à trop accepter, comme le font les vic­times des per­vers nar­cis­siques, elles lais­sent se dévelop­per en leur sein des fonc­tion­nements per­vers. De nom­breux dirigeants ou hommes poli­tiques, qui sont pour­tant en posi­tion de mod­èles pour les jeunes, ne s’embarrassent pas de morale pour liq­uider un rival ou se main­tenir au pou­voir. Cer­tains abusent de leurs prérog­a­tives, usent de pres­sions psy­chologiques, de la rai­son d’État ou du “secret défense” pour pro­téger leur vie privée. D’autres s’enrichissent grâce à une délin­quance astu­cieuse faite d’abus de biens soci­aux, d’escroquerie ou de fraude fis­cale. La cor­rup­tion est dev­enue mon­naie courante. Or, il suf­fit d’un ou de plusieurs indi­vidus per­vers dans un groupe, dans une entre­prise ou dans un gou­verne­ment pour que le sys­tème tout entier devi­enne per­vers. Si cette per­ver­sion n’est pas dénon­cée, elle se répand de façon souter­raine par l’intimidation, la peur, la manip­u­la­tion. En effet, pour lig­ot­er psy­chologique­ment quelqu’un, il suf­fit de l’entraîner dans des men­songes ou des com­pro­mis­sions qui le ren­dront com­plice du proces­sus per­vers. C’est la base même du fonc­tion­nement de la mafia ou des régimes total­i­taires. Que ce soit dans les familles, les entre­pris­es ou les États, les per­vers nar­cis­siques s’arrangent pour porter au crédit des autres le désas­tre qu’ils déclenchent, afin de se pos­er en sauveurs et de pren­dre ain­si le pou­voir. Il leur suf­fit ensuite de ne pas s’embarrasser de scrupules pour s’y main­tenir. L’histoire nous a mon­tré de ces hommes qui refusent de recon­naître leurs erreurs, n’assument pas leurs respon­s­abil­ités, manient la fal­si­fi­ca­tion et manip­u­lent la réal­ité afin de gom­mer les traces de leurs méfaits.”
Dans la “Psy­ch­analyse inté­grale”, Nor­ber­to R. Keppe mon­tre que la sociopatholo­gie et la psy­chopatholo­gie sont étroite­ment liées. Pour lui, toutes les mal­adies men­tales et leurs con­séquences soma­tiques ont pour orig­ine l’impossibilité de vivre saine­ment dans une société malade dont les struc­tures et les fonc­tion­nements sont aber­rants et corrompus.
Dans son livre “La libéra­tion des peu­ples, patholo­gie du pou­voir” (Édi­tions Pro­ton), Keppe établit que ce sont juste­ment les indi­vidus les plus malades, les plus froids, les plus agres­sifs, les plus vio­lents, les plus mal­hon­nètes, les plus per­vers, qui diri­gent et mod­è­lent la société à leur image, pour sat­is­faire aux exi­gences de leur ego malade de démesure, à leur méga­lo­manie mon­strueuse, à leurs délires per­vers ou paranoïaques.
Plu­tar­que dis­ait déjà il y a 2000 ans : “Ils sont ordi­naire­ment cor­rom­pus dans leurs moeurs, esclaves de leurs pen­chants vicieux”.
Le niveau d’intégration d’une per­son­ne dans une société malade dont la tox­i­c­ité est con­tagieuse et con­t­a­mine les indi­vidus, dépend de sa capac­ité à tolér­er l’intolérable. Les vrais malades ne sont pas ceux qu’on croit. Ceux qui se sen­tent bien et par­faite­ment inté­grés dans une société agres­sive, qui fab­rique des besoins arti­fi­ciels et inutiles, qui génère des myr­i­ades d’injustices, du dés­espoir, des carences et des pol­lu­tions de tout genre, sont cer­taine­ment aus­si malades qu’elle.
À l’aide d’une édu­ca­tion insen­si­bil­isante, d’une manip­u­la­tion médi­a­tique chlo­ro­for­mante, avec votre désir de faire comme tout le monde par con­formisme et par peur d’être rejeté, la société vous rend inca­pable de démas­quer et de repouss­er ce qui vous détru­it. Par souci d’intégration on accepte l’inacceptable quitte à recourir à la phar­ma­copée. Si les Français sont les cham­pi­ons du monde de la con­som­ma­tion des médica­ments psy­chotropes (som­nifères, tran­quil­lisants, anti­dé­presseurs, anx­i­oly­tiques, etc.), ne faut-il pas y voir un indice fort du niveau de grav­ité de la mal­adie qui affecte la société française ?
Com­ment la guérir ?
Pour l’éthologue Boris Cyrul­nik, deux élé­ments sont indis­pens­ables pour aller vers la guéri­son, ce qu’il appelle la résilience :
1) Une affec­tiv­ité plus grande et libérée.
2) Un effort pour don­ner plus de sens.
Il nous dit qu’au niveau col­lec­tif on est plus doué pour la guerre que pour la paix, que l’on souf­fre dans la guerre et que l’on cherche à souf­frir dans la paix. Pourquoi cette vio­lence absurde ?
Parce que les per­vers, qui déti­en­nent et con­fisquent tous les pou­voirs, con­stru­isent de ce fait une société à leur image, une société per­ver­tie par leurs soins et ren­due per­verse pour tous. Une société dans laque­lle 1) toute affec­tiv­ité est élim­inée et où 2) il y a destruc­tion et perte de sens. La vio­lence insi­dieuse des pou­voirs per­vers induit inévitable­ment toutes les formes de guer­res, de répres­sions, de per­sé­cu­tions avec en retour la vio­lence réac­tion­nelle des vic­times, laque­lle com­mence avec les “inci­vil­ités” les plus légères, se pour­suit avec les voitures incendiées et la délin­quance plus grave et aboutit logique­ment à la rad­i­cal­i­sa­tion du ter­ror­isme, sur le plan nation­al (bande à Baad­er, Brigades Rouges, Action Directe…) et sur le plan inter­na­tion­al avec le ter­ror­isme islamiste réponse logique à la la folie hégé­monique mon­di­al­iste d’une poignée de gang­sters américains.
Le pou­voir est comme les drogues, il rend les hommes fous. Pour empêch­er cette folie, on inter­dit bien les drogues (pas toutes, cela va de soi) mais on se garde bien de faire ce qu’il faut pour con­trôler et lim­iter toutes les formes de pou­voirs par des sys­tèmes effi­caces. For­cé­ment. Chang­er le pou­voir, c’est chang­er le mode de prise de déci­sion et le mode de désig­na­tion des per­son­nes qui pren­nent ces déci­sions. Les per­vers qui déti­en­nent le pou­voir n’ont aucun intérêt à chang­er quoi que ce soit.
Il faut com­pren­dre enfin que d’une extrémité à l’autre de la chaîne de vio­lence qui relie les pires déten­teurs de pou­voirs aux pires ter­ror­istes, aucun n’a la moin­dre par­celle de con­science de son impli­ca­tion dans un proces­sus pervers.
Il est clair que la désig­na­tion de la représen­ta­tion poli­tique par les élec­tions favorise les proces­sus per­vers et l’arrivée au pou­voir de per­son­nal­ités per­vers­es ou para­noïaques. Il y a une véri­ta­ble carence de la société dans son inca­pac­ité totale à décel­er ces élé­ments nocifs pour les exclure du jeu poli­tique, comme cela se fait à l’encontre des gang­sters ou des fous dan­gereux. Ces derniers ont hélas tou­jours un ou plusieurs temps d’avance sur les inof­fen­sifs et les hon­nêtes. Ce qu’avait bien observé Michel Fou­cault lorsqu’il écrit : “J’ai tou­jours regret­té que la cor­rup­tion, qui attire tant de per­son­nes sans scrupules, intéresse si peu les gens honnêtes.”
Robe­spierre met­tait en accu­sa­tion l’arrivisme, l’ambition et la cor­rup­tion, leur don­nait la qual­i­fi­ca­tion de crimes et les sanc­tion­nait par la guil­lo­tine. Mais s’il fut peut-être “l’incorruptible”, il n’en demeure pas moins qu’ il fut un arriv­iste, un ambitieux et un per­vers (pas autant qu’un Saint Just) et d’une cer­taine manière, il se con­damnait lui-même au “rasoir du bon docteur”.
Inca­pable d’affirmer ses principes avec net­teté, la démoc­ra­tie est inca­pable de fix­er des lim­ites aux abus et de réprimer ceux qui vio­lent ses principes, parce que c’est ceux-là mêmes, qui vio­lent ses principes, qui font la loi.
Il y a donc une défail­lance intrin­sèque de la théorie démoc­ra­tique actuelle qui empêche de cor­riger ses effets désas­treux. L’asservissement des peu­ples qui résulte de ses abus ne cor­re­spond à aucun désir de leur part de voir des oli­garchies prospér­er à leurs dépens. Si les peu­ples se résig­nent, est-ce parce qu’il n’existe pas de moyen d’empêcher ces abus ? Est-ce parce que ceux qui devraient y remédi­er sont les pre­miers à abuser du système ?
Qu’est-ce qui fait que les peu­ples se résig­nent et acceptent l’inacceptable ? Pour quelles raisons des mil­lions d’hommes se lais­sent men­er par une poignée de fous dans des guer­res atro­ces et dans toutes sortes d’entreprises cat­a­strophiques pour l’humanité ?

Chapitre III : le suivisme

“Panurge, ayant payé le marc­hand, choisit de tout le trou­peau un beau et grand mou­ton, et l’emporta cri­ant et bêlant…
Oh qu’il a bien su choisir le cha­land ! Il s’y entend le pail­lard… dit le marchand.
Soudain, je ne sais com­ment, le cas fut subit, Panurge sans autre chose dire, jette en pleine mer son mou­ton cri­ant et bêlant. Tous les autres mou­tons, cri­ants et bêlants en pareille into­na­tion, com­mencèrent à se jeter et sauter en mer après, à la file. La foule était à qui pre­mier y sauterait après leur com­pagnon. Pos­si­ble n’était les en garder, comme vous savez du mou­ton le naturel, tou­jours suiv­re le pre­mier, quelque part qu’il aille. Aus­si le dit Aris­tote,…, être le plus sot et inepte ani­mal du monde.
Le marc­hand, tout effrayé de ce que devant ses yeux périr voy­ait et noy­er ses mou­tons, s’efforçait les empêch­er et retenir tout de son pou­voir. Mais c’était en vain. Tous à la file sautaient dedans la mer et péris­saient. Finale­ment, il en prit un grand et fort par la toi­son sur le tillac de la nef, espérant ain­si le retenir et sauver le reste aus­si con­séquem­ment. Le mou­ton fut si puis­sant qu’il empor­ta en mer avec lui le marc­hand, et fut noyé… Autant en firent les autres berg­ers et mou­ton­niers, les prenant uns par les cornes, autres par les jambes, autres par la toi­son. Lesquels tous furent pareille­ment en mer portés et noyés misérablement.”
François Rabelais (Pan­ta­gru­el, Quart Livre VIII)
Panurge ne prélève pas un mou­ton au hasard. Il choisit soigneuse­ment le plus beau, le plus fort, parce que c’est le béli­er con­duc­teur, le chef, le leader,qui va entraîn­er à sa suite la masse stu­pide du troupeau.
Après Rabelais, La Boétie décrivait déjà dans son “Dis­cours sur la servi­tude volon­taire” (1576) les mécan­ismes de la soumis­sion qui ont tou­jours cours et qui con­tribuent plus à l’oppression que les ordres du prince. Ce que Pierre Bour­dieu résume par la sen­tence : “ Les dom­inés con­tribuent à leur pro­pre dom­i­na­tion.” Les dom­inés obéis­sent à des règles sans qu’on le leur demande. Ils se com­por­tent d’une manière stéréo­typée en fonc­tion de struc­tures men­tales qui imposent des com­porte­ments qui parais­sent évi­dents à tous mais qui con­tribuent à engen­dr­er l’injustice, l’inégalité, l’intolérance, etc.Cela va jusqu’au vocab­u­laire qui intro­duit une vio­lence sym­bol­ique en créant une dis­tinc­tion sub­tile entre ceux qui l’utilisent et ceux qui le subis­sent. C’est ain­si que le lan­gage tech­nique des “experts” en tout genre (médecins, juristes,économistes, etc.) ou l’usage de mots euphémisants (non voy­ant, tech­ni­cien de sur­face, inci­vil­ités, etc.) créent des frac­tures pro­fondes mais invis­i­bles entre ceux qui savent (ou plutôt qui font croire qu’ils savent) et ceux qui ne savent pas, entre ceux qui sont dans une norme non-dite et ceux qui n’y sont pas ou qui ne la respectent pas.
Chez tous les ani­maux gré­gaires, il y a tou­jours une hiérar­chie et des rap­ports de dom­i­na­tion où la loi du plus fort est la règle : chez les singes, les lions, les loups, les cervidés et même chez les poules dans un poulailler…
L’espèce humaine n’échappe pas à cette loi qui con­siste à se soumet­tre à celui qui est recon­nu comme le plus fort. Cette ten­dance au suiv­isme rap­proche beau­coup les hommes des mou­tons de Panurge.
Le recours à la force brute, à une supéri­or­ité physique n’est plus accep­tée dans nos sociétés, pré­ten­du­ment évoluées, que dans les com­péti­tions sportives (ce qui autorise sans doute toutes les folies du dopage et de la “gon­flette”). La force reste cepen­dant l’apanage des États, lesquels, s’abritant der­rière la muraille hyp­ocrite de la loi, car “force doit rester à la loi”, dis­posent de tout un arse­nal coerci­tif et guer­ri­er. Dès lors, la force des États s’impose à l’intérieur sur les citoyens par tout un arse­nal répres­sif, polici­er et judi­ci­aire, et à l’extérieur, vis-à-vis des autres États, par tout un arse­nal dis­suasif, mil­i­taire et guerrier.
Ain­si les États ont les moyens d’empêcher ou de sanc­tion­ner les vio­lences indi­vidu­elles, mais les citoyens n’ont aucun moyen d’empêcher leurs abus à leur encon­tre ou de les empêch­er de recourir à la guerre pour régler leurs dif­férends. En sup­posant que l’oligarchie et les lead­ers poli­tiques souhait­ent la guerre délibéré­ment, pour quelles raisons des mil­lions d’hommes se lais­sent con­duire à la cat­a­stro­phe ? Si l’on sait à peu près civilis­er les rap­ports entre les indi­vidus, on ne sait pas, ou si peu, civilis­er les rap­ports entre les États et pas du tout empêch­er la dic­tature poli­tique que les États, même ceux qui pré­ten­dent être démoc­ra­tiques, font subir à leurs ressortissants.
Le pou­voir ultime est celui de l’État. L’État est un con­cept juridique trop sou­vent con­fon­du avec l’appareil d’État : les min­istères, l’administration en général, jus­tice, police, armée, édu­ca­tion, etc.L’appareil d’État est un instru­ment au ser­vice de la Nation, c’est-à-dire du peu­ple tout entier. L’appareil d’État, dirigé par des hauts fonc­tion­naires et des politi­ciens pro­fes­sion­nels (issus pour beau­coup d’entre eux de la haute admin­is­tra­tion), est con­fisqué à leur béné­fice et au détri­ment de la Nation. À l’origine, la mis­sion de l’ENA était de pro­duire des hauts fonc­tion­naires chargés de l’appareil d’État, en aucun cas de pro­duire des politi­ciens pro­fes­sion­nels qui acca­parent la poli­tique à leur prof­it. La poli­tique appar­tient aux citoyens, à tous les citoyens. Les énar­ques sont des citoyens comme les autres. Or, leur statut d’énarque leur con­fère une incom­préhen­si­ble pri­or­ité sur les autres citoyens, un passe-droit pour l’accès aux fonc­tions poli­tiques. Devant ces messieurs, les autres, qui ne sont que des minables, n’est-ce pas, doivent céder le pas­sage : ils ne font pas le poids !
L’État n’est qu’une façade der­rière laque­lle agis­sent des hommes. Le pou­voir de l’État est aux mains des hommes poli­tiques qui recherchent la posi­tion de leader. Prési­dent élu ou dic­ta­teur, cela revient au même : les citoyens fon­dus dans la masse doivent suiv­re et subir.

Ce n’est pas la force qui impose le chef dans les démoc­ra­ties. Ce n’est pas plus l’intelligence. À moins que l’on con­sid­ère que l’obtention de la posi­tion de chef poli­tique relève de l’intelligence. Dans ce cas, intel­li­gence sig­ni­fie aus­si ambi­tion et arriv­isme forcenés, ténac­ité et goût exac­er­bé du pou­voir… sur les autres. Et il est égale­ment indis­pens­able d’avoir la parole facile pour séduire et manip­uler, men­tir et noy­er le poisson.
C’est avec des mots que l’on attrape les hommes ! Si vous voulez arrêter un homme, il suf­fit de crier un ordre effrayant. Si vous voulez le tenir en haleine, racon­tez-lui une his­toire char­mante ou pal­pi­tante. Si vous voulez obtenir un avan­tage, faites-lui des promess­es et faites-le rêver. C’est exacte­ment ain­si que procè­dent les hommes poli­tiques et les escrocs. C’est aus­si par des mis­es en scène. Si le chef monte solen­nelle­ment une volée de march­es qui l’amènent à un podi­um haut de cinq mètres, qu’une fois là-haut il lève les bras au ciel en bom­bant le torse tan­dis qu’éclate une marche mil­i­taire, la foule n’a d’autre alter­na­tive que d’applaudir vigoureusement !
Orfèvre en la matière, Hitler explique ain­si à Her­mann Rauschn­ing qui le rap­porte dans “Hitler m’a dit”, le secret qui lui a per­mis de domin­er les mass­es et d’accéder au pou­voir : “… je n’ai jamais agi en con­tra­dic­tion avec la psy­cholo­gie des foules, ni heurté la sen­si­bil­ité des mass­es… Cette sen­si­bil­ité peut être prim­i­tive, mais elle a le car­ac­tère per­ma­nent et irré­sistible d’une force de la nature… On m’a reproché de fana­tis­er la masse, de l’amener à un état d’apathie léthargique… La masse n’est mani­able que lorsqu’elle est fanatisée… Je fais se rassem­bler dans mes réu­nions le plus grand nom­bre pos­si­ble d’auditeurs de toutes sortes et les con­trains à se fon­dre dans la masse, qu’ils le veuil­lent ou non.”
Il n’est pas néces­saire d’être un grand savant pour utilis­er des idées sim­plistes pour con­va­in­cre la masse de suiv­re : la désig­na­tion de boucs émis­saires, les argu­ments sécu­ri­taires ou racistes suffisent.
Il suf­fit au chef d’agir sur la pierre angu­laire de la faib­lesse du trou­peau de mou­tons : la peur du loup.
C’est en faisant peur à la masse que le chef la manip­ule à son gré. Peur des com­mu­nistes, des rouges, qui a per­mis à la droite française de régn­er sans partage pen­dant 23 ans jusqu’en 1981. Peur de l’étranger (plutôt bronzé) et unique thème de l’insécurité qui a truqué les élec­tions prési­den­tielles de 2002. Avec la com­plic­ité de la gauche, irre­spon­s­able et poli­tique­ment nulle. De sur­croît, un bon leader doit avoir du charisme : il doit plaire, charmer, séduire. Il doit créer un rap­port fusion­nel, intime avec la masse par son dynamisme et sa prox­im­ité. Chirac pre­mier, Le Pen sec­ond. Logique. Déjà bat­tu par Chirac en 1995, un Jospin coincé, sans fougue et sans chaleur (appar­entes), n’aurait de toutes façons jamais bat­tu Chirac s’il était par­venu au sec­ond tour. Il faut pas rêver. C’est pour la même rai­son qu’un Bal­ladur à la fig­ure hau­taine et au pro­fil bour­bon­nien fut bat­tu par Chirac. Le charisme médi­a­tique organ­isé d’un Sarkozy le propulse en avant de la scène poli­tique, mais il a un défaut de taille (sans jeu de mot) : c’est un nabot. Hélas, cela n’est prob­a­ble­ment pas déter­mi­nant : Napoléon et Staline l’étaient aussi.
Dans “Psy­cholo­gie des mass­es et analyse du moi”, Freud nous dit que la masse “est impul­sive, changeante, irri­ta­ble — a le sen­ti­ment de la toute puis­sance — est extra­or­di­naire­ment influ­ençable et cré­d­ule — ne con­naît ni doute ni incer­ti­tude — va tout de suite à la dernière extrémité — veut être dom­inée et opprimée,…, la masse nous appa­raît ain­si comme une revivis­cence de la horde originaire.”
Des liens trou­bles et prim­i­tifs unis­sent la masse au chef dans une rela­tion ver­ti­cale. Le chef adopte un com­porte­ment parental qui infan­tilise la masse. C’est cer­taine­ment là l’origine de la soumis­sion du peu­ple mouton.
Chaque indi­vidu qui le con­stitue provient d’un cou­ple parental avec lequel il a dû appren­dre à vivre et par lequel il a dû con­stru­ire tout un sys­tème de références. Cha­cun d’entre nous est mar­qué au fer rouge d’une empreinte fon­da­men­tale : quelqu’un d’autre nous a instru­it et sait mieux que nous. Plus nous sommes ouverts aux autres, plus nous sommes capa­bles de les écouter et plus nous sommes capa­bles de nous soumet­tre et de désir­er la soumission.
À l’inverse, ceux qui man­quent d’empathie, qui sont fer­més ou insen­si­bles au monde des autres, les per­vers et les psy­chopathes, ne con­nais­sent pas la soumis­sion pour eux-mêmes, mais lorsque leurs pul­sions s’expriment, ils jouis­sent de la soumis­sion qu’ils font subir à leurs vic­times , jusque dans le crime. Pour eux, hum­i­li­er, vio­l­er, tor­tur­er, assas­sin­er, relève d’un jeu.
D’après Rauschn­ing, Hitler entrete­nait une pro­fonde défi­ance pour les tech­ni­ciens, experts et spé­cial­istes divers, dont le juge­ment ne méri­tait à ses yeux pas le moin­dre crédit. Il dis­ait : “Don­nez-leur sim­ple­ment des ordres et vous ver­rez qu’ils revien­dront avec des pro­jets util­is­ables.” Les chefs doivent donc impéra­tive­ment adopter un com­porte­ment pater­nal­iste, direc­tif, impératif, pour sus­citer le suiv­isme des mass­es. Le chef est un père tout-puis­sant qui sait ce qui est bon pour le peu­ple. Pour être chef et le rester, il doit l’infantiliser.
Toute la poli­tique sécu­ri­taire pour­suit ce but : les enfants ont un besoin vital de sécu­rité et ils har­cè­lent leurs par­ents pour obtenir la baffe qui con­firmera la puis­sance parentale, laque­lle est une garantie de sécu­rité pour eux. La mode de l’enfant-roi, importée des USA, l’obsession de la mal­trai­tance des enfants (par ailleurs jus­ti­fiée), font qu’un par­ent ou qu’un enseignant peu­vent se retrou­ver devant les tri­bunaux pour une sim­ple gifle. Com­ment s’étonner de l’agressivité et de l’irrespect de cer­tains ado­les­cents aux­quels aucunes lim­ites n’ont été don­nées, qui souf­frent d’angoisse de ce fait et qui l’expriment dans des “inci­vil­ités” ?
Les électeurs d’une gauche masochiste qui ont voté Chirac ne doivent pas venir se plain­dre de la fes­sée bien méritée que les excès de la répres­sion sécu­ri­taire de son min­istre de l’Intérieur leur fait subir. Ils l’ont bien cherchée !

Le suiv­isme découle de l’infantilisation des mass­es. Il pose une ques­tion fon­da­men­tale : est-il pos­si­ble de sor­tir de cette impasse qui autorise les pires folies des politi­ciens ? Est-ce que les citoyens sont capa­bles de devenir adultes et de se débar­rass­er de la tutelle pater­nelle des chefs poli­tiques, qui en prof­i­tent pour les main­tenir indéfin­i­ment à l’âge de la minorité, à l’âge du mineur juridique­ment et poli­tique­ment inca­pable ? Un sys­tème véri­ta­ble­ment démoc­ra­tique devrait pro­pos­er un mode de fonc­tion­nement qui réduise le suiv­isme à néant ou du moins en réduise large­ment les effets négat­ifs. Le sys­tème démoc­ra­tique actuel ne fait que les ampli­fi­er grâce à l’impact d’une télévi­sion abêtis­sante et infantilisante.
Économique­ment, on exploite des enfants dans cer­tains pays et on a bien rai­son de se bat­tre con­tre cette exploita­tion, cet esclavagisme. Mais aus­si, poli­tique­ment, on exploite des citoyens-enfants dans tous les pays du monde. Par la force des dic­tatures ou par la per­ver­sion des démocraties.
Cela n’a‑t-il pas assez duré ?

Le stade ultime du suiv­isme, c’est le fanatisme.
Le psy­choso­ci­o­logue ital­ien mon­di­ale­ment recon­nu, Francesco Alberoni, dans “Le vol nup­tial”, situe déjà le fanatisme dans le com­porte­ment amoureux des femmes : “Les idol­es sont au cen­tre de la col­lec­tiv­ité dont notre ado­les­cente a con­science de faire par­tie. Der­rière tout phénomène charis­ma­tique ou idol­âtre se trou­ve un nous, une com­mu­nauté qui se recon­naît dans son chef, dans la per­son­ne que tous admirent et qui fait l’objet de toutes les con­ver­sa­tions… Chaque com­mu­nauté a tou­jours un cen­tre. Et c’est vers ce cen­tre que s’oriente l’érotisme féminin : vers celui qui émerge, celui qui a une valeur… (la femme) son coeur s’emballe… pour le pou­voir fondé sur l’émotion et sur la foi, sur l’intention noble et héroïque : le pou­voir charis­ma­tique sous toutes ses formes, y com­pris les plus vio­lentes et les plus anti­so­ciales.” (c’est moi qui souligne)

J’analyse le proces­sus de mise en place du fanatisme en une suc­ces­sion de six phas­es qui aboutis­sent dans leur fusion permanente :
1- L’admiration : le chef, le leader, le gourou, la star, plaît, séduit, fascine, attire irré­sistible­ment. Le charme, le charisme, la beauté, la parole, le tal­ent, l’énergie, l’admiration exer­cée sur les autres sont déterminants.
2- L’adhésion : c’est l’acceptation d’une représen­ta­tion pos­i­tive de l’idole, l’intégration d’une coïn­ci­dence entre le désir de l’idole et le désir du sujet. C’est aus­si un acte de foi, de croy­ance dans la valeur et dans les valeurs de l’idole.
3- La focal­i­sa­tion : c’est la recon­nais­sance incon­di­tion­nelle d’un mod­èle idéal­isé en la per­son­ne de l’idole.
4 — La con­for­ma­tion : le sujet va chercher à ressem­bler au mod­èle idol­âtré. Il va copi­er ses atti­tudes et com­porte­ments, sa façon de par­ler, de se vêtir et suiv­re à la let­tre les enseigne­ments, règles, principes, pré­ceptes, ordres don­nés par l’idole ou par le leader. À ce stade, le sujet devient dis­ci­ple et militant.
5 — La rup­ture : l’adoption d’un mod­èle crée une divi­sion entre ce qui relève de ce mod­èle et ce qui n’en relève pas ou s’y oppose. L’adhésion incon­di­tion­nelle au mod­èle implique le rejet de tout le reste, l’exclusion rad­i­cale, pour éviter une sit­u­a­tion schiz­o­phrénique. Il s’ensuit une divi­sion rad­i­cale entre deux mon­des : nous et les autres, ceux qui sont dedans et ceux qui sont dehors, les “pour” et les ‘con­tre”.
6 — L’isolement et le prosé­lytisme : l’adhésion et la con­for­ma­tion provo­quent la repro­duc­tion du prosé­lytisme du chef. On tombe dans une psy­chose à la mesure ou démesure de celle du leader. D’un coté, le sujet se coupe du reste de la com­mu­nauté humaine, s’en méfie, se sent agressé et s’isole (para­noïa) : de l’autre, il cherche à faire de nou­veaux dis­ci­ples en imi­tant le leader et en se val­orisant à ses pro­pres yeux (nar­cis­sisme). Lorsque le leader est un per­vers, cela débouche imman­quable­ment sur les pires vio­lences, la haine, le racisme, la guerre, le ter­ror­isme, etc.
Le proces­sus du fanatisme se met en place dans toutes sortes de sit­u­a­tions. On peut envis­ager toute une échelle de valeurs allant d’un fanatisme “doux”, qui rassem­ble les fans d’une vedette de la chan­son on du ciné­ma, au fanatisme le plus “dur” qui mobilise les par­ti­sans des inté­grismes qui pra­tiquent le ter­ror­isme religieux, poli­tique ou économique.
Qui fait le plus de vic­times ? Ben Laden ? Bush ? Ou le FMI ? Il y a des vio­lences évi­dentes et d’autres qui le sont moins…
Le fanatisme libère une énergie qui réu­nit et qui divise tout à la fois, qui révo­lu­tionne le quo­ti­di­en, exalte la vie et l’élève au-dessus de l’ordinaire. C’est exacte­ment ce qui se passe dans les sectes religieuses, dans les mou­ve­ments poli­tiques ou dans les grands con­certs de rock. Le fanatisme fait pass­er le sujet de l’amour (phas­es 1 à 4) à la haine (phas­es 5 et 6). Amour du chef et haine de tous ceux qui ne le recon­nais­sent pas. Bien enten­du, pour moi il ne s’agit pas d’amour véri­ta­ble. L’amour vrai est uni­versel, il englobe tout et ne peut divis­er. La haine est la con­séquence d’un pseu­do amour. C’est une rage engen­drée par un con­stat incon­scient et effrayant de l’absence d’amour vrai.
Le fanatisme car­ac­térise les sectes. “Secte” vient du latin sequi, suiv­re. Les fana­tiques sont bien des suiveurs.
Jean-Marie Abgral, dans “La mécanique des sectes”, dis­tingue la secte de la secte coerci­tive : “ La secte est un groupe plus ou moins évolué rassem­blé autour d’un leader ou d’une idéolo­gie, religieuse ou non, fonc­tion­nant selon un mode fer­mé et secret mais respec­tant néan­moins le libre arbi­tre et l’identité de l’adepte. La secte coerci­tive, SC, se qual­i­fie par son car­ac­tère con­traig­nant et par l’absence de lib­erté qui en résulte… La survie de toute secte passe par l’application aux adeptes d’une dis­ci­pline sans faille; inéluctable est l’évolution vers la coerci­tion. Et l’instrument essen­tiel de celle-ci, c’est la manip­u­la­tion men­tale, dont les sectes n’ont pas le mono­pole : la pub­lic­ité et la poli­tique, par exem­ple, utilisent elles aus­si des tech­niques procé­dant de la manip­u­la­tion men­tale. En out­re, il peut exis­ter au sein de groupes religieux réguliers ou de mou­ve­ments poli­tiques de véri­ta­bles struc­tures coerci­tives, de véri­ta­bles fonc­tion­nements sectaires.”
Les par­tis poli­tiques peu­vent ain­si être con­sid­érés comme des sectes non coerci­tives, mais l’adhésion oblig­a­toire au leader et à l’idéologie imposée, le bour­rage de crâne et la manip­u­la­tion men­tale, les pres­sions psy­chologiques, sont des formes de coerci­tion qui lig­o­tent les mil­i­tants poli­tiques, en font des incon­di­tion­nels for­cés, à la botte de la hiérarchie.
Si l’on pousse un peu plus loin le raison­nement, toutes les struc­tures de pou­voir fondées sur une hiérar­chie et une idéolo­gie, fonc­tion­nent sur le mode sec­taire : par­tis poli­tiques, mou­ve­ments ou ordres religieux, syn­di­cats, asso­ci­a­tions, entre­pris­es, administrations.
Par exem­ple, l’Éducation Nationale fonc­tionne avec une hiérar­chie et une idéolo­gie, des dogmes comme n’importe quelle église. Ne peut-on pas com­par­er la catéchèse et la con­ver­sion au dogme chré­tien à l’enseignement laïc et à la con­ver­sion aux valeurs bour­geois­es et matéri­al­istes ? Au pape et aux prêtres cor­re­spon­dent un min­istre et des enseignants. Aux jésuites ou à l’opus dei cor­re­spon­dent les gourous tech­nocrates de l’Éducation Nationale qui imposent des dogmes et des change­ments de péd­a­gogie tous les trois ou qua­tre ans, au gré de leurs lubies. Les inspecteurs, petits chefs locaux se chargeant de réper­cuter par la ter­reur hiérar­chique la bêtise supérieure sur la prêtrise exé­cu­tante des enseignants, via la grand-messe des con­férences péd­a­gogiques et autres procé­dures admin­is­tra­tives ? Les “réformes” sont tou­jours imposées par le haut, sans jamais deman­der l’avis des mou­tons qui n’ont pas le droit à la parole alors qu’ils sont les mieux placés pour avoir un avis. On accepte mieux les reven­di­ca­tions salar­i­ales que des con­tes­ta­tions sur le fonc­tion­nement de l’école ou sur la péd­a­gogie : il ne faut remet­tre en ques­tion ni la hiérar­chie, ni les dogmes, fonde­ments de l’institution, de la secte !
Même des asso­ci­a­tions, qui se con­stituent pour dénon­cer les sectes et lut­ter con­tre leurs influ­ences, finis­sent par con­stru­ire une hiérar­chie interne, par définir une idéolo­gie et par se com­porter comme les sectes qu’elles dénoncent…
Si on en arrive effec­tive­ment là, c’est que le pou­voir n’est pas régulé par des procé­dures qui lim­i­tent son exten­sion et sa con­cen­tra­tion, et qui per­me­t­tent de le partager avec ceux sur qui il s’exerce. Les principes de la démoc­ra­tie devraient ren­dre pos­si­ble la par­tic­i­pa­tion de tous les acteurs de la société dans les procé­dures de déci­sion et dans le partage du pou­voir entre tous. Cela n’est man­i­feste­ment pas le cas. Pourquoi ? Ces principes démoc­ra­tiques sont-ils faux ? Leurs modal­ités d’application sont-elles les plus appropriées ?
Deux­ième par­tie : la démoc­ra­tie trahie

Chapitre I : le déficit démocratique

“La démoc­ra­tie, d’après l’idée que je m’en fais, devrait assur­er au plus faible les mêmes oppor­tu­nités qu’au plus fort. Seule la non-vio­lence peut aboutir à ce but”
Gandhi

À la ques­tion fon­da­men­tale : “quel type de pou­voir poli­tique con­vient le mieux à la démoc­ra­tie?”, la con­sti­tu­tion de 1958 en sub­stitue une autre, per­verse : “ com­ment faut-il organ­is­er la démoc­ra­tie pour assur­er la solid­ité du pou­voir politique ?”.
L’exemple français est presque une car­i­ca­ture, mais la plu­part des pays pré­ten­du­ment démoc­ra­tiques ne se deman­dent pas plus que nous quelles sont les insti­tu­tions sus­cep­ti­bles de favoris­er le plus large­ment pos­si­ble la démoc­ra­tie. Ils préfèrent tou­jours des insti­tu­tions qui ren­for­cent le pou­voir poli­tique d’une oli­garchie au détri­ment des citoyens aux­quels on donne, de loin en loin, au gré des con­sul­ta­tions, un os à ronger élec­toral. Le procédé est red­outable­ment effi­cace puisqu’il empêche le peu­ple, chien docile de ses maîtres, d’aboyer trop fort ou de devenir enragé et de les mor­dre. Pire : les maîtres, même s’ils changent de temps en temps, ce qui con­stitue une suprême astuce pour sat­is­faire et endormir le vilain toutou, tirent de l’animal toute leur légitim­ité dont ils se par­ent et qu’ils retour­nent con­tre lui pour mieux le mater.
La con­sti­tu­tion de 1958 était tail­lée sur mesure pour un per­son­nage hors normes, De Gaulle. Il n’avait en tête que la grandeur de la France et un sou­verain mépris pour les politi­ciens qu’il jugeait respon­s­ables de son déclin et de la défaite en 1940. Il a voulu une con­sti­tu­tion axée sur le ren­force­ment de l’exécutif et l’affaiblissement du “régime des par­tis” selon son expres­sion favorite. En com­para­i­son du grand homme, ses suc­cesseurs n’ont été que des pan­tins et Chirac ne vaut guère mieux que sa mar­i­on­nette des Guig­nols. On en est arrivé, avec la clique des “barons” du gaullisme, à obtenir l’inverse de ce que voulait De Gaulle : le retour au régime des par­tis, pire, la dic­tature du par­ti unique, le RPR ayant phago­cyté presque toute la droite “présentable” dans un UMP mon­strueuse­ment pachy­der­mique, tan­dis qu’à gauche, le PS a fini par lamin­er le PC.
Les par­tis poli­tiques et les hommes poli­tiques ne se deman­dent pas ce qu’il faut faire pour les citoyens, mais ce qu’il faut leur promet­tre pour obtenir leurs votes et se per­pétuer au pou­voir. On est dans la manip­u­la­tion et la séduc­tion pures. C’est le com­porte­ment typ­ique du séduc­teur qui cherche à obtenir un avan­tage per­son­nel, (couch­er avec la fille), avec déc­la­ra­tions d’amour, bou­quets de ros­es et promess­es en tout genre. La démarche est pure­ment cynique, don­juanesque. Ils n’ont pas la moin­dre con­science que leur démarche racoleuse et intéressée va à l’encontre de l’attente des citoyens. Tout comme les femmes qui atten­dent d’un homme qu’il soit lui-même, avec ses qual­ités et ses défauts, sans faux-sem­blants, sincère.
C’est la rai­son pour laque­lle trop de citoyens préfèrent tou­jours la démarche franche, au moins en apparence, directe, sans ambages et sans ménage­ment des lead­ers pop­ulistes. Il y aurait là matière à réflex­ion pour ces messieurs les politi­ciens. Mal­heureuse­ment, ils sont inca­pables d’y voir clair, car cela sup­poserait de leur part oblig­a­toire­ment, une remise en ques­tion rad­i­cale de leur démarche. Ce dont ils sont par­faite­ment inca­pables, évidem­ment. Voilà pourquoi la poli­tique politi­ci­enne se four­voie et se pros­titue dans les tech­niques de vente, la pub­lic­ité, le mar­ket­ing, la com­mu­ni­ca­tion. Ce n’est pas un hasard si un Rafarin est directe­ment issu de ce monde mer­can­tile ou qu’un Berlus­coni soit au pou­voir en Ital­ie. Le citoyen est rabais­sé au niveau du con­som­ma­teur et je suis per­suadé que quelque part, il n’apprécie guère.
La dimen­sion poli­tique, qui sup­pose le recours à l’intelligence, à la réflex­ion, à la rai­son, à la logique, est une dimen­sion spir­ituelle. Les politi­ciens n’ont pas com­pris qu’ils la réduisent ain­si à une dimen­sion organique. Le citoyen n’est plus con­sid­éré comme un être doué de rai­son mais comme un tube diges­tif juste bon à avaler la salade politi­ci­enne, bref, un mou­ton. Les mou­tons n’apprécient pas qu’on les traite en mou­tons. C’est la rai­son fon­da­men­tale du suc­cès de Le Pen. Son idéolo­gie est exécrable, mais ce n’est pas cela qui fait son suc­cès. Les citoyens qui votent pour lui ne sont pas tous pour autant des racistes et des nazis. Ils votent pour lui parce que, même s’il aligne des énor­mités écoeu­rantes (et il s’est beau­coup calmé), il dit aus­si des vérités toutes sim­ples que les citoyens ont envie d’entendre.
Il y a tout le dis­cours sur l’immigration, sur l’insécurité : il y a dix ans, la gauche et la droite (en traî­nant les pieds) refu­saient d’entrer sur ce ter­rain glis­sant. Les élec­tions de 2002 ont vu la droite repren­dre le même dis­cours que Le Pen,…et la gauche s’est crue oblig­ée de suiv­re. Lam­en­ta­ble gauche, bien mal à droite !
Pour moi, le plus gros du suc­cès de Le Pen ne vient pas de là. Il provient des vérités qu’il assène au détri­ment de la classe poli­tique (la défunte “bande des qua­tre”) et de l’État. Sa cri­tique est totale­ment super­fi­cielle : elle n’est faite que de slo­gans. Mais elle fait mouche. Parce qu’elle dénonce un sys­tème poli­tique et un appareil d’État (à son ser­vice) qui trait­ent le citoyen avec mépris et con­de­scen­dance, qui met­tent en avant les principes sacro-saints de la démoc­ra­tie pour mieux trahir la démoc­ra­tie et les aspi­ra­tions des citoyens à plus de démoc­ra­tie. Il y a une attente, une demande et une exi­gence énormes des citoyens pour plus de démoc­ra­tie. La classe politi­ci­enne, attachée à ses priv­ilèges, est bien inca­pable d’apporter des répons­es sat­is­faisantes parce qu’elle est inca­pable de remet­tre en ques­tion (hor­ri­ble sac­rilège), le mod­èle pseu­do-démoc­ra­tique fondé sur les élec­tions et le suf­frage universel.
La gauche a per­du parce qu’elle a per­du ses repères, ses valeurs. Elle n’a pas com­pris que la pre­mière des valeurs, avant l’économie, avant le social, c’est la poli­tique elle-même ! Ce sont les fonde­ments de la poli­tique, ses principes de fonctionnement.
La droite préfère naturelle­ment tous les recours à des sys­tèmes poli­tiques forts, cen­tripètes : théocratie, monar­chie, auto­cratie, fas­cisme, pop­ulisme, prési­den­tial­isme. La gauche, plus ouverte, cen­trifuge, opte pour la république et la démoc­ra­tie. Mais quelle démoc­ra­tie ? Fondée sur quels principes, sur quelles tech­niques ? Est-ce que ces principes sont les bons ? S’ils sont bons et je pense qu’ils le sont (à con­di­tion d’être clair sur leur déf­i­ni­tion et de ne jamais les oubli­er), est-ce que les tech­niques util­isées pour les appli­quer respectent bien ces principes ? Je réponds non.
C’est parce que les principes fon­da­men­taux de la démoc­ra­tie sont oubliés et vio­lés que la classe poli­tique s’accommode d’un mod­èle pseu­do-démoc­ra­tique qu’elle a large­ment con­tribué à con­stru­ire et à per­ver­tir. Les politi­ciens de gauche sont dans ce sys­tème et bien inca­pables d’en sor­tir parce qu’ils en prof­i­tent directement.
Un sys­tème per­ver­ti et per­vers ne peut que per­ver­tir les hommes au pou­voir au point de les ren­dre aveu­gles et sourds, mais hélas pas muets !
Le pou­voir n’est pas l’expression du max­i­mum de démoc­ra­tie souhaitable, le pou­voir n’est pas au ser­vice de la démoc­ra­tie. C’est l’inverse qui est vrai : on définit un min­i­mum de démoc­ra­tie, mise au ser­vice d’un max­i­mum de pou­voir, con­cen­tré entre un min­i­mum de politi­ciens professionnels.
La démoc­ra­tie n’est plus une fin en soi. Elle n’est plus qu’un moyen mis au ser­vice du pou­voir, qui lui, devient la fin, qui jus­ti­fie tous les moyens, y com­pris la dénat­u­ra­tion et la destruc­tion de la démocratie.

Plus encore que la con­sti­tu­tion de 1958, la réforme du scrutin élec­toral dès cette date, est révéla­trice de cette ambiguïté. Un sys­tème élec­toral devrait, en théorie, per­me­t­tre que la représen­ta­tion par­lemen­taire reflète au mieux, dans leurs diver­sités, les réal­ités poli­tiques et soci­ologiques du pays. Que nen­ni ! Le scrutin majori­taire d’arrondissement à deux tours qui vient rem­plac­er en 1958 le scrutin pro­por­tion­nel départe­men­tal, vise à ren­forcer les majorités. Si une majorité nette n’existe pas dans le pays, il faut qu’elle existe net­te­ment à l’Assemblée Nationale. Peu importe si cette Assem­blée n’est pas l’expression la plus juste de la volon­té pop­u­laire, elle doit avant tout faciliter l’exercice du pou­voir et être au ser­vice du gou­verne­ment. Il vaut mieux qu’elle soit moins représen­ta­tive et plus cohérente. On accepte implicite­ment le risque qu’elle devi­enne très cohérente et ne représente plus la réalité.
Dès 1958, ce nou­veau scrutin, véri­ta­ble escro­querie à la démoc­ra­tie, ne don­nait que 10 députés aux com­mu­nistes, soit 2% des sièges avec 19% des suf­frages : neuf fois moins de représen­tants que le nom­bre auquel une juste répar­ti­tion don­nerait droit. La gauche avec 40% des suf­frages, n’obtenait que 70 élus, soit 15% des sièges. Le but était atteint : une majorité mas­sive s’imposait à l’Assemblée. Seuls, les com­mu­nistes mar­gin­al­isés relevèrent, sans grand écho, cette car­i­ca­ture de “représen­ta­tion” nationale. Sans compter le scan­daleux char­cu­tage des cir­con­scrip­tions élec­torales qui vient encore ampli­fi­er les effets du scrutin majori­taire à deux tours…
En 2002, l’UMP et l’UDF réu­nis­sent 50% des suf­frages aux lég­isla­tives et raflent 70% des sièges à l’Assemblée Nationale. Le Front Nation­al, avec un poten­tiel de 18% obtenus à la prési­den­tielle, est lam­iné et n’obtient pas le moin­dre député. Les “démocrates”qui se réjouis­sent de ce résul­tat devrait plutôt s’inquiéter : leur démoc­ra­tie est bien malade.

Chapitre II : l’escroquerie des élections

“Il y a toutes sortes de trucages que les pro­fes­sion­nels de la com­bi­nai­son peu­vent imag­in­er pour déformer plus ou moins la réponse des électeurs”
Charles de Gaulle

Il est un axiome fon­da­men­tal des démoc­ra­ties dites “mod­ernes”, idéal de la jus­tice élec­torale, qui veut que la voix de chaque électeur ait la même valeur et compte autant que celle de n’importe quel autre de ses conci­toyens. Et ceci quel que soit son lieu de résidence.
Soyons clair : il est démon­tré sci­en­tifique­ment et depuis longtemps que cet idéal est impos­si­ble à attein­dre. Par­mi qua­tre cas sou­vent cités d’idéaux math­é­ma­tiques irréal­is­ables, deux con­cer­nent des prob­lèmes élec­toraux et démon­trent que l’on ne peut les résoudre :
— l’impossibilité, selon Ken­neth Arrow, de trou­ver une méth­ode de vote traduisant par­faite­ment les volon­tés d’une société.
— l’impossibilité de trou­ver une méth­ode de répar­ti­tion des sièges par­faite­ment équitable.
(Les deux autres sont le principe d’incertitude en physique quan­tique de Wern­er Heisen­berg et le théorème de Gödel).
Les efforts pour se rap­procher de cet idéal n’ont cer­taine­ment pas man­qué. Pour preuve, l’existence d’une mul­ti­tude de sys­tèmes élec­toraux dif­férents à tra­vers le monde. La France étant le pays qui a le plus expéri­men­té en matière de lois électorales.
Un autre axiome fon­da­teur de la démoc­ra­tie “mod­erne” est le principe de représen­ta­tion. La démoc­ra­tie étant le gou­verne­ment du peu­ple ou du moins, la démoc­ra­tie exigeant un gou­verne­ment issu d’une volon­té exprimée par le peu­ple, il faut que le peu­ple, d’une manière ou d’une autre, désigne des per­son­nes chargées de le représenter.
Toute la dif­fi­culté dans le sys­tème actuel, con­siste à trans­former un nom­bre de citoyens en un nom­bre de représen­tants, puis à découper des régions en cir­con­scrip­tions élec­torales ren­fer­mant des pop­u­la­tions aus­si égales que possible.
Prenons un exem­ple sim­ple : un pays compte 40 mil­lions de citoyens et veut désign­er 400 députés. Un député doit donc être désigné par 100.000 citoyens. Reste à procéder à un découpage de cir­con­scrip­tions élec­torales com­posées cha­cune de 100.000 électeurs.
C’est là que les choses se gâtent. Peut-on accepter des solu­tions “à peu près” bonnes ?
Si, dans l’exemple précé­dent, une cir­con­scrip­tion compte 105.000 électeurs et une autre 95.000, cela veut dire que cer­tains électeurs ont moins de “valeur” que d’autres, ou que cer­tains sont mieux représen­tés. Est-ce accept­able ? Non.
Or, actuelle­ment, cer­tains Français “pèsent” à l’Assemblée Nationale 5,5 fois plus que d’autres ! Les 33 départe­ments les moins peu­plés se voient attribuer (en moyenne) un député pour 85.363 habi­tants et les 33 départe­ments les plus peu­plés, un député pour 111.843 habitants.
Ce n’est pas acceptable.
Com­ment accepter que le vote d’un électeur soit équiv­a­lent aux votes de cinq électeurs et demi ?
Cette méth­ode indigne con­tribue large­ment à la méfi­ance du peu­ple vis-à-vis des manoeu­vres politi­ci­ennes, d’où qu’elles vien­nent. D’autant plus qu’en France le sys­tème élec­toral est régi par un code élec­toral qui est une com­pi­la­tion indi­geste de règles con­fus­es et injustes.

Ces faits incon­testa­bles sont en con­tra­dic­tion absolue avec la con­sti­tu­tion qui “assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans dis­tinc­tion d’origine” (arti­cle 2) et qui garan­tit que “le suf­frage est tou­jours uni­versel, égal et secret” (arti­cle 3).
Ain­si, en France, il est impos­si­ble de jus­ti­fi­er que les cir­con­scrip­tions des députés aient été en 2002 les mêmes qu’en 1986, alors que la loi prévoit qu’une adap­ta­tion des cir­con­scrip­tions (redé­coupage) aurait dû oblig­a­toire­ment inter­venir après le recense­ment de 1999.
Ce qui implique que juridique­ment, les élec­tions lég­isla­tives français­es de 2002, sont tout sim­ple­ment hors-la-loi !
N’importe quel can­di­dat bat­tu pou­vait inten­ter un recours devant le Con­seil Con­sti­tu­tion­nel qui aurait été obligé d’annuler l’élection. Aucun can­di­dat ne l’a fait. Pourquoi ? Si ce ne sont pas des imbé­ciles, ils sont au moins mal­hon­nêtes ou incom­pé­tents. Si des can­di­dats ne sont pas capa­bles de faire respecter la loi, méri­tent-ils la con­fi­ance des électeurs ? Com­ment croire en des députés cen­sés faire les lois et inca­pables de les respecter ?
Les politi­ciens sont des experts en trucages.

J’ai déjà dit qu’il est impos­si­ble de met­tre au point une méth­ode de vote qui reflète fidèle­ment les préférences des électeurs. C’est la fameuse impos­si­bil­ité de Ken­neth Arrow.
Ce qui explique qu’il existe une mul­ti­tude de méth­odes pour vot­er et qu’elles sont tou­jours impar­faites. Leurs défauts sont plus ou moins énormes.
Mais la France est cer­taine­ment cham­pi­onne en matière d’expérimen­tation des lois élec­torales. Depuis 1789, un seul sys­tème a survécu 30 années con­séc­u­tives (1889–1919), un 27 années (1958–1985), un autre, 18 années (1852–1870), un 17 années (1831–1848) et l’actuel, 19 années (depuis 1986).
Depuis l’introduction du suf­frage uni­versel en 1848, les citoyens français ont subi pas moins de 13 réformes élec­torales. Sans leur deman­der leur avis et jamais à leur avantage.

Entre tous ces dif­férents types de scruti­ns qui relèvent tous de la plus mau­vaise recette de cui­sine (élec­torale), on ne peut faire qu’un mau­vais choix. Tous sont défi­cients et injustes.
Dans des sit­u­a­tions théoriques mais qui pour­raient exis­ter dans la réal­ité, on peut démon­tr­er que pas moins de cinq types de scruti­ns dif­férents peu­vent tour à tour, sur les mêmes bases numériques, don­ner la vic­toire à cinq can­di­dats dif­férents ! Cela démon­tre sans ambiguïté que le mode de scrutin importe au plus haut point.
Il est clair que ces sys­tèmes sont dépassés, totale­ment obsolètes. Cen­sés représen­ter le peu­ple, ils ne font que le trahir. Ils appar­ti­en­nent à une tra­di­tion du 19e siè­cle et même au-delà, puisqu’ils dérivent directe­ment de la volon­té éli­tiste et du suf­frage cen­si­taire des révo­lu­tion­naires améri­cains et français. Ils ne sont plus du tout adap­tés au 21e siè­cle et sont une des caus­es de l’abstentionnisme crois­sant. Pourquoi vot­er quand vous avez le sen­ti­ment que rien ne peut réelle­ment chang­er ? Les absten­tion­nistes ne sont pas des mau­vais citoyens : ils sont sim­ple­ment réal­istes et con­scients de l’inutilité absolue d’une démarche de vote. Il ne sert à rien de les cul­pa­bilis­er par des cam­pagnes pub­lic­i­taires qui n’y changent rien (mal­gré un matraquage intense à la télévision).
L’abstention, quand elle est un refus de vot­er, doit être com­prise et analysée comme un acte posi­tif : le refus d’être com­plice d’un sys­tème injuste et indigne. Le vote blanc à lui seul n’est pas sig­ni­fi­catif d’un désac­cord avec le sys­tème puisque l’on sait qu’il n’en est pas tenu compte.
Pourquoi le gou­verne­ment Jospin n’a‑t-il pas procédé à la révi­sion du découpage des cir­con­scrip­tions comme la loi l’y oblig­eait ? À quels intérêts par­ti­c­uliers prof­ite le soi-dis­ant “intérêt général” ?
Le con­seil con­sti­tu­tion­nel deman­da en 1986 que les dis­par­ités de pop­u­la­tion entre les cir­con­scrip­tions ne soient pas “… sen­si­ble­ment accrues par le biais des règles qui prési­dent au découpage”. Qui nous expli­quera com­ment des “règles” de découpage peu­vent ren­forcer des iné­gal­ités et qui décide de ces “règles” ?
Le découpage des cir­con­scrip­tions élec­torales relèvent d’une vieille tra­di­tion, bien établie, de manip­u­la­tion politi­ci­enne. Les gou­verne­ments en place se débrouil­lent tou­jours pour con­coc­ter une carte élec­torale plus favor­able à la réélec­tion de leurs can­di­dats. Sauf le dernier gou­verne­ment Jospin. Quelle étrangeté !
Le principe est sim­ple : quand il y a un député par cir­con­scrip­tion, on peut s’arranger pour créer deux types de cir­con­scrip­tions. Dans l’une, le gou­verne­ment fait élire son can­di­dat avec une faible majorité des voix, dans l’autre, l’opposition gagne avec une large majorité. Avec ce procédé, on peut faire élire par exem­ple trois députés sur qua­tre dans qua­tre cir­con­scrip­tions, dix députés sur qua­torze dans qua­torze cir­con­scrip­tions, etc.(C’est pos­si­ble en analysant fine­ment les résul­tats des votes précé­dents, cir­con­scrip­tion par cir­con­scrip­tion, ou can­ton par can­ton, bureau de vote par bureau de vote). Ce char­cu­tage géo­graphique des cir­con­scrip­tions n’est pas pro­pre à la France : il est pra­tiqué par toutes les démoc­ra­ties. Il porte un nom : le “ger­ry­man­der”, en l’honneur de son inven­teur, Elbridge Ger­ry, politi­cien améri­cain, gou­verneur du Mass­a­chu­setts de 1810 à 1812. Un opposant remar­qua que la cir­con­scrip­tion, par­ti­c­ulière­ment bis­cor­nue, ressem­blait à une sala­man­dre (sala­man­der en anglais). Un jour­nal­iste pub­lia une car­i­ca­ture de “l’animal” qui devint un “ger­ry­man­der”. Ain­si un découpage au dessin bizarre devient vite sus­pect. Cepen­dant, un découpage bis­cor­nu , sur le plan géo­graphique, mais juste, vaut mieux qu’un découpage injuste sur le plan démographique.
Répé­tons-le : il est pos­si­ble d’obtenir un découpage élec­toral hon­nête et représen­tatif. C’est plus facile à faire qu’un découpage ori­en­té pour favoris­er tel ou tel. Mais nos politi­ciens se moquent éper­du­ment de la jus­tice électorale.
Quand les politi­ciens cesseront-ils de se moquer des électeurs ?
Le sys­tème des élec­tions est d’une com­plex­ité invraisem­blable. Mais c’est voulu. Cela autorise toutes les magouilles, toutes les fraudes. On ne s’embarrasse même plus de respecter les textes de loi qui l’organisent ! Les citoyens sont escro­qués par des procédés indignes et anti- démocratiques.
En allant vot­er comme des mou­tons, les citoyens incon­scients péren­nisent un sys­tème vicieux et pourri.

Chapitre III : la mythologie du suffrage universel

“Il n’y a d’universel que ce qui est suff­isam­ment grossier
pour l’être”
Paul Valéry

Le droit de vote est le fruit d’une longue lutte his­torique qui mérite le respect. Il fut un temps où l’on votait comme on allait à l’église, avec grav­ité et solen­nité, un temps où les suf­fragettes ren­ver­saient les urnes qui leur étaient inter­dites. Le droit de vote se heur­tait au droit divin du monar­que et aux priv­ilèges d’une aris­to­cratie de la nais­sance. Mais il se heur­tait aus­si aux intérêts d’une bour­geoisie qui cher­chait à récupér­er les avan­tages de la noblesse et qui voy­ait d’un mau­vais oeil les reven­di­ca­tions de la “pop­u­lace”. Il fal­lait con­fi­er le pou­voir aux “meilleurs”, aux plus instru­its, et les “meilleurs” étaient for­cé­ment les plus rich­es. D’où les restric­tions au droit de vote par le suf­frage cen­si­taire. La droite, les forces con­ser­va­tri­ces (monar­chiste, bour­geoisie éli­tiste) ont tout fait pour lim­iter le droit de vote. La gauche, les forces pro­gres­sistes ont naturelle­ment tout fait pour élargir son accès et impos­er le suf­frage uni­versel. D’où la longue lutte pour impos­er le suf­frage uni­versel, aboutisse­ment logique du sys­tème de la vota­tion imposé à l’imaginaire col­lec­tif comme le seul moyen de met­tre en oeu­vre l’idéal démocratique.
En France, les États Généraux de 1789 ont été con­sti­tués d’une façon assez démoc­ra­tique. Pour la désig­na­tion des représen­tants du Tiers-État, le suf­frage n’était pas uni­versel, mais pou­vaient vot­er tous les habi­tants nés français ou nat­u­ral­isés âgés de 25 ans, domi­cil­iés et com­pris au rôle des con­tri­bu­tions (aucun chiffre min­i­mum d’impôt n’était exigé).
La con­sti­tu­tion du 3 sep­tem­bre 1791 établit une monar­chie lim­itée et s’efforce déjà de réduire au max­i­mum le droit de vote : la bour­geoisie ne veut pas être noyée par les mass­es pop­u­laires et c’est elle qui con­stitue l’essentiel des représen­tants du Tiers-État. L’élite mon­tante de la nou­velle classe dirigeante se hâte de con­forter ses posi­tions face à la pop­u­lace red­outée. Le suf­frage est con­sid­érable­ment restreint aux deux degrés de représen­ta­tion et avec un cens élevé pour assur­er la prépondérance de la bourgeoisie.
La con­sti­tu­tion du 24 juin 1793 établit un suf­frage uni­versel, mais le vote est pub­lic et col­lec­tif : elle ne sera jamais appliquée.
La con­sti­tu­tion de l’an III du 22 août 1795 rétab­lis­sait le suf­frage restreint à deux degrés. La bour­geoisie se retrou­ve et se renforce.
Celle de l’an VIII du 15 décem­bre 1799 établit un suf­frage qua­si­ment uni­versel : tous les citoyens français peu­vent vot­er. C’est trop tôt pour les femmes et Bona­parte devien­dra très vite Napoléon.
La charte de 1814 raie d’un trait de plume la Révo­lu­tion et l’Empire. Le suf­frage est con­sid­érable­ment restreint par le cens. On aboutit ain­si à 100.000 électeurs environ.
La charte de 1830 : le cens est abais­sé et le droit de vote un peu élar­gi. En 1846, il y a env­i­ron 241.000 électeurs.
La con­sti­tu­tion du 4 novem­bre 1848 : elle rétablit le suf­frage uni­versel pour l’élection d’une assem­blée lég­isla­tive et d’un prési­dent de la république, inspiré par l’exemple prési­den­tiel américain.
La con­sti­tu­tion du 14 jan­vi­er 1852 main­tient le suf­frage uni­versel direct, mais sa portée est réduite par le rétab­lisse­ment de l’empire hérédi­taire (Napoléon III).
La con­sti­tu­tion de 1875 ren­force le suf­frage uni­versel. Mais il fau­dra atten­dre le 29 avril 1945 pour que les femmes y par­ticipent pour la pre­mière fois en France.

On se rend compte, au tra­vers de ce résumé suc­cinct, des avancées et des reculs du suf­frage uni­versel. Les class­es dom­i­nantes ne cédèrent que pas à pas. Mais à la veille de la pre­mière guerre mon­di­ale, la plu­part des nations d’Europe et d’Amérique du nord sem­blent opter pour des mod­èles démoc­ra­tiques dif­férents certes, mais con­ver­gents, par l’objectif du suf­frage universel.
La Russie y goûte en 1905 pour la pre­mière fois même s’il est lim­ité par le cens.
La Bel­gique l’accorde en 1893, même si cer­taines caté­gories de citoyens dis­posent de voix supplémentaires.
L’Italie, en 1912, l’octroie à tous les hommes de 21 ans sachant lire et écrire, et aux anal­phabètes à par­tir de 30 ans.
Aux États-Unis, il faut savoir que le sys­tème de la poll­tax écarte des urnes toute une pop­u­la­tion pau­vre for­mée surtout de Noirs et d’Indiens jusqu’en… 1964 !
Les femmes voteront pour la pre­mière fois en 1863 en Suède, 1865 en Fin­lande, 1869 au Wyoming, 1918 en Grande-Bre­tagne, 1919 en Alle­magne, 1931 en Espagne et au Por­tu­gal, 1945 en Ital­ie et en France, 1971… en Suisse !
Cette longue his­toire du suf­frage uni­versel, les innom­brables com­bats qu’il a sus­cité, le sang ver­sé pour sa con­quête, tout con­tribue à la con­struc­tion, dans l’imaginaire col­lec­tif, d’une véri­ta­ble mytholo­gie qui vient ren­forcer l’idéal démocratique.
Car le principe des révo­lu­tion­naires, un homme : une voix, parais­sait une arme déter­mi­nante con­tre le pou­voir aris­to­cra­tique en place, puis con­tre les pou­voirs poli­tiques qui répri­maient les aspi­ra­tions populaires.
Or, il est clair que le suf­frage uni­versel n’est pas utile à l’idéal démoc­ra­tique pour lim­iter le pou­voir des gou­ver­nants. Au con­traire, les référen­dums et les plébiscites sont des instru­ments trop sou­vent util­isés par les dic­ta­teurs ou les lead­ers pop­ulistes pour asseoir leur dom­i­na­tion, avec 99,99% des voix ou même avec 82%…
Le suf­frage uni­versel provoque une illu­sion en focal­isant l’attention sur les électeurs et sur la recon­nais­sance de l’égalité poli­tique entre chaque citoyen. On oublie les élus. On oublie que c’est une masse qui va aux urnes et une infime minorité qui en sort. Et pas n’importe laque­lle : c’est tou­jours une élite appar­tenant aux class­es dom­i­nantes. Instau­rant l’égalité poli­tique entre les citoyens, le suf­frage uni­versel recon­stitue l’inégalité, en con­fi­ant à une élite insti­tu­tion­nelle l’emprise totale sur le pou­voir d’État.
Le suf­frage uni­versel pré­tend polir à la per­fec­tion le miroir du corps élec­toral pour n’en restituer finale­ment qu’un frag­ment d’image, défor­mée et infidèle. Quel paradoxe !
Le droit de vote et le suf­frage uni­versel sont des illu­sions démoc­ra­tiques grâce aux­quelles le sim­ple indi­vidu se trou­ve pro­mu au rang de citoyen, rang qui affirme une dig­nité, une solen­nité, voire un tran­scen­dance. Exercer le droit de vote, c’est devenir citoyen, affirmer une prérog­a­tive, exis­ter sociale­ment, exercer une puis­sance vir­ile. Dans les cités de la Grèce antique, le citoyen por­tait les armes. La sous représen­ta­tion des femmes au niveau des can­di­dats et des élus révèle encore aujourd’hui une cul­ture mas­cu­line du monde poli­tique pub­lic, par oppo­si­tion à la sphère domes­tique et privée des femmes.
L’affirmation que chaque citoyen compte, que chaque vote a son impor­tance est illu­soire. Aucune élec­tion ne se joue à une voix. Cette croy­ance à l’importance de chaque vote, et spé­ciale­ment du sien pro­pre, défie la rai­son. Elle est insouten­able. Elle cor­re­spond à un besoin de la nature humaine d’être recon­nue dans son iden­tité, dans son indi­vid­u­al­ité. C’est pourquoi les can­di­dats insis­tent tant sur l’importance de chaque voix, de chaque vote : cela met en valeur chaque électeur, ren­force sa citoyen­neté, flat­te son ego. Sans être com­plète­ment dupe, le peu­ple mou­ton­nier con­sent à se déplac­er aux urnes. D’autant plus qu’il sait que sa puis­sance mas­sique per­met de brouiller les cartes et d’autoriser les résul­tats imprévus et les sur­pris­es de taille.
C’est la seule petite sat­is­fac­tion que l’on accorde au peu­ple citoyen : bous­culer un peu l’ordre établi, une fois tous les qua­tre ou cinq ans. Mais c’est seule­ment un ordre établi entre quelques per­son­nal­ités. Des têtes de droite rem­pla­cent des têtes de gauche ou l’inverse, cela ne fait aucune dif­férence : ce sont tou­jours les mêmes têtes que l’on voit, une même caste dirigeante, une même élite dom­i­nante. Droite ou gauche, c’est le même com­bat, des mêmes hommes représen­tat­ifs des intérêts d’une même caste : les hommes du pou­voir qui s’y cram­pon­nent. C’est une nou­velle forme d’aristocratie. C’est telle­ment vrai que ces messieurs sont recon­nus comme les “barons” du gaullisme ou du socialisme…
Le vote cor­re­spond sans doute aus­si à un besoin incon­scient de cacher une hor­ri­ble réal­ité : le fonde­ment sado-masochiste de la rela­tion entre le citoyen et l’État, entre le citoyen et ses représen­tants, entre les citoyens et le pou­voir, entre dom­inés et dom­i­nants. Le désir de domin­er et le désir d’être dom­iné sont ancrés au plus pro­fond de la struc­ture psy­chologique de chaque être humain. Vot­er, c’est se don­ner l’illusion, sat­is­faisante pour son amour-pro­pre, ras­sur­ante pour sa respon­s­abil­ité de se don­ner “libre­ment” un représen­tant, un leader, un chef, pour ne pas s’avouer le besoin d’être com­mandé, soumis à l’autorité et soulagé de toutes respon­s­abil­ités. Chaque citoyen veut croire que l’acte de vot­er relève de la quin­tes­sence de la démoc­ra­tie et traduit une démarche rationnelle, un choix réfléchi.
En fait, les dés sont pipés. Le citoyen est manip­ulé du début jusqu’à la fin : de l’idée fausse de la démoc­ra­tie qu’on lui a inculquée, jusqu’aux résul­tats des élec­tions “démoc­ra­tiques”. Chaque élec­tion est présen­tée comme une con­sul­ta­tion déci­sive, un moment his­torique, un enjeu cap­i­tal. Tout paraît pos­si­ble avant, le meilleur comme le pire, mais rien de bien impor­tant ne change après.
L’élection n’est qu’une illu­sion qui a pour seule fonc­tion la con­ser­va­tion d’un statu quo social. La démoc­ra­tie élec­tive fige la société dans un car­can de fer qui l’étreint et l’étouffe. Elle est la forme la plus sub­tile, la plus sournoise et la plus vicieuse d’une oppres­sion, d’une dic­tature qui se paye le luxe d’avancer sous la ban­nière de la liberté…et aujourd’hui, de sa ver­sion la plus cor­rompue et la plus obscène : le libéral­isme mon­di­al­iste, nou­velle ver­sion euphémique et plus présentable d’un cap­i­tal­isme impéri­al­iste, féroce et inhumain.
Le vote et le suf­frage uni­versel sont au coeur du prob­lème de l’attribution du pou­voir. Et c’est ce même pou­voir qui organ­ise le suf­frage uni­versel et qui en est l’enjeu.
L’idéologie démoc­ra­tique actuelle, définie par l’élite dom­i­nante, per­met le règne et la défense des intérêts majeurs de cette élite qui investit et s’approprie l’appareil d’État.
Cette idéolo­gie démoc­ra­tique joue le jeu du suf­frage uni­versel pour mieux dis­simuler la nature coerci­tive et oli­garchique du pou­voir. Le pou­voir d’État se con­quiert par les urnes dans le respect du droit par oppo­si­tion au non droit de la dic­tature. Mais le droit impose des normes, des lois dont le non-respect entraîne une sanc­tion. Ceux qui déti­en­nent le pou­voir monop­o­lisent une puis­sance de con­trainte inouïe sanc­ti­fiée par la légal­ité et exigeant la recon­nais­sance de tous. C’est ain­si qu’une poignée d’hommes en con­duisent des mil­lions dans les boucheries des guer­res. Au nom de l’intérêt supérieur de la nation ou de n’importe quel autre pré­texte fab­riqué de toutes pièces. S’ils rechig­nent trop, ils fab­riquent des cat­a­stro­phes comme Pearl Har­bor ou le 11 sep­tem­bre, quitte à sac­ri­fi­er quelques “mou­tons” imbé­ciles, quelques enfants récal­ci­trants : à la dif­férence d’Abraham, eux vont jusqu’au bout, pour le dieu pét­role ou la “rai­son” d’État. La guerre ne leur fait pas peur. Elle est l’aboutissement logique de leur folie. “La guerre ne vise pas la vic­toire, elle vise a être con­tin­uelle. L’acte essen­tiel de la guerre humaine est la destruc­tion du pro­duit du tra­vail humain. Une société hiérar­chisée n’est pos­si­ble que si elle s’appuie sur la pau­vreté et l’ignorance. En principe l’effort de guerre a tou­jours pour but de main­tenir la société au bord de la famine. La guerre est menée par l’oligarchie con­tre ses pro­pres sujets. Son objet n’est pas de gag­n­er une quel­conque guerre mais de garder la struc­ture même de la société intacte”. (George Orwell “1984”).
La fonc­tion réelle du suf­frage uni­versel est de faciliter la dom­i­na­tion d’une élite oli­garchique par l’intermédiaire de l’appareil d’État.
Le suf­frage uni­versel est une insti­tu­tion sous l’emprise de l’appareil d’État, lui-même sous le con­trôle des class­es dirigeantes. Le citoyen subit en per­ma­nence la pres­sion d’une puis­sance démesurée du pou­voir d’État. Le suf­frage uni­versel autorise de temps à autre un défoule­ment canal­isé de la vio­lence réac­tion­nelle du peu­ple, en lui don­nant l’illusion de pou­voir chang­er les hommes ou la poli­tique. Mais rien ne peut chang­er car les règles du jeu insti­tu­tion­nel ne changent pas et la société ne change pas : ses struc­tures d’organisation sont blo­quées par les dom­i­nants. C’est pourquoi les réformes struc­turelles sont si dif­fi­ciles à met­tre en oeu­vre et que la réforme de l’État lui-même, réclamée depuis des décen­nies par les plus lucides, est tou­jours reportée aux cal­en­des grecques.
Le suf­frage uni­versel est l’alibi le plus effi­cace qui jus­ti­fie l’omnipotence de l’État et son emprise de plus en plus pesante sur la vie des indi­vidus. Il a le mérite du point de vue du pou­voir d’État de ren­dre celui-ci accept­able par le citoyen. Mais le feu de la révolte cou­ve et la vio­lence qu’elle peut déclencher emprunte tous les chemins possibles.
Cela va de l’abstention pure et sim­ple, qui est un refus de jouer un jeu où l’on est sûr de per­dre (on se rap­pelle le slo­gan de mai 68 : “élec­tions piège à cons”), à la folie du ter­ror­isme, en pas­sant par les voitures incendiées dans les quartiers “dif­fi­ciles”, et par toutes les “inci­vil­ités”, mot de la langue de bois, révéla­teur du fos­sé qui se creuse de plus en plus entre la frus­tra­tion des citoyens et l’indigence crasse de la classe poli­tique. Mais alors que faire ?
D’abord revenir aux fonde­ments de la démocratie.
Troisième par­tie : le retour aux sources

Chapitre I :

les origines de la démocratie

“ La source dés­ap­prou­ve presque tou­jours l’itinéraire du fleuve”.
Jean Cocteau

Le cinquième siè­cle avant Jésus-Christ a mar­qué l’apogée de la civil­i­sa­tion grecque. La splen­deur d’Athènes se man­i­feste encore à nos yeux par des mon­u­ments célèbres. Sa puis­sance à cette époque coïn­cide avec l’instauration de la démocratie.
Mais qu’est-ce que la démocratie ?
Démoc­ra­tie vient du grec démos, peu­ple, et kratos, pou­voir. C’est un sys­tème de gou­verne­ment où le peu­ple exerce son pou­voir, sa souveraineté.
Mais démoc­ra­tie sig­ni­fie égale­ment gou­verne­ment des dèmes. Un dème est l’équivalent d’une com­mune. Sous la dom­i­na­tion d’Athènes, l’Attique est divisé en 190 dèmes. À 18 ans, les citoyens sont inscrits dans le dème. Tous les citoyens sont admis à l’ecclésia, organe essen­tiel de la poli­tique et assem­blée du peu­ple qui com­prend surtout des cul­ti­va­teurs, des com­merçants et des arti­sans. Un bureau est for­mé de 50 mem­bres. Chaque citoyen a un droit de dis­cus­sion, d’initiative et d’amendement. L’ecclésia vote d’ordinaire à main lev­ée des décrets et des lois qui ont été préal­able­ment étudiés par la boulè : c’est une sorte d’assemblée nationale et de con­seil d’État, per­ma­nente, for­mée de 500 mem­bres chargés de l’administration générale et du pou­voir exécutif.
Les 190 dèmes sont divisés en 10 tribus. Chaque tribu compte env­i­ron 20 dèmes et envoie 50 représen­tants à la boulè.
Pour la jus­tice égale­ment, le peu­ple est sou­verain. Tous les citoyens peu­vent être mag­is­trats à l’héliée, tri­bunal par excel­lence. Chaque tribu désigne 600 citoyens, donc 6000 en tout, répar­tis en 10 dicas­tères. Il faut un ou plusieurs dicas­tères pour juger les procès, suiv­ant leur impor­tance. Ce nom­bre élevé est con­sid­éré comme une garantie con­tre la corruption.
Cette descrip­tion est très som­maire et reprend inten­tion­nelle­ment un exem­ple courant. Il y manque l’essentiel, volon­taire­ment escamoté, comme par l’immense majorité des com­men­ta­teurs de la démoc­ra­tie athéni­enne, plus prompts à la dénon­ci­a­tion qu’à l’honnêteté.
Que nous disent-ils ?
Oui, la démoc­ra­tie grecque était la “vraie démoc­ra­tie”, c’est-à-dire la démoc­ra­tie directe : le peu­ple par­tic­i­pait directe­ment aux déci­sions poli­tiques de l’ecclésia.
Oui mais, nous font-ils remar­quer, ce peu­ple qui exerçait sa sou­veraineté n’était qu’une petite minorité de la pop­u­la­tion. Les esclaves étaient exclus et il y avait 6 fois plus d’esclaves que de citoyens. De même pour les métèques qui sont con­sid­érés comme des étrangers même si la plu­part sont des Grecs, 4 fois plus nom­breux que les citoyens. Et les femmes, cela va de soi… De plus, beau­coup de citoyens ne par­tic­i­paient pas aux débats de l’ecclésia. Au final, quelques mil­liers d’hommes se trou­vaient réu­nis à l’ecclésia pour décider des affaires de la cité. Mais décidaient-ils vrai­ment ? Dans ce genre de réu­nions publiques, il y a tou­jours des indi­vidus ou des groupes qui manip­u­lent les autres. Cela n’ a guère changé aujourd’hui. Il est com­muné­ment admis qu’une foule est bien plus facile­ment manip­u­la­ble qu’une petite assemblée.
Oui mais, cette démoc­ra­tie antique ne se sou­ci­ait guère des droits de l’homme puisqu’elle pra­ti­quait l’esclavage et l’ostracisme qui per­me­t­tait de ban­nir pour 10 ans un citoyen sim­ple­ment sus­pec­té d’être trop ambitieux ou trop puissant.
Oui mais, la démoc­ra­tie directe des Anciens n’est plus applic­a­ble aux grands États mod­ernes. On peut rassem­bler quelques mil­liers d’Athéniens sur une place publique. Mais com­ment voulez-vous rassem­bler plusieurs dizaines de mil­lions de Français ?
On nous induit à croire que l’Athènes du siè­cle de Péri­clès n’était qu’un gros vil­lage. C’était une cité-État qui admin­is­trait une pop­u­la­tion qui a pu dépass­er 200.000 âmes.
Oui mais, si la déci­sion appar­tient au peu­ple, ce peu­ple est-il com­pé­tent pour se pronon­cer sur les moin­dres détails? Il n’est pas pos­si­ble de faire l’économie d’une élite dirigeante, selon la plu­part des auteurs. C’est logique : ils appar­ti­en­nent eux-mêmes à cette élite. Ce sont des pro­fesseurs d’université, des juristes plus ou moins dis­tin­gués, des politi­ciens, quelque­fois des jour­nal­istes. Bref, une intel­li­gentsia bien pen­sante et conformiste.
Com­ment se fait-il que ces com­men­ta­teurs de la démoc­ra­tie orig­inelle oublient sys­té­ma­tique­ment de nous par­ler d’un principe fon­da­men­tal qui signe le fonc­tion­nement des insti­tu­tions démoc­ra­tiques de la Grèce antique ?
Pass­er sous silence ce principe remar­quable et incon­tourn­able relève, soit de la mal­hon­nêteté intel­lectuelle soit de l’imbécillité crasse. Cer­tains “intel­lectuels” ne sont que des crétins diplômés. Ce n’est pas parce que les mots “intel­lectuel” et “intel­li­gence” ont la même racine que le pre­mier doit oblig­a­toire­ment impli­quer la pos­ses­sion du second !
Ce principe, qui pousse vers la per­fec­tion les idées d’égalité et de jus­tice, révèle le génie grec. L’escamoter est une trahi­son de l’histoire de la démoc­ra­tie dans ses racines. C’est aus­si la révéla­tion de la peur qu’inspire ce principe aux élites priv­ilégiées qui con­fisquent le pou­voir du peu­ple à leur prof­it. Car le grand prob­lème de la démoc­ra­tie est celui de la représentation.
Même si les Grecs du cinquième siè­cle pra­ti­quaient la démoc­ra­tie directe avec l’ecclésia, ils avaient par­faite­ment com­pris que le peu­ple doit déléguer ses pou­voirs, ou au moins une par­tie de ses pou­voirs. Il doit désign­er des représen­tants qui agis­sent pour lui, en son nom. Réduire la démoc­ra­tie grecque à l’idée de la démoc­ra­tie directe est une pure escro­querie intellectuelle.
Les Grecs ont tout autant inven­té la démoc­ra­tie indi­recte et le principe de la représentation.
L’ennui, pour les pour­fend­eurs de la démoc­ra­tie directe, c’est que les représen­tants n’étaient pas désigné par l’élection ; c’est la vraie rai­son pour laque­lle ils rejet­tent la démoc­ra­tie directe : cela per­met, en jetant le bébé avec l’eau du bain, de ne pas abor­der la solu­tion antique util­isée pour désign­er les représentants !
Jean-Jacques Rousseau, en son temps, déplo­rait le recours à la représen­ta­tion. S’inclinant devant l’incontournable obsta­cle, il pré­con­i­sait le man­dat impératif. Les représen­tants élus étaient oblig­és d’appliquer à la let­tre le man­dat reçu de leurs électeurs. Les démoc­rates du dix-huitième siè­cle, admi­ra­teurs de l’Antiquité, n’étaient pas des par­ti­sans de la démoc­ra­tie grecque. Le pou­voir démesuré qu’elle accor­dait au peu­ple les effrayait. Il y a une aver­sion totale et une méfi­ance absolue des révo­lu­tion­naires améri­cains et français pour le mod­èle démoc­ra­tique athénien. Car ces messieurs les révo­lu­tion­naires étaient issus des élites bour­geois­es, et ils entendaient bien faire pré­val­oir leurs ambi­tions et les étendre.
Pour Toc­queville, l’égalité est le moteur de la démoc­ra­tie. Il pense que les hommes préfèrent tou­jours l’égalité à la lib­erté : “ Je pense que les peu­ples démoc­ra­tiques ont un goût naturel pour la lib­erté ‚… Mais ils ont pour l’égalité une pas­sion ardente, insa­tiable, éter­nelle, invin­ci­ble ; ils veu­lent l’égalité dans la lib­erté et, s’ils ne peu­vent l’obtenir, ils la veu­lent encore dans l’esclavage.”
D’accord pour l’égalité, mais cha­cun à sa place. C’est ain­si qu’en Amérique, la pre­mière con­sti­tu­tion écrite de l’histoire, en 1787, donne le droit de vote aux seuls pro­prié­taires. Les Blancs non pro­prié­taires, les Noirs, les Indi­ens et les femmes ne votent pas. Les esclaves, n’en par­lons pas.
Pour jus­ti­fi­er le suf­frage cen­si­taire, le député Bois­sy d’Anglas, dans son dis­cours à la Con­ven­tion du 23 juin 1795, déclarait : “ Nous devons être gou­vernés par les meilleurs ; les meilleurs sont les plus instru­its et les plus intéressés au main­tien des lois. Or, à bien peu d’exception près, vous ne trou­verez de pareils hommes que par­mi ceux qui pos­sè­dent une pro­priété, sont attachés au pays qui la con­tient, aux lois qui la pro­tè­gent, à la tran­quil­lité qui la con­serve, et qui doivent à cette pro­priété et à l’aisance qu’elle donne l’éducation qui les a ren­dus pro­pres à dis­cuter, avec sagac­ité et justesse, les avan­tages et les incon­vénients des lois qui fix­ent le sort de la patrie.”
Grâce à ce beau dis­cours, la Con­ven­tion, qui avait mis fin à la Ter­reur, adop­ta une nou­velle con­sti­tu­tion et le suf­frage censitaire.
Cette peur du peu­ple pré­vaut tou­jours dans la classe dom­i­nante et dans les élites dirigeantes, ce qui ne les empêche pas de pré­ten­dre représen­ter ses intérêts et de brandir, en toutes cir­con­stances, le sacro-saint “intérêt général” ou la “rai­son d’État” qui, curieuse­ment, s’accorde tou­jours avec leurs petits intérêts par­ti­c­uliers. C’est le peu­ple qui va aux urnes, c’est tou­jours la même “élite” qui en sort.
Les Grecs ont inven­té la démoc­ra­tie parce qu’ayant expéri­men­té tous les régimes poli­tiques pos­si­bles, ils accordèrent plus leur con­fi­ance au peu­ple pris dans sa glob­al­ité plutôt qu’à des minorités priv­ilégiées d’aristocrates, de plouto­crates et de tyrans.
C’est pourquoi le fonde­ment incon­tourn­able de la démoc­ra­tie grecque con­siste en l’établissement du principe d’égalité absolue des citoyens entre eux sur le plan poli­tique. Le génie grec, tout prag­ma­tique, est d’avoir inven­té la méth­ode qui respecte résol­u­ment le principe d’égalité, se com­bine par­faite­ment avec lui, pour for­mer un cou­ple har­monieux et fécond. Cette méth­ode n’est pas l’élection ni le suf­frage uni­versel présen­tés aujourd’hui comme des principes oblig­a­toires des démoc­ra­ties mod­ernes. Hélas ! “La minorité ne compte point quand la majorité s’appuie sur des argu­ments qu’elle croit solide” (Machi­av­el).

Cette méth­ode est le tirage au sort.
C’est le kléros des Grecs d’Athènes.

Certes, tous les citoyens d’Athènes ne par­tic­i­paient pas à l’ecclésia dans l’expression de la démoc­ra­tie directe. Mais tous les citoyens d’Athènes par­tic­i­paient au tirage au sort dans les dèmes qui per­me­t­tait de désign­er leurs représen­tants à la boulè.
Tous les citoyens étaient égale­ment tirés au sort pour désign­er les mag­is­trats de l’héliée, très nom­breux. Seuls étaient élus une petite poignée de mag­is­trats très spé­cial­isés : policiers de rue, tré­sori­ers, con­trôleurs du com­merce, ain­si que les stratèges et chefs militaires.
Certes les métèques n’étaient pas citoyens, mais ils pou­vaient le devenir.
Certes, il y avait beau­coup d’esclaves, mais les Grecs traitaient leurs esclaves beau­coup mieux que les Améri­cains et les Européens ne traitaient les leurs. C’est ici l’occasion de rap­pel­er la pro­fonde dif­férence de nature entre l’esclavage pra­tiqué par les Européens et les Améri­cains et celui pra­tiqué dans l’Antiquité et en Afrique même, avant l’arrivée des pre­miers explo­rateurs portugais.
Dans le pre­mier cas, il s’agissait de la dépor­ta­tion en masse de 25 mil­lions de Noirs vers les Amériques avec l’abominable com­merce tri­an­gu­laire. Beau­coup mouraient pen­dant la tra­ver­sée de l’Atlantique. Aujourd’hui, cette dépor­ta­tion relèverait d’un crime con­tre l’humanité.
Dans le sec­ond cas, sans qu’il soit ques­tion de jus­ti­fi­er l’esclavage, il était la con­séquence des guer­res : les pris­on­niers cap­turés fai­saient par­tie du butin. Chez les Grecs, des dieux eux-mêmes avaient été des esclaves : Apol­lon, Arès, Poséi­don, Héphaïs­tos. Les esclaves apparte­naient sou­vent à l’État ou aux tem­ples. Com­ment la société grecque antique aurait-elle pu tenir avec 6 fois plus d’esclaves que d’hommes libres ? Les révoltes étaient rares et lim­itées parce que les esclaves étaient bien traités et bien inté­grés dans la société antique. Beau­coup s’enfuyaient sans grand dan­ger pour eux (au point que leurs pro­prié­taires pre­naient une assur­ance pour cou­vrir ce risque !) Un grand nom­bre s’affranchissait. Ils occu­paient toutes sortes de fonc­tions dans tous les domaines de la vie économique et sociale. Cer­tains étaient médecins (Hip­pocrate), pré­cep­teurs, inten­dants, philosophes (Anaxagore, Gor­gias), artistes (Poly­clète), recon­nus et hon­orés. On est très loin du racisme, de l’apartheid de l’Afrique du Sud et des ghet­tos noirs de l’Amérique mod­erne. Il faut rap­pel­er que pen­dant très longtemps l’infériorité des Noirs n’était pas mise en doute. La “grandeur d’âme” de quelques-uns finit par faire admet­tre que “même si les Noirs apparte­naient à une race man­i­feste­ment inférieure”, cela ne jus­ti­fi­ait pas l’esclavage. Il fal­lut atten­dre 1865 pour qu’il soit aboli aux États-Unis. Aujourd’hui, l’esclavage nous paraît scan­daleux parce que l’idéologie a changé. Il n’en demeure pas moins que la dis­crim­i­na­tion raciale s’est main­tenue aux États-Unis jusqu’aux années 1960–65 et que les Indi­ens sont tou­jours par­qués dans des réserves… Le para­doxe, c’est que la plus grande démoc­ra­tie du monde, qui se présen­tait comme un mod­èle, était raciste et ségrégationniste.
Certes, l’ostracisme per­me­t­tait d’exiler un citoyen. Mais on oublie de dire que ce sys­tème est révéla­teur de la crainte légitime des démoc­rates athéniens de voir un chef poli­tique acca­parer le pou­voir à son prof­it et ris­quer de remet­tre en ques­tion leurs insti­tu­tions démoc­ra­tiques. Il était fait pour se pré­mu­nir des ten­ta­tives de prise du pou­voir par des aris­to­crates ou des dém­a­gogues. Chaque citoyen inscrivait sur un tes­son d’argile (ostrakon) le nom d’un homme jugé dan­gereux. Lorsque 6000 suf­frages s’étaient portés sur le même, il devait s’éloigner pour dix ans, sans déshonneur.
Car l’essence de la démoc­ra­tie, c’est bien l’égalité poli­tique des citoyens.
Et le moyen de la met­tre en oeu­vre, c’est le tirage au sort. L’accès de tous les citoyens au pou­voir (kratos) se fait par le sort (kléros) :
c’est la clérocratie.
L’élection des représen­tants, le suf­frage uni­versel, présen­tés comme des fon­da­men­taux de la démoc­ra­tie mod­erne, nous appa­rais­sent comme la plus vaste, la plus effarante escro­querie poli­tique de tous les temps.
Hors de là, point de salut ! On a réus­si à per­suad­er des mil­lions, des mil­liards d’individus que la démoc­ra­tie, c’est le suf­frage uni­versel. Non. La vraie démoc­ra­tie, c’est le tirage au sort. Pourquoi a‑t-on oublié que c’est le suf­frage uni­versel qui a amené au pou­voir un Adolf Hitler, dans un régime démoc­ra­tique, la république de Weimar (Buchen­wald n’est situé qu’à quelques kilo­mètres de Weimar) qui, à lui tout seul, a provo­qué le plus grand cat­a­clysme du vingtième siècle ?
Chaque fois que survient une cat­a­stro­phe, où que ce soit, les bonnes âmes et les politi­ciens com­patis­sants deman­dent, exi­gent des mesures pour que : “plus jamais ça”. Les procès de Nurem­berg ont jugé et con­damné quelques indi­vidus. Il n’y a pas eu de procès pour juger la “démoc­ra­tie” man­i­feste­ment coupable d’avoir porté au pou­voir un malade men­tal. Peut être bien parce que tous ceux qui sont au pou­voir dans nos soi-dis­ant “démoc­ra­ties” sont aus­si, quelque part, des malades mentaux !
Et que les fémin­istes ne vien­nent surtout pas nous dire que ce sont les hommes qui font la guerre. Les femmes alle­man­des, qui obt­in­rent le droit de vote avec le suf­frage uni­versel en 1919, votaient bien plus que les hommes pour Hitler et ont grande­ment facil­ité son acces­sion au pou­voir. Il savait bien l’impact qu’il avait sur les femmes quand il dis­ait : “En poli­tique, il faut avoir l’appui des femmes ; les hommes vous suiv­ront alors tout seuls”…
Sta­tis­tique­ment, c’est un fait établi, les femmes votent plus à droite qu’à gauche.
Lorsqu’on voit aujourd’hui le lob­by des fémin­istes, issues de la généra­tion de 1968, ayant prof­ité de la libéra­tion sex­uelle, impos­er en Suède la mise hors-la-loi de la pros­ti­tu­tion et des sanc­tions pénales con­tre la clien­tèle mas­cu­line, il y a là des relents de règle­ments de comptes sex­istes qui don­nent envie de vom­ir. Ces dames patron­ness­es, ces parangons de ver­tu, se moquent bien de l’essentiel : l’esclavage inac­cept­able d’une majorité de pros­ti­tuées par des réseaux mafieux qui con­tin­u­ent de fonc­tion­ner dans l’ombre.

Chapitre II : les principes de la démocratie

“Le sage fait de la poli­tique, non parce qu’il veut faire tri­om­pher ses principes, mais parce que ses principes lui dictent de faire de la politique.”
Confucius

Ce qui nous est par­venu de la pen­sée poli­tique de la Grèce antique se réduit à peu de choses : les doc­u­ments écrits sont rares et frag­men­taires. Pla­ton con­damne tour à tour la démoc­ra­tie, l’aristocratie, la tyran­nie, pour se pronon­cer en faveur d’un gou­verne­ment des philosophes, où il se voit sans doute, beau­coup mieux placé. Aris­tote, assez vague, dis­tingue trois types de gou­verne­ments, monar­chie, aris­to­cratie, démoc­ra­tie, qui peu­vent être cha­cun bon ou mauvais.
Le chemin vers la démoc­ra­tie fut long et semé d’embûches. Au huitième siè­cle avant Jésus-Christ, la roy­auté à Athènes n’est plus hérédi­taire. Ses fonc­tions devi­en­nent élec­tives, d’abord pour dix ans, puis plus tard pour un an. L’archonte-roi est élu par­mi les familles nobles. En 621, un noble, Dra­con, pro­mulgue le code dra­conien qui rend éli­gi­bles tous les pro­prié­taires ter­riens non nobles, s’ils sont assez rich­es pour se pay­er l’équipement du fan­tassin (hoplite). On passe ain­si de l’aristocratie à la plouto­cratie. Solon, en 594, abais­sera encore les con­di­tions de revenus et établi­ra l’ecclésia, assem­blée générale du peu­ple qui réu­nit les pro­prié­taires ter­riens et décide de la guerre, des impôts et de l’octroi de la citoyen­neté athéni­enne. La démoc­ra­ti­sa­tion avance. Mais en 561, coup de frein bru­tal : Pisis­trate prend le pou­voir et impose une tyran­nie hérédi­taire (tyran­nos veut dire maître absolu, despote). Enfin, en 508, Clisthène instau­re la réforme démoc­ra­tique qui don­nera à Athènes tout son éclat, sa puis­sance poli­tique et économique, sa supéri­or­ité mil­i­taire et navale. Son hégé­monie finit par coalis­er d’autres cités autour de Sparte qui imposa, vic­to­rieuse, la tyran­nie des Trente et sup­pri­ma la démoc­ra­tie. Elle fut rétablie en 403 par Euclide jusqu’à la con­quête macédonienne.
La réforme démoc­ra­tique de Clisthène n’est pas tombée du ciel toute faite. Même si nous n’avons pas de traces des principes et de la doc­trine poli­tique à l’origine de cette réforme, son idéolo­gie n’en existe pas moins. À tra­vers le fonc­tion­nement de la démoc­ra­tie athéni­enne, il est pos­si­ble d’en trac­er les con­tours, d’en recon­stituer les règles.
L’innovation poli­tique de Solon, l’ecclésia, provient de l’idée du peu­ple-citoyen sou­verain : le pou­voir n’est plus entre les mains d’un seul indi­vidu (le roi ou le tyran), ni dans les mains des priv­ilégiés de la nais­sance noble (aris­to­crates), ni dans les mains des plus rich­es (plouto­crates).
Les démoc­rates n’acceptent plus que le pou­voir soit con­cen­tré entre les mains de quelques-uns, car cela con­duit directe­ment à l’abus de pou­voir, à la con­sti­tu­tion d’une minorité qui décide et d’une majorité qui subit, donc à des con­flits et à des aber­ra­tions préju­di­cia­bles à tous. Il faut savoir que la grande majorité des Athéniens était très attachée aux valeurs de leur démocratie.
Ils y étaient d’autant plus attachés qu’ils con­sid­éraient que c’était leurs insti­tu­tions poli­tiques qui déter­mi­naient le fonc­tion­nement de la société des hommes, con­stru­i­saient leur rôle de citoyen et fai­saient vivre la démoc­ra­tie. Et en aucun cas l’inverse. Sur l’agora, les citoyens d’Athènes par­laient entre eux de poli­tique avant, pen­dant et après les réu­nions et les déci­sions de l’ecclésia. Pour eux, les insti­tu­tions démoc­ra­tiques étaient un véri­ta­ble sys­tème d’éducation et de for­ma­tion des hommes et des citoyens. Elles con­sti­tu­aient un véri­ta­ble cadre d’éducation et d’élévation humaines. C’est le rôle fon­da­men­tal de la paideia : l’instruction, la cul­ture de l’esprit. La paideia, ce n’est pas sim­ple­ment l’éducation. C’est la volon­té de con­stru­ire des indi­vidus pour en faire des citoyens for­més, com­pé­tents, respon­s­ables et épanouis. Cet épanouisse­ment ne pou­vait se faire sans les meilleures insti­tu­tions poli­tiques pos­si­bles : celles de leur démocratie.
Le pre­mier principe de la démoc­ra­tie athéni­enne est par con­séquent celui de l’égalité poli­tique au niveau de chaque indi­vidu recon­nu citoyen (ce qui exclut logique­ment esclaves et étrangers). Chaque citoyen détient une part égale de pou­voir poli­tique. Ce principe d’égalité des citoyens sig­ni­fie sim­ple­ment qu’un citoyen a les mêmes droits poli­tiques qu’un autre citoyen .
Ce principe fon­da­men­tal a été dévoyé, trahi, pros­ti­tué par les révo­lu­tion­naires de 1789 et par la pseu­do-démoc­ra­tie actuelle en : “un homme, une voix”. Ce qui revient à dire que le principe pre­mier de la démoc­ra­tie, qui donne l’accès à tous les citoyens à l’exercice de tous les droits poli­tiques, ne donne plus à l’immense majorité des citoyens qu’un seul droit poli­tique : celui, dérisoire et ridicule, de met­tre un bul­letin dans une urne ! Quel extra­or­di­naire tour de passe-passe ! C’est la plus incroy­able escro­querie poli­tique de toute l’histoire de l’humanité !
Le principe d’égalité est le fonde­me­ment de la démoc­ra­tie. Lui seul rend pos­si­ble l’humanisme, la fra­ter­nité et l’amitié entre les hommes. Il per­met l’éclosion et l’épanouissement de toutes les formes imag­in­ables d’associations, de col­lab­o­ra­tions, d’échanges, dans le respect réciproque, l’équité et la dig­nité de tous.
Le deux­ième principe est un principe de lib­erté poli­tique, corol­laire du pre­mier. L’égalité poli­tique doit pou­voir s’exprimer dans des ini­tia­tives et des choix libre­ment dis­cutés et étab­lis. La lib­erté poli­tique est donc une con­séquence de l’égalité poli­tique. L’inverse est faux. Faire pass­er la lib­erté avant l’égalité témoigne de la per­ver­sion idéologique des révo­lu­tion­naires bour­geois de 1789. Bien sûr, il fal­lait se libér­er de la tyran­nie monar­chique (toute rel­a­tive) et des priv­ilèges de la noblesse mais il fal­lait surtout se libér­er de la tyran­nie d’une pop­u­lace red­outée. L’histoire de la démoc­ra­tie mod­erne démon­tre que la pri­or­ité accordée à la lib­erté poli­tique réduit l’égalité poli­tique à sa plus sim­ple expres­sion : celle d’un droit théorique vidé de son sens.
C’est le rôle de l’ecclésia, l’assemblée du peu­ple, que de per­me­t­tre l’expression libre des citoyens. C’est le lieu, l’agora, où se rassem­ble le peu­ple pour expos­er les idées, les con­fron­ter, délibér­er et décider. À ce niveau, c’est une démoc­ra­tie directe. Mais les inven­teurs de la démoc­ra­tie (Solon et Clisthène n’étaient pas seuls), forts d’une riche tra­di­tion orale des débats publics et de l’expérience de l’élection, savaient à quel point une foule est manip­u­la­ble par des ora­teurs habiles, des politi­ciens charis­ma­tiques. Ils savaient que l’on ne pou­vait pas faire l’économie d’une représen­ta­tion. Il arrive un moment où des per­son­nes doivent être désignées pour représen­ter tout ou par­tie du peu­ple-citoyen. Le pou­voir est délégué à un nom­bre réduit de respon­s­ables. Ils doivent être désignés de la manière la plus juste pos­si­ble, car tous les citoyens sont égaux, ils ont donc tous une égal­ité d’accès aux posi­tions de représen­ta­tion et de respon­s­abil­ité. Les inven­teurs de la démoc­ra­tie savent à quel point le sys­tème de l’élection est dan­gereux : il per­met d’établir l’ascendant d’un leader sur un groupe, la con­cen­tra­tion du pou­voir entre les mains de politi­ciens habiles et manip­u­la­teurs, la péren­ni­sa­tion de leur autorité, la con­sti­tu­tion d’une classe dirigeante priv­ilégiée qui reforme une aris­to­cratie minori­taire et éli­tiste qui peut con­duire à l’autocratie et à la dictature.
Le sys­tème élec­tif est jus­ti­fié par ceux qui pré­ten­dent qu’il per­met de désign­er les plus capa­bles pour représen­ter et défendre les intérêts de cha­cun et l’intérêt général. Les Grecs ont bien com­pris que les plus capa­bles sont d’abord capa­bles d’utiliser les pou­voirs dont on les a investi à leur pro­pre prof­it, et pri­or­i­taire­ment. D’autre part, l’élection a été util­isée longtemps pour désign­er des rois par­mi l’aristocratie rég­nante. Elle est trop sus­pecte à leurs yeux, trop com­pro­mise avec l’élitisme aris­to­cra­tique. Il faut inven­ter autre chose, utilis­er un autre moyen qui soit la mar­que de recon­nais­sance de la démoc­ra­tie. C’est une nou­velle tech­nique qui va sup­planter celle de l’élection : le tirage au sort.
Seul le tirage au sort répond à l’exigence pre­mière de la démoc­ra­tie : l’égalité poli­tique absolue entre les citoyens. Un citoyen en vaut un autre. Un égale un et non pas un citoyen égale un vote !
Ce sys­tème empêche l’accaparement du pou­voir par une “élite” ou plutôt par une pseu­do-élite. Car cette soi-dis­ant élite s’institue en élite, se recon­naît comme élite au détri­ment de la “masse”, du “peu­ple d’en bas”, din­don de la farce, juste bon à plumer.
Aujourd’hui, l’élitisme méri­to­cra­tique jus­ti­fié par des diplômes de l’ENA ou de poly­tech­nique impose sa dic­tature à tout un pays. L’ennui, c’est que ces diplômes ne garan­tis­sent nulle­ment l’intelligence, la com­pé­tence, le bon sens, l’humanité, l’humilité. Ils sont au con­traire une garantie d’orgueil, de pré­ten­tion, d’enflure de l’ego, de folie des grandeurs, de morgue, de mythomanie, de perversion.
C’est ain­si pour la plu­part de nos politi­ciens bien en vue et pour d’autres qui ne valent guère mieux. Comme par exem­ple, un poly­tech­ni­cien énar­que (comme si ça ne suff­i­sait pas d’être ou l’un ou l’autre), Jean-Marie Messier pour ne pas le nom­mer, qui n’a sans doute jamais enten­du par­ler de la grenouille qui veut se faire aus­si grosse que le boeuf, qui endette son entre­prise dans des pro­por­tions telles qu’il a réus­si à la faire explos­er, comme la grenouille de la fable. Apparem­ment, voilà un poly­tech­ni­cien qui ne sait pas compter et com­met des erreurs que le Français moyen ne com­met pas, même s’il n’a aucun diplôme. Mais pour lui-même, ne vous faites pas de souci, mon­sieur sait compter…
Le troisième principe de la démoc­ra­tie, lorsqu’elle n’est pas directe, c’est-à-dire dans son mode de fonc­tion­nement indi­rect, c’est le principe de la représen­ta­tion par l’utilisation du tirage au sort, seul procédé accept­able, car seul procédé qui respecte à la let­tre l’égalité poli­tique entre les citoyens et l’esprit de la démoc­ra­tie. Le tirage au sort doit être la règle. Le recours à l’élection doit être l’exception. L’élection doit être comme une roue de sec­ours dans le cof­fre d’une voiture, elle ne doit pra­tique­ment jamais en sor­tir parce que les pneus sont increvables.
Le tirage au sort doit être la règle oblig­a­toire qui s’applique pour la désig­na­tion des per­son­nes qui représen­tent un groupe, une assemblée.
Le qua­trième principe est un principe de partage égal­i­taire du pou­voir poli­tique entre les mem­bres tirés au sort d’un groupe, d’une assem­blée. Ce principe exclut la pos­si­bil­ité de con­cen­tra­tion du pou­voir poli­tique entre les mains d’un seul indi­vidu. Les déci­sions sont tou­jours pris­es col­lec­tive­ment, au sein d’un groupe ou d’une assem­blée, après dis­cus­sion, par un vote à la majorité sim­ple (ou éventuelle­ment ren­for­cée, suiv­ant les cas) lorsqu’il s’agit d’approuver un choix ou lorsqu’il s’agit d’opter entre deux pos­si­bil­ités offertes. S’il faut choisir entre plus de deux pos­si­bil­ités, le vote par assen­ti­ment devrait s’imposer.

Les qua­tre piliers de la vraie démoc­ra­tie sont donc deux principes mis en oeu­vre par deux techniques.

Deux principes :
1) Principe de l’égalité poli­tique absolue des citoyens.
2) Principe de lib­erté poli­tique absolue qui découle du premier.

Deux tech­niques :
1) Le tirage au sort : désigne les représen­tants par­mi des per­son­nes poli­tique­ment égales.
2) Le vote : per­met de pren­dre libre­ment des déci­sions poli­tiques, col­lec­tive­ment, après discussion.

Ces principes ont été appliqués en Grèce, au cinquième siè­cle avant Jésus-Christ. Ils ont telle­ment bien fonc­tion­né que, sans eux, le ray­on­nement de la civil­i­sa­tion grecque n’aurait jamais éclairé tous les siè­cles qui nous sépar­ent d’elle avec autant de force. C’est grâce à la démoc­ra­tie que la Grèce fut un phare pour l’Occident. Dans ce même Occi­dent qui pré­tend la défendre, la démoc­ra­tie est en train de s’éteindre, trahie par les politi­ciens qui s’en récla­ment pourtant.

Chapitre III : l’égalité politique, fondement des libertés

“L’homme est né libre et partout il est dans les fers”
Jean-Jacques Rousseau

“Bien analysée, la lib­erté poli­tique est une fable con­v­enue, imag­inée par les gou­ver­nants pour endormir les gouvernés.”
Napoléon Bonaparte

“Il est bon d’être aver­ti que la lib­erté est un mot au moyen duquel les amis du peu­ple font faire au peu­ple des choses qui n’ont pour résul­tat pos­si­ble que de le con­duire en prison”.
Alphonse Karr

Les révo­lu­tion­naires améri­cains et français de la fin du dix-huitième siè­cle étaient avant tout motivés par la prise du pou­voir par la classe sociale dont ils étaient issus : la bour­geoisie. Face à l’arbitraire de la monar­chie et même s’il n’y avait pra­tique­ment plus de let­tres de cachet et si la Bastille n’était plus en vogue, le mot d’ordre et de ral­liement des révo­lu­tion­naires était le mot “lib­erté”.
Le siè­cle des Lumières, avec son ratio­nal­isme et son atmo­sphère de libéra­tion des esprits et des moeurs, était passé par là.
Le gou­verne­ment du peu­ple par le peu­ple qui définit la démoc­ra­tie exclut le pou­voir d’une autorité qui ne serait pas issue d’une volon­té du peu­ple. Ce qui sup­pose la libre expres­sion poli­tique de cette volon­té. L’autorité d’un gou­verne­ment démoc­ra­tique est fondé sur l’adhésion libre­ment con­sen­tie par le peu­ple et exprimée par ses représen­tants. La dig­nité de l’homme libre établit une démoc­ra­tie fondée sur la lib­erté politique.
Mais la lib­erté poli­tique n’est pas une fin en soi : elle est assurée pour garan­tir l’autonomie des gou­vernés. Pour les révo­lu­tion­naires il s’agissait avant tout de pro­téger les lib­ertés indi­vidu­elles et d’empêcher l’oppression du pou­voir poli­tique monar­chique. Ce n’est pas un hasard si l’article pre­mier de la Déc­la­ra­tion des Droits de l’Homme et du Citoyen (26 août 1789) pose que “ Les hommes nais­sent et demeurent libres et égaux en droit”. Cela mon­tre bien la préémi­nence et la pri­or­ité accordée à la lib­erté, avec l’obligation pour le pou­voir poli­tique de s’en accommoder.
L’article deux de la même Déc­la­ra­tion définit les droits “naturels et impre­scriptibles de l’homme” : “ la lib­erté, la pro­priété, la sûreté, la résis­tance à l’oppression”.
Le texte ne cite pas l’égalité par­mi les droits naturels. Il réitère la pri­or­ité don­née à la lib­erté parce que c’est un texte d’inspiration bour­geoise. Il proclame plus loin cer­taines formes d’égalité devant la loi, devant l’impôt, l’égale admis­si­bil­ité aux emplois publics.
Ain­si, la démoc­ra­tie voulue par les révo­lu­tion­naires insti­tu­ait la lib­erté comme une con­di­tion absolue de son bon fonc­tion­nement et annonçait la dic­tature du libéral­isme mod­erne. C’est ce goût exac­er­bé de la lib­erté qui les car­ac­téri­sait, cet esprit libéral qui est à l’origine de ce que l’on appelle aujourd’hui les démoc­ra­ties libérales. Mais les libéraux bour­geois récla­maient tout autant les lib­ertés poli­tiques que les lib­ertés économiques. La Révo­lu­tion procla­ma cet ensem­ble de lib­ertés affir­mées par la loi Le Chape­lier de 1791.
La lib­erté économique con­duisit très vite à des sit­u­a­tions d’inégalité. Le dix-neu­vième siè­cle qui voit le tri­om­phe du libéral­isme économique voit aus­si la pire mis­ère et la pire exploita­tion des tra­vailleurs. Aujourd’hui cette même idéolo­gie total­i­taire du libéral­isme oblig­a­toire impose la mon­di­al­i­sa­tion et la ruine des pays les plus frag­iles et les plus pau­vres, générant une paupéri­sa­tion à l’échelle mon­di­ale, y com­pris dans les pays riches.
Pour Marx, il ne peut y avoir de lib­erté dans un régime économique qui con­sacre l’inégalité des class­es et dans lequel les citoyens n’ont pas les moyens matériels d’exercer la lib­erté. D’où la néces­sité, face aux abus du cap­i­tal­isme, d’une inter­ven­tion de l’État pour régle­menter l’activité économique dans le but d’éviter cer­taines sit­u­a­tions d’inégalité et rétablir les con­di­tions de l’exercice des lib­ertés. Dans son analyse, Marx, obnu­bilé par la dimen­sion économique, oublie que l’essentiel du prob­lème social se situe dans la dimen­sion poli­tique, dans l’origine du pou­voir et plus par­ti­c­ulière­ment dans le principe de l’égalité poli­tique. Les démoc­ra­ties pop­u­laires ont nivelé les dis­par­ités économiques et sociales mais ont imposé la toute-puis­sance du par­ti com­mu­niste, instru­ment poli­tique du pro­lé­tari­at qui a sac­ri­fié les principes vitaux de l’égalité poli­tique et de la lib­erté poli­tique, ce qui a con­duit directe­ment à la nomen­klatu­ra (élite poli­tique) et au goulag.
Cette démoc­ra­tie libérale qui procla­mait haut et fort la lib­erté et l’égalité des droits, s’est très longtemps accom­mod­ée du suf­frage cen­si­taire. Actuelle­ment et depuis longtemps, elle s’accommode très bien des dic­tatures qu’elle con­tribue large­ment à met­tre en place ou à perpétuer.
On voit bien qu’elle s’est con­stru­ite autour de l’idée pri­or­i­taire de la lib­erté, le principe de l’égalité étant sec­ondaire et plutôt gênant pour l’élite priv­ilégiée au pou­voir. C’est évidem­ment une aber­ra­tion révéla­trice d’un vice dans le raison­nement. Si la démoc­ra­tie est le gou­verne­ment du peu­ple par le peu­ple, le peu­ple est for­mé de citoyens. Qu’est-ce qui dis­tingue un citoyen d’un autre citoyen ? Rien ! Car la notion même de citoyen implique qu’un citoyen est égal à un autre sur le plan des droits poli­tiques et la qual­ité de citoyen est d’être un indi­vidu poli­tique par­tic­i­pant du peu­ple. Le peu­ple se définit comme le tit­u­laire de la sou­veraineté. Le citoyen détient une par­celle de cette sou­veraineté. Chaque citoyen étant iden­tique, cha­cun détient la même par­celle de sou­veraineté. Or, le suf­frage cen­si­taire intro­duit une iné­gal­ité poli­tique entre les citoyens : cer­tains citoyens sont privés de la lib­erté d’exprimer leur part de sou­veraineté. Ce n’est plus la démocratie.
Le suf­frage uni­versel ne change rien à l’affaire. Il con­stitue un ali­bi hyp­ocrite pour légitimer plus large­ment une oli­garchie bien en place. Il fab­rique de toutes pièces un précipice mon­strueux entre un pou­voir poli­tique, con­cen­tré aux mains d’une poignée d’élus instal­lés dans une qua­si-per­ma­nence, et l’illusion d’un pou­voir poli­tique chiche­ment accordé à presque tous, au gré de raris­simes con­sul­ta­tions élec­torales dont l’objectif est la désig­na­tion de par­faits incon­nus cen­sés être les meilleurs. On croit rêver.
Répé­tons-le : le principe d’égalité des citoyens sig­ni­fie qu’un citoyen a les mêmes droits poli­tiques qu’un autre. Il ne sup­porte pas d’être réduit et trahi par le faux principe : “un homme, une voix”. Cette voix n’a plus qu’un droit, celui de se taire pour laiss­er la parole aux seuls élus. Cette voie n’est pas celle de la vraie démocratie.
Il est évi­dent que le principe d’égalité doit précéder celui de lib­erté pour que la démoc­ra­tie soit réelle. Le suf­frage uni­versel rétablit le principe de l’égalité poli­tique au moins en apparence. Mais le sys­tème de la vota­tion instau­re, de fait, une iné­gal­ité poli­tique struc­turelle entre le citoyen qui délègue sa sou­veraineté et l’élu qui l’accumule. D’autant plus que l’élu devient un élu professionnel.
À l’inverse, le sys­tème du tirage au sort est, dans son principe, rigoureuse­ment égal­i­taire. Il redonne toute son impor­tance au citoyen et au peu­ple sou­verain. Il rend impos­si­ble la récupéra­tion du pou­voir par quelques-uns et la con­sti­tu­tion d’une société poli­tique iné­gal­i­taire qui péren­nise une oli­garchie élitiste.
Le hasard, qui pré­side seul au résul­tat du tirage au sort, assure de manière absolue une égal­ité réelle entre les citoyens. C’est incon­testable. C’est la seule tech­nique util­is­able dans le cadre d’une authen­tique démoc­ra­tie. Le suf­frage uni­versel n’est qu’une escro­querie poli­tique, une supercherie mon­u­men­tale, une illu­sion démoc­ra­tique qui aveu­gle tout le monde. Même les plus con­tes­tataires du sys­tème démoc­ra­tique, à l’extrême droite ou à l’extrême gauche, sont inca­pables de relever l’énormité de la manip­u­la­tion, du tour de passe-passe. Le lapin est dans le cha­peau, hop, il n’y est plus et hop, il en sort une colombe. Le Pen peut pester con­tre la classe poli­tique rég­nante, il n’en demeure pas moins qu’il en fait bien par­tie et qu’il ne risque pas, à sup­pos­er qu’il soit capa­ble d’une telle analyse, de remet­tre en ques­tion le sys­tème poli­tique tel qu’il est, fondé sur une absur­dité. Pour une rai­son évi­dente : c’est la per­ver­sité du sys­tème qui per­met et favorise l’existence d’un Le Pen, l’engraisse et le fait per­dur­er. Tous les autres aus­si, pareillement.
Ain­si, le tirage au sort rétablit l’ordre logique qui sous-tend la démoc­ra­tie. Celle-ci donne la pri­or­ité au principe de l’égalité poli­tique entre les citoyens. Dans ce cas, la lib­erté poli­tique en découle oblig­a­toire­ment. Et toutes les autres lib­ertés aus­si. L’inverse n’est pas vrai.
Il faut revenir à l’ordre naturel de la démoc­ra­tie, et cor­riger notre belle devise : Égal­ité, Lib­erté, Fra­ter­nité. Encore faut-il se débar­rass­er du sys­tème élec­tif au suf­frage universel.

Chapitre IV : le tirage au sort.

“ On a déjà pen­sé à tout. Le prob­lème, c’est d’y penser de nouveau.”
Goethe

1) Le tirage au sort.
Cette tech­nique est la clef de voûte de l’édifice démoc­ra­tique, lequel repose sur ses deux piliers por­teurs et fon­da­teurs que sont l’égalité poli­tique et la lib­erté politique.
Dans sa mise en oeu­vre, elle ne doit sus­citer aucun doute, aucune sus­pi­cion. Mieux, elle doit inspir­er au citoyen une absolue confiance.
Pour cela, deux principes doivent être oblig­a­toire­ment respectés.
Pre­mier principe : chaque citoyen par­ticipe à la mise en oeu­vre de la procé­dure du tirage au sort.
Deux­ième principe : chaque citoyen par­ticipe au con­trôle de la procé­dure du tirage au sort et en assure la valid­ité des résultats.
Ces deux principes doivent garan­tir le tirage au sort de toutes con­tes­ta­tions. Ils entraî­nent plusieurs conséquences :
— Le tirage au sort doit être mis en oeu­vre au plus près du citoyen : c’est le principe de prox­im­ité. Cela inter­dit un sys­tème cen­tral­isé, comme pour le loto par exemple.
— le tirage au sort ne doit pas être effec­tué sur des listes (papi­er ou élec­tron­ique) : il doit être effec­tué entre per­son­nes physiques présentes, actives et témoins de l’opération.
— Le tirage au sort ne doit pas être effec­tué avec des machines com­plex­es qui offriraient une pos­si­bil­ité de trucage ou de pro­gram­ma­tion, mais avec des dis­posi­tifs sim­ples, voire sim­plistes, dont le fonc­tion­nement est évi­dent et appar­ent pour tous. Cela exclut oblig­a­toire­ment toutes les machines élec­tron­iques ou électriques.
— Le tirage au sort étant le moyen qui per­met l’expression libre du peu­ple citoyen, celui-ci doit pou­voir l’utiliser à sa guise, à son ini­tia­tive, sans l’intervention de l’appareil d’État.
Quel sys­tème per­me­t­trait de faire fonc­tion­ner le tirage au sort ain­si défi­ni pour désign­er des représentants ?
Dans le sys­tème actuel, les citoyens élisent un cer­tain nom­bre de représen­tants dans le cadre de dif­férentes cir­con­scrip­tions. De la plus petite à la plus grande, on ren­con­tr­era tour à tour : les con­seillers munic­i­paux, les maires, les députés, les séna­teurs, les con­seillers généraux, les con­seillers régionaux,… le prési­dent de la République. Dif­férents niveaux de com­pé­tence et de respon­s­abil­ité avec des pou­voirs vari­ables. Mais un con­seiller munic­i­pal d’une com­mune de 300 habi­tants est-il com­pa­ra­ble à celui d’une com­mune de 30.000 ou 300.000 habi­tants ? Pour sim­pli­fi­er, ce sys­tème évoque une pyra­mide à degrés. En bas, les con­seillers munic­i­paux puis les maires. En haut, le prési­dent de la République et juste dessous, les députés. Dans la plu­part des sociétés, le pou­voir s’est tou­jours con­cen­tré ou dilué sur ce mod­èle approx­i­matif. Dans le sys­tème com­mu­niste égale­ment, le sché­ma pyra­mi­dal est extrême­ment struc­turé. Dif­fi­cile d’y échapper.

2) La réduc­tion décimale.
Le sys­tème envis­age­able con­siste à réu­nir un groupe de citoyens, une petite assem­blée qui désign­era par tirage au sort son représen­tant. C’est le pre­mier degré de la pyra­mide. Les représen­tants du pre­mier degré for­ment à leur tour une petite assem­blée qui désigne un représen­tant par tirage au sort. C’est le deux­ième degré. Et ain­si de suite.
Prenons un exem­ple sim­pli­fié. Sup­posons que nous ayons un ensem­ble de 40 mil­lions de citoyens. Une réduc­tion déci­male nous mon­tre qu’il ne faut que cinq étages à cette pyra­mide pour par­venir à 400, chiffre qui peut cor­re­spon­dre au nom­bre des députés, ce qui donne un député pour 100.000 citoyens :
400 députés du cinquième niveau
4.000 représen­tants du qua­trième niveau
40.000 représen­tants du troisième niveau
400.000 représen­tants du deux­ième niveau
4.000.000 représen­tants du pre­mier niveau
40.000.000 citoyens.
Il faut bien com­pren­dre que cet exem­ple, basé sur une réduc­tion déci­male, sig­ni­fie qu’à tous les niveaux de cette pyra­mide, se sont tou­jours des petites assem­blées de seule­ment 10 per­son­nes qui tirent au sort, par­mi elles, leur représentant.
Ain­si, les 40 mil­lions de citoyens for­ment 4 mil­lions de groupes de 10 per­son­nes pro­duisant au pre­mier étage de la pyra­mide 4 mil­lions de per­son­nes représen­tant ces groupes. Ces 4 mil­lions de représen­tants se réu­nis­sent à leur tour en 400.000 groupes de 10 per­son­nes pro­duisant 400.000 représen­tants au sec­ond étage de la pyra­mide. Ces 400.000 représen­tants for­ment 40.000 groupes au troisième étage de la pyra­mide, et ain­si de suite.
Ce sys­tème peut s’appliquer quelle que soit la taille de la pop­u­la­tion. Avec 40 mil­lions de citoyens en France, on obtient ain­si 400 députés au cinquième niveau de représen­ta­tion. Avec 400.000 citoyens du Lux­em­bourg, on obtient 400 députés au troisième niveau de représen­ta­tion. Avec 900 mil­lions de citoyens chi­nois, on obtient 900 députés au six­ième niveau de représen­ta­tion. La forme fédérale des plus grands états (Chine, Inde, USA, Russie) peut faciliter les choses.
Les 400 représen­tants députés for­ment une Assem­blée Nationale.
En pour­suiv­ant la procé­dure déci­male, on obtient 40 min­istres et secré­taires d’État, cor­re­spon­dant à un gou­verne­ment, qui peu­vent être répar­tis en fonc­tion de l’importance et des besoins des dif­férents ministères.
Sur ces 40 mem­bres du gou­verne­ment, le tirage au sort peut désign­er un pre­mier min­istre pour la durée du man­dat ou 4 pre­miers min­istres se suc­cé­dant au poste pour une péri­ode égale au quart du man­dat (on ver­ra plus loin que les Grecs ont fait beau­coup plus fort).
Il faut évidem­ment en finir avec le bicéphal­isme de la con­sti­tu­tion de 1958. Le chef du gou­verne­ment doit être le seul Chef de l’État. On peut l’appeler Pre­mier Min­istre ou Prési­dent, cela importe peu. Ce sera un Chef de l’État qui tir­era sa légitim­ité du peu­ple tout entier, tout autant que des min­istres dont il sera issu et de tous les niveaux de représen­ta­tion qui précè­dent. Il sera le représen­tant ultime, celui du gou­verne­ment, por­teur des déci­sions pris­es col­lec­tive­ment par les mem­bres du gouvernement.
Les 360 députés restants auront en charge le domaine lég­is­latif, mais ils auront de sur­croît un con­trôle direct sur les mem­bres du gou­verne­ment par l’intermédiaire des 40 groupes-citoyens dont ces mem­bres sont issus.
Si l’on tient absol­u­ment à avoir un pre­mier min­istre Chef du gou­verne­ment et un prési­dent de la République, ce dernier doit avoir une fonc­tion pure­ment sym­bol­ique, comme sous la troisième ou la qua­trième République. Ce poste hon­ori­fique pour­rait, à la rigueur, con­stituer un os à ronger pour quelques-uns de nos politi­ciens les plus ambitieux et les plus acharnés à obtenir leur pho­to encadrée dans toutes les mairies de France. Je n’y suis pas favorable.

Il est intéres­sant de rap­pel­er qu’il y a eu des précé­dents his­toriques : des ten­ta­tives ont été faites pour don­ner un peu plus de pou­voir aux citoyens.
La con­sti­tu­tion du 22 bru­maire, an VIII (15 décem­bre 1799) :
Après le coup d’État du 18 bru­maire, Bona­parte charge Sieyès de rédi­ger une nou­velle con­sti­tu­tion. Le suf­frage uni­versel est établi pour la pre­mière fois au monde, et c’est une grande nou­veauté. Tous les citoyens français peu­vent vot­er, non seule­ment pour désign­er leurs représen­tants, mais aus­si pour par­ticiper aux déci­sions par voie de référen­dums, alors appelés plébiscites. Mais Sieyès a inven­té un sys­tème indi­rect : les “listes de con­fi­ance”. Pour lui, la “con­fi­ance vient d’en bas, mais le pou­voir vient d’en haut”. Il imag­ine un triple scrutin superposé :
— à la base, par le suf­frage uni­versel, les citoyens votent pour élire un dix­ième d’entre eux pour con­stituer les “listes communales”.
— Puis, les mem­bres de ces listes com­mu­nales choi­sis­sent un dix­ième d’entre eux pour for­mer les “listes provinciales”.
— Enfin, les mem­bres de ces listes provin­ciales élisent un dix­ième d’entre eux pour for­mer la “liste nationale”dont les mem­bres ne sont pas des députés, mais seule­ment des can­di­dats aux fonc­tions publiques. Un Sénat, assem­blée semi coop­tée, désigne par­mi ces can­di­dats les mem­bres des assem­blées lég­isla­tives. On com­prend que dans ce sys­tème, c’est le pou­voir en place qui prend le pas sur le suf­frage uni­versel, en réduit la portée. Ce n’était sans doute pas suff­isant puisqu’en l’an X, les “listes de con­fi­ance”, pour­tant peu dan­gereuses, sont sup­primées et rem­placées par des assem­blées réduites en nom­bre et donc mieux sur­veil­lées et manip­ulées par le pouvoir.
Aux envi­rons de 1850, plusieurs représen­tants de la gauche répub­li­caine, par­mi lesquels fig­u­raient Ledru-Rollin, Con­sid­érant et le social­iste alle­mand Ret­ting­hauser, reprirent l’idée de la démoc­ra­tie directe pour l’adapter à la France. Comme il n’était pas pos­si­ble de réu­nir tous les Français en un même lieu, ils imag­inèrent de frag­menter la grande assem­blée nationale et idéale des citoyens en une mul­ti­tude d’assemblées locales. Les votes, exprimés dans ces dernières, addi­tion­nés les uns aux autres, recon­sti­tu­aient une assem­blée à l’échelle nationale. Le pays se trou­vait recon­sti­tué par l’addition d’une mul­ti­tude d’ecclésia athéniennes.
Aujourd’hui, grâce au télé­phone et à Inter­net, cer­tains pré­conisent le vote per­ma­nent et instan­ta­né, la con­sul­ta­tion per­ma­nente. C’est le référen­dum ou le sondage per­ma­nent. Le citoyen approu­verait ou dés­ap­prou­verait toutes sortes de ques­tions soulevées.
Certes, pour les défenseurs de cette idée, Inter­net et l’éducation général­isée répon­dent aux deux argu­ments tou­jours opposés à l’idée de démoc­ra­tie directe : son car­ac­tère imprat­i­ca­ble à cause du nom­bre et l’absence de com­pé­tences du peu­ple. Inter­net deviendrait ain­si le nou­v­el ago­ra où l’ecclésia des inter­nautes pour­rait se ren­con­tr­er et débat­tre directe­ment de ses problèmes.

Il faut rejeter absol­u­ment cette idée, pour bien des raisons :
— Le sys­tème devient totale­ment dépen­dant d’une tech­nolo­gie com­plexe et frag­ile. Le citoyen ne peut pas dépen­dre d’une panne de courant ! J’eus, un jour, l’occasion de refroidir l’enthousiasme débor­dant d’un pro­fesseur d’informatique qui nous van­tait les mérites d’un CD Rom. “Vous vous ren­dez compte, nous dis­ait-il, toute une énorme ency­clopédie sur cette minus­cule galette !” Je lui fis hum­ble­ment remar­quer que ladite galette est illis­i­ble sans le sec­ours du hard­ware (moni­teur, tour, clavier, souris…) que ce dernier est au moins aus­si encom­brant que l’encyclopédie papi­er (surtout si l’on rajoute l’indispensable bureau), qu’il est inutil­is­able sans l’alimentation élec­trique et les cen­trales nucléaires, que le papi­er est garan­ti fiable pour trois siè­cles au moins, tan­dis que la galette et son sys­tème de lec­ture seraient prob­a­ble­ment obsolètes ou en panne à bref délai… La plu­part des don­nées sci­en­tifiques recueil­lies à l’occasion des mis­sions Apol­lo sur la lune sont per­dues, tout sim­ple­ment parce que les sup­ports sont devenus inex­ploita­bles du fait de la dégra­da­tion et des change­ments de tech­nolo­gie (l’ordinateur de bord de la cap­sule Apol­lo était dix fois moins puis­sant que le bas de gamme actuel des ordi­na­teurs per­son­nels). Les Améri­cains ont bien com­pris la leçon : ils ont un gigan­tesque pro­gramme de con­ser­va­tion des don­nées… sur papi­er ! (J’adore jouer les rabat-joie face aux fana­tiques de la technologie).
— De sur­croît, Inter­net est sous con­trôle améri­cain et de nom­breux États inter­vi­en­nent pour cen­sur­er ce qui ne leur con­vient pas. La Chine applique chez elle une cen­sure dra­coni­enne grâce à des sys­tèmes de con­trôle des plus sophis­tiqués… qu’elle exporte à tour de bras !
— Il est impos­si­ble que tout le monde soit équipé du matériel et c’est con­traire au principe d’égalité. Inter­net devient un inter­mé­di­aire tech­nologique inac­cept­able, un fil­tre sélec­tif qui exclut d’office toute une frange de la pop­u­la­tion, comme par hasard la moins favorisée cul­turelle­ment, sociale­ment et économiquement.
— Ce sera tou­jours les mêmes inter­nautes, une minorité, une “élite” une fois de plus, qui débat­tra et votera. Con­traire au principe d’égalité.
— Cha­cun restera dans son coin, dans sa bulle : la déshu­man­i­sa­tion, la vir­tu­al­i­sa­tion de la com­mu­ni­ca­tion sont indéfend­ables, insouten­ables, inadmissibles.
Jus­ti­fi­ca­tion de la réduc­tion décimale.
— Elle s’impose pour la facil­ité des calculs.
— Elle s’impose pour la com­mod­ité des réu­nions : nous avons insisté sur la néces­sité de la prox­im­ité du citoyen dans la mise en oeu­vre et dans le con­trôle du tirage au sort. Il est très facile de réu­nir 10 per­son­nes dans une salle à manger, un salon, dans n’importe quel loge­ment. C’est un avan­tage décisif; 20 per­son­nes, ce n’est plus possible.
— Elle s’impose par les avan­tages liés au voisi­nage : ces groupes de 10 citoyens vont se for­mer spon­tané­ment et naturelle­ment en fonc­tion de la prox­im­ité immé­di­ate des uns et des autres, dans le même immeu­ble, le même lotisse­ment, avec les plus proches voisins.
— Elle s’impose pour faciliter la procé­dure du tirage au sort. Il est plus facile et plus rapi­de d’effectuer un tirage au sort entre 10 per­son­nes qu’entre 50 ou 100.
— Elle s’impose pour faciliter les dis­cus­sions. Elle rend la parole à cha­cun. Une per­son­ne timide ou réservée pour­ra s’y exprimer, con­fron­tée à des per­son­nes proches et con­nues, alors qu’elle n’osera jamais devant 50 per­son­nes pour la plu­part incon­nues. Elle per­met un vrai débat, l’ouverture à toutes les propo­si­tions, toutes les idées, leurs confrontations.
— Elle s’impose parce qu’il est plus facile de manip­uler une foule qu’une petite assem­blée de seule­ment 10 per­son­nes : “Les grandes assem­blées pos­sè­dent les prin­ci­pales car­ac­téris­tiques des foules : niveau intel­lectuel médiocre, excitabil­ité exces­sive, fureurs subites, intolérance com­plète, obéis­sance servile aux meneurs.” (Gus­tave Lebon) La frag­men­ta­tion en petits groupes de dix citoyens inter­dit le suiv­isme de masse, étouffe dans l’oeuf le fanatisme et la soumis­sion aux petits chefs et coupe l’herbe sous les pieds des appren­tis dictateurs.
Ce point est cap­i­tal. Cela évite la main­mise d’un leader, l’emprise d’un per­vers sur le groupe. Si un leader appa­raît, il n’a qu’une chance sur 10 à chaque tirage au sort d’être désigné comme représen­tant du groupe. Avec le sys­tème élec­tif, non seule­ment il sera cer­taine­ment élu, mais pire, il sera sys­té­ma­tique­ment réélu, créant une rou­tine puis une monar­chie “répub­li­caine” quand son fils pren­dra la suite.
Le tirage au sort évite ces risques et force les lead­ers poten­tiels à plus de mod­estie, à plus d’humilité.
— Elle s’impose, car sa petitesse donne une grande sou­p­lesse pos­si­ble dans l’adaptation des circonscriptions.
— Elle s’impose parce qu’elle per­met l’initiative citoyenne au niveau des groupes citoyens. Il suf­fit qu’un citoyen sur dix prenne l’initiative de réu­nir ses plus proches voisins. L’exemple étant don­né, un effet boule de neige peut s’ensuivre et inciter le voisi­nage plus éloigné à en faire autant. Un mil­i­tan­tisme spon­tané peut se dévelop­per très vite. Cer­tains chercheront à impos­er des groupes citoyens plus nom­breux, 100 ou 1000, sous pré­texte que les débats sont trop pau­vres avec 10 per­son­nes, pour intro­duire un con­trôle et une organ­i­sa­tion cen­tral­isée par l’État. Je n’en veux surtout pas !
3) Procé­dure du tirage au sort.
Elle a pour but de désign­er un citoyen par­mi les dix qui for­ment un groupe, pour en faire le représen­tant de ce groupe.
Cette procé­dure est sim­plis­sime, le matériel réduit au min­i­mum. Il faut se pro­cur­er un grand sal­adier en verre trans­par­ent ou un clas­sique bocal à pois­son rouge et une dizaine de petites sphères démonta­bles en plas­tique opaque de la même couleur. Sur des morceaux de papi­er de même for­mat, cha­cun inscrit son nom et son prénom et glisse le papi­er dans sa boule (plusieurs per­son­nes d’une même famille peu­vent par­ticiper à un même groupe). Toutes les boules sont intro­duites dans le sal­adier ou dans le bocal. On ne con­fie pas à une seule per­son­ne, à la main pré­sumée inno­cente, de mélanger soigneuse­ment les boules (pour éviter toute pos­si­bil­ité de repérage) et de procéder seule au tirage. Chaque par­tic­i­pant, d’une main toute aus­si inno­cente, devra mélanger les boules et procéder au tirage au sort, avec l’extraction d’une seule boule. Ain­si, chaque par­tic­i­pant est impliqué physique­ment et per­son­nelle­ment dans le proces­sus du tirage au sort. Il est oblig­a­toire que toutes les boules soient tirées, déter­mi­nant un ordre qui sera scrupuleuse­ment relevé par un(e) participant(e) faisant office de secré­taire. Une liste de dix noms est obtenue suiv­ant l’ordre du tirage. La tête de liste désignée par la pre­mière boule représen­tera le groupe et par­ticipera au groupe du niveau supérieur suiv­ant. Cepen­dant, la per­son­ne désignée tête de liste est libre d’accepter ou de refuser cette posi­tion. D’une cer­taine manière, elle est mise dans une posi­tion où elle vote pour ou con­tre elle-même, en son âme et con­science, en toute respon­s­abil­ité et sans risque pour elle. “Le sort est une façon d’élire qui n’afflige per­son­ne” (Mon­tesquieu).
Si elle refuse, c’est son droit et elle n’a pas besoin de jus­ti­fi­er son refus. Dans ce cas, c’est la per­son­ne fig­u­rant en sec­ond sur la liste qui représen­tera le groupe. Si cette per­son­ne refuse, ce sera la troisième, et ain­si de suite. Dans le cas où le représen­tant ayant accep­té ce titre a un empêche­ment, il peut être rem­placé par le ou les suiv­ants sur la liste (par exem­ple, le sec­ond peut refuser ou être absent, donc le troisième sur la liste rem­plac­era le premier).
Si vous ne dis­posez pas de boules creuses iden­tiques et démonta­bles (on en trou­ve dans cer­taines con­fis­eries pour enfants), cela ne doit pas vous arrêter. Les bul­letins seront tous découpés à la même dimen­sion, dans le même type de papi­er, pliés soigneuse­ment de la même manière par la même per­son­ne. Les autres extrairont tour à tour les bul­letins du sal­adier, sans regarder, avec la con­signe de sor­tir le pre­mier papi­er touché. La per­son­ne qui aura plié les bul­letins inter­vien­dra en dernier pour sor­tir le dernier bul­letin. Il faut que la procé­dure soit la plus limpi­de et la plus incon­testable possible.
Cette procé­dure respon­s­abilise tous les par­tic­i­pants et ren­force le sen­ti­ment égal­i­taire. À tra­vers elle, cha­cun vit et ressent cette égalité.
Untel, dernier de la liste à un tirage au sort, peut se retrou­ver pre­mier de liste au tirage au sort suiv­ant. Et inverse­ment. La liste donne un classe­ment aléa­toire et tem­po­raire, val­able pour la durée du mandat.
Il n’y a pas de con­tes­ta­tion ni de con­flit, parce qu’il n’y a pas de compétition.
Un citoyen égale un citoyen. Le tirage au sort s’apparente à un jeu. Chaque par­tic­i­pant sait qu’il peut gag­n­er : la prob­a­bil­ité est d’une chance sur dix. On y par­ticipe donc volon­tiers avec une petite exci­ta­tion et un pince­ment au coeur. On est loin de la sin­istrose grandil­o­quente des élec­tions, où rien n’est plus dép­ri­mant que d’aller vot­er pour un par­fait incon­nu qui se moque de vous comme d’une guigne, faire la queue, pass­er dans l’isoloir, faire la queue devant l’urne et à l’émargement. Le défilé des cocus de la comédie du suf­frage uni­versel a assez duré, cette car­i­ca­ture de la démoc­ra­tie est insupportable.
Si l’on accepte le principe de l’égalité entre chaque citoyen, on ne peut qu’accepter le principe du tirage au sort. Si l’on veut la vraie démoc­ra­tie, on doit exiger le tirage au sort ! Et tout sim­ple­ment l’imposer en prenant l’initiative de la con­sti­tu­tion des groupes-citoyens, brique élé­men­taire et fon­da­trice du sys­tème envisagé.
4) La durée du mandat.
Chez les Grecs du cinquième siè­cle, les citoyens, désignés par le tirage au sort pour siéger à la boulè ou à l’héliée, ne restaient qu’une année dans leur fonc­tion. Le man­dat d’un an était la règle générale, y com­pris pour les rares élus.
On est loin du bail de neuf ans des séna­teurs et du septen­nat prési­den­tiel, heureuse­ment défunts !
La démoc­ra­tie grecque a très bien fonc­tion­né pen­dant un siè­cle. Grâce au man­dat d’un an, per­son­ne ne peut s’incruster au pou­voir. On imag­ine les cris d’horreur de nos politi­ciens pro­fes­sion­nels au long cours !
Mais les Grecs ont fait encore plus fort. Les 500 con­seillers de la Boulè, les bouleutes, tra­vail­laient à tour de rôle par groupes de 50, pen­dant une péri­ode d’un dix­ième de l’année cha­cun, vari­ant entre 35 et 39 jours. Cette péri­ode s’appelait la pry­tanie et les 50 bouleutes con­cernés étaient dénom­més pry­tanes. Ils avaient de très impor­tantes respon­s­abil­ités, équiv­a­lentes à celles d’un gou­verne­ment, y com­pris la diplo­matie et la poli­tique extérieure. À la tête des pry­tanes, il y avait un épis­tate des pry­tanes, équiv­a­lent d’un prési­dent de la République mod­erne. Chose remar­quable et même extra­or­di­naire pour les con­tem­po­rains que les septen­nats et autres cumuls de man­dats ne gênent pas, cet épis­tate, ce prési­dent de la république, changeait toutes les 24 heures ! Il était tiré au sort chaque jour par­mi les 50 pry­tanes et ne pou­vait exercer cette fonc­tion qu’une seule fois. Sur les 50 pry­tanes, 35 à 39 accé­daient à la prési­dence. Chaque citoyen athénien avait ain­si des chances très sérieuses (on peut les éval­uer approx­i­ma­tive­ment à 1 sur 5) d’être désigné comme épis­tate une fois dans sa vie !
Faut-il rap­pel­er que les citoyens d’Athènes étaient essen­tielle­ment des cul­ti­va­teurs, des arti­sans, des com­merçants, des marins, des pêcheurs. Mais presque tous savaient lire, écrire et compter.
Le man­dat d’un an, com­biné à la réduc­tion déci­male, donne math­é­ma­tique­ment à chaque citoyen l’opportunité d’être désigné par le tirage au sort plusieurs fois dans sa vie (au moins une fois tous les dix ans). Cela ren­force le sen­ti­ment d’égalité.
De la même manière que le tirage au sort con­tribue à réduire le pou­voir poli­tique en le répar­tis­sant égale­ment entre les indi­vidus d’une pop­u­la­tion, le man­dat d’un an réduit dans la dimen­sion tem­porelle l’exercice de ce même pou­voir poli­tique. Car rien n’est plus dan­gereux que la con­cen­tra­tion du pou­voir, et les man­dats longs et renou­velés y con­tribuent grandement.
On peut donc envis­ager une date fixe, chaque année, à laque­lle les groupes-citoyens se retrou­veraient pour désign­er leurs représen­tants par tirage au sort et évidem­ment dis­cuter de poli­tique, c’est-à-dire des affaires locales, régionales, nationales et inter­na­tionales. Comme on vote le dimanche, cette date pour­rait coïn­cider avec un dimanche, par exem­ple le pre­mier dimanche de décem­bre (pour éviter les vacances). On pour­rait en faire un jour de fête : la fête de la Démoc­ra­tie. Après tout, on a bien insti­tué la fête du Tra­vail, la fête de la Vic­toire, de la Musique, et la fête de la Sci­ence. Aucun homme poli­tique n’a été assez dém­a­gogue pour nous pro­pos­er une fête de la Démoc­ra­tie. C’est le moment ou jamais. Je suis musi­cien et démoc­rate. Il serait grand temps de rétablir cette jus­tice. S’il n’y a pas de fête de la démoc­ra­tie, c’est parce que les politi­ciens pro­fes­sion­nels méprisent le peu­ple et parce que la démoc­ra­tie, même si elle est large­ment dévoyée par leurs soins con­stants et renou­velés, pos­sède une aura de vérité, de jus­tice et de légitim­ité qui leur fait peur. Ils se savent dépen­dants du vote des électeurs. Ils n’imaginent même pas leur pro­pre inex­is­tence, si la vraie démoc­ra­tie fonc­tion­nait avec l’élément clef qui révèle son essence véri­ta­ble : le tirage au sort. La fête de la musique, par­faite­ment accept­able par ailleurs, instau­rée par la gauche, par­ticipe de la poli­tique de tous les pou­voirs depuis les Romains, qui con­siste à don­ner au peu­ple du pain et des jeux pour le dis­traire, le défouler et le détourn­er des affaires publiques. Panem et cir­cences. La gauche est assez conne pour rajouter une couche à l’entreprise de lavage de cerveaux déjà exis­tante que con­stituent les pro­grammes de télévi­sion, avec leurs jeux les plus débiles où l’on ne craint plus, en sus­ci­tant le voyeurisme le plus vul­gaire, d’exposer les spec­ta­cles les plus lam­en­ta­bles d’individus serviles manip­ulés par des ani­ma­teurs pervers.
On ne voit jamais de grandes man­i­fes­ta­tions, des foules pro­test­er, des débuts de grèves, aux lende­mains des grandes fêtes pop­u­laires, telles que la fête du 14 juil­let ou celle de la musique, ou encore celle, plus excep­tion­nelle, qui rassem­blait des mil­lions de per­son­nes au soir de la vic­toire des “Bleus” lors du Mon­di­al de 1998 !
Après cette fête de la démoc­ra­tie, qui coïn­ciderait avec le début du proces­sus, viendraient logique­ment des dates suc­ces­sives, cor­re­spon­dant aux réu­nions des groupes-citoyens des niveaux suc­ces­sifs. Si l’on compte cinq niveaux pour par­venir à l’équivalent d’une Assem­blée Nationale des députés, il faut cinq dates suc­ces­sives en tout et cela peut être réglé dans la semaine ou la quin­zaine qui suit. Ce n’est pas pire que le délai qui sépare les deux tours des élec­tions prési­den­tielles ou législatives.
Le man­dat doit être d’un an, pas plus.
5) Fonc­tion­nement des groupes-citoyens (GC).
Le critère de con­sti­tu­tion d’un groupe-citoyen est celui de la plus grande prox­im­ité pos­si­ble. Il est for­mé avec le voisi­nage le plus immé­di­at : ce sont les voisins de palier, les voisins d’en face, d’à côté, d’en haut ou d’en bas. L’initiateur du groupe ren­con­tre ses plus proches voisins et les invite à se réu­nir chez lui ou chez l’un d’entre eux. Sou­vent des voisins de palier ne se con­nais­sent pas et se dis­ent tout juste bon­jour. C’est une bonne occa­sion de faire con­nais­sance et de recréer ou de ren­forcer les liens du voisi­nage immédiat.
Pourquoi pas autour d’un verre ou d’un repas à la bonne fran­quette ? D’une cer­taine façon, cela se fait déjà. Depuis 1999, tous les 31 mai, a lieu l’opération “Immeubles en fête”. Par­tie de Paris, à l’initiative d’Atanase Péri­fan (“Pas de quarti­er pour l’indifférence” Édi­tions de la Table Ronde), le mou­ve­ment est devenu nation­al et a dépassé nos fron­tières depuis le lance­ment en 2003 de la “Journée européenne des voisins”. Rome, Brux­elles, Genève, Athènes, Istan­bul… plus de 50 villes d’Europe ont suivi. En France, “Immeubles en fête” a rassem­blé plus de 4 mil­lions de par­tic­i­pants en 2005 con­tre 500.000 en l’an 2000.
Mais ici, il ne faut pas per­dre de vue que l’objectif n’est pas sim­ple­ment fes­tif. Il est poli­tique, au sens le plus noble du terme. Il ne faut plus raison­ner avec des idées par­ti­sanes de droite ou de gauche qui n’ont plus aucun sens dans ce cadre-là. Par con­séquent, votre voisin immé­di­at, même si vous ne le sup­port­ez pas parce qu’il ne cache pas ses sym­pa­thies pour tel politi­cien que vous détestez, doit faire par­tie de votre groupe-citoyen. Cela vous don­nera l’occasion de par­ler avec lui et sans doute de décou­vrir que vous n’êtes peut être pas si éloigné de ses idées que vous l’imaginez. Le groupe-citoyen est con­sti­tué en rassem­blant les plus proches voisins et non pas ceux qui vous sem­blent les plus sym­pa­thiques. Il ne saurait être ques­tion de créer un groupe-citoyen avec des mem­bres de sa famille, des amis géo­graphique­ment éloignés, même s’ils rési­dent dans la même commune.
On a tôt fait de réu­nir dix per­son­nes. Par exemple :
Voilà un immeu­ble avec six appartements.
Au rez-de-chaussée, une vieille dame vit seule 1
En face, un jeune cou­ple avec un bébé 2
Au 1er étage, un cou­ple avec son enfant de 18 ans 3
Sur le même palier, un cou­ple de retraités 2
Au 2ème étage, un vieux mon­sieur seul 1
En face, une étu­di­ante 1
On obtient un pre­mier groupe de 10 personnes.
Ou bien qua­tre maisons dans un secteur résidentiel :
Au fond de l’impasse, un homme seul, divor­cé 1
En face, un cou­ple et 2 enfants majeurs 4
À côté, un cou­ple avec un enfant majeur 3
Encore à côté, un cou­ple de retraités 2
On obtient un deux­ième groupe de 10 personnes.
Le groupe, un fois con­sti­tué, désigne un(e) secré­taire qui en établit la liste, suiv­ant l’ordre don­né par le tirage au sort dont j’ai expliqué précédem­ment la procé­dure. Cette liste pour­rait être reportée sur un pan­neau d’affichage indépen­dant mais acces­si­ble à tous ou déposé en mairie pour affichage et éventuelle­ment émarge­ment sur une liste de référence, comme les listes élec­torales, pour éviter qu’un citoyen indéli­cat ne par­ticipe à plusieurs groupes-citoyens. En fait, si l’on adopte une date fixe, cela réduit beau­coup le risque et le critère de prox­im­ité aus­si. Cepen­dant, il y aura tou­jours des “oubliés” qu’il fau­dra regrouper dans des groupes-citoyens de “dépan­nage” rassem­blant des per­son­nes qui ne résideront pas au plus près les unes des autres.
Le groupe-citoyen ne se con­tente pas de désign­er son représen­tant. Il débat et dis­cute de tout ce qu’il veut. Des prob­lèmes de voisi­nage immé­di­at : bruit, sta­tion­nement des véhicules, dépôt des ordures ménagères, réfec­tion de la voirie, etc. Mais aus­si des prob­lèmes nationaux ou internationaux.
Le rôle de la tête de liste, représen­tant le groupe-citoyen, est celui d’une charnière, d’un relais entre le groupe-citoyen dont il émane et le groupe-citoyen du niveau suiv­ant auquel il va par­ticiper. Il trans­met les deman­des et les attentes du groupe-citoyen de base vers le groupe-citoyen du niveau suiv­ant et il rend compte à son groupe-citoyen d’origine des débats du groupe-citoyen du ou des niveaux suiv­ants. Ce rôle de trans­mis­sion est fon­da­men­tal. Il faut bien com­pren­dre que le représen­tant du groupe-citoyen n’est pas son chef mais seule­ment son porte-parole.
Le groupe-citoyen se réu­nit à des dates fix­es, tout au long de l’année, plus ou moins proches en fonc­tion du niveau de respon­s­abil­ité. Au troisième ou qua­trième niveau, pou­vant cor­re­spon­dre à un con­seil munic­i­pal, le groupe-citoyen peut se réu­nir toutes les semaines. Au cinquième niveau, celui des députés, les groupes-citoyens tra­vail­lent en per­ma­nence. À tous les niveaux, n’importe quel citoyen peut deman­der une réu­nion de son groupe-citoyen.
Lors de la for­ma­tion ini­tiale des groupes-citoyens, il est prob­a­ble qu’une forte per­son­nal­ité, leader poten­tiel, s’impose au groupe, impose ses idées, ses manières de voir. Il sera amené oblig­a­toire­ment, par le ver­dict sans con­ces­sion du tirage au sort, à ramen­er ses ambi­tions de lead­er­ship à des dimen­sions plus mod­estes. On peut très bien imag­in­er que par con­sen­sus, le groupe décide de l’investir en tant que tête de liste, comme s’il était élu à l’unanimité, et con­tourne ain­si la règle du tirage au sort. Mais il suf­fit qu’une seule per­son­ne sur dix refuse ce con­sen­sus pour que le tirage au sort soit oblig­a­toire­ment appliqué.
Cette sit­u­a­tion de con­sen­sus sur un leader, sans tirage au sort, se présen­tera for­cé­ment. Mais “l’élu” du groupe ne retrou­vera cer­taine­ment pas le même agré­ment dans le groupe-citoyen du niveau suiv­ant : les autres par­tic­i­pants ne voudront pas laiss­er leur place. Quel joueur de loto ou de tier­cé accepterait de renon­cer à un gain avec une chance sur dix de rem­porter la mise ? Ils voudront, de toutes façons, aller plus loin pour ne pas trahir un sys­tème dont ils auront com­pris qu’il rend sa dig­nité à chaque per­son­ne et sa respon­s­abil­ité à chaque citoyen.
Il pour­ra se trou­ver ain­si des groupes-citoyens dont la majorité, sinon la total­ité, soit con­sti­tuée de per­son­nes appar­tenant à la même famille. Même si ce n’est pas l’idéal (car l’intérêt du groupe-citoyen est aus­si la ren­con­tre de per­son­nes qui se con­nais­sent peu ou pas du tout et l’enrichissement de cha­cun au tra­vers des expéri­ences de vie dif­férentes), cela ne change rien au fonc­tion­nement du système.
Les citoyens auront ain­si enfin la pos­si­bil­ité totale­ment nou­velle de par­ler de poli­tique, de la vraie poli­tique, en étant libérés de toutes les références à la vieille poli­tique politi­ci­enne, celle de la droite et de la gauche, celle des par­tis poli­tiques, celle des lead­ers poli­tiques, des “barons” de la république. Je prends le pari qu’ils s’en libèreront très vite : les “barons” de la république ne sont que les mor­pi­ons de Mar­i­anne. Seul le DDT du tirage au sort peut en venir à bout !
6) Le prob­lème des circonscriptions .
J’ai mon­tré aupar­a­vant à quel point d’aberration le sys­tème actuel nous mène en matière de cir­con­scrip­tions élec­torales, provo­quant des injus­tices inad­mis­si­bles et insupportables.
Le sys­tème que je pro­pose peut totale­ment s’affranchir des cir­con­scrip­tions ter­ri­to­ri­ales, à l’exception d’une seule : les fron­tières nationales.
En effet, chaque représen­tant, à quelque niveau qu’il se trou­ve, représente à la fois un groupe-citoyen et un ensem­ble de groupes-citoyens répar­tis en strates suiv­ant un struc­ture pyra­mi­dale. En reprenant l’exemple don­né (40.000.000 de citoyens — 400 députés), le représen­tant situé en posi­tion de député représente 100.000 citoyens répar­tis en 10.000 groupes-citoyens de base. Mais il représente aus­si 9999 représen­tants de ces groupes-citoyens et aus­si les 1000 groupes-citoyens et leurs 999 représen­tants, puis les 100 groupes-citoyens et leurs 99 représen­tants, les dix groupes-citoyens et leurs 9 représen­tants, enfin le dernier groupe-citoyen dont il est le représentant-député.
Le porte-parole du groupe-citoyen de base est son représen­tant du pre­mier niveau, ou R1. Le R1 représente dix citoyens. Dix R1 for­ment un GC de deux­ième niveau. Ils désig­nent leur porte-parole, représen­tant du deux­ième niveau ou R2 qui représente dix R1 et 100 citoyens de base. Dix R2 for­ment un GC de troisième niveau qui désigne un R3 représen­tant dix R2, 100 R1 et 1000 citoyens de base, etc. Le R5 est le porte-parole de dix R4, 100 R3, 1000 R2, 10.000 R1 et 100.000 citoyens de base. Le R5 est donc l’équivalent d’un député. À ce niveau, c’est un tra­vail à plein temps, rémunéré en con­séquence pour la durée du man­dat annuel. Les R5 qui étaient salariés béné­ficieront d’un con­gé spé­cial de leur entre­prise ou admin­is­tra­tion leur per­me­t­tant de réin­té­gr­er leur poste à l’issue de leur man­dat. Le R6 est l’équivalent d’un min­istre. Le R7, d’un chef du gouvernement.
100.000 citoyens for­ment 10.000 groupes-citoyens
10.000 représen­tants de GC for­ment 1.000 GC
1.000 représen­tants de GC for­ment 100 GC
100représentants de GC for­ment 10 GC
10 représen­tants de GC tirent au sort 1 représentant :
1 député
Bien enten­du, le principe de prox­im­ité con­duit à un rassem­ble­ment de pop­u­la­tion dans une aire géo­graphique qui con­stitue une unité con­tin­ue. Mais cette aire géo­graphique n’est pas définie par un car­can de lim­ites admin­is­tra­tives arti­fi­cielles et dépassées qui relèvent de l’appareil d’État. Le peu­ple-citoyen qui con­stitue l’État-nation est au-dessus de l’appareil d’État et n’a pas à se pli­er à des divi­sions ter­ri­to­ri­ales pure­ment admin­is­tra­tives et large­ment obsolètes.
La quad­ra­ture du cer­cle que con­stitue le prob­lème des cir­con­scrip­tions élec­torales est ain­si résolue. La cir­con­scrip­tion nou­velle cor­re­spond à une aire géo­graphique aux lim­ites mou­vantes, définie par une quan­tité de pop­u­la­tion, alors que les cir­con­scrip­tions élec­torales actuelles sont définies par rap­port à des lim­ites admin­is­tra­tives fix­es, vieilles de plus de deux siè­cles et qui, par la force de leur iner­tie, imposent des injus­tices inévita­bles. Si l’on voulait à tout prix con­serv­er des lim­ites admin­is­tra­tives comme cadre des cir­con­scrip­tions de la représen­ta­tion des citoyens, on ne pour­rait, de toutes façons, éviter des amé­nage­ments préju­di­cia­bles à l’égalité poli­tique entre les citoyens. Dès lors, quel pour­cent­age d’inégalité est “accept­able” ? Où pos­er la lim­ite à ne pas franchir ? 5%, 10%, 20% ? Après tout, on accepte bien actuelle­ment des iné­gal­ités de 143% dans le Var et de 550% en Lozère !
C’est ain­si que l’appareil d’État, cen­sé être au ser­vice de la nation et du peu­ple-citoyen sou­verain, devient un sys­tème coerci­tif sur le plan poli­tique, une source per­ma­nente d’injustice insti­tu­tion­nelle et de vio­lence réactionnelle.

Chapitre V : les enjeux du tirage au sort

“Tous ces pré­ten­dus hommes poli­tiques sont les pio­ns, les cav­a­liers, les tours ou les fous d’une par­tie d’échec qui se jouera tant qu’un hasard ne ren­versera pas le damier.”
Hon­oré de Balzac

1) L’égalité politique
Le tirage au sort instau­re une égal­ité poli­tique absolue entre les citoyens. Égal­ité d’une nature dif­férente de celle instau­rée par le suf­frage universel.
En effet, ce dernier établit une dis­tinc­tion entre le citoyen “ordi­naire” et l’élu, qui est aus­si un citoyen. Mais un citoyen très par­ti­c­uli­er : il est cen­sé être le meilleur, en tout cas supérieur ès qual­ités au citoyen de base. Il est “l’élu” et le vocab­u­laire n’est pas neu­tre, tout comme tel prophète, tel roi est l’élu de Dieu. L’élection par la toute-puis­sance du divin est rem­placée par l’élection par la toute-puis­sance du peuple.
D’autre part, l’élu est d’abord un can­di­dat investi par un par­ti poli­tique : il est déjà l’élu d’un sys­tème par­al­lèle pré­sumé représen­tatif d’une par­tie des citoyens réu­nis sous la ban­nière d’idées pré­sumées com­munes. Loin d’être un fédéra­teur, l’élu est d’abord un diviseur. Mais ne faut-il pas divis­er pour mieux régner ?
L’égalitarisme appar­ent du suf­frage uni­versel met en place un rap­port iné­gal­i­taire entre le citoyen et l’élu cen­sé le représen­ter. Entre eux, il y aura tou­jours un fos­sé infran­chiss­able, quel que soit le degré de prox­im­ité, creusé par le statut priv­ilégié de l’élu. L’élu appar­tient à l’élite. Il est défini­tive­ment sor­ti des rangs du “peu­ple d’en bas”. En par­tant d’un principe d’égalité on finit par aboutir à un principe d’inégalité, à un rap­port d’emprise que l’on retrou­ve à tous les niveaux de ces insti­tu­tions hiérar­chisées de la société que sont la famille, l’entreprise, l’école, l’armée, l’église…
La représen­ta­tion poli­tique par l’élection au suf­frage uni­versel est irrémé­di­a­ble­ment trahie par le vice caché d’une iden­tité sépar­a­tive, iné­gal­i­taire, éli­tiste, à l’origine d’une crise per­ma­nente et con­géni­tale du monde poli­tique. La représen­ta­tion poli­tique par l’élection au suf­frage uni­versel est intrin­sèque­ment un miroir défor­mant, un dis­posi­tif de con­fis­ca­tion de la parole et d’annihilation des poten­tiels des indi­vidus-citoyens. Au nom du peu­ple-citoyen et de “l’intérêt général.”
La grande ver­tu du tirage au sort, c’est que le hasard fait bien les choses et qu’ il est vierge de toute inten­tion­nal­ité. Il ne désigne pas les meilleurs, qui sont sou­vent pires que les moins bons. Il désigne n’importe quel citoyen parce que n’importe quel citoyen est jugé digne a pri­ori d’être le porte-parole d’autres citoyens. Il rend leur dig­nité aux indi­vidus. Il rend leur dig­nité poli­tique aux citoyens. Il rend défini­tive­ment l’initiative, la parole, la respon­s­abil­ité et la déci­sion aux citoyens.
Le citoyen désigné par le sort est frap­pé du sceau de l’égalité mais aus­si de celui de la lib­erté. Il est totale­ment libre d’accepter ou de refuser la représen­ta­tion. Dans les deux cas, c’est lui-même qui décide de son pro­pre sort. Quelles que soient les raisons qui guident son choix, c’est son choix, sa déci­sion. Le para­doxe du tirage au sort, c’est qu’il désigne un can­di­dat et que ce can­di­dat doit, en quelque sorte, vot­er pour ou con­tre lui-même. Quelle que soit sa déci­sion, elle est respectable par tous parce qu’elle appar­tient à lui seul et qu’elle ne con­cerne que lui.
Du coup, les citoyens se ressen­tent véri­ta­ble­ment égaux en droits : dans leurs droits civiques et poli­tiques. Il savent que math­é­ma­tique­ment et imman­quable­ment ils seront désignés par le sort. Tous et cha­cun d’entre eux. Cela change en pro­fondeur les rap­ports humains. Les rap­ports de force et de dom­i­na­tion, ceux du moins qui sont exer­cés au nom de la puis­sance poli­tique, vont néces­saire­ment chang­er de nature : moins de rigid­ité, plus de sou­p­lesse, moins de con­fronta­tions, plus de négociations.
2) La fin de la vio­lence institutionnelle
Le tirage au sort, c’est la pos­si­bil­ité d’éliminer la source prin­ci­pale de vio­lence, engen­drée par le pou­voir poli­tique, la struc­ture légale de la société et par l’appareil d’État. Mais le pou­voir ne se car­ac­térise pas seule­ment par sa capac­ité évi­dente de vio­lence directe, de répres­sion bru­tale, ni par une idéolo­gie dou­teuse. Cette vio­lence est infin­i­ment plus sub­tile, insi­dieuse, vicieuse, s’insinuant partout. Elle impose sournoise­ment des normes et des mod­èles qui con­trô­lent les corps et dis­ci­plinent les esprits, exclu­ant ceux qui refusent de s’y con­former. Elle envahit tous les domaines, y com­pris l’éducation, la cul­ture, le social, la médecine…
Juste­ment, par­lons de la médecine . En France, le pou­voir médi­cal est pro­tégé par des lois édic­tées par le régime fas­ciste de Vichy, ce qui per­met sans doute à la médecine offi­cielle de traiter comme des ter­ror­istes ceux qui refusent ses dogmes et pro­posent des solu­tions thérapeu­tiques pour­tant sci­en­tifique­ment établies. Ce ne sont nulle­ment des “char­la­tans” mais d’authentiques résis­tants au fas­cisme intel­lectuel et économique. L’ennui, c’est qu’ils remet­tent en ques­tion le pou­voir médi­cal, celui du lob­by phar­ma­ceu­tique et des énormes intérêts financiers. La liste est longue des nova­teurs cen­surés et per­sé­cutés par le pou­voir médi­cal et les aya­tol­lahs de la médecine offi­cielle, seule autorisée.
C’est ain­si que l’on a jeté aux oubli­ettes l’électro-colloïdo-thérapie issue des travaux du doc­teur Math­ieu et de l’école de Nan­cy… en 1870 et qui traite remar­quable­ment les mal­adies car­dio­vas­cu­laires, l’insuffisance rénale, la trau­ma­tolo­gie (sor­tie de coma). Cette tech­nique n’a rien per­du de sa valeur aujourd’hui, bien au con­traire … Com­bi­en de vic­times de la poly­omyélite auraient pu éviter le fau­teuil roulant grâce au chlorure de mag­né­si­um dont le seul défaut est de n’avoir aucune valeur économique, con­traire­ment au vac­cin et aux fau­teuils roulants… En France, l’autorité “savante” de l’Académie de médecine a tout fait pour étouf­fer et sabot­er la promet­teuse “machine” d’Antoine Pri­oré… Depuis plus de trente ans, on con­tin­ue de per­sé­cuter un can­céro­logue alle­mand, le doc­teur Geerd Hamer qui a pour­tant apporté la preuve sci­en­tifique que le can­cer débute par un choc psy­chique bru­tal et que l’on peut en guérir sans recourir à l’arsenal abom­inable de la médecine dure : rayons, chimio­thérapie, chirurgie… Idem pour Loïc Le Rib­ault, inven­teur du sili­ci­um organique, le silanol ou G5, obligé de fuir la France après plusieurs séjours dans ses pris­ons. Idem des per­sé­cu­tions dignes de l’Inquisition et des nazis, avec autodafé en prime, subies en France jusqu’à sa mort et au delà, par Mirko Bel­jan­s­ki, dont le seul tort est d’avoir eu rai­son dans son com­bat con­tre un prix Nobel (Jacques Mon­od), preuves à l’appui, avec des mil­liers de malades guéris de toutes sortes de can­cers et du SIDA… Idem pour Naessens, Solo­midès et tant d’autres…
Depuis la plus haute Antiq­ui­té, depuis les expéri­ences du doc­teur Pot­tenger dans les années trente, depuis un rap­port de 1971 sur la nutri­tion humaine aux États-Unis étouf­fé par le gou­verne­ment fédéral Robert Mc Nama­ra, ancien prési­dent de la Banque Mon­di­ale et ancien secré­taire d’État améri­cain, déclara un jour : “Il est néces­saire de pren­dre des mesures dra­coni­ennes de réduc­tion démo­graphique, même con­tre la volon­té des pop­u­la­tions. Dimin­uer le taux de natal­ité s’est révélé insuff­isant ou impos­si­ble. Il faut donc aug­menter le taux de mor­tal­ité. Com­ment ? Avec des moyens naturels comme la faim et la mal­adie”. D’après Guy­laine Lanc­tôt, “La mafia médi­cale” Édi­tions Voici la Clef, Coat­i­cook, Québec. Selon le doc­teur Lanc­tôt, les vac­cins feraient par­tie de ce plan prémédité., il est par­faite­ment établi que l’origine de la plu­part des mal­adies est liée à la con­som­ma­tion d’aliments cuits et que le crudi­vorisme per­met d’éviter et de guérir les mal­adies les plus graves. J’ai con­nu per­son­nelle­ment plusieurs malades, con­damnés à très court terme par les médecins, qui avaient eu le mau­vais goût d’avoir guéri de leur can­cer très avancé grâce au crudi­vorisme. Silence assas­sin des “autorités” sci­en­tifiques et médi­cales… Quid de la vit­a­mine B17, appelée aus­si laetrile, con­tenue en abon­dance dans les aman­des des abri­cots, source de jou­vence des fameux cen­te­naires Hun­zas, à laque­lle aucune tumeur ne résiste?…Et il y a encore des naïfs qui don­nent de l’argent à des asso­ci­a­tions pour la recherche sur le can­cer ou le SIDA ! Des quan­tités d’autres répons­es exis­tent, cen­surées par la toute-puis­sance du pou­voir médi­cal et son dog­ma­tisme “sci­en­tifique” asservi hon­teuse­ment à la rapac­ité mor­bide et mor­tifère de l’industrie pharmaceutique.
Face à la dic­tature médi­co-sci­en­tifric, face à ce pou­voir absolu et inique de l’institution médi­cale, ses usagers qui sont des citoyens, doivent impos­er un con­tre-pou­voir démoc­ra­tique qui décide seul des méth­odes de soins qui méri­tent d’être util­isées et dévelop­pées, quand bien même elles remet­traient en ques­tion les intérêts financiers de l’industrie phar­ma­ceu­tique ou le pres­tige des mandarins.
Les sci­en­tifiques, notam­ment ceux du monde bio­médi­cal, ne sont pas seuls déten­teurs de LA vérité “objec­tive” et des clés DU pro­grès. La plu­part des “savants” pré­ten­dent et croient être des explo­rateurs : ils ont non seule­ment la mémoire courte, mais le plus sou­vent, ils ont des oeil­lères et sont adeptes d’une “pen­sée unique”. Il faut démythi­fi­er la sci­ence dont trop de ses prati­ciens sont aveu­gles et se libér­er de l’emprisonnement intel­lectuel des “experts”. Depuis trop longtemps, “Ce qui est dan­gereux, ce n’est pas d’être malade, c’est d’être soigné” (Molière).
Il faut en finir avec cette mytholo­gie selon laque­lle les sci­en­tifiques seraient tou­jours des per­son­nes bonnes, admirables, gen­tilles, raisonnables, qui ne diraient que la vérité … sci­en­tifique. C’est faux, c’est une fic­tion. Dans tous les domaines de la sci­ence, 5 % d’entre eux sont d’authentiques salopards, de vrais démons, des per­vers sans scupules, vrais chercheurs … d’argent et de pou­voirs. 5 % sont des anges. Que croyez-vous que font les 90 % restants ? Comme partout, ils suiv­ent servile­ment les démons qui tien­nent tous les postes de pou­voir (principe de Peter). Ils sont les pre­miers à piétin­er les anges qui sont les seuls à avoir de l’éthique, de l’honnêteté, de la respon­s­abil­ité et de la rigueur sci­en­tifique jusqu’à bous­culer les dogmes qui étab­lis­sent le pou­voir des démons. Cer­tains y per­dent la vie.
La sci­ence est au matéri­al­isme ce que la reli­gion est à la spir­i­tu­al­ité : elles sont sen­sées être au ser­vice des hommes et du pro­grès mais n’ont pour seul objec­tif que de les asservir à leur pou­voir dog­ma­tique. Les dogmes sont des ten­ta­tives sys­té­ma­tiques de blocage des idées pour l’obtention d’un statu quo qui fige la vie des idées dans une immo­bil­ité cadavérique. Les dogmes sont des idées mortes qui cherchent à empoi­son­ner et à tuer les idées vivantes pour mieux con­trôler les vies humaines. Pou­voir des idées, pou­voir des hommes sur les hommes. Pou­voir pervers.
Cette vio­lence cachée mais bien réelle des “insti­tu­tions” induit en retour toutes sortes de vio­lences réac­tion­nelles, actives, fla­grantes et donc faciles à réprimer pénale­ment et d’autres beau­coup moins évi­dentes. Par exem­ple, pour un clochard qui se mar­gin­alise à l’extrême, il y a un refus vis­céral d’une norme oppres­sive qui va jusqu’à refuser l’aide du SAMU social parce qu’il refuse tout ce qui émane de l’ordre établi. C’est une forme de vio­lence réac­tion­nelle faite à soi-même : la société m’a rejeté, donc je me rejette moi-même, jusqu’à crev­er de froid sur un trot­toir. Le sys­tème s’en moque éper­du­ment et ceux qui le font fonc­tion­ner au plus haut niveau, les politi­ciens pro­fes­sion­nels, n’en ont cure.
On peut de la même manière analyser l’abstentionnisme élec­toral comme une forme de vio­lence pas­sive du même type, sim­ple signe d’un refus d’un sys­tème poli­tique qui vous ignore, vous rejette, vous mécon­naît, vous oublie, vous repousse, vous manip­ule, vous utilise, vous trompe et vous escroque. Il est révéla­teur d’un rejet de la fausse poli­tique, de la poli­tique politi­ci­enne. Comme le dit François Mau­ri­ac : “Est-ce qu’on s’intéresse aux batailles de singes ?” Ce désen­gage­ment de la vie poli­tique n’a plus de jus­ti­fi­ca­tion avec le tirage au sort des groupes-citoyens. Les citoyens se sen­tent d’autant plus con­cernés et respon­s­ables qu’ils perçoivent mieux et com­pren­nent la justesse et la jus­tice inhérentes à ce nou­veau sys­tème poli­tique. Le jeune dés-inté­gré qui brûle des voitures peut repren­dre con­fi­ance et croire à une autre morale poli­tique qui restau­re son iden­tité de citoyen. À l’extrême, le ter­ror­isme poli­tique n’a plus aucune rai­son d’être, ses racines idéologiques ne sont plus alimentées.
La vio­lence n’est que de l’énergie gâchée en pure perte. Si cette incom­men­su­rable quan­tité d’énergie pou­vait être util­isée pour reviv­i­fi­er les liens soci­aux, la créa­tiv­ité, le dynamisme col­lec­tif, je ne doute pas un instant qu’elle pour­rait pro­duire des mir­a­cles et sor­tir le pays du marasme et du dés­espoir qui l’afflige en pro­fondeur. La France pour­rait devenir le porte-dra­peau de la vraie démoc­ra­tie et une référence universelle.
3) La recon­nais­sance de l’autorité
Le tirage au sort instau­re et valide une autorité à tous les niveaux. Elle ne peut être que recon­nue et respec­tée du fait de sa nature égal­i­taire, donc juste, donc incon­testable dans son étab­lisse­ment. Il est dif­fi­cile de con­tester une posi­tion, si l’on sait qu’un jour ou l’autre on sera amené à l’occuper soi-même.
Toute l’opposition pos­si­ble passe par le débat sur des idées et non plus sur des hommes. C’est l’instauration d’une véri­ta­ble com­mu­ni­ca­tion poli­tique entre les citoyens d’une part et entre les citoyens et leurs représen­tants d’autre part, à tous les niveaux. La parole est libérée et cir­cule hor­i­zon­tale­ment et verticalement.
4) La représen­ta­tion miroir
Le tirage au sort donne une image fidèle du peu­ple citoyen, réalise une représen­ta­tion miroir. Le hasard et les grands nom­bres sont les arti­sans de cette fidél­ité de la représentation.
Aujourd’hui, 60 % des députés vien­nent de la fonc­tion publique et 20% de la seule Édu­ca­tion Nationale. Le reste est prin­ci­pale­ment con­sti­tué par des pro­fes­sions libérales : médecins, avo­cats. Tous courants con­fon­dus, plus de 60 % des députés sont francs-maçons, pris­on­niers de leur ser­ment d’allégeance à la secte et de sol­i­dar­ité envers leurs “frères”, en toutes cir­con­stances, y com­pris et surtout con­tre les lois de la république. C’est l’illustration par­faite d’un pseu­do-élitisme qui foule aux pieds le principe d’égalité. En quoi est-il représen­tatif ? On peut être cer­tain que les intérêts des fonc­tion­naires sont mieux défendus que les intérêts de ceux, bien plus nom­breux, qui ne le sont pas. Ne peut-on voir là une des raisons de l’omniprésence envahissante de l’appareil d’État dans ce pays et de l’impossibilité de le réformer ?
Avec une représen­ta­tion par tirage au sort, on ver­rait enfin des députés RMIstes et des députés chômeurs, des députés chauf­feurs de poids lourds ou de taxis, des gar­di­ens de la paix, de prison ou d’immeubles, des jeunes en emplois jeunes et des vieux avec le min­i­mum vieil­lesse. Des plom­biers, des “tech­ni­ciens de sur­face” et des égoutiers. Des bour­geois ren­tiers et des ouvri­ers de Renault. Des châte­lains et des SDF. Des jeunes et des vieux. Des Blacks, des Blancs, des Beurs ! On ver­rait enfin autant d’hommes que de femmes ! Sans qu’il soit besoin de faire une loi sur la par­ité qui n’est, de toutes façons, pas respec­tée, etc. Tout est pos­si­ble parce que tout est ouvert, toutes les bar­rières sont lev­ées par le tirage au sort.
L’Assemblée Nationale don­nerait une représen­ta­tion plus fidèle du peu­ple. Com­posée à l’image des dif­férentes caté­gories qui con­stituent le peu­ple, cette assem­blée pos­sèderait toute la valeur et la légitim­ité d’une authen­tique représen­ta­tion miroir.
C’est l’idée que for­mu­lait déjà John Adams en 1780, en Amérique, qui défendait le principe de la représen­ta­tion réelle, pour lui la seule qui soit vrai­ment démoc­ra­tique : “L’assemblée devrait être en minia­ture le por­trait exact du peu­ple entier. Elle devrait penser, sen­tir, raison­ner et agir comme lui.” Mais, ne s’embarrassant pas de con­tra­dic­tions, il s’inscrivait aus­si dans la tra­di­tion de la représen­ta­tion virtuelle et défendait l’idée que les représen­tants devaient être les meilleurs et les plus sages. Rap­pelons encore que l’élite “révo­lu­tion­naire” améri­caine envis­agea quelques temps l’institution d’une monar­chie, avant d’opter pour une démoc­ra­tie con­tre­faite et bien adap­tée à leurs ambitions.
Cette représen­ta­tion miroir doit aus­si inté­gr­er har­monieuse­ment les étrangers qui ont leur rôle à jouer, leur place à tenir aux côtés des citoyens nationaux.
5) La fin d’un sys­tème poli­tique schizophrène
Le citoyen se trou­ve pris dans un piège schiz­o­phrénique : d’une part, il recon­naît l’État et il en a besoin, d’autre part il se sent écrasé par un appareil d’État tout-puissant.
Sur le plan poli­tique, cette schiz­o­phrénie est nour­rie par l’ambiguïté et le para­doxe du statut des élus. Les élus sont les “représen­tants du peu­ple” (arti­cle 3 de la con­sti­tu­tion de 1958) qui exer­cent un “man­dat” (arti­cle 27). Ce man­dat établit un con­trat poli­tique entre l’élu et ses électeurs. Or, non seule­ment ce con­trat n’est pas impératif, l’élu n’est en rien obligé de se con­former aux engage­ments solen­nelle­ment souscrits auprès de ses électeurs, mais de sur­croît, élu d’une cir­con­scrip­tion, il ne la représente pas, car il est cen­sé être le représen­tant de toute la nation !
Com­ment peut-on à la fois par­ler de man­dat et de représen­ta­tion, et organ­is­er une insti­tu­tion qui nie toute con­trainte et toute notion de lien et d’engagement réciproque ? Peut-être faut-il en chercher les raisons dans l’abîme dimen­sion­nel qui sépare le citoyen de son député et dans l’intention de pro­téger ce dernier des pressions.
Avec le sys­tème des groupes-citoyens et de leurs représen­tants tirés au sort, il n’y a plus ce vide abyssal entre le citoyen et le député : une série de cinq niveaux de représen­tants assure le lien et le relais. Si le man­dat n’est pas impératif, par la force des choses, le député est por­teur des deman­des exprimées dans les groupes-citoyens et il leur rend des comptes. Une véri­ta­ble com­mu­ni­ca­tion poli­tique s’instaure et unit les citoyens et leurs représen­tants. Com­mu­ni­ca­tion ver­ti­cale entre le citoyen et ses représen­tants des niveaux suc­ces­sifs, et com­mu­ni­ca­tion hor­i­zon­tale au sein des groupes-citoyens des dif­férents niveaux. Cela ne peut que con­tribuer à la cohé­sion sociale et à l’efficacité de la fonc­tion poli­tique. Chaque fois qu’un prob­lème est posé, le débat qu’il engen­dre au sein d’un groupe-citoyen peut se trou­ver facile­ment trans­mis et réper­cuté à tous les niveaux avec un retour, des répons­es pos­si­bles et un enrichisse­ment du débat au niveau local, région­al, nation­al… et mondial.
Mais alors que devi­en­nent les politi­ciens pro­fes­sion­nels ? Le tirage au sort sonne enfin le glas de cette espèce nuis­i­ble. Clemenceau a dit : “La guerre est une affaire trop sérieuse pour la con­fi­er aux mil­i­taires.” Ce qui con­firme que ce sont bien les politi­ciens qui font la guerre. On peut dire en le para­phras­ant : la poli­tique est une affaire trop sérieuse pour la con­fi­er aux politi­ciens. Ce ne sont jamais les peu­ples qui veu­lent la guerre.
Tous les peu­ples de la Terre veu­lent vivre en paix.
Le dis­cours élec­toral est tou­jours dém­a­gogique et la classe poli­tique est morale­ment coupable et indéfend­able. Le citoyen le sait au fond de lui-même. Mais il con­sid­ère qu’il faut faire avec parce qu’il n’imagine pas qu’on puisse faire sans. Le citoyen con­sid­ère générale­ment les hommes poli­tiques comme un mal néces­saire, lié à la logique d’une démoc­ra­tie fondée sur la vota­tion et le suf­frage uni­versel. Il ne voit pas l’erreur de cette logique pseu­do-démoc­ra­tique qui empris­onne aus­si bien les électeurs que les élus dans son réseau de con­traintes tout à la fois rationnelles et absur­des. Per­son­ne ne lui mon­tre l’erreur. On l’a telle­ment bien per­suadé qu’il n’y a pas d’autres solu­tions. C’est devenu une croy­ance de nature religieuse : le suf­frage uni­versel est un arti­cle de foi, un dogme imbé­cile. On lui a telle­ment bien caché la porte de sor­tie en truquant l’histoire et les principes de la démoc­ra­tie ; en trahissant son esprit, son essence. Les politi­ciens et les élites intel­lectuelles sont coupables de cette infamie.
Ils tien­nent tou­jours le même dis­cours tor­du et per­vers : “La démoc­ra­tie a besoin des hommes poli­tiques pour fonc­tion­ner… Si on ne veut plus d’eux, il n’y a plus de démoc­ra­tie pos­si­ble… S’attaquer aux hommes poli­tiques, c’est s’attaquer à la démoc­ra­tie elle-même…Est-ce que l’on veut une dic­tature à la place ? Etc.” Tous les politi­ciens qui tien­nent ce dis­cours (et ils le tien­nent tous) sont tout sim­ple­ment des escrocs. Il existe vrai­ment une alter­na­tive à la fausse démoc­ra­tie selon leurs voeux, c’est une vraie démoc­ra­tie qui sait très bien se pass­er d’eux !
La dis­pari­tion des politi­ciens pro­fes­sion­nels sig­ni­fie aus­si la dis­pari­tion des par­tis poli­tiques. Du moins dans leur con­cep­tion actuelle qui en fait des machines à con­quérir le pou­voir, à gag­n­er les élec­tions. Avec le tirage au sort, ces machines per­dent leurs raisons d’être. Elles devi­en­nent bru­tale­ment et rad­i­cale­ment obsolètes. Les par­tis poli­tiques ne pour­raient à la rigueur sur­vivre qu’en retrou­vant leur véri­ta­ble rai­son d’être : le ter­rain idéologique. On peut en douter, leurs idéolo­gies sont trop liées aux dis­cours politi­ciens. Nous voilà défini­tive­ment débar­rassés du manichéisme infer­nal du Bien et du Mal si cher au prési­dent Bush. Oubliés les Jacobins con­tre les Girondins, les monar­chistes con­tre les répub­li­cains, les laïcs con­tre les cléri­caux, la droite con­tre la gauche. Exit des démoc­rates con­tre les répub­li­cains aux États-Unis ou des tra­vail­listes con­tre les con­ser­va­teurs en Grande-Bre­tagne, etc.
Ces con­fronta­tions sont dépassées et sont à rejeter dans les oubli­ettes d’une his­toire par­ti­c­ulière­ment sin­istre et sanglante.
6) L’élimination des per­vers dangereux
Le tirage au sort et le sys­tème des groupes-citoyens don­nent la cer­ti­tude qu’aucun nou­v­el Hitler ne peut pren­dre le pou­voir. Les per­vers dan­gereux ne peu­vent plus pass­er au tra­vers d’un fil­tre aus­si effi­cace. Le jeu per­vers de dom­i­na­tion, de con­quête du pou­voir ne peut plus se met­tre en place, suiv­re son cours habituel. Il est désamor­cé et privé de son ali­ment : la course au pou­voir, la recherche d’une posi­tion de dom­i­nance et d’emprise. Son dis­cours creux, axé sur la manip­u­la­tion, ne trou­ve plus le ter­rain favor­able de l’élection qui le met en valeur. Il est aus­si neu­tral­isé au niveau des votes dans les groupes-citoyens sur les déci­sions qu’il faut pren­dre, même s’il peut les influ­encer. La mécanique de mise en place habituelle des lead­ers se trou­ve grip­pée et bloquée.
Le tirage au sort élim­ine les per­vers, les para­noïaques, les ambitieux, les arriv­istes, les retors, les manip­u­la­teurs, les va-t-en-guerre. Ouf ! Quel soulage­ment ! S’il n’y avait que cette seule rai­son pour en jus­ti­fi­er l’application, cela suf­fi­rait amplement.
7) La fin de la cor­rup­tion et du règne de l’argent
Un autre gros avan­tage, et les Grecs l’avaient fort bien com­pris, c’est que la cor­rup­tion est ren­due impos­si­ble : le man­dat d’un an est trop court et on ne peut pas prévoir qui sera le prochain représen­tant. La cor­rup­tion sup­pose une stratégie d’approche, une con­nais­sance des sit­u­a­tions et des hommes, une mise en place des influ­ences et des réseaux de rela­tions. La cor­rup­tion trou­ve son ter­rain d’élection (et pour cause) chez les pro­fes­sion­nels de la poli­tique, les car­riéristes au long cours. Le tirage au sort lui coupe l’herbe sous les pieds. Les magouilles finan­cières de longue durée et de tout genre ne peu­vent plus con­naître les développe­ments ahuris­sants qu’elles atteignent aujourd’hui. Naguère, nos par­ents évo­quaient la fameuse “assi­ette au beurre” dont prof­i­tait allè­gre­ment la classe poli­tique. Avec “l’affaire ELF”et celle du “Crédit Lyon­nais” la car­i­ca­ture devient ubuesque. Les cor­rom­pus ne patau­gent plus dans “l’assiette au beurre”, ils se vautrent dans “l’usine à beurre”. Et quand ça sent le rous­si comme dans l’affaire des vedettes de Taï Wan, ces beaux messieurs sor­tent leur carte jok­er, le “secret défense”, comme une fin de non recevoir, face à des juges trop curieux. Coup de Jarnac qui arnaque la jus­tice et rend intouch­able des politi­ciens con­nus et cor­rom­pus. Com­ment voulez-vous que l’on respecte vos “valeurs”, votre “république” mafieuse, pour­rie par vos soins jusqu’à l’os ?
Le sys­tème du tirage au sort et des groupes-citoyens per­met de s’affranchir de la main­mise de l’argent sur la poli­tique. C’est un sys­tème d’autant plus libre et libéré qu’il est totale­ment gra­tu­it, dés­in­téressé. Il peut fonc­tion­ner tout seul, d’une manière absol­u­ment autonome, sur la base de l’envie et de la bonne volon­té des citoyens : sur leur bénévolat. Bien enten­du, à par­tir d’un cer­tain niveau de représen­ta­tion, les représen­tants doivent percevoir des indem­nités adap­tées. Oblig­a­toire­ment, ils devront se soumet­tre à un con­trôle de leur pat­ri­moine avant et après leur péri­ode d’activité : c’est la fameuse doci­masie inau­gurée encore une fois par le génie grec. Les fraudeurs du fisc pren­dront la tan­gente. Une police anti­cor­rup­tion totale­ment indépen­dante devrait être con­sti­tuée. Elle devrait avoir la pos­si­bil­ité de piéger qui elle veut : une épée de Damo­clès per­ma­nente qui devrait faire réfléchir les moins hon­nêtes ! Il est égale­ment indis­pens­able de s’attaquer aux lob­bies à l’origine de la cor­rup­tion. Entre autres, dans les insti­tu­tions européennes, com­plète­ment pour­ries par un lob­by­ing omniprésent.
Les bud­gets colos­saux affec­tés aux cam­pagnes élec­torales pour­ront prof­iter à l’aide aux SDF et aux néces­si­teux. Les gourous de la pub­lic­ité et de la pseu­do-com­mu­ni­ca­tion fer­ont grise mine. Nous voilà libérés du poids et de l’envahissement des médias dans la politique.
La cor­rup­tion per­ver­tit les hommes et encore plus la démoc­ra­tie. Mais le sys­tème démoc­ra­tique actuel ne fait que révéler ses défauts con­géni­taux. Il est évi­dent que les lob­bies et les mafias de tous types envahissent de plus en plus les couloirs du pou­voir et tirent dans l’ombre un nom­bre de ficelles de plus en plus grand. Cer­taines ficelles sont déjà dev­enues des câbles, telle­ment gros qu’on ne peut pas ne pas les voir. Et pour­tant on refuse de les voir parce que l’on ne veut pas croire que c’est pos­si­ble. C’est la rai­son pour laque­lle on ne veut pas croire que c’est un mis­sile de l’Armée améri­caine qui a frap­pé le Pen­tagone, le 11 sep­tem­bre 2001. Les “good fel­lows” de l’Amérique de Bush qui ont des pen­sées aus­si osées les chas­sent et les refoulent au plus pro­fond de leur esprit parce qu’elles sont “non­sense”. Ils n’envisagent pas un instant que leur sacro-sainte con­sti­tu­tion, que leur mer­veilleuse démoc­ra­tie a mis au pou­voir des fous prêts à tout, prêts à sac­ri­fi­er des mil­liers d’Américains pour du pét­role, “l’intérêt général” ou dieu sait quoi, car je n’ai pas l’esprit aus­si tor­du qu’eux.
8) La fin du cen­tral­isme et de l’irresponsabilité
La démoc­ra­tie actuelle, fondée sur la vota­tion et le suf­frage uni­versel, con­duit tout droit à la con­cen­tra­tion du pou­voir et au cen­tral­isme éta­tique. Les élus, issus d’une cir­con­scrip­tion locale, ne représen­tent pas cette cir­con­scrip­tion mais la nation toute entière. Ils ont les mains libres pour jouer des coudes au som­met de l’État. Le jacobin­isme s’impose parce qu’il autorise la con­cen­tra­tion du pou­voir entre quelques mains. La défense de “l’unité nationale”, de “l’intérêt supérieur de la nation”, sont des ali­bis qui jus­ti­fient large­ment la liq­ui­da­tion des forces cen­trifuges et des vel­léités de décen­tral­i­sa­tion. Deux révo­lu­tions, celles de 1789 et de 1848, avec la béné­dic­tion du suf­frage uni­versel, engen­dreront deux empereurs autocrates.
L’irresponsabilité poli­tique et juridique des élus, le rejet du man­dat impératif, ren­dent impos­si­ble tout con­trôle sur les élus. Ils n’ont pas de comptes à ren­dre. Les remon­trances de la Cour des comptes n’y changent rien. La seule sanc­tion pos­si­ble est le ver­dict des urnes, et la langue de bois est trop sou­vent la plus forte. Com­ment s’étonner dès lors que Paris soit le cen­tre de ce petit monde ? Tant pis s’il faut de temps en temps recourir au “para­chutage” pré­cip­ité d’un baron sans fief, dans une quel­conque cir­con­scrip­tion loin­taine, pour rénover un bla­son décati avec la dorure de la légitim­ité démoc­ra­tique et répub­li­caine du suf­frage uni­versel. Une aura de sain­teté, en quelque sorte. Cette démoc­ra­tie per­ver­tie empeste l’hypocrisie et la démagogie.
Le tirage au sort et le sys­tème des groupes-citoyens met en place des représen­tants à tous les éch­e­lons, et par­ti­c­ulière­ment aux éch­e­lons locaux et régionaux. Les représen­tants devi­en­nent des relais, ali­men­tés par la réflex­ion des groupes-citoyens et réper­cu­tant vers le haut les infor­ma­tions et les deman­des venues de plus bas, et trans­met­tant vers le bas les déci­sions pris­es et leurs jus­ti­fi­ca­tions. Étant bien enten­du que les déci­sions qui sont pris­es sont des déci­sions poli­tiques, des choix effec­tués par le vote majori­taire des mem­bres d’un groupe-citoyen. Ce sys­tème redis­tribue rationnelle­ment les pou­voirs, en don­nant à chaque citoyen la pos­si­bil­ité d’intervenir et de par­ticiper à l’oeuvre col­lec­tive. On passe ain­si d’une démoc­ra­tie de délé­ga­tion et d’abandon à une véri­ta­ble démoc­ra­tie de par­tic­i­pa­tion et de concertation.
Dans les groupes-citoyens, cha­cun apprend des autres qu’il peut avec eux penser, décider et agir. Parce qu’on peut s’exprimer, con­fron­ter ses expéri­ences, se pren­dre en charge. Ceux qui n’avaient jamais le temps décou­vrent que cela vaut la peine de pren­dre un peu de temps pour par­ticiper à des activ­ités où ils ne sont plus dirigés mais dirigeants. Ceux qui croy­aient ne pas avoir d’idées ou ne pas être capa­bles de les exprimer s’aperçoivent qu’ils en ont, qu’ils peu­vent les dire et qu’enfin on les écoute.
La respon­s­abil­ité poli­tique, celle des décideurs dans tous les domaines (poli­tique, économique, social, cul­turel) est acca­parée par une minorité d’oligarques qui squat­tent les som­mets des pyra­mides hiérar­chiques sous pré­texte de légitim­ité élec­tive “démoc­ra­tique”, de méri­to­cratie des diplômes des Grandes Écoles et de toutes les autres ouvrant l’accès aux pou­voirs des mafias légales.
La trans­for­ma­tion de la struc­ture poli­tique par l’instauration du tirage au sort et des groupes-citoyens restituera aux citoyens l’initiative et la respon­s­abil­ité con­fisquées par les oli­gar­ques. La société retrou­vera son énergie et son dynamisme par l’originalité, la créa­tiv­ité, l’invention, l’humanisme. Désor­mais, il fau­dra tenir compte de la base de la pyra­mide hiérar­chique (et des mul­ti­tudes de bases des sous-pyra­mides qui la com­posent). C’est cette base qui aura l’initiative dans son domaine d’action. Cela ne veut pas dire que toute hiérar­chie est abolie. En fait, la pyra­mide hiérar­chique est rem­placée par une pyra­mide fonc­tion­nelle dans laque­lle les déci­sions ne sont pas imposées de haut en bas par un indi­vidu tout puis­sant et incon­trôlable vers la base mul­ti­ple, impuis­sante et muselée, mais sont élaborées col­lec­tive­ment par ceux qu’elles con­cer­nent directe­ment. On con­cerve la hiérar­chie mais seule­ment pour har­monis­er et coor­don­ner les ini­tia­tives et les déci­sions des acteurs con­cernés. Son rôle prin­ci­pal sera de con­stru­ire une unité bâtie sur la diver­sité des élé­ments par­tic­i­pants. Cela n’est pos­si­ble qu’avec le sys­tème des groupes-citoyens qui garan­tit la cir­cu­la­tion sans obsta­cle d’une infor­ma­tion libre, com­plète, non manipulée.
Un des traits car­ac­téris­tiques de cette pyra­mide fonc­tion­nelle est que dans son unité ren­for­cée, elle sera en per­pétuel change­ment, sans cesse à refaire, à adapter, tou­jours dynamique. Ce qui con­traste sin­gulière­ment avec la logique sta­tique des hiérar­chies figées dans un per­pétuel garde-à-vous, celle des slo­gans creux et de la langue de bois vide qu’affectionnent les politi­ciens pro­fes­sion­nels encroûtés dans leur gangue d’immobilisme.
Le tirage au sort con­duit à l’autogestion de la vie quo­ti­di­enne, à une autonomie retrou­vée, à la défense du con­som­ma­teur face à l’emprise des admin­is­tra­tions publiques et des groupes cap­i­tal­istes privés. Il per­met, et c’est essen­tiel, le réap­pren­tis­sage et la redé­cou­verte des sol­i­dar­ités les plus con­crètes liées à une plus grande prox­im­ité. La vraie société qui se cherche se trou­vera ici. En refu­sant de subir, en voulant quelque chose en com­mun avec d’autres, en croy­ant que c’est pos­si­ble. En fait, il s’agit tout sim­ple­ment de redé­cou­vrir le sens du mot fra­ter­nité, de retrou­ver le chemin de la dimen­sion humaine.
9) La fin du gâchis des énergies
Le sys­tème démoc­ra­tique actuel est débil­ité par des pertes de ren­de­ment dues à des dépens­es inouïes d’énergie imposées aux hommes poli­tiques par les batailles inces­santes qu’ils doivent livr­er, à l’intérieur et à l’extérieur des organes où ils siè­gent : gou­verne­ment, Assem­blée Nationale, com­mis­sions et con­seils divers… Les politi­ciens doivent faire face à une guéril­la poli­tique per­ma­nente, non seule­ment en prove­nance des autres par­tis poli­tiques, mais égale­ment de leurs con­cur­rents dans leurs pro­pres for­ma­tions politiques.
Pour assur­er sa réélec­tion, un élu doit se dépenser sans compter en d’innombrables et épuisants ser­vices et démarch­es. Il doit se préoc­cu­per des reven­di­ca­tions de son élec­torat, du moins celles qui lui parais­sent impor­tantes dans l’optique de sa réélec­tion. Cela fausse com­plète­ment le fonc­tion­nement du sys­tème, parce que les mesures pris­es, les lois et les décrets sont des sous-pro­duits de la lutte pour la con­quête du pou­voir. Le jeu instau­ré par la cohab­i­ta­tion ne fait qu’amplifier les prob­lèmes. Il n’y a plus de poli­tique : il n’y a que des cal­culs politi­ciens. Il n’y a que des visions à court terme et une recherche d’avantages poli­tiques qui ont peu de chances de don­ner les résul­tats les plus sat­is­faisants pour le pays.
10) La transparence
Ce sys­tème présente l’immense avan­tage d’être par­faite­ment trans­par­ent. Le citoyen “d’en bas” peut savoir ce qui se passe dans les niveaux supérieurs : ses représen­tants sont tenus de répon­dre et d’expliquer ce qui se passe “en haut”. Sans qu’il soit pour autant ques­tion d’un man­dat impératif, par la force des choses, les représen­tants ren­dent des comptes à tous les citoyens dont ils sont l’émanation. Il n’y a pas de sanc­tion dans ce sys­tème, la seule pres­sion qui pèse sur le représen­tant est celle de son pro­pre engage­ment moral dans sa fonc­tion, d’autant plus qu’il a libre­ment con­sen­ti à rem­plir son rôle de représen­tant. Il n’y a plus l’énorme gâchis d’énergie con­sacrée à l’auto-promotion des élus qui se com­por­tent au mieux comme des représen­tants de com­merce cher­chant à plac­er leur camelote, au pire comme des escrocs, ce qu’ils sont le plus sou­vent, puisqu’ils n’ont que du vent et des illu­sions à faire val­oir et à ven­dre. Les promess­es élec­torales por­tant sur un pro­gramme ou un pro­jet politi­cien sont rem­placées par une promesse por­tant sur l’engagement per­son­nel dans un rôle de représen­tant. Cette dif­férence est essen­tielle : avec le sys­tème de l’élection, on ne peut obtenir que l’irresponsabilité de fait des élus. Ils ne s’engagent que sur un pro­gramme, jamais sur leur respon­s­abil­ité per­son­nelle. Il fal­lait être un De Gaulle pour s’engager per­son­nelle­ment et quit­ter le pou­voir comme il l’a fait en 1969. Le départ de Jospin est loin d’avoir cette enver­gure, car il ne s’était jamais engagé per­son­nelle­ment à quit­ter le pou­voir avant la sanc­tion des urnes. Cela évoque le com­porte­ment boudeur d’un enfant sanc­tion­né et privé de dessert…
Avec le sys­tème du tirage au sort, on obtient automa­tique­ment la respon­s­abil­ité de la per­son­ne qu’il désigne. C’est cette respon­s­abil­ité et cet engage­ment per­son­nel qui oblig­ent le représen­tant à la trans­parence, d’autant plus qu’il a tou­jours en face de lui un petit groupe de neuf per­son­nes : il ne fera jamais de grands dis­cours ron­flants et creux devant des assem­blées de plusieurs cen­taines de per­son­nes ron­flantes et creuses. Il lui suf­fi­ra sim­ple­ment de dire ce qui s’est passé à l’échelon du dessus et au-delà, quelles déci­sions ont pu être pris­es, dans quelles cir­con­stances et pourquoi.
La trans­parence exige l’accès à toute l’information exis­tante. Pas de lib­erté sans lib­erté de la presse et des médias !
A l’intérieur du sys­tème, toute les don­nées doivent être acces­si­bles à tous. À l’extérieur, il est indis­pens­able de garan­tir une lib­erté absolue de parole aux jour­nal­istes con­traints le plus sou­vent à l’autocensure sur les sujets qui “fâchent” les puis­sants. Car les médias et les jour­nal­istes sont “aux ordres”. “Aux ordres” de leur rédac­tion, elle-même soumise au patron, aux groupes de pres­sion affairistes, aux réseaux d’influences, aux “ini­tiés” de cer­taines loges maçon­niques regroupant dans une même com­plic­ité mafieuse, politi­ciens, préfets, com­mis­saires de police, officiers de gen­darmerie, mag­is­trats, avo­cats, huissiers, notaires, agents immo­biliers et grand pontes de la médecine… Il est donc inutile de s’en pren­dre aux jour­nal­istes : il n’y en a plus ou si peu ! Ils doivent se compter sur les doigts d’une main, les rares sur­vivants qui sont encore capa­bles de porter haut la déon­tolo­gie de ce qui fut une for­mi­da­ble pro­fes­sion, où la pen­sée unique était sus­pecte et où l’insolence était une ver­tu au ser­vice de la vérité.
Il n’est plus pos­si­ble dans ce cadre que les médias soient sous le con­trôle exclusif des “mag­nats” de la presse ou de la télévi­sion, d’un marc­hand de béton, d’un marc­hand d’armes ou d’un cer­tain baron…
11) Sor­tir du con­flit psy­chologique et de l’aliénation
D’un point de vue psy­chologique ou psy­ch­an­a­ly­tique, le citoyen, indi­vidu poli­tique est con­stam­ment écartelé entre deux pôles opposés et attractifs :
D’une part, il sait qu’il appar­tient à la masse indis­tincte du peu­ple qui l’attire vers le bas, en fait un sujet, un mou­ton voué à l’abattoir, qu’il méprise mais qui est sa réal­ité quo­ti­di­enne. Il refuse cette logique des victimes.
D’autre part, il aimerait bien faire par­tie de la bande des loups, des chefs en tous gen­res, des gang­sters au pou­voir qui le fasci­nent, qui font la loi et régn­er la ter­reur, parce qu’il les craint et les admire. Il se révolte aus­si con­tre cette logique des bourreaux.
S’il existe une voie étroite qui peut per­me­t­tre de se tenir à dis­tance, tout à la fois de la masse veule et abru­tie et d’un pou­voir séduc­teur et mor­tifère, il faut s’y engouf­fr­er ! Cette voie étroite existe. Elle respecte la démoc­ra­tie et per­met de sor­tir de ce dilemme. C’est celle que je pro­pose : c’est le groupe-citoyen qui dis­loque la masse, lui rend jus­tice et l’élève en dig­nité, et c’est le tirage au sort qui dis­tribue et égalise le pou­voir et élim­ine les lead­ers. Le citoyen peut enfin échap­per à ce cer­cle vicieux, ce con­flit sado-masochiste : à ce choix impos­si­ble entre la posi­tion de vic­time ou celle de bour­reau. Infan­til­isé et irre­spon­s­abil­isé pen­dant des siè­cles, il peut enfin devenir adulte et responsable.
12) La recon­quête démocratique
S’il s’impose sur le plan stricte­ment poli­tique, le tirage au sort doit égale­ment s’imposer chaque fois qu’il est néces­saire de désign­er des représen­tants dans des domaines com­muns à des groupes soci­aux ou économiques.
C’est le cas pour les syn­di­cats et pour les assem­blées d’actionnaires dans les entre­pris­es. Com­ment ne pas hurler d’horreur quand on voit madame Nicole Notat, leader de la CFDT, désign­er “offi­cielle­ment” pour “sa” “suc­ces­sion”, mon­sieur François Chereque, aus­sitôt approu­vée par le suiv­isme mou­ton­nier d’une assem­blée soit-dis­ant démoc­ra­tique ? Cette petite cui­sine interne à l’usage des ini­tiés évoque irré­sistible­ment l’intronisation d’un dis­ci­ple dans une con­frérie secrète. Cela relève d’une procé­dure sec­taire, pas d’une procé­dure démoc­ra­tique. C’est une pure fumis­terie, une par­o­die hon­teuse de démoc­ra­tie. Le dés­in­térêt pour le syn­di­cal­isme vient aus­si de là.
On peut faire les mêmes remar­ques sur le fonc­tion­nement bien peu démoc­ra­tique de cer­taines asso­ci­a­tions. Faut-il rap­pel­er le scan­dale de l’ARC ? Mais c’est l’arbre qui cache la forêt…
13) L’initiative citoyenne
Des voix de plus en plus nom­breuses s’élèvent pour réclamer des change­ments, une Six­ième République. Des propo­si­tions fusent de toute part. Les idées de réforme ne man­quent pas. Mais tous n’ont à pro­pos­er que des pro­grammes dés­espéré­ment politi­ciens au sein d’un sys­tème poli­tique com­plète­ment blo­qué, dans lequel seules comptent vrai­ment les échéance élec­torales, surtout celle qui a vam­pirisé toutes les autres : l’élection prési­den­tielle. Pour pou­voir sor­tir de l’impasse et con­tourn­er l’obstacle, la seule solu­tion passe par l’initiative citoyenne ren­due pos­si­ble avec le tirage au sort et les groupes-citoyens, seuls moyens de court-cir­cuiter le sys­tème, de renou­vel­er les hommes de fond en comble, de laiss­er pass­er libre­ment les idées neuves et de don­ner enfin les vraies répons­es aux vrais problèmes.
Le tirage au sort, organ­isé par les citoyens dans les groupes-citoyens, pos­sède l’inestimable avan­tage de restituer au citoyen son autonomie et son ini­tia­tive. Il peut enfin se libér­er de la tutelle d’un pou­voir poli­tique cen­tral­isé et de la pesan­teur de l’appareil d’État.
Il n’y a pas d’autre alter­na­tive que l’initiative citoyenne, dans tous les domaines. Elle devient désor­mais pos­si­ble avec le sys­tème que je pré­conise, seul out­il poli­tique dont la légitim­ité et les principes sont incon­testa­bles et dont la mise en oeu­vre est facile, sim­ple et acces­si­ble à tous.
Le citoyen, ordi­naire­ment pas­sif, unique­ment stim­ulé et mobil­isé lors des ren­dez-vous élec­toraux, devient soudain un citoyen ordi­naire­ment act­if, directe­ment con­cerné et respon­s­abil­isé. La per­spec­tive change rad­i­cale­ment. Il ne subit plus, il agit. Il prend lui-même en charge sa vie et celle de ses proches. Il prend en main son des­tin et son avenir. Il n’est plus réduit à l’impuissance par des forces qui le dépassent. Il est au con­traire en mesure de se réc­on­cili­er avec son rôle de citoyen et de lui don­ner sa pleine et entière expres­sion. Il peut retrou­ver le sens véri­ta­ble de la poli­tique sur une base d’harmonie et d’équité.
Il lui suf­fit sim­ple­ment d’aller frap­per à la porte de ses plus proches voisins.

Chapitre VI : oppositions et critiques

“Il faut faire aux méchants guerre continuelle”.
La Fontaine

Quelle oppo­si­tion ?
Il est facile de prévoir les réac­tions à mes pro­pos. Il y a d’abord tous ceux qui ne vont pas être d’accord. Ce sont ceux qui prof­i­tent du sys­tème et qui appar­ti­en­nent à “l’élite” qui détient les rênes du pouvoir.
Les pre­miers con­cernés sont les politi­ciens pro­fes­sion­nels et car­riéristes et tous leurs fidèles qui les suiv­ent religieuse­ment et se con­tentent de quelques miettes. C’est une infime minorité de dinosaures voués à la dis­pari­tion pure et sim­ple. Accrochés à leurs priv­ilèges, ce seront les plus féro­ces, qu’ils soient de droite ou de gauche.
Ensuite vient toute une pop­u­la­tion, minori­taire mais quan­ti­ta­tive­ment plus impor­tante, qui n’a pas intérêt à ce que le sys­tème change et qui préfère le con­ser­vatisme poli­tique et l’immobilisme. Beau­coup de hauts (et moins hauts) fonc­tion­naires, la clique des grands diplômés (énar­ques, poly­tech­ni­ciens, ingénieurs des mines, nor­maliens “supérieurs”, etc.), une masse d’intellectuels plus ou moins médi­atisés, coupeurs de cheveux en qua­tre ou en huit dans le sens de la longueur, les jour­nal­istes poli­tiques qui vivent dans l’ombre des politi­ciens et sont leurs faire-val­oir, les grands patrons du cap­i­tal­isme prompts à graiss­er la pat­te des politi­ciens pour avoir les mains libres dans le meilleur des mon­des démoc­ra­tiques, l’actuel bien sûr ; la grande muette restera aux ordres, c’est la tra­di­tion, et les ordres religieux res­teront dans la tra­di­tion, c’est dans l’ordre des choses.
Cette oli­garchie a tous les pou­voirs, notam­ment celui d’imposer des normes de pen­sée et de décréter ce qui est ou n’est pas poli­tique­ment cor­rect. Il est clair que mes propo­si­tions sont com­plète­ment en dehors des normes actuelles et se moquent éper­du­ment du poli­tique­ment cor­rect. Tout en mon­trant un autre chemin, antique et oublié, qui respecte infin­i­ment mieux les principes fon­da­men­taux de la démoc­ra­tie dont eux-mêmes recon­nais­sent les ver­tus (à con­di­tion que ces “ver­tus” arrangent leurs affaires). Il y a des remis­es en ques­tion qui seront douloureuses pour beaucoup.
Et puis il y a tous ceux qui seront d’accord et qui ne ver­ront aucun incon­vénient au renou­velle­ment de la démoc­ra­tie, à sa régénéra­tion, sur la base d’un principe aus­si vieux qu’elle. En décou­vrant ce pro­jet poli­tique, une majorité de citoyens pren­dra con­science qu’il est enfin pos­si­ble de se débar­rass­er “du mal néces­saire, faute de mieux”, les politi­ciens, de se réap­pro­prier le domaine de la poli­tique, la vraie, et d’éliminer la fausse, la poli­tique politi­ci­enne, celle dont Paul Valéry dis­ait qu’elle “est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde.”
Quelles critiques ?
Après un pre­mier temps où l’on fein­dra d’ignorer en affichant le mépris, on atta­que­ra le pro­jet en le qual­i­fi­ant d’utopique.
On qual­i­fie générale­ment d’utopique un sys­tème ou un pro­jet irréal­is­able. L’ennui, c’est que cette utopie a fonc­tion­né, et plutôt bien, pen­dant plus d’un siè­cle, il y a 2500 ans. Bizarrement, aujourd’hui ce ne serait plus pos­si­ble ? L’argument tombe tout seul. Mais c’est ce même argu­ment qui est con­stam­ment repris et asséné depuis plus de deux siè­cles, depuis les révo­lu­tions améri­caine et française : “La démoc­ra­tie directe n’est pas applicable…Cela pou­vait fonc­tion­ner dans le cadre d’une petite cité comme Athènes, mais c’est impos­si­ble pour un grand pays…” et hop, on a escamoté le plus impor­tant, le recours au tirage au sort, qui élim­ine les “élites”. Rap­pelons encore qu’Athènes, au cinquième siè­cle avant Jésus-Christ, n’était pas un vil­lage mais une grande ville pour l’époque, une cité-Etat, dont la pop­u­la­tion atteignait 200.000 habi­tants. La grande majorité des Athéniens était très attachée aux valeurs de la démoc­ra­tie, les vraies, indis­so­cia­bles du tirage au sort.
Après avoir argu­men­té sur l’utopie, on nous dira qu’il y a tou­jours besoin d’un chef, d’un leader, d’un meneur d’hommes, parce que c’est indis­pens­able, inévitable et naturel, même dans les tout petits groupes humains au niveau le plus “prim­i­tif ”. (Je n’aime pas beau­coup ce mot, trop sou­vent chargé de mépris : il y a quelques “prim­i­tifs” qui sont bien plus humains que beau­coup trop de “civil­isés”). Chez ces peu­ples qui vivent le plus sou­vent en très petits regroupe­ments trib­aux de quelques familles, il y a tou­jours un chef, effec­tive­ment. Mais ce chef pos­sède des qual­ités recon­nues par le groupe et sa présence est quelque­fois vitale pour sa survie. Le chef est tou­jours le déten­teur d’un pou­voir lié à un don naturel qui est mis au ser­vice du groupe et qui prof­ite à tous. C’est, soit un chaman, voy­ant, guéris­seur, guide, soit un chas­seur hors pair dont les nom­breuses pris­es sont répar­ties généreuse­ment entre tous. Dans ces petits groupes de chas­seurs-cueilleurs générale­ment nomades qui n’excèdent pas quelques dizaines de per­son­nes, ces chefs, lead­ers naturelle­ment doués, sont des per­son­nal­ités équili­brées, des sages, des mod­estes. Dès que le groupe humain devient plus impor­tant (une et plusieurs cen­taines de per­son­nes), le nomadisme fait place à une séden­tari­sa­tion de plus en plus mar­quée ; alors appa­rais­sent des rival­ités, la recherche du pou­voir pour le pres­tige, l’autoritarisme et les abus de pou­voir, la con­cen­tra­tion et l’accumulation des richess­es et la pro­priété per­son­nelle des ressources vivrières et des moyens de pro­duc­tion. Les lead­ers devi­en­nent hau­tains et imposent leur autorité par tous les moyens, manip­u­la­tions, rap­ports de forces et finale­ment , vio­lences ouvertes. C’est là l’origine de la divi­sion sociale, de la con­sti­tu­tion d’une “élite” qui devient vite une noblesse de sang, car il y a un pou­voir et des richess­es à con­serv­er et à trans­met­tre par voie de filiation.
C’est une rai­son de plus qui jus­ti­fie la petitesse du GC, l’égalité de principe de ses mem­bres et la prise de déci­sion col­lec­tive, inter­dis­ant de fac­to l’émergeance du leader et la com­péti­tion pour le pou­voir. Le chef ne décide plus de tout, tout seul. Le chef fait place au porte-parole, représen­tant des déci­sions pris­es col­lec­tive­ment. L’arrogance fait place à la modestie.
Ensuite, on aura cer­taine­ment recours à l’autre argu­ment clas­sique : l’absence de com­pé­tences du peu­ple. L’argument est plus déli­cat à manip­uler, car il n’est guère flat­teur pour les citoyens. Cet argu­ment sera évidem­ment présen­té en retour­nant sa logique : ces messieurs nous diront qu’il faut beau­coup d’expérience et de grandes com­pé­tences pour faire de la poli­tique et pour gou­vern­er (ce qui con­stitue une occa­sion de plus de flat­ter leur van­ité et de se gar­garis­er dans l’auto-satisfaction).
Les politi­ciens red­outent par-dessus tout les dis­cours qui pren­nent les citoyens à rebrousse-poil. Ils ont bien rai­son : le citoyen n’accepte pas d’être pris pour un con, même s’il sait que le sys­tème fait de lui le din­don de la farce, le cocu mag­nifique et le pigeon de l’affaire. Mais le citoyen est impuis­sant et ne peut que subir un sys­tème pseu­do- démoc­ra­tique sur lequel il n’a aucune prise et, qu’à force de lavage de cerveau, on lui a fait admet­tre comme le sys­tème idéal, impos­si­ble à remet­tre en cause.
Les citoyens doivent com­pren­dre qu’on leur fait pren­dre des vessies pour des lanternes. Quand rechantera-t-on le “ça ira” en rem­plaçant les “aris­to­crates” par les “polit­i­crates” ? Loin de moi l’idée de la “lanterne”. Je me con­tenterais de coups de pied au cul : il y en a des myr­i­ades qui se perdent.
Toc­queville écrivait en 1835 : “Il s’agit bien moins pour les par­ti­sans de la démoc­ra­tie de trou­ver le moyen de faire gou­vern­er le peu­ple, que de faire choisir au peu­ple les plus capa­bles de gou­vern­er.” On ne saurait être plus clair. On s’acharne à faire fonc­tion­ner un sys­tème aber­rant, parce que l’on refuse de “trou­ver le moyen de faire gou­vern­er le peu­ple” alors que ce moyen existe depuis 2500 ans !
Bien sûr ce moyen présente le défaut inex­cus­able et inad­mis­si­ble d’éliminer “l’élite” des “élus” professionnels !
La démoc­ra­tie mod­erne est dev­enue un sys­tème bâtard de pro­mo­tion éli­tiste. La cri­tique marx­iste, plus fondée sur l’économie que sur la poli­tique, divise le peu­ple en exploités et exploiteurs, et le pou­voir est récupéré par une poignée de manip­u­la­teurs oppor­tunistes. Une oli­garchie des “plus capa­bles de gou­vern­er” en rem­place une autre. Il n’y a que le tirage au sort qui per­me­tte d’échapper à cette logique insup­port­able. Mon pro­jet poli­tique, en rompant avec cette logique qui mène tou­jours à la con­fis­ca­tion du pou­voir et à sa con­cen­tra­tion entre quelques mains, pro­pose le seul moyen, authen­tique­ment et orig­inelle­ment démoc­ra­tique, de faire gou­vern­er le peu­ple, tout le peu­ple, et de lui redonner la parole et l’initiative.
Lors du cen­te­naire de la Révo­lu­tion française en 1889, un auteur, T. Fer­neuil, reflé­tait l’opinion com­mune en déclarant que : “ l’ État démoc­ra­tique appelle le gou­verne­ment des meilleurs. L’avenir du gou­verne­ment pop­u­laire est sub­or­don­né à cette con­di­tion expresse que les mass­es démoc­ra­tiques acquer­ront par l’éducation et la pra­tique des insti­tu­tions libres la clair­voy­ance néces­saire pour dis­cern­er dans leurs rangs les élé­ments les plus sains, les plus vivaces et leur con­fér­er le pou­voir.” Juste­ment, aujourd’hui, les “mass­es démoc­ra­tiques” ont suff­isam­ment d’éducation et de clair­voy­ance pour exercer elles-mêmes le pou­voir politique.
Le prob­lème, c’est qu’on ne demande pas au peu­ple ce qu’il veut, mais qui il veut. Du coup, toute la vie poli­tique est ramenée à une lutte pour le pou­voir qui sélec­tionne les “élé­ments” les moins “sains”, les plus per­vers. Ce ne sont pas “les plus capa­bles” de gou­vern­er qui gou­ver­nent, mais les plus retors, les plus acharnés, les plus “vivaces”, dans la lutte pour le pouvoir.
La démoc­ra­tie, née d’une révolte con­tre l’autocratie, l’aristocratie et la plouto­cratie, les engen­dre à son tour par le mau­vais usage de son pro­pre principe. C’est là un cycle dont les Anciens eux-mêmes, dans leur lucid­ité, affir­maient le car­ac­tère inéluctable et qui illus­trait, à leurs yeux le mythe de l’éternel retour.
Mais voilà. Le grand nom­bre fait peur même aux révo­lu­tion­naires les plus rad­i­caux. Le grand nom­bre inquiète et a tou­jours inquiété ceux que n’intéresse que la con­quête du pou­voir. Privé de pou­voir réel, le grand nom­bre du peu­ple a la pos­si­bil­ité et est en droit de remet­tre en ques­tion le pou­voir. Subis­sant les lois de l’économie, il est le fonde­ment de l’économie. Subis­sant le pou­voir politi­cien des “plus capa­bles”, il est l’origine de leur légitim­ité. Con­sid­éré comme “inca­pable”, sans cul­ture suff­isante, le grand nom­bre n’en pense pas moins, désire et rêve con­fusé­ment mais forte­ment. C’est pourquoi les politi­ciens ont inven­té et mis en oeu­vre des moyens de le con­naître, de le manip­uler, de le con­di­tion­ner, de le tenir sous la coupe réglée d’institutions poli­tiques tail­lées sur mesure à leur prof­it et don­nant l’illusion de la démoc­ra­tie. Les règles du jeu ont été conçues pour faire gag­n­er une minorité au détri­ment du plus grand nom­bre. Il ne faut pas se faire d’illusions : on ne chang­era jamais les hommes. Par con­tre, on peut tou­jours chang­er les règles du jeu !
La ques­tion fon­da­men­tale est : la classe poli­tique au pou­voir est-elle “plus capa­ble” que le reste de la pop­u­la­tion d’exercer le pou­voir ? La réponse est non, résol­u­ment et défini­tive­ment non. Les Grecs l’ont prouvé.
On ne compte plus les min­istres nom­més dans des fonc­tions pour lesquelles ils n’ont aucune com­pé­tence par­ti­c­ulière. Lors des remaniements min­istériels, on voit des min­istres échang­er leurs porte­feuilles comme on change de chemise. En quoi sont-ils “plus capa­bles”, en quoi sont-ils les meilleurs ? Les min­istres et autres respon­s­ables poli­tiques ne sont spé­cial­istes que dans le domaine de la langue de bois pour laque­lle je leur recon­nais tous les talents.
Je pré­tends que n’importe quel citoyen, pris au hasard, en ferait autant et prob­a­ble­ment mieux. Il le ferait réelle­ment pour le bien com­mun, pas pour se faire réélire ni pour sat­is­faire des ambi­tions per­son­nelles. Tout le tra­vail est effec­tué au niveau de chaque min­istère par une armée de hauts fonc­tion­naires. Le prin­ci­pal effort d’un min­istre con­siste à appos­er son para­phe au bas de quelques doc­u­ments que d’autres ont pré­paré pour lui. Il peut sign­er n’importe quoi : il n’est respon­s­able de rien puisqu’il n’est pas coupable.
Lorsqu’un ancien ouvri­er devient min­istre de l’économie, puis pre­mier min­istre, la démon­stra­tion est faite que la méri­to­cratie des diplômes ne vaut rien. Mon­sieur Béré­gov­oy a payé très cher cette excep­tion. Les “chiens” dénon­cés par Mit­ter­rand ne fai­saient que leur boulot de jour­nal­istes et jouaient en l’occurrence le rôle de bouc émis­saire. Les vrais “chiens” ce sont les politi­ciens, de droite comme de gauche, Mit­ter­rand le premier.
En Pologne et au Brésil, Lech Vale­sa et Lul­la, ouvri­ers dans l’industrie et syn­di­cal­istes sont devenus présidents.
Les penseurs du marx­isme, les écon­o­mistes et les théoriciens-prati­ciens du cap­i­tal­isme, les philosophes- gourous de l’Éducation Nationale, les tech­nocrates, les plan­i­fi­ca­teurs, les énar­ques, les financiers, les intel­lectuels et tous les autres “experts”, au delà de leurs diver­gences sur des détails, for­ment un bloc béton­né et uni dans une soi-dis­ant objec­tiv­ité, étayée par des références philosophiques ou tech­niques, abscons­es et impéné­tra­bles au com­mun des mor­tels, qui n’ont pour seul but que de tenir à l’écart le citoyen “d’en bas”.
Lorsque la volon­té du citoyen parvient à s’exprimer, elle est con­sid­érée comme un voeu pieux, hélas irréal­is­able, une récla­ma­tion due à l’ignorance d’une quan­tité de fac­teurs défa­vor­ables qui inter­dis­ent, n’est-ce pas, de pren­dre les mesures qui sem­bleraient les plus naturelles. Que faire, face aux impérat­ifs des taux de crois­sance et de chô­mage, à la pres­sion fis­cale, au suren­det­te­ment, à la chute du CAC 40, aux men­aces de dépres­sion, aux taux d’intérêt, aux lim­ites d’élasticité, aux con­traintes budgé­taires, à la dette de l’État, aux délo­cal­i­sa­tions, j’en passe et des meilleures, toutes ces expres­sions bien gouleyantes dans la bouche de nos polit­i­crates. Cette “sci­ence” mag­nifique n’empêche pas les plus mon­u­men­tales con­ner­ies que le bon sens le plus com­mun aurait évitées.
C’est le domaine de l’économie qui impose son dik­tat aux hautes sphères, qui four­nit les plus beaux exem­ples dans l’énormité de la bêtise. Selon son éval­u­a­tion autorisée et for­cé­ment bien­veil­lante (puisqu’il était l’un des leurs) Alfred Sauvy lui-même, esti­mait que les écon­o­mistes se trompent dans leurs pre­scrip­tions sept ou huit fois sur dix ! Ce qui revient à dire qu’il est préférable et moins cat­a­strophique de s’en remet­tre au hasard qui ferait mieux les choses que les plus émi­nents pon­tif­es de l’économie, les écon­o­mistes les plus dis­tin­gués. Voilà un aveu de spé­cial­iste qui amène de l’eau à notre moulin.
Nous sommes ain­si gou­vernés par de pré­ten­dus “experts”, les “plus capa­bles”, certes, pour se tromper, nous tromper, nous men­tir en toute impunité. Com­ment se fait-il que ces soi-dis­ant experts en économie et en poli­tique soient les seuls autorisés à racon­ter les plus invraisem­blables fadais­es tel jour et l’inverse le lende­main ? D’autres experts, médecins, archi­tectes, ingénieurs, ont-ils le priv­ilège de pou­voir se tromper sans ris­quer leur car­rière et la prison ?
À quel niveau de suff­i­sance et d’indécence se situe l’expert ès économie de Mit­ter­rand, Jacques Attali, pour oser déclar­er en ricanant qu’un écon­o­miste : “ c’est celui qui est tou­jours capa­ble d’expliquer le lende­main pourquoi la veille il dis­ait le con­traire de ce qui s’est pro­duit aujourd’hui” ! La for­mule définit aus­si bien les politi­ciens, les escrocs ou les bouffons.
Les som­mets de l’ignominie, de la per­ver­sité, de la bêtise crasse sont atteints par les “experts” du FMI. Créé il y a plus de 50 ans, le FMI, Fonds Moné­taire Inter­na­tion­al, est une organ­i­sa­tion inter­na­tionale dont la mis­sion con­siste à sur­veiller la sta­bil­ité économique et moné­taire de la planète. Il n’avait aucune mis­sion struc­turelle et fonc­tion­nait comme une sorte d’assurance pour les États pour préserv­er la par­ité des mon­naies. Mais à par­tir de 1973, quand le sys­tème moné­taire inter­na­tion­al s’est écroulé et sous la pres­sion des États-Unis, le FMI a imposé un mod­èle économique ultra libéral. Il n’accordait ses prêts qu’à la con­di­tion que les pays débi­teurs enga­gent des réformes cen­sées, selon lui, leur assur­er une crois­sance promise. Résul­tat : le FMI a, de fait, un droit de regard poli­tique sur la ges­tion menée par les dif­férents gou­verne­ments aux­quels il a affaire. Les pom­piers du FMI se trans­for­ment en gen­darmes puis en incen­di­aires. Car partout où le FMI prodigue ses con­seils, ses plans d’austérité et ses prêts à 30% par an, les économies s’effondrent. L’Argentine est le dernier pays ruiné par les “experts” du FMI. Avant ce pays, le Brésil a été acculé à la fail­lite et encore avant, le Mex­ique ; et la Russie, saignée à blanc, et la crise asi­a­tique. Le FMI ruine les pays où il inter­vient. Rares sont ceux qui lui échap­pent : le Botswana ou la Malaisie qui ont refusé son “aide” ont par­faite­ment tiré leur épin­gle du jeu. Grâce au FMI, “ on a trou­vé en bonne poli­tique, le secret de faire mourir de faim ceux qui, en cul­ti­vant la terre, font vivre les autres”. Voltaire avait déjà tout compris.
Le FMI a out­repassé sa mis­sion. Il pré­tend représen­ter 182 pays, ce qui est absol­u­ment faux.
Le FMI est une insti­tu­tion publique, ali­men­tée avec l’argent des con­tribuables du monde entier. Pour­tant, il ne rend de compte ni aux citoyens, ni à ceux dont il détru­it la vie. Le prob­lème, c’est que ce sont les pays les plus rich­es qui mènent le bal, les pays du G8, et dans ce groupe, ce sont les États-Unis qui diri­gent tout : c’est le seul pays à pos­séder un droit de veto ! Le FMI fonc­tionne en réal­ité comme une société anonyme : plus ses mem­bres appor­tent du finance­ment, plus ils ont de voix et peu­vent peser sur les déci­sions. Le FMI est devenu une suc­cur­sale du départe­ment du Tré­sor des États-Unis et il sert les intérêts de la poli­tique étrangère des États-Unis et des financiers de Wall Street. Son fonc­tion­nement bafoue les règles les plus élé­men­taires de la démoc­ra­tie. Le plus sou­vent, le FMI four­nit des fonds aux États pour rem­bours­er les créanciers occi­den­taux, ce qui per­met de sauver de la fail­lite les grandes ban­ques européennes et améri­caines. La stratégie du FMI et du Tré­sor améri­cain con­siste à ruin­er tous les pays n’appartenant pas au G8 pour pro­téger les intérêts de la grande finance, laque­lle four­nit les dirigeants du FMI, de la Banque Mon­di­ale et du Tré­sor des États-Unis. Ces gens-là ne voient le monde qu’à tra­vers les lunettes de la grande finance. C’est pourquoi les intérêts financiers et com­mer­ci­aux écrasent les droits humains les plus élé­men­taires, foulent au pied la démoc­ra­tie, piéti­nent tout souci de l’environnement.
Une chose est sûre : des cinglés mènent le monde… droit dans le mur. Ils sont respon­s­ables tous les ans de mil­lions de morts et de souf­frances innom­brables par famines, mal­adies, con­flits de toutes sortes, mis­ères sans fin. Ces gens-là se dis­ent experts ès économie, ce ne sont que des experts ès ter­ror­isme plané­taire. Enfer­més dans leur bulle men­tale, ils n’ont pas la moin­dre con­science de leurs crimes et de leurs responsabilités.
La “sci­ence” des “experts” a son domaine qui n’est pas celui du juge­ment poli­tique. Les oli­gar­ques, qu’ils soient prési­dent de la république, min­istre, député ou haut fonc­tion­naire, n’ont pas un juge­ment plus sci­en­tifique que celui du citoyen “d’en bas”. Sur les bases d’un dossier sci­en­tifique ou tech­nique, une déci­sion, un choix poli­tique relève tou­jours de la rai­son et du plus sim­ple bon sens. L’ennui pour cer­tains, c’est que le bon sens s’oppose trop sou­vent au sens du prof­it à n’importe quel prix. Celui qui a con­sisté, par exem­ple, à aller jusqu’à incor­por­er aux farines ani­males des déchets hos­pi­tal­iers humains et à nous faire avaler “ça” pour de bon ! Celui qui con­siste à vouloir nous forcer à avaler des OGM. Si vous lais­sez à des souris le choix entre du maïs OGM et du maïs nor­mal, les souris ne man­gent que ce dernier et se détour­nent sans hésiter du maïs OGM. Les souris ont hélas man­i­feste­ment plus d’intelligence et de sagesse que cer­tains prix Nobel ! J’ai, pour ma part, plus con­fi­ance dans le bon sens instinc­tif d’une mod­este souris que dans les démon­stra­tions pédan­tesques et pré­tendû­ment sci­en­tifiques d’une clique déli­rante d’apprentis sor­ciers payés par Mon­san­to ou par l’INRA.
Il n’a jamais été prou­vé ou démon­tré que les rois, les min­istres, les députés, les énar­ques, les sci­en­tifiques et soi-dis­ant “experts”, sont mieux pourvus en bon sens que le sim­ple citoyen.
Le bon sens et l’intelligence n’appartiennent pas qu’aux seuls oli­gar­ques. Les diplômes ne don­nent même pas la garantie que leurs déten­teurs pos­sè­dent l’intelligence sim­ple­ment men­tale, le bon sens le plus élé­men­taire. Quant à l’intelligence la plus pré­cieuse, l’intelligence du coeur, celle qu’il est impos­si­ble de trou­ver chez les per­vers, aucun diplôme ne la recon­naî­tra jamais ! Elle est pour­tant le signe cer­tain d’une supéri­or­ité spir­ituelle de l’être humain. Le tirage au sort aurait le mérite de don­ner plus sou­vent la parole à ces per­son­nes, au plus grand béné­fice de tous. Car le sys­tème des élec­tions au suf­frage uni­versel écarte imman­quable­ment de la poli­tique (dans son sens le plus noble) ces per­son­nes authen­tique­ment généreuses et désintéressées.
Il est par con­tre cer­tain que chaque indi­vidu est plus préoc­cupé de ses pro­pres intérêts que de ceux des autres, par con­séquent le peu­ple tout entier doit con­duire lui-même ses pro­pres affaires, plutôt que de s’en remet­tre aux soins intéressés d’une minorité qui l’escroque.
Les déci­sions poli­tiques, dans une vraie démoc­ra­tie, n’incombent pas aux pré­ten­dus experts mais doivent appartenir à ceux qu’elles con­cer­nent, c’est-à-dire à tous les citoyens sans excep­tion. Ce principe évi­dent était pra­tiqué et appliqué con­stam­ment par les Athéniens. Pour Hansen : “Tous les citoyens étaient cen­sés pren­dre part, s’ils le voulaient, à la marche de l’État, mais tou­jours en ama­teurs (…) : pro­fes­sion­nal­isme et démoc­ra­tie étaient tenus pour fon­da­men­tale­ment con­tra­dic­toires.” (La démoc­ra­tie athéni­enne à l’époque de Démosthène). Les Grecs ont tou­jours voulu “ n’être, au mieux, gou­vernés par per­son­ne, ou sinon de l’être à tour de rôle” (Aris­tote).
Cer­tains m’accuseront d’être un dém­a­gogue. Un dém­a­gogue flat­te le peu­ple pour gag­n­er sa faveur et obtenir le pou­voir. Le sys­tème que je pro­pose est le remède défini­tif de la dém­a­gogie, il élim­ine toute pos­si­bil­ité de manip­u­la­tion. Il faut être totale­ment dés­in­téressé (et je crois l’être assez) pour pro­pos­er un sys­tème qui inter­dit le car­riérisme de quelques-uns et restitue le pou­voir de décider à tous. Je n’ai aucune ambi­tion poli­tique si ce n’est celle de restau­r­er la vraie démoc­ra­tie et de ren­dre le pou­voir au peuple-citoyen.
D’autres m’accuseront d’être l’initiateur d’un nou­veau pou­jadisme. Si le pou­jadisme a con­sisté à dénon­cer une “élite”, à met­tre en avant un bon sens qui ne s’appuyait sur aucune phraséolo­gie, alors je revendique l’étiquette. À ce compte, Alain était pou­jadiste et Voltaire tout autant. Rabelais était le Pou­jade de la Sor­bonne, puis Descartes à la suite et New­ton à l’égard des physi­ciens de son temps. Ce dernier, un jour qu’on lui demandait s’il avait lu plusieurs traités dont il ne se sou­ci­ait guère, répon­dit : “Si j’avais lu autant que vous, je serais devenu aus­si igno­rant que vous.” Quant à Rousseau, son pou­jadisme est bien plus rad­i­cal encore : “J’ai cher­ché la vérité dans les livres ; je n’y ai trou­vé que le men­songe et l’erreur. J’ai con­sulté les auteurs ; je n’ai trou­vé que des char­la­tans…” Rousseau affirme que les braves gens, peu soucieux d’intellectualisme et dépourvus de vocab­u­laire savant, “n’en sont que plus pro­pres à saisir le vrai dans toute sa sim­plic­ité”. Il leur trou­ve autant d’esprit et plus de bon sens que dans les hautes sphères de la société. Pour Rousseau, la com­pé­tence des experts se mesure à leur apti­tude à jeter de la poudre aux yeux. De la philoso­phie, il pense que le jar­gon n’a jamais fait décou­vrir la moin­dre vérité, générant au con­traire une quan­tité “d’absurdités dont on a honte sitôt qu’on les dépouille de leurs grands mots.”
Mais depuis le dix-huitième siè­cle, la pro­duc­tion ver­bale est passée du stade arti­sanal à celui de l’industrie lourde et les moulins à paroles sont rem­placés par des com­plex­es ver­beux d’exploitation avancée de l’énergie éolienne…
Évidem­ment, les dirigeants des par­tis poli­tiques clas­siques avaient quelques bonnes raisons de com­bat­tre le mou­ve­ment pou­jadiste : il leur fai­sait une con­cur­rence gênante et leur tail­lait des croupières. Il ne faut pas s’étonner de l’hostilité indignée des cho­chottes de la classe politi­ci­enne de droite comme de gauche. Com­ment de sim­ples citoyens, sans titres ni diplômes, pou­vaient-ils oser dénon­cer crû­ment et sans ambages leur bêtise et leur incompétence ?
Ce qui me sépare rad­i­cale­ment des pou­jadistes, c’est qu’ils n’hésitaient pas à recourir au plas­ticage des per­cep­tions. La vio­lence ne résout rien. Les prob­lèmes ne sont réso­lus que par des idées qui devi­en­nent de bonnes idées lorsqu’elles ont mon­tré leur effi­cac­ité. L’idée que je me fais de la démoc­ra­tie était déjà une bonne idée du temps des Grecs de l’Antiquité. Il n’y a aucune rai­son qu’elle ne soit plus une bonne idée aujourd’hui. Et une bonne idée vaut mieux que tous les explosifs du monde, pour faire vol­er en éclats la caste politi­ci­enne des escrocs du pou­voir. Il est pos­si­ble, j’en suis sûr, de pren­dre la nou­velle Bastille que con­stitue cette intel­li­gentsia nomen­kla­turesque et faire place nette en douceur.
D’autres objections ?
Les pes­simistes con­sid­èrent que le domaine poli­tique n’intéresse plus per­son­ne. L’opinion publique n’a que du mépris pour les politi­ciens. Les absten­tion­nistes devi­en­nent les vrais vain­queurs dans toutes les élections.
Certes. Mais si les citoyens se détour­nent de la poli­tique, n’est-ce pas juste­ment parce qu’ils se sen­tent exclus d’un sys­tème extra­or­di­naire­ment fer­mé, seule­ment acces­si­ble aux plus ambitieux, aux plus per­vers ? Un sys­tème qui organ­ise une com­péti­tion imbé­cile à laque­lle ils n’auront jamais accès, stricte­ment réservé à une pseu­do-élite de requins ?
Je suis sûr qu’en changeant les règles du jeu de la poli­tique, en rem­plaçant la com­péti­tion absurde des élec­tions par un tirage au sort qui implique tous les citoyens sans excep­tion et leur ouvre en grand toutes les portes, cela créera un énorme appel d’air et un engoue­ment pour la poli­tique comme il n’y en a jamais eu. Tous les citoyens ne s’y impli­queront pas active­ment. Une minorité le fera. Mais cette minorité là sera une énorme masse pop­u­laire qui ne souf­frira pas la com­para­i­son avec la micro­scopique minorité des politi­ciens pro­fes­sion­nels qui squat­tent sans ver­gogne les allées dorées du pou­voir et s’y incrustent.
Les mêmes pes­simistes nous objectent que le seul moyen d’attirer les citoyens vers la poli­tique, c’est la course au pou­voir par la com­péti­tion élec­torale. Pour eux, en démoc­ra­tie, il n’y a pas d’autre carotte pos­si­ble pour faire avancer l’âne, c’est-à-dire le peu­ple. Sinon, la dic­tature vous impose le seul bâton.
Dis­cours éculé. Si l’on suit ce raison­nement méprisant pour l’âne (dont on con­naît la rus­tic­ité et l’intelligence et qui sait par­faite­ment se nour­rir sur les plus mau­vais pâturages), hors la course au pou­voir et au fric, point de salut ! Leur carotte n’est donc con­sti­tuée que par des valeurs néga­tives d’ambition, d’égoïsme, de nar­cis­sisme, de per­ver­sion, généra­tri­ces de toutes sortes de vio­lences, de men­songes, d’escroqueries. Cette “démoc­ra­tie” doit-elle s’astreindre à sup­port­er de pareilles “valeurs” qui ne sont que les pires des défauts, des vices, des aberrations ?
Ce n’est pas la démoc­ra­tie selon mes voeux et celle qu’attendent les citoyens. Il faut un change­ment rad­i­cal, une inver­sion com­plète des valeurs. Je ne peux accepter une démoc­ra­tie que si elle est fondée sur des valeurs pos­i­tives : l’altruisme, la générosité, le dés­in­téresse­ment, la vérité, la trans­parence, la fra­ter­nité. Seul, le principe d’égalité fondé sur le tirage au sort des représen­tants, rend pos­si­ble l’accès à une vraie démoc­ra­tie selon le coeur et la rai­son. Je suis per­suadé que les valeurs de cette vraie démoc­ra­tie, valeurs pleine­ment pos­i­tives, sont une carotte encore plus attrac­tive. Si je me trompe, alors il n’y a plus d’espoir pos­si­ble : l’avenir est bien som­bre. Il ne resterait plus qu’à souhaiter que l’attrait de l’argent suff­ise à mobilis­er les citoyens. Les indem­nités touchées par les élus (et autres avan­tages) devraient nor­male­ment motiv­er une foule de plus en plus nom­breuse d’exclus, chômeurs, RMIstes et trop bronzés qui seraient drôle­ment heureux de prof­iter d’un coup de pouce financier prov­i­den­tiel. Ces émol­u­ments, indis­pens­ables, ne seront pas déter­mi­nants : il y a dans ce pays des mass­es de bénév­oles qui s’investissent corps et âme dans toutes sortes d’activités, y com­pris dans le sys­tème politi­cien actuel, pour­ri et mafieux. Pourquoi pas dans un sys­tème poli­tique rénové et pro­pre qui n’en serait qu’encore plus attractif ?

Chapitre VII : la stratégie

“Quand les peu­ples cessent d’estimer, ils cessent d’obéir”.
Rivarol

Il faut bien sûr, en toute pri­or­ité, faire con­naitre ce pro­jet poli­tique au plus grand nom­bre. C’est l’objectif pre­mier de cet ouvrage. L’éditeur sera-t-il relayé par les médias ? C’est loin d’être sûr : l’auto-censure des médias est prob­a­ble. Si le lecteur est con­va­in­cu par mes pro­pos, le bouche à oreille peut suf­fire. Dès lors, il est pos­si­ble d’envisager de suiv­re deux pistes, dans la plus stricte légalité.
La pre­mière voie : c’est l’utilisation des insti­tu­tions et du sys­tème poli­tique tel qu’il existe.
Un nou­veau par­ti poli­tique peut être créé de toutes pièces et présen­ter des can­di­dats à toutes les élec­tions. Son pro­gramme serait ni plus, ni moins, que le change­ment de con­sti­tu­tion et de république, la réu­nion d’une Assem­blée Con­sti­tu­ante et le rem­place­ment de la vota­tion et du suf­frage uni­versel par le tirage au sort et le sys­tème des groupes-citoyens. Ce par­ti poli­tique, une fois l’objectif atteint, n’aurait plus de raisons d’être et se dissoudrait.
La caste politi­ci­enne, qui ne représente qu’elle-même, est ultra minori­taire. Même si elle dis­pose d’énormes moyens (l’appareil d’État, l’argent, les médias…) pour manip­uler l’opinion publique, les oli­gar­ques sont con­damnés à dis­paraître par la ver­tu du tirage au sort. Para­doxale­ment, c’est le suf­frage uni­versel qui se retourn­era con­tre eux. La droite est restée au pou­voir jusqu’en 1981, en mon­trant du doigt les com­mu­nistes et en agi­tant, à chaque élec­tion, l’épouvantail des “rouges”. Ils utilis­eront le même ressort de la peur, les mêmes argu­ments éculés, les mêmes slo­gans dépassés, faciles à prédire : “Une aven­ture folle qui mèn­era au chaos ou à la chien­lit”, qui “don­nera le pou­voir à de nou­veaux bolcheviks”, “ une utopie pou­jadiste qui ruin­era la France et les Français”, etc. J’imagine pos­si­ble une coali­tion de droite regroupant l’UMP, l’UDF, le PS, le PC et quelques autres sous la ban­nière de la Défense de la Démoc­ra­tie et du (si pré­cieux) Suf­frage Uni­versel con­tre le nou­veau par­ti poli­tique qui s’appellera “Mou­ve­ment des Citoyens pour la Vraie Démoc­ra­tie”, et qui de fac­to, occu­pera la place de la gauche actuelle. Pour­tant sa place réelle ne peut se situer nulle part, puisqu’il est en dehors de la norme politi­ci­enne, qu’il nie toute appar­te­nance politi­ci­enne. Sa force provient du peu­ple-citoyen tout entier, sans dis­tinc­tion d’appartenance poli­tique ou sociale : le cadre poli­tique tra­di­tion­nel vole en éclats, sa logique n’a plus de raisons d’être. Son con­trat poli­tique ne porterait plus sur des pro­grammes et sur des dis­cours creux, mais sur le change­ment des règles du jeu, la reval­ori­sa­tion du rôle poli­tique de chaque citoyen, de tous les citoyens, la resti­tu­tion de la parole et de l’initiative aux citoyens : c’est un change­ment com­plet du référen­tiel poli­tique et du con­sen­sus institutionnel.
Cette démarche de créa­tion d’un nou­veau par­ti poli­tique est un com­pro­mis avec un sys­tème que je con­damne, et elle me répugne. Elle est néam­moins indis­pens­able car l’on ne peut pas se priv­er de ce moyen d’action. Le but est claire­ment défi­ni : pren­dre légale­ment le con­trôle du pou­voir poli­tique actuel pour met­tre en place une réforme des insti­tu­tions qui rende le pou­voir poli­tique aux citoyens sur la seule base démoc­ra­tique accept­able : celle du tirage au sort et du groupe-citoyen.
Les mem­bres de ce nou­veau par­ti poli­tique n’auront pas à se ral­li­er à un sys­tème philosophique, économique ou social par­ti­c­uli­er, mais à un pro­jet de renou­velle­ment et de réforme de la démoc­ra­tie fondée sur le tirage au sort et les groupes-citoyens. Ses mil­i­tants s’engageront pour la mise en place d’institutions démoc­ra­tiques nou­velles et non pas envers un quel­conque nou­veau par­ti poli­tique. Ce nou­veau mou­ve­ment doit intéress­er toutes les com­posantes de la société, sauf les “élites” dom­i­nantes, l’oligarchie au pou­voir, qui opposera une résis­tance farouche. Il faut d’emblée prévoir qu’elle n’hésitera pas à utilis­er tous les moyens légaux et illé­gaux pour con­tr­er le Mou­ve­ment. Il faut donc que ce dernier recrute ses mil­i­tants le plus large­ment pos­si­ble : activistes alter­mon­di­al­istes, rad­i­caux de gauche, ouvri­ers et employés qui votaient com­mu­niste et que l’on retrou­ve chez Le Pen, écol­o­gistes déçus par les querelles intestines chroniques des Verts, lib­er­taires, fémin­istes, chômeurs, RMistes, smi­cards et pré­caires, tous les citoyens des class­es moyennes vic­times de l’économie de marché mon­di­al­iste et de la pseu­do-poli­tique des États, etc.
“Qui va chang­er le monde ? Ceux à qui il ne plaît pas !” (Bertold Brecht). Mais ten­ter d’améliorer le monde représente tou­jours une men­ace pour le pou­voir en place qui réa­gi­ra d’autant plus vio­lem­ment qu’il se sen­ti­ra en dan­ger. Car les “grandes” réformes d’un Raf­farin ne changent rigoureuse­ment rien au train-train des mafias du pou­voir. Mieux, elles l’entretiennent et les per­pétuent : en aucun cas ces soi-dis­ant réformes ne s’attaquent aux vrais prob­lèmes et à leurs caus­es profondes.
Le Mou­ve­ment lut­tera con­tre la classe politi­ci­enne et le sys­tème des élec­tions au suf­frage uni­versel, con­tre les excès du cap­i­tal­isme mon­di­al­iste, pour le respect de la vie et de la dig­nité humaines et la préser­va­tion des ressources naturelles. Il n’est plus pos­si­ble aujourd’hui de se préoc­cu­per de soi égoïste­ment, au niveau des indi­vidus comme à celui des États. Nous sommes tous con­cernés par le devenir com­mun, à l’échelle de la planète : là se trou­ve le vrai sens de la mon­di­al­i­sa­tion, celui d’une morale collective.
La deux­ième voie : c’est la mise en place spon­tanée, à la seule ini­tia­tive des citoyens “d’en bas”, des groupes-citoyens de base.
S’il existe dans ce pays un seul citoyen sur dix assez motivé et révolté con­tre le sys­tème actuel pour taper à la porte de ses voisins et les con­va­in­cre de par­ticiper à un groupe-citoyen, la par­tie est déjà gag­née. Cela relève d’une prise de con­science des indi­vidus qu’il est pos­si­ble et réal­iste de chang­er sim­ple­ment la règle du jeu, et d’intervenir per­son­nelle­ment et directe­ment dans sa mise en place et dans son fonc­tion­nement. La con­sti­tu­tion de groupes-citoyens en toute autonomie, en nom­bre suff­isant et sur plusieurs niveaux de représen­ta­tion, fera porter son poids de légitim­ité poli­tique incon­testable sur les représen­ta­tions légales issues du suf­frage uni­versel et les met­tront de fait, dans une sit­u­a­tion incon­fort­able, en porte-à-faux avec les citoyens. Ceux-ci devront faire un choix entre leur rôle pas­sif d’électeur et un rôle act­if dans un groupe-citoyen. Le choix ne devrait pas être cornélien.
Ain­si, dans une com­mune par exem­ple, les deux straté­gies peu­vent con­courir en par­al­lèle. Des groupes-citoyens peu­vent se créer locale­ment et désign­er leurs can­di­dats pour une liste munic­i­pale. De cette manière on con­tourne, on court-cir­cuite les par­tis poli­tiques et on se débar­rasse des nota­bles et des roitelets locaux dont cer­tains sont maires … de père en fils !
Évidem­ment, la ren­con­tre entre les deux voies peut se faire naturelle­ment avec une inter­ac­tion béné­fique : la créa­tion spon­tanée de groupes-citoyens peut ali­menter les effec­tifs mil­i­tants du nou­veau par­ti poli­tique et la créa­tion de ce dernier peut stim­uler celle des groupes-citoyens et y trou­ver les sou­tiens néces­saires à son action dans le monde “d’en haut”.

Chapitre VIII : avant de conclure

“Il ne faut pas con­fon­dre indi­vid­u­al­ité et per­son­nal­ité. En cher­chant à se sépar­er le plus pos­si­ble des autres, l’élément s’individualise; mais, ce faisant, il retombe et cherche à entraîn­er le monde en arrière… Pour être pleine­ment nous-mêmes, c’est dans le sens d’une con­ver­gence avec tout le reste, c’est vers l’Autre qu’il nous faut avancer. Le bout de nous mêmes, le comble de notre orig­i­nal­ité, ce n’est pas notre indi­vid­u­al­ité, c’est notre per­son­ne; et celle-ci, de par la struc­ture évo­lu­tive du monde, nous ne pou­vons la trou­ver qu’en nous unissant.”
Pierre Teil­hard de Chardin

“Rien d’important et de durable ne peut être réal­isé sans l’appui du populaire.”
Sénèque

Les hommes ont tou­jours don­né aux activ­ités économiques un objec­tif qui dépas­sait la seule sat­is­fac­tion des besoins matériels.
Dans l’Antiquité, l’ordre de la cité et le respect des divinités pri­maient. Au Moyen-âge, la pres­sion de l’Église sur le salut des âmes impo­sait des règles de con­duite. Plus tard, les phys­iocrates inté­graient une morale dans les activ­ités économiques avec des notions de juste prix, de juste salaire et de cri­tique des taux d’intérêts usuraires.
Mais l’application des math­é­ma­tiques à l’analyse économique depuis Léon Wal­ras (1834–1910), a réduit l’homme à un sim­ple rouage dans une con­cep­tion mécan­iste et matéri­al­iste. Évidem­ment cette con­cep­tion ne marche pas parce que les hommes ne sont pas des machines. Ils ont une lib­erté et des reven­di­ca­tions à faire val­oir. On sort du champ de l’économie pour entr­er dans celui des valeurs. Pro­duire plus, pourquoi et au béné­fice de qui ? Pro­duire une human­ité obèse et malade chez les rich­es alors qu’un mil­liard de per­son­nes crèvent de faim ? Détru­ire les ressources lim­itées d’une planète que l’on épuise au détri­ment des généra­tions futures ?
La cat­a­stro­phe, c’est que cette con­cep­tion mécan­iste erronée est imposée à tous par une poignée de décideurs irre­spon­s­ables qui cherchent le prof­it immé­di­at, dictent la con­duite de la poli­tique de gou­verne­ments fan­toches et cor­rom­pus et vident la démoc­ra­tie de sa substance.
Il est plus qu’urgent, cela devient une ques­tion de survie, de remet­tre la dimen­sion et les final­ités humaines au coeur de l’économie. L’économie devrait être un moyen et non pas une fin.
Il est peu vraisem­blable que la morale puisse tri­om­pher de l’économie car les activ­ités économiques devi­en­nent trop sou­vent une fin en soi pour trop d’acteurs économiques. Par con­tre, il est pos­si­ble de chang­er les règles du jeu économique. Mais cela ne peut se faire que par une remise en ques­tion du pou­voir économique par le pou­voir poli­tique, seul sus­cep­ti­ble d’imposer de nou­velles règles du jeu, de nou­velles lois.
Le sys­tème poli­tique actuel est assis sur une branche pour­rie qu’il est bien inca­pable de couper. En fait, c’est l’arbre de la société toute entière qui est pour­ri jusque dans ses racines. Il faut le faire tomber et replanter un arbre dif­férent sur des racines nou­velles : celles d’un ordre poli­tique rad­i­cale­ment dif­férent et nou­veau. Un ordre poli­tique qui rende à chaque citoyen sa place poli­tique dans une société plus égal­i­taire et plus juste. Il faut en finir avec la dic­tature des multi­na­tionales, la logique finan­cière des action­naires et du grand patronat. Leurs prof­its sont de plus en plus con­sti­tués par une véri­ta­ble vam­piri­sa­tion des autres revenus : ceux des salariés, des retraités, de la pro­tec­tion sociale. Pour les vam­pires de la finance, il y a tou­jours trop de masse salar­i­ale, trop de pro­tec­tion sociale, trop d’impôts, trop de retraités.
L’économie de marché est fondée sur le droit de pro­priété et sur le pou­voir qu’il con­fère à son déten­teur. Cepen­dant, la pro­priété n’est pas la même chose que le pou­voir de déci­sion. Telle entre­prise, locale ou multi­na­tionale en société anonyme, peut voir sa pro­priété détenue à 60 ou 80 % par des petits action­naires. Mais le pou­voir réel sera détenu par un ou plusieurs gros action­naires pour­tant large­ment minori­taires parce que les règles juridiques organ­isant les S.A. per­me­t­tent la con­cen­tra­tion du pou­voir effec­tif entre les mains des plus gros cap­i­tal­istes, notam­ment grâce au sys­tème des man­dataires. Sou­vent les admin­is­tra­teurs de ces sociétés qui cumu­lent tout le pou­voir de déci­sion, ne pos­sè­dent que quelques pour cent des actions. C’est un sys­tème juridi­co-économique par­faite­ment injuste et illégitime : les droits des pro­prié­taires ne sont même pas respec­tés. C’est en fait un sys­tème tyran­nique, dic­ta­to­r­i­al, une escro­querie juridique de cap­ta­tion et de détourne­ment du pou­voir au détri­ment de la majorité des pro­prié­taires-action­naires et des salariés de l’entreprise qui devraient eux aus­si avoir leur mot à dire dans le fonc­tion­nement et la stratégie de l’entreprise. On com­prend bien qu’il est impos­si­ble de chang­er quoi que ce soit dans ces règles du jeu économiques sans chang­er d’abord celles qui con­cer­nent le jeu pure­ment politique.
Ain­si, le pou­voir économique mon­strueux des multi­na­tionales n’est plus dépen­dant de la pro­priété de l’entreprise : il est directe­ment dépen­dant du fonc­tion­nement poli­tique du corps social et la pseu­do-démoc­ra­tie actuelle devient son faire-val­oir, son valet, et les politi­ciens faciles à cor­rompre, ses servi­teurs zélés.
Ce n’est qu’en com­mençant par chang­er les règles du jeu poli­tique que l’on pour­ra ensuite chang­er les règles du jeu économique. Il n’est pas pos­si­ble de procéder autrement.
Au colo­nial­isme et à l’impérialisme évi­dents des États sur des empires et des pays aux fron­tières bien définies, s’est insi­dieuse­ment sub­sti­tué ou rajouté le colo­nial­isme et l’impérialisme nou­veaux des grandes entre­pris­es multi­na­tionales qui implantent leurs suc­cur­sales sur toute la planète. Au nom du marché libre, de la libre con­cur­rence, de la mon­di­al­i­sa­tion, ces multi­na­tionales imposent leurs con­di­tions, dictent leurs lois. La dic­tature des marchés, le con­trôle et la manip­u­la­tion des médias, détru­isent insi­dieuse­ment les fonde­ments cul­turels et poli­tiques de nos sociétés “démoc­ra­tiques” par la déshu­man­i­sa­tion et la dis­lo­ca­tion des liens soci­aux, la soumis­sion et la cor­rup­tion des politi­ciens pro­fes­sion­nels. Les démoc­ra­ties sont tombées sous la coupe réglée des multi­na­tionales et de la grande finance. Elles n’ont même plus besoin de faire jouer leurs lob­bies : elles se sont payé les gou­verne­ments, ouverte­ment. Les mem­bres du gou­verne­ment Bush vien­nent tous de l’industrie pétrolière et le min­istre de l’agriculture vient de Mon­san­to. En Ital­ie, le “cav­a­liere” a fait main basse sur la république et se con­cocte des lois sur mesure. Chez nous, le Medef gou­verne indi­recte­ment avec tout un gou­verne­ment à sa botte.

Quant à l’Europe, son fonc­tion­nement bureau­cra­tique et tech­nocra­tique la posi­tionne à des années-lumière des citoyens. Heureuse­ment, le pro­jet gis­car­di­en de con­sti­tu­tion qui voulait pétri­fi­er dans le mar­bre insti­tu­tion­nel les valeurs per­vers­es du néolibéral­isme et de la pseu­do-démoc­ra­tie, a été rejeté par une large majorité de citoyens français et hol­landais. Mais ils n’ont pas aban­don­né et ils revien­dront à la charge. Il faut leur oppos­er le seul pro­jet qui puisse tenir le choc : celui de la vraie démocratie.

Ce que l’on appelle aujourd’hui la mon­di­al­i­sa­tion, n’est pas un phénomène nou­veau, ni récent.
His­torique­ment, il est pos­si­ble de dater son “démar­rage” : par exem­ple en 1492, avec la décou­verte de l’Amérique par Christophe Colomb ou en 1522 avec le tour du monde de Mag­el­lan. La mon­di­al­i­sa­tion économique pour­rait débuter avec les empires et les colo­nial­ismes ibériques, bri­tan­niques, français ou hol­landais et la créa­tion des com­pag­nies des Indes Ori­en­tales anglaise (1600), hol­landaise (1602), française (1664), relayés plus tard par l’impérialisme des USA. (cf. annex­es 1 et 2).
Mais la mon­di­al­i­sa­tion, c’est aus­si un phénomène de prise de con­science col­lec­tive des lim­ites de la planète et des liens et inter­ac­tions entre ses habi­tants. La date charnière pour­rait bien être 1968–1969. La révolte mon­di­ale des étu­di­ants et le pre­mier homme sur la lune avec l’image si forte de la planète bleue vue de notre satel­lite. Un vrai choc. La terre est une planète lim­itée, finie. Nous sommes con­damnés à nous enten­dre ou à nous autodétruire.
L’échec d’une demande de renou­veau, plus ou moins bien exprimée dans les événe­ments de mai 68, c’est d’abord l’incapacité à repenser le prob­lème des struc­tures poli­tiques sur des principes com­plète­ment dif­férents. Les lead­ers étu­di­ants de l’époque étaient inca­pables de pro­pos­er autre chose qu’une resucée des idées de leurs aînés : maoïsme, marx­isme-lénin­isme, trot­skisme et autres gauchismes que l’Histoire avait déjà con­damnés. Par la suite, la généra­tion des soix­ante-huitards s’est par­faite­ment embour­geoisée et elle a sa part de respon­s­abil­ité dans le chaos économique et social actuel. L’arrivée de la gauche au pou­voir en 1981, tant atten­due, n’a évidem­ment rien changé de fon­da­men­tal, ou des broutilles, à la rigueur.
Où les esprits étroits aux vieilles idées bien incrustées ne voient que l’intérêt nation­al, la con­quête du par­ti et du pou­voir, les races et les économies opposant leurs intérêts respec­tifs les uns aux autres, les esprits libres, libérés du joug du poli­tique­ment cor­rect, de la langue de bois et de la dic­tature de la cul­ture con­formiste et de l’éducation de papa, ne voient que des êtres humains qui veu­lent retrou­ver des raisons de vivre ensem­ble, en har­monie, avec eux-mêmes, entre eux et avec la nature. Le vingtième siè­cle a vu une évo­lu­tion prodigieuse dans tous les domaines. Sauf dans la poli­tique. Il n’y a pas que le mam­mouth de l’Éducation Nationale qu’il faut “dégraiss­er” : les diplodocus polit­i­cra­tus sont prioritaires !
C’est bien pourquoi il ne suf­fit pas de s’attaquer au dis­cours vide des politi­ciens pro­fes­sion­nels, indexé sur celui de l’idéologie écon­o­miste. Il faut s’en débar­rass­er. Avec le mod­èle que je pro­pose. Et ne pas compter sur une gauche politi­ci­enne qui s’est lais­sée con­t­a­min­er par la pen­sée ultra- libérale, qui n’a plus de doc­trine pro­pre et qui n’est plus por­teuse d’espérance et de renou­veau. Avec l’exemple cat­a­strophique d’un Jospin, sim­ple ges­tion­naire du quo­ti­di­en, ral­lié à la “realpoli­tik”, oubliant de faire les réformes de fond et lais­sant ce soin à ses suc­cesseurs, une droite rad­i­cale et revan­charde qui n’a pour autre objec­tif que de s’aligner sur l’ultra-libéralisme inau­guré par les années Rea­gan-Thatch­er. Les “réformes” de Chirac-Raf­farin ne sont évidem­ment pas celles qu’attendent la plu­part des citoyens de ce pays. Celles de Villepin-Sarkozy sont du même ton­neau. Elles sont faites pour les priv­ilégiés de la grande finance et du grand patronat. Pour soumet­tre le pays à la dic­tature cap­i­tal­iste et mon­di­al­iste de l’oncle Sam. Ce ne sont pas des hommes poli­tiques, mais des mar­i­on­nettes, des larbins du fric.
La gauche a échoué et elle con­tin­uera d’échouer parce que les forces “pro­gres­sistes” fonc­tion­nent suiv­ant des mod­èles truqués et per­vers qu’elles sont inca­pables de voir et de dénon­cer. Les forces de gauche ont accep­té le jeu politi­cien et les élec­tions de la pseu­do-démoc­ra­tie. Parce que les esprits de gauche n’ont pas com­pris à quel point ils sont con­di­tion­nés, défor­més et soumis à un mode de pen­sée per­vers, à une cul­ture oli­garchique qui a imposé insi­dieuse­ment ses règles du jeu fre­latées, sa con­sti­tu­tion, ses élec­tions, sa com­péti­tion pour le pou­voir, son pseu­do-élitisme, sa société de con­som­ma­tion, son mythe de la crois­sance, son lavage de cerveaux télévi­suel, etc.
Il faut pren­dre con­science que nos men­tal­ités, nos sen­ti­ments, nos pen­sées et nos actions sont des fab­ri­ca­tions d’un sys­tème cul­turel, social, poli­tique, économique, qui les a totale­ment for­matés et con­di­tion­nés. La super­struc­ture poli­tique insti­tu­tion­nelle induit des mod­èles de com­porte­ments et de pen­sées qui con­di­tion­nent les indi­vidus et les citoyens. Pour libér­er les citoyens de cette emprise men­tale, il faut néces­saire­ment détru­ire ce con­di­tion­nement à la source, c’est-à-dire détru­ire la super­struc­ture pseu­do-démoc­ra­tique et le mythe per­vers des élec­tions au suf­frage universel.
Si nous voulons trans­former la société d’une façon pro­fonde et déci­sive, la ren­dre plus juste et plus humaine, ce ne peut être que par un change­ment rad­i­cal de référen­tiel, le référen­tiel déter­mi­nant étant le référen­tiel poli­tique. Le talon d’Achille du sys­tème con­siste en ses règles du jeu poli­tique, con­den­sées sur le point focal des quelques lignes de la sacro­sainte “con­sti­tu­tion”. Il est pos­si­ble de court-cir­cuiter le sys­tème avec de nou­velles règles du jeu, telles que je les ai définies, faciles et sim­ples à met­tre en oeu­vre à la seule ini­tia­tive des citoyens. C’est pour moi la seule solu­tion si nous voulons trans­former la société d’une façon rad­i­cale, ren­dre le pou­voir poli­tique aux citoyens et met­tre l’économie au ser­vice de l’humanité.
Des mass­es énormes d’énergie et d’invention sont libérées d’une manière explo­sive quand une société nou­velle crée des con­di­tions qui répon­dent à l’attente de l’humanité. Les sociétés pseu­do-démoc­ra­tiques doivent et peu­vent être changées, les rap­ports humains con­di­tion­nés par nos sociétés malades doivent et peu­vent être changés, des pos­si­bil­ités infinies peu­vent s’ouvrir aux indi­vidus et aux groupes.
Aus­si longtemps que nous nous lais­serons manip­uler par les politi­ciens et que nous con­tin­uerons à par­ticiper à la grande mas­ca­rade des élec­tions “démoc­ra­tiques” en allant régulière­ment met­tre un bul­letin de vote dans une urne au béné­fice d’un boni…menteur quel­conque, l’escroquerie “démoc­ra­tique” continuera.
Le vocab­u­laire des ten­ants de la pseu­do-démoc­ra­tie est tout aus­si effi­cace que celui des religieux pour entretenir le men­songe, la duplic­ité, la manip­u­la­tion et la con­fu­sion des esprits. C’est au nom de l’amour de Dieu, du Christ, d’Allah ou de Yahvé que des malades men­taux ont fait couler et con­tin­u­ent de faire couler des fleuves de sang.
L’oligarchie et les politi­ciens pro­fes­sion­nels à son ser­vice obti­en­nent la même con­fu­sion intel­lectuelle et émo­tion­nelle en util­isant un vocab­u­laire hyp­ocrite et séduisant qui cam­ou­fle des inten­tions et des actes sans rap­port avec les mots util­isés. Lib­erté, égal­ité, fra­ter­nité, gou­verne­ment du peu­ple par le peu­ple, représen­ta­tion pop­u­laire, légal­ité répub­li­caine, démoc­ra­tie citoyenne, etc.Autant de mots qui nous touchent dans notre espoir d’une société véri­ta­ble­ment unie où nous auri­ons le sen­ti­ment de par­ticiper vrai­ment et pleine­ment à la vie col­lec­tive pour le bien de tous. Avec cette langue de bois et les rit­uels sacral­isés des élec­tions “démoc­ra­tiques”, les politi­ciens pro­fes­sion­nels nous embrouil­lent et nous trompent. Si l’escroquerie démoc­ra­tique qui con­siste à faire pass­er une pseu­do-démoc­ra­tie pour la vraie, fonc­tionne si bien, n’est-ce pas juste­ment à cause de cette soif de jus­tice et de vraie démoc­ra­tie que nous avons tous, à cause de cet espoir d’un monde meilleur ou règn­eraient l’entraide et la sol­i­dar­ité et non la com­péti­tion forcenée et la seule et unique loi du fric ?
Plus que jamais de plus en plus de citoyens com­pren­nent que les élec­tions ne sig­ni­fient plus rien. Que sig­ni­fient les 82 % d’un Chirac ? Les out­rances fas­cistes et racistes d’un Berlus­coni ? Les men­songes démon­trés du “social­iste” Blair? Le men­songe et la manip­u­la­tion d’Aznar, heureuse­ment sanc­tion­nés par le peu­ple espag­nol ? Les deux élec­tions truquées de Bush et sa nou­velle croisade du “Bien” con­tre le “Mal”, au nom de “in God we trust”, ce qui ne vaut pas mieux que le “Gott mit uns” du Troisième Reich ou que le “jihad” au nom d’Allah ?
Que sig­ni­fient 70 % de députés UMP alors que Chirac n’a obtenu que 19 % des votes au pre­mier tour des présidentielles ?
Je dénie à ces députés-là la moin­dre légitim­ité. Ils ne représen­tent rien à part eux-mêmes. Ils ne peu­vent même pas se pré­val­oir de la légal­ité : ils sont dans l’illégalité la plus cri­ante puisque les élec­tions lég­isla­tives de 2002 sont en com­plète infrac­tion avec le Code électoral.
La prin­ci­pale fonc­tion des députés est de par­ticiper à un rit­uel de val­i­da­tion des déci­sions pris­es ailleurs, dans un soi-dis­ant gou­verne­ment qui n’est en fait que la par­tie vis­i­ble de la classe dirigeante. Que ce gou­verne­ment soit de droite ou de gauche ne change rien à l’affaire. Ain­si, le “choix” pré­ten­du­ment lais­sé aux électeurs n’en est pas un réellement.
Pour­tant des mil­lions de citoyens ont le sen­ti­ment d’avoir quelque chose à dire pour con­tribuer à la vie poli­tique mais sans pass­er sous les fourch­es caudines des par­tis poli­tiques dont ils se méfient à juste titre.
Il n’existait pas de solu­tion qui leur per­me­tte une par­tic­i­pa­tion active. Aujourd’hui, cette solu­tion existe : c’est le sys­tème que je propose.
Certes, sur des affaires qui les touchent de près, les citoyens peu­vent organ­is­er des man­i­fes­ta­tions ou des grèves. Mais la plu­part du temps, cela ne sert stricte­ment à rien. Le pou­voir en place est sourd et n’écoute per­son­ne. Quand il le fait, c’est unique­ment pour bris­er les élans pop­u­laires quand ils devi­en­nent trop bruyants, ou pour préserv­er des intérêts pure­ment électoraux.
La “représen­ta­tiv­ité” du gou­verne­ment est une fic­tion, un rideau de fumée. On fait vot­er les citoyens régulière­ment et le tour est joué : on les a si bien con­va­in­cus qu’ils ont la lib­erté de choix ! On fait croire aux citoyens que la “démoc­ra­tie” fonc­tionne automa­tique­ment en suiv­ant scrupuleuse­ment les procé­dures qui organ­isent les élec­tions et le scrutin. On leur fait croire que l’essence de la démoc­ra­tie réside dans ces règles du Code élec­toral, qu’elles sont la démocratie.
Mais ces règles, ces lois, ne sont même pas respectées !
En fait, l’essence de la démoc­ra­tie n’a rien à voir avec ces règles fre­latées. L’essence de la démoc­ra­tie a tout à voir avec la nature des rap­ports que les citoyens étab­lis­sent entre eux. La vraie démoc­ra­tie implique des rap­ports de con­fi­ance entre les citoyens. Une véri­ta­ble société démoc­ra­tique est celle dont les mem­bres sont tous sol­idaires, liés par une entente com­mune basée sur une égal­ité poli­tique réelle que seul un sys­tème fondé sur le tirage au sort rend évi­dente. Ce nou­veau fonde­ment poli­tique crée des liens com­mu­nau­taires de con­fi­ance, de sym­pa­thie et des myr­i­ades de rap­ports humains béné­fiques qui ren­dent inutiles l’égoïsme, le quant-à-soi, l’agressivité, la com­péti­tion, la violence.
La dic­tature de la com­péti­tion n’est que la dic­tature de la course au pou­voir. Cette dic­tature a pour valeurs la supéri­or­ité des plus forts, des plus rich­es, des plus diplômés, des plus per­vers, des plus fous. Elle con­duit le monde dans les abom­i­na­tions du racisme, de l’esclavage légal, des guer­res et du ter­ror­isme par réac­tion. Parce qu’elle défend des valeurs qui ne peu­vent être universelles.
L’essence de la pseu­do-démoc­ra­tie con­siste à délim­iter une pseu­do-élite et à impos­er qu’elle seule prof­it­era des avan­tages du pou­voir, tout le “reste” n’existant que pour être à son ser­vice. C’est pourquoi elle est en par­faite har­monie avec le cap­i­tal­isme et l’impérialisme qui imposent leurs “droits” à exploiter, pres­sur­er, tyran­nis­er, mas­sacr­er, de toutes les manières pos­si­bles et imag­in­ables, pourvu que leur “logique” finan­cière soit respec­tée. La pseu­do-démoc­ra­tie ignore et ne peut com­pren­dre cette qual­ité intrin­sèque de la vraie démoc­ra­tie qui est l’universalité.
Ne peu­vent être uni­verselle­ment accep­tées que des valeurs recon­nues uni­verselle­ment comme pos­i­tives et bonnes pour tous, sans excep­tion : un bien-être matériel con­ven­able, la san­té, l’éducation et la cul­ture, la sécu­rité, la paix, la jus­tice ; toutes les formes de sat­is­fac­tions qui ne con­sis­tent pas à impos­er une supéri­or­ité des uns sur les autres par la com­péti­tion et toutes les formes de violences.
Démoc­ra­tie et com­péti­tion s’excluent mutuelle­ment. La com­péti­tion entre les par­tis poli­tiques et entre les politi­ciens pro­fes­sion­nels dans la course au pou­voir peut s’épanouir pleine­ment grâce au sys­tème des élec­tions au suf­frage uni­versel qui crée l’illusion de la démoc­ra­tie. Il faut sor­tir de cette illu­sion qui engen­dre un pou­voir per­vers et une pseu­do-démoc­ra­tie à son ser­vice. La per­sis­tance de cette illu­sion démoc­ra­tique de l’occident cap­i­tal­iste est cer­taine­ment le plus grand obsta­cle à une trans­for­ma­tion fon­da­men­tale de la société. La pseu­do-démoc­ra­tie est inca­pable, par nature, de procéder à des change­ments pro­fonds et néces­saires parce que ce que l’on appelle “démoc­ra­tie” n’est que la manière dont la recherche du pou­voir et de l’exploitation ont été insti­tu­tion­nal­isés. Cette pseu­do-démoc­ra­tie est exacte­ment faite pour empêch­er un change­ment fon­da­men­tal. Elle bloque la société dans son car­can et cet immo­bil­isme génère en retour toutes les vio­lences imag­in­ables. Notre “démoc­ra­tie” nous impose un pou­voir non représen­tatif et donc illégitime. Par con­séquent, on ne peut rien atten­dre des politi­ciens de droite comme de gauche. L’initiative doit venir des citoyens eux-mêmes.
Les Grecs ont inven­té la démoc­ra­tie pour empêch­er les abus de pou­voir. La seule manière d’y par­venir est de le diluer jusqu’à l’individu-citoyen pour éviter sa con­cen­tra­tion entre trop peu de mains, d’en lim­iter l’exercice à des péri­odes très cour­tes, d’éliminer toute forme de com­péti­tion pour son obten­tion et de vot­er col­lec­tive­ment pour pren­dre des déci­sions qui con­cer­nent tout le monde : la col­lec­tiv­ité. Mais on a telle­ment bien con­di­tion­né les citoyens, on leur a telle­ment bien appris que le seul moyen civil­isé de par­ticiper à la vie poli­tique con­sis­tait, de temps en temps, à met­tre un bul­letin de vote dans une urne et à s’en remet­tre aux seuls politi­ciens pro­fes­sion­nels. Un lavage de cerveaux col­lec­tif qui empêche tout le monde, y com­pris les intel­lectuels cen­sés faire ce tra­vail, d’imaginer des moyens plus hon­nêtes, plus justes, plus directs, plus trans­par­ents, plus dignes que les élec­tions au scrutin. Alors que ces moyens exis­tent depuis l’invention de la démoc­ra­tie, il y a 2500 ans ! Mais ils sont volon­taire­ment rejetés dans les oubli­ettes de l’Histoire parce qu’ils remet­traient en ques­tion le pou­voir de l’oligarchie et des pseudo-élites.
Le but ultime des déten­teurs du pou­voir (et chaque citoyen détient sa part du pou­voir) devrait don­ner la pri­or­ité à tout ce qui peut encour­ager la coopéra­tion sociale, l’entraide entre les hommes, pas seule­ment dans une optique nationale étriquée et égoïste, mais dans l’ensemble de l’humanité, par delà les fron­tières poli­tiques artificielles.
L’obstacle majeur, c’est l’existence per­ma­nente d’un réser­voir intariss­able d’hommes dévorés d’ambitions, de per­vers, de méga­lo­manes, de fous de tout genre. Rien n’arrête leur agres­siv­ité, leur volon­té de puis­sance et de supéri­or­ité. Ils sont comme les cel­lules can­céreuses qui envahissent et ron­gent un organ­isme : ils pour­ris­sent la société. Ils s’emparent de tous les leviers de com­mande à leur portée dans tous les domaines où c’est pos­si­ble : la poli­tique, la reli­gion, l’économie, la sci­ence, le social ou même l’humanitaire. Une fois qu’ils ont acquis un pou­voir, ils ne le lâchent plus, en cherchent d’autres plus impor­tants, sauf s’ils sont arrêtés par un con­cur­rent plus fort, plus retors et plus acharné.
On ne peut chang­er cet état de choses qu’en changeant les cir­con­stances poli­tiques, les règles du jeu qui autorisent et encour­a­gent la prise du pou­voir par une infime minorité. L’histoire des hommes n’a cessé de nous démon­tr­er que l’on ne peut pas faire con­fi­ance à une minorité pour défendre les intérêts de tous. Au con­traire, lorsqu’une minorité détient le con­trôle du pou­voir poli­tique, la majorité tombe tou­jours dans l’esclavage ou l’exploitation. Les Grecs de l’Antiquité l’avaient bien compris.
Les citoyens doivent impos­er, à leur ini­tia­tive, un sys­tème de représen­ta­tion fondé sur le tirage au sort et les groupes-citoyens dans toutes les sit­u­a­tions où le besoin d’une vraie démoc­ra­tie s’impose : dans la poli­tique, dans les syn­di­cats, dans les entre­pris­es, dans les asso­ci­a­tions, dans les assem­blées d’actionnaires.
Aujourd’hui, les citoyens savent qu’ils n’ont rien à atten­dre des politi­ciens. Les chiffres records des absten­tion­nistes aux élec­tions, le prou­vent. Les citoyens sont en manque. En manque de poli­tique. En manque de démoc­ra­tie. De la vraie poli­tique. De la vraie démoc­ra­tie. Il existe une demande réelle pour autre chose. Ils sont capa­bles de se mobilis­er bénév­ole­ment pour toutes sortes de com­bats, comme le mou­ve­ment human­i­taire ou celui des alter­mon­di­al­istes et dans une foule d’associations et de groupe­ments qui cherchent sim­ple­ment à amélior­er le monde dans lequel on vit. Mais il manque l’essentiel : une véri­ta­ble offre poli­tique, un change­ment de per­spec­tive, un change­ment de la règle du jeu politique.
C’est celle que pro­pose le M.C.V.D. La voie est toute tracée, claire, nette et droite. Elle veut unir les citoyens tan­dis que la voca­tion des par­tis poli­tiques et des politi­ciens con­siste à divis­er le peu­ple pour mieux le manipuler.
Tout va de plus en plus mal sur cette planète et rien ne s’arrangera, au con­traire, il n’y a aucun espoir à avoir, tant que tous les pou­voirs seront entre les mains sales d’une poignée d’individus per­vers. La bonne solu­tion pour con­tr­er cette con­cen­tra­tion des pou­voirs a été imag­inée il y a 2500 ans par le génie de quelques hommes clair­voy­ants et elle a fait ses preuves. L’initiative n’appartient qu’aux citoyens, à des volon­tés con­scientes et agis­santes capa­bles d’entraîner à leur suite la masse indé­cise. “Le monde ne sera sauvé, s’il peut l’être, que par des insoumis” (André Gide). Il est encore pos­si­ble d’agir avant qu’il ne soit trop tard, avant que le point de non retour ne soit atteint. Le temps presse…

CONCLUSION

“Toute idée claire que nous for­mons dimin­ue notre esclavage et aug­mente notre liberté”.
Alain

“Povres bre­bis on vous a bien séduictes. Ce sont des loups, que les trou­peaux séduisent du droit chemin et à mal les inclinent”.
Clé­ment Marot

La pen­sée démoc­ra­tique est tout aus­si mécon­nue et trahie que les Évangiles. Elle a été châtrée par la con­spir­a­tion des élus, vidée de son bon sens par la bêtise des arriv­istes, des ambitieux, des prêts-à-tout-pour-réus­sir-au-détri­ment-des- autres. C’est ain­si que les folies de quelques-uns sont dev­enues les ter­reurs de peu­ples entiers.
Com­ment peut-on con­tin­uer à croire aux ver­tus d’une démoc­ra­tie qui installe au pou­voir un Sharon, crim­inel recon­nu comme tel par la jus­tice de son pro­pre pays ? Com­ment peut-on appel­er démoc­ra­tie un sys­tème qui installe aux com­man­des de la pre­mière puis­sance mon­di­ale, le mil­liar­daire Bush, bouf­fon demi-débile, mar­i­on­nette com­mode et prob­a­ble manip­ulée par des émi­nences gris­es et per­vers­es aux plus noirs des­seins, élu deux fois en truquant les élec­tions ? Et ils osent présen­ter la démoc­ra­tie de l’oncle Sam comme un mod­èle idéal ! Com­ment appel­er démoc­ra­tie un sys­tème qui porte au pou­voir un Chirac, cham­pi­on des primes à la casse­role, qui échappe aux juges et aux lois ? (même si les 14 mil­lions de Francs de “frais de bouche” de Chirac ne sont qu’un amuse gueule en com­para­i­son des frais de Bush en Irak)… Mais “Les lois sont les toiles d’araignées à tra­vers lesquelles passent les gross­es mouch­es et où restent les petites” (Balzac) ; un Chirac élu avec plus de voix de ses adver­saires de gauche que de ses par­ti­sans de droite ? Et un Berlus­coni, mil­liar­daire mafieux se récla­mant ouverte­ment du fas­cisme, pro­prié­taire d’un qua­si-mono­pole sur les médias et qui peut donc manip­uler l’opinion à sa guise ?
Ce sont les signes évi­dents et avant-coureurs de sa décrépi­tude. La démoc­ra­tie ago­nise dans les affres de la cor­rup­tion et de la pour­ri­t­ure. Elle n’est plus qu’un ali­bi lam­en­ta­ble, hyp­ocrite et cynique, un par­avent délabré qui ne cache même plus la mis­ère sor­dide d’une Mar­i­anne pros­ti­tuée hon­teuse­ment par les maque­reaux de la poli­tique, au nom de l’intérêt général, à la vorac­ité insa­tiable des mar­goulins de tout genre. Sa fin est peut-être plus proche qu’on ne l’imagine. Le con­trôle per­ma­nent des citoyens est déjà réal­isé avec les télé­phones porta­bles, la vidéo-sur­veil­lance, le sys­tème d’écoutes et d’espionnage mon­di­al mis en place par les États-Unis (réseau Ech­e­lon), le vote élec­tron­ique, incon­trôlable et manip­u­la­ble à loisir, qui ne tardera pas à nous être imposé, l’implantation de puces élec­tron­iques sous la peau dont on nous fait déjà miroi­ter les avan­tages innom­brables… La société améri­caine Applied Dig­i­tal Solu­tions Inc. a présen­té à Paris, en novem­bre 2003, la pre­mière puce implantable sous la peau ser­vant de moyen de paiement. Cette puce, repérable et suiv­ie par satel­lite, pou­vant être con­trôlée et inter­rogée à dis­tance “à votre insu de votre plein gré”, mouchard par­fait donc, per­me­t­tra à Big Broth­er de sur­veiller 24 heures sur 24, non seule­ment vos ressources ban­caires, mais égale­ment tous vos déplace­ments, tous vos achats, vos don­nées médi­cales, vos com­porte­ments etc. Tous les ingré­di­ents abjects du total­i­tarisme d’une machine infer­nale de con­trôle absolu des indi­vidus sont en train de se met­tre en place dans le dos des citoyens et sans leur deman­der leur avis. Nous sommes déjà dans le “Meilleur des mon­des” d’Huxley et au delà de “1984” d’Orwell ! Et “ Nul n’est plus esclave que celui qui se croit libre sans l’être” (Goethe).
Pour en sor­tir, si c’est encore pos­si­ble, il faut néces­saire­ment une prise de con­science des indi­vidus sur la base d’une idée toute sim­ple, capa­ble de provo­quer une véri­ta­ble réac­tion en chaîne au niveau de chaque citoyen. Pour faire face à un monde de plus en plus com­plexe, de plus en plus insai­siss­able, de plus en plus fou, il faut des idées sim­ples, fortes et sta­bles. Faut-il se résign­er comme Aris­tote, lorsqu’il déclare : “Les hommes sont devant les idées sim­ples comme les chauves-souris devant la lumière : ils sont aveu­gles” ? Je ne le crois pas, bien au contraire !
Il est évi­dent aujourd’hui qu’un énorme besoin de change­ment se fait sen­tir sur le plan politique.
Ce que l’on appelle démoc­ra­tie aujourd’hui n’est qu’une par­o­die de l’idéal démoc­ra­tique ini­tié par la Grèce antique, qu’une immense majorité de citoyens de cette planète porte dans son coeur. Cette démoc­ra­tie trahie par l’Occident doit impéra­tive­ment revoir et cor­riger ses règles du jeu pour devenir mon­di­ale. Sinon elle sera, et c’est bien avancé, même chez nous, engloutie par la dic­tature cap­i­tal­iste et libérale avec la béné­dic­tion du suf­frage uni­versel. Les règles du jeu sont faussées parce qu’une caste dirigeante, une “élite” politi­ci­enne se cram­ponne au pou­voir et s’arroge le rôle d’arbitre, soutenue par des intérêts par­ti­c­uliers, alors que ce rôle devrait revenir au peu­ple. L’arbitre est dis­qual­i­fié et doit sor­tir du jeu, et les règles du jeu elles-mêmes doivent être revues pour remet­tre la démoc­ra­tie sur ses rails.
La démoc­ra­tie actuelle, qui n’est qu’une par­o­die de démoc­ra­tie, peut s’écrouler aus­si vite que le mur de Berlin ou que le régime com­mu­niste de l’ex-URSS.
Tous les grands empires ont fini par s’écrouler et dis­paraître, soit du fait des luttes internes pour le pou­voir qui les ont ruinés, soit du fait d’une con­fronta­tion avec un autre empire con­quérant et sou­vent du fait de la réu­nion de ces deux facteurs.
En l’espace de deux siè­cles, ce que l’on peut appel­er l’empire occi­den­tal, large­ment dom­iné par les États-Unis, fondé sur des révo­lu­tions indus­trielles, sci­en­tifiques et tech­niques, a con­nu un essor explosif et a dévelop­pé un mod­èle de civil­i­sa­tion qu’il impose au monde entier. La nou­velle guerre mon­di­ale imposée “con­tre le ter­ror­isme” par une pseu­do-élite inter­na­tionale après les atten­tats du 11 sep­tem­bre 2001, n’est qu’un vaste com­plot poli­tique, mil­i­taire et financier pour soumet­tre les citoyens de tous les pays à une mon­di­al­i­sa­tion ultra-libérale forcenée.

L’hégémonisme out­ranci­er et sans lim­ites des États-Unis, leur impéri­al­isme, qui dictent leurs lois cra­puleuses à toutes la planète, ne dureront pas éter­nelle­ment. Au rythme accéléré où vont les choses, il n’est pas néces­saire d’être un grand prophète pour prédire des cat­a­stro­phes prochaines, économiques, écologiques et avant tout humaines. Il ne s’agit pas de jouer les pythoniss­es. Il faut être très clair : chaque citoyen de cette planète est respon­s­able de son avenir per­son­nel et col­lec­tif. Il n’est plus pos­si­ble aux citoyens de se décharg­er de toute respon­s­abil­ité poli­tique sur une caste de politi­ciens qui s’approprient le pou­voir et trahissent les aspi­ra­tions légitimes et uni­verselle­ment partagées des citoyens à la paix, à la jus­tice et à la dignité.
“Un être qui s’habitue à tout, voilà, je pense, la meilleure déf­i­ni­tion qu’on puisse don­ner à l’homme” (Dos­toïevs­ki). Le citoyen s’habitue à tout , même au pire. Il se fait le com­plice de ceux qui imposent le pire, surtout quand il con­tribue à leur don­ner une légitim­ité dans les régimes dits “démoc­ra­tiques”. Prompt à s’indigner pour les vic­times, le citoyen accepte de pay­er le trib­ut du sang prélevé sur la col­lec­tiv­ité par les fous qui sont au pou­voir ou par ceux qui veu­lent y par­venir. Per­du au milieu de la masse innom­brable et ras­sur­ante, il espère préserv­er son petit con­fort égoïste et échap­per aux mal­heurs et aux fléaux qui s’abattent sur d’autres. Il oublie que les autres peu­vent être ses pro­pres enfants ! Il oublie que les autres sont ses frères en humanité !
La seule réponse est politique.
La poli­tique fonc­tionne avec des règles définies par tout un arse­nal juridique : con­sti­tu­tion, lois, règle­ments, code élec­toral etc. Ces règles définis­sent le mode d’emploi d’un jeu, le jeu politique.
Tout jeu est fondé sur seule­ment deux principes : la com­péti­tion et le hasard, ou une com­bi­nai­son des deux. La vota­tion et le suf­frage uni­versel sont des règles du jeu fondées sur la com­péti­tion ; une com­péti­tion cen­sée sélec­tion­ner les “meilleurs”, les plus “com­pé­tents”. Il n’est plus à démon­tr­er que cette com­péti­tion sélec­tionne les indi­vidus les plus incom­pé­tents, les plus arriv­istes, les plus per­vers, les plus dan­gereux pour la société. Il faut donc chang­er ces règles du jeu absur­des et rem­plac­er la com­péti­tion par le hasard.
La Grèce antique était une société d’artisans et de com­merçants qui se fai­saient con­cur­rence les uns aux autres sur le marché. Mais la com­péti­tion ne se lim­i­tait pas au domaine économique. Songeons à l’importance de la cul­ture sportive dans la Grèce antique et à sa cul­mi­na­tion dans les com­péti­tions des jeux sportifs à Olympie. Cepen­dant, dans leur grande sagesse, les Anciens ont su organ­is­er les règles du jeu de la poli­tique en les fon­dant sur un autre ressort que la com­péti­tion. Ils ont préféré con­fi­er au hasard le soin de régler le jeu du pou­voir poli­tique. Et cela a très bien fonc­tion­né durant plus d’un siècle.
Le meilleur et le seul sys­tème pos­si­ble, les Grecs de l’Antiquité l’ont démon­tré, est celui du tirage au sort. C’est une clef antique et mag­ique qui peut ouvrir sur l’avenir une mul­ti­tude de portes blo­quées par l’aveuglement intéressé des “meilleurs”.
Dans une société aus­si vaste et com­plexe que la nôtre, à l’intérieur de laque­lle exis­tent d’incommensurables dif­férences de richess­es et de pou­voirs, il est impos­si­ble d’attribuer à chaque indi­vidu la juste récom­pense de son mérite per­son­nel par l’utilisation d’une com­péti­tion régie par des règles injustes. Un sen­ti­ment pro­fondé­ment ancré d’injustice et d’impuissance en résulte inévitable­ment, avec l’idée générale­ment partagée par tous que le monde est défini­tive­ment mau­vais et la société toute entière, pourrie.
Le cap­i­tal­isme mon­di­al­iste exige la com­péti­tion, la con­cur­rence, l’envie, la cupid­ité, la réus­site. Il trou­ve son sou­tien poli­tique dans la démoc­ra­tie libérale. L’hostilité au cap­i­tal­isme s’appuie sur des valeurs d’altruisme, de fra­ter­nité, de dig­nité, de paix, de jus­tice, que le sys­tème de la vota­tion et du suf­frage uni­versel ne per­met pas de soutenir et de pro­mou­voir. La loi du monde n’est pas dic­tée par le pou­voir poli­tique mais par le pou­voir financier.
La seule réponse con­siste à chang­er les règles du jeu de la démocratie.
La seule réponse con­siste à rem­plac­er la com­péti­tion imbé­cile du suf­frage uni­versel par le tirage au sort, la juste divi­sion et répar­ti­tion du pou­voir poli­tique entre tous les citoyens.
On ne chang­era jamais les hommes. Ils ont toutes les qual­ités et tous les défauts imag­in­ables. Ils sont capa­bles du meilleur comme du pire. Mais on peut tou­jours chang­er les règles du jeu ! Cela peut induire un change­ment pro­fond de la société et même ren­dre pos­si­ble une inver­sion rad­i­cale du mod­èle de développe­ment en ren­dant sa place à la dimen­sion humaine écrasée par la dic­tature de l’économie et de la finance.
L’action poli­tique des politi­ciens est une tromperie. Elle affirme en per­ma­nence qu’elle sert l’intérêt pub­lic, alors qu’elle ne sert que les seuls intérêts de son tit­u­laire et de quelques com­plices privilégiés.
Empêtrés dans les sub­til­ités de leurs jeux politi­ciens, les dirigeants se trompent con­tin­uelle­ment et trompent leurs électeurs.
Les qual­ités néces­saires à la prise de déci­sions poli­tiques ne se trou­vent pas dans le grou­pus­cule ultra-minori­taire des prof­i­teurs, des ambitieux, des arriv­istes, totale­ment absorbés par leurs com­bines et leurs magouilles, pas plus qu’elles ne se trou­vent chez les intel­lectuels pro­fes­sion­nels et médi­atisés qui ne cherchent qu’à se dis­tinguer, à briller du haut de leur suff­i­sance et de leur rhé­torique super­fi­cielle. En matière de prise de déci­sion poli­tique, les meilleurs sont les plus nom­breux : ce sont les citoyens ordi­naires. Mais encore faut-il qu’ils puis­sent exercer leur pou­voir. La démoc­ra­tie actuelle les en empêche, par les règles du jeu fre­latées de la vota­tion et du suf­frage uni­versel. Rien, absol­u­ment rien, n’interdit aux citoyens l’invention et la mise en oeu­vre d’une nou­velle règle du jeu, par­faite­ment démoc­ra­tique, qui leur rend toute l’initiative et l’accès direct à la poli­tique. Les citoyens qui m’auront lu savent désor­mais qu’ils ont entre leurs mains une nou­velle règle du jeu et qu’ils ont un choix sim­ple à faire entre la pas­siv­ité coupable et com­plice ou l’action généreuse, respon­s­able et pro­duc­tive. On ne peut détru­ire un pou­voir qu’avec du pou­voir, celui, par­faite­ment légitime que détient chaque citoyen.
Il faut aus­si remet­tre en cause le pou­voir de tous les experts, tech­nocrates, savants, spé­cial­istes etc. qui pré­ten­dent savoir pour les autres ce qu’ils sont, ce qu’il leur faut, ce qu’ils pensent ou doivent faire ou penser. Il est grand temps de s’apercevoir que les igno­rants savent plus qu’on ne croit et les faux savants et appren­tis sor­ciers moins qu’on ne pense.
Il faut que la rue, les lieux publics ou privés devi­en­nent les ago­ras per­ma­nentes ouvertes à toutes les man­i­fes­ta­tions libres des citoyens sans crain­dre l’anarchie ou le désor­dre : c’est là que se trou­ve la vraie dimen­sion du civisme ! Mais les politi­ciens et l’appareil d’État ne sup­por­t­ent pas que les citoyens échap­pent à leur con­trôle. “La loi est l’expression de la volon­té générale. Tous les citoyens ont le droit de con­courir per­son­nelle­ment, ou par leurs représen­tants, à sa for­ma­tion” (arti­cle 6 de la Déc­la­ra­tion des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789). Il faut pré­par­er le retour du citoyen sur le devant de la scène, lui redonner l’accès direct aux leviers de com­mande, ou bien s’attendre à encore plus de chaos et de vio­lence, et à l’échelle de la planète.
Quand ver­rons-nous des gou­ver­nants prêter ser­ment sur une “Déc­la­ra­tion Uni­verselle des Devoirs des Gou­ver­nants et des États” qui les engagerait “à respecter la vie et à ne jamais vers­er le sang des citoyens” (arti­cle pre­mier) “à respecter et à aider les plus faibles et les dému­nis” (arti­cle 2) “à accorder la pri­or­ité à l’éducation, à la san­té, à l’élévation du niveau de vie et de con­science de tous”(article 3) “à ne pas men­tir et à ne pas tromper le peu­ple” (arti­cle 4) etc.
Quand ver­rons-nous une Organ­i­sa­tion des Citoyens du Monde rem­plac­er une ONU stérile et impuis­sante sous la coupe réglée des États-Unis ?
Nous vivons sous l’emprise d’une mytholo­gie, celle du suf­frage uni­versel, qu’il est extrême­ment dif­fi­cile de remet­tre en ques­tion parce que nous sommes tous vic­times d’un con­di­tion­nement, d’une alié­na­tion collective.
Toutes les déci­sions sont pris­es ailleurs que là où elles touchent ceux qui sont directe­ment con­cernés. Ceux qui font fonc­tion­ner la société au plus bas de l’échelle, en prise directe sur la réal­ité du ter­rain, n’ont aucun moyen de faire enten­dre leur voix dans les entre­pris­es, les admin­is­tra­tions, les insti­tu­tions poli­tiques, économiques et sociales : tout cela tend à fonc­tion­ner comme autant de machines stu­pides, pour elles-mêmes, sans rai­son, parce que leur arrêt ou un autre mode de fonc­tion­nement est tout sim­ple­ment inimag­in­able. Il s’agit bien de rechercher une nou­velle dis­tri­b­u­tion du pou­voir pour que cha­cun puisse repren­dre l’initiative.
Toute l’organisation de nos sociétés est axée et struc­turée autour de la com­péti­tion, de l’élitisme, de l’arrivisme, de la cupid­ité, de la loi du plus fort. C’est l’origine de la vio­lence et des maux dont souf­fre l’humanité. Les politi­ciens trait­ent les citoyens avec con­de­scen­dance, les méprisent, les ignorent, favorisent et exci­tent la con­voitise et les bas instincts dans le seul but de les main­tenir dans la dépen­dance pour mieux les exploiter. La seule réponse à la vio­lence sournoise des “élites” au pou­voir, c’est la mise en place d’une vraie démoc­ra­tie où l’autorité et le pou­voir seraient partagés par tous, où la sagesse et la com­pé­tence seraient entre les mains des citoyens, de tous les citoyens.
Il ne suf­fit pas de com­pren­dre cette mytholo­gie de la fausse démoc­ra­tie, de la racon­ter, de l’expliquer. Cela ne suf­fit pas si l’on veut sor­tir de son emprise. Il faut de plus savoir qu’il existe une porte de sor­tie, soigneuse­ment dis­simulée par les “élites” sous la pous­sière des siè­cles, la met­tre à jour et l’ouvrir pour enfin en révéler l’existence à tous. Cette porte ne peut s’ouvrir que sur un monde meilleur : il ne peut pas être plus mau­vais que celui dans lequel nous vivons !
Le sys­tème du tirage au sort et des groupes-citoyens a pour pre­mier mérite de s’affranchir com­plète­ment de la tutelle et de l’emprise de l’appareil d’État qui fait seul fonc­tion­ner le sys­tème élec­toral et qui a seul la main­mise sur son organ­i­sa­tion. Il rend le pou­voir poli­tique aux citoyens du sim­ple fait qu’il leur laisse l’initiative dans l’organisation et le fonc­tion­nement de la démoc­ra­tie elle-même.
La jus­tice économique et sociale ne peut se pass­er de la jus­tice poli­tique, elle-même indis­so­cia­ble d’une démoc­ra­tie qui ne soit pas formelle mais réelle.
Il faut que la démoc­ra­tie sorte enfin de son infan­til­isme, con­séquence du droit de vote et du suf­frage uni­versel qui instituent un pou­voir per­vers et un peu­ple vic­time. La démoc­ra­tie peut devenir adulte en se gran­dis­sant avec le tirage au sort. Elle sor­ti­ra alors du manichéisme imbé­cile des Bons et des Méchants, de la droite et de la gauche, d’un Bush qui bran­dit la Bible et d’un Ben Laden qui bran­dit le Coran, d’autant que la Bible et le Coran dis­ent exacte­ment la même chose : “Tu ne tueras point”. Il ne faut pas se con­tenter d’attendre que les peu­ples arrivent un jour à per­dre le respect et l’admiration qu’ils ressen­tent pour ceux qui leur font du mal.
Le citoyen ne doit pas s’en laiss­er compter et doit mon­tr­er son intel­li­gence. Il doit refuser l’imposture intel­lectuelle de la classe politi­ci­enne et des “élites” dom­i­nantes. Il doit refuser la pen­sée unique et le poli­tique­ment cor­rect qui imposent une norme total­i­taire au nom d’une pseu­do démocratie.
Une démoc­ra­tie de la langue de bois, qui se veut respectueuse de pré­ten­dues com­pé­tences et de sacro-saintes insti­tu­tions, finit par rejoin­dre les aber­ra­tions du com­mu­nisme bureau­cra­tique et mafieux dans le lam­i­nage et l’écrasement des aspi­ra­tions légitimes des citoyens. La vraie démoc­ra­tie est à portée de la main. Encore faut-il ten­dre le bras pour la saisir, frap­per à la porte de ses plus proches voisins.

“La véri­ta­ble démoc­ra­tie exige de chaque citoyen un engage­ment act­if et courageux” (Gand­hi).
Si les citoyens n’ont pas cette volon­té, le pire est à venir.

“Ce ne sont pas ceux qui font le mal qui ren­dent le monde insup­port­able, mais ceux qui regar­dent et qui lais­sent faire” (Albert Einstein).

J’ai un rêve : voir enfin le trou­peau de mou­tons fon­cer tête bais­sée sur des berg­ers qui ne savent que les ton­dre et les con­duire à l’abattoir.
J’ai un rêve : celui d’une vraie révo­lu­tion qui n’aurait rien à voir avec les révo­lu­tions passées car elle rejet­terait les illu­sions des révo­lu­tions et leurs violences.
Un renou­velle­ment de la démoc­ra­tie qui redonne son vrai sens à la lib­erté par une recon­quête de l’égalité et le retour en force de la fra­ter­nité retrouvée.
Une révo­lu­tion douce qui rende aux hommes la paix, la jus­tice et leur dignité.

“Vous pou­vez tromper tout le monde un cer­tain temps ; vous pou­vez tromper quelques per­son­nes tout le temps ; mais vous ne pou­vez pas tromper tout le monde tout le temps”.
Abra­ham Lincoln

“La poli­tique c’est vis­er l’impossible et l’impossible c’est de vis­er très haut”.
Lau­rent de Médi­cis dit le Magnifique

“L’univers fait tout ce qu’il peut pour empêch­er une mal­heureuse idée d’arriver à son terme”.
Paul Valéry
ANNEXES

Annexe 1 : extraits d’un discours prononcé en 1933 par le général-major Smedley Butler, USMC :

“La guerre est une escro­querie. Si je ne m’abuse, une escro­querie se définit comme quelque chose qui n’est pas ce qu’elle sem­ble être aux yeux de la majorité des gens. Quelques ini­tiés seule­ment savent de quoi il retourne. Elle est menée au prof­it d’un tout petit nom­bre aux dépends des masses.
Je prône une bonne défense le long des côtes et rien de plus. Si une nation vient vers nous pour se bat­tre, nous nous bat­trons. Le prob­lème, c’est que lorsque le dol­lar ne rap­porte que du 6% ici, l’Amérique com­mence à s’agiter et s’en va à l’étranger pour essay­er de gag­n­er 100%. Alors le dra­peau suit le dol­lar et les sol­dats suiv­ent le drapeau.
Je n’irai plus en guerre, comme je l’ai fait, pour pro­téger les infâmes investisse­ments des ban­quiers. Il n’y a que deux choses pour lesquelles nous devri­ons nous bat­tre : la défense de nos foy­ers et la Déc­la­ra­tion des Droits. Faite pour toute autre rai­son, la guerre n’est qu’une escroquerie.
Il n’y a rien, dans le sac de l’escroquerie des cap­i­tal­istes, que les mil­i­taires ignorent. Il y a les “rap­por­teurs” qui désig­nent les enne­mis, les “gros bras” pour les détru­ire, les “cerveaux” qui pré­par­ent la guerre, et un “grand patron”, le cap­i­tal­isme supranational.
Cela peut sem­bler éton­nant qu’un mil­i­taire comme moi tienne un tel lan­gage. Je le dois à la vérité. J’ai passé trente-cinq ans et qua­tre mois en ser­vice mil­i­taire act­if au sein de la force la plus effi­cace de ce pays : le Corps des Marines. J’ai gravi tous les éch­e­lons de com­man­de­ments depuis sous-lieu­tenant jusqu’à général-major. Et tout au long de cette car­rière, j’ai con­sacré la majeure par­tie de mon temps à être un gros bras galon­né au ser­vice du Big Busi­ness, de Wall Street et des ban­quiers. Bref, j’ai été un escroc, un gang­ster au ser­vice du capitalisme.
À l’époque, j’avais la vague impres­sion de faire par­tie d’un rack­et ; aujourd’hui j’en suis cer­tain. Comme tous les mil­i­taires de car­rière, je n’ai pas eu de réflex­ion per­son­nelle aus­si longtemps que j’ai porté l’uniforme. Mes fac­ultés men­tales sont restées en som­meil tan­dis que j’obéissais aux ordres de mes supérieurs. C’est le pro­pre de tous les militaires.
J’ai con­tribué à faire du Mex­ique, et en par­ti­c­uli­er Tampi­co, un lieu sûr pour les intérêts pétroliers améri­cains en 1914. J’ai aidé à faire de Haïti et de Cuba des lieux accueil­lants pour que ces messieurs de la Nation­al City Bank puis­sent y gag­n­er de l’argent. J’ai aidé au viol d’une demi-douzaine de républiques cen­traméri­caines au prof­it de Wall Street. La liste est longue de ces actes de gangstérisme. J’ai aidé au net­toy­age du Nicaragua pour la com­pag­nie ban­caire inter­na­tionale de Brown Broth­ers en 1909–1912. J’ai ouvert le chemin en République Domini­caine pour les intérêts sucriers améri­cains en 1916. En Chine, j’ai aidé à pré­par­er le ter­rain pour que Stan­dard Oil puisse tra­vailler sans encombre.
Pen­dant toutes ces années, j’ai eu, comme on dit dans les cham­brées, “la bonne planque”. Quand j’y repense, je me dis que j’aurais pu don­ner des leçons à Al Capone. Lui, il n’a pas pu faire mieux avec son gang que d’exploiter ses “affaires” dans trois dis­tricts; moi, je l’ai fait sur trois continents.”
D’un arti­cle dans Com­mun Sense, novem­bre 1935, cité par Felix Greene, “L’ennemi”.
Dans un dis­cours de 1966 à Los Ange­les, le général David M. Shoup, ancien com­man­dant en chef de l’ US Marines Corps, déclare :
“Je crois fer­me­ment que si nous nous étions gardés, si nous nous gar­dions de touch­er avec nos mains sales, sanglantes, crochues aux affaires de ces pays qui regor­gent de gens exploités, ils arriveraient d’eux-mêmes à une solu­tion. A celle qu’ils pré­par­ent et désirent. Pour laque­lle ils se bat­tent et tra­vail­lent. Et si mal­heureuse­ment leur solu­tion doit être du type vio­lent, à cause du refus des nan­tis d’accepter aucun partage paci­fique avec ceux qui n’ont rien, du moins ce qu’ils en tireront sera bien à eux et non de ce style améri­cain dont ils ne veu­lent pas et qu’ils ne veu­lent surtout pas se laiss­er impos­er de force par des Américains.”
Bul­letin offi­ciel du Con­grès du 20 févri­er 1967.
Il faut recon­naître à ces mil­i­taires le mérite de ne pas par­ler la langue de bois !

Annexe 2 : le pillage des nations pauvres. Histoire d’un cas.

Il n’y a pas de lim­ites à la diver­sité des méth­odes employées par les com­pag­nies étrangères pour arracher aux nations pau­vres du monde leurs richess­es. Il sera peut-être instruc­tif d’examiner d’un peu plus près un cas concret.
Le cas en ques­tion con­cerne l’activité d’une com­pag­nie minière améri­caine dans l’île de Chypre. Le 10 octo­bre 1964, l’hebdomadaire Busi­ness Week pub­li­ait un remar­quable arti­cle sur les activ­ités de cette com­pag­nie. Il y avait à l’époque où cet arti­cle a paru des trou­bles poli­tiques à Chypre; d’où son titre :“Un vol­can qui crache des flots d’argent liquide.”
La Cyprus Mines Cor­po­ra­tion, société améri­caine ayant son siège à Los Ange­les, était instal­lée à Chypre depuis 1912. L’ouverture, au début des années 20, d’une nou­velle mine de cuiv­re, égale­ment dans l’île, dite mine de Mavrovouni, a mar­qué un tour­nant dans l’histoire de la Cyprus Mines Cor­po­ra­tion. “Mavrovouni, c’était bel et bien une mine d’or que nous avions là”, a dit Hen­ry Mudd, le prési­dent de la compagnie.
Par les effets con­jugués du bon marché de la main d’oeuvre chypri­ote et de la mon­tée ver­tig­ineuse des prix du cuiv­re après la Sec­onde Guerre mon­di­ale, la rentabil­ité de Mavrovouni allait s’avérer fan­tas­tique. Les béné­fices nets réal­isés après guerre à Chypre par la Cyprus Mines Cor­po­ra­tion atteignirent la somme de 100 mil­lions de dol­lars… dont 80 % pour la mine de Mavrovouni. Il ressort claire­ment des chiffres cités par Busi­ness Week que la presque total­ité de ces béné­fices furent rap­a­triés aux U.S.A. La Cyprus Mines Cor­po­ra­tion devint le pre­mier employeur de Chypre, avec 2400 salariés, et le plus gros client du fisc chypri­ote. Il était con­nu cepen­dant que la mine de Mavrovouni serait épuisée en quelques années, mais tant qu’on put en tir­er du min­erai de cuiv­re, on en tira égale­ment d’énormes sommes d’argent.
Qu’a‑t-on fait de ces énormes sommes d’argent extraites du min­erai de cuiv­re chypriote ?
Pour une part, elles ont été dis­tribuées aux action­naires de la com­pag­nie, pour per­me­t­tre entre autres à la famille Mudd de tenir son rang en Cal­i­fornie du Sud où elle est (je cite Busi­ness Week) :
“…Une clé de voûte de la phil­antropie… Hen­ry Mudd donne beau­coup de son temps au Har­vey Mudd Col­lege de Clare­mont : “C’est à Mavrovouni que nous le devons.” Autres bonnes oeu­vres : un insti­tut de philoso­phie à l’université de Cal­i­fornie du Sud, des dons à Pomona et Clare­mont, un cen­tre de tech­nolo­gie pour l’université Colum­bia à New York…”
Mais pour le prin­ci­pal, les béné­fices extraits de Chypre ont per­mis à la Cyprus Mines Cor­po­ra­tion de se bâtir de toutes pièces un nou­veau com­plexe économique, aux États-Unis et à l’étranger. Les bases de ce nou­v­el empire ont été jetées dans le début des années 50 alors que les béné­fices tirés de Chypre étaient au plus haut, mais que les mines étaient près d’être épuisées. Dans la liste des nou­velles entre­pris­es créées avec les béné­fices réal­isés à Chypre, on trouve :
— Une com­pag­nie minière (fer) au Pérou ;
— Une com­pag­nie minière (cuiv­re) dans l’Arizona ;
— Une com­pag­nie mar­itime au Panama ;
— Une cimenterie à Hawaï ;
— Deux usines de pro­duits chim­iques au Pays-Bas ;
— Une com­pag­nie minière (fer) en Australie.
Elles font tomber sans aucun doute de jolies sommes dans les cof­fres de la Cyprus Mines Cor­po­ra­tion à Los Ange­les, grâce aux­quelles la com­pag­nie pour­ra éten­dre encore ses activ­ités et la famille Mudd con­tin­uer à jouer les “ clés de voûte de la philantropie”.
Et la pop­u­la­tion de Chypre dans tout ça ? Qu’advient-il de la petite île d’où est sor­ti cette for­tune prodigieuse ?
Comme beau­coup de com­pag­nies améri­caines à l’étranger, la Cyprus Mines Cor­po­ra­tion se flat­tait de men­er à Chypre une poli­tique sociale avancée. Elle payait bien ses ouvri­ers, com­par­a­tive­ment aux salaires pra­tiqués dans l’île (entre 4,62 et 5,60 dol­lars par jour). La com­pag­nie “a mis des mil­lions dans des loge­ments, des écoles, des instal­la­tions de loisirs, un hôpi­tal mod­erne, un pro­gramme de dis­tri­b­u­tion de lait et de yoghourts aux enfants”. Busi­ness Week cite ce mot du vice-prési­dent : “Nous auri­ons pu n’être qu’un épisode de plus dans la longue his­toire de l’île. Mais nous essayons de créer quelque chose de val­able que nous lais­serons der­rière nous.”
Mais qu’est-ce que la com­pag­nie laisse der­rière elle ?
Elle laisse une île où le pro­duit des impôts a forte­ment dimin­ué ; elle laisse 2400 tra­vailleurs sans emploi ; elle laisse dans la mémoire de pau­vres enfants des sou­venirs du temps où on leur dis­tribuait pour rien du lait et des yoghourts.
Comme le dit la Month­ly Review dans son commentaire :
“Imag­inez où pour­rait en être Chypre aujourd’hui si elle avait pu emprunter les cap­i­taux néces­saires pour exploiter elle-même Mavrovouni, avec un prêt sur 12 ans à 2,5 % comme ceux que Cuba a reçu de l’Union sovié­tique et d’autres pays social­istes ! Ce prêt serait rem­boursé depuis longtemps et les 100 mil­lions de dol­lars qui ont ali­men­té les phil­antropies de M. Mudd et le nou­v­el empire bâti autour de la Cyprus Mines Cor­po­ra­tion auraient pu servir à con­stru­ire une économie saine et capa­ble d’une rapi­de expan­sion. Et un Har­vey Mudd Col­lege, sous un autre nom, aurait pu devenir l’un des grands cen­tres d’éducation pour le bassin méditer­ranéen et le Moyen-Orient.”
Mais cette pos­si­bil­ité est per­due ; à tout jamais la richesse de l’île a été mise à sac et Chypre n’a presque rien pour com­penser ce vide. Quoi qu’en ait dit le vice-prési­dent de la com­pag­nie, la Cyprus Mines Cor­po­ra­tion n’aura été qu’un “épisode de plus dans la longue his­toire de l’île”… un épisode désastreux.
Extrait de “L’ennemi” de Felix Greene, pages 178–179-180, Édi­tions Stock 1972.
C’est ain­si que procède l’impérialisme pour piller la planète…

Annexe 3 : l’irrationnalité démentielle des principes du capitalisme

Exposé du Chef Guaicaipuro Cuate­moc devant la réu­nion des Chefs d’État de la Com­mu­nauté Européenne, en Espagne, à Valence, en avril 2002. Avec un lan­gage sim­ple, retrans­mis en tra­duc­tion simul­tanée à plus d’une cen­taine de Chefs d’États et de dig­ni­taires de la com­mu­nauté Européenne, le Chef Guaicaipuro Cuate­moc finit par inquiéter son audi­toire lorsqu’il déclare :

“Ain­si moi, Guaicaipuro Cuate­moc, je suis venu ren­con­tr­er ceux qui célèbrent la ren­con­tre. Ain­si moi, descen­dant de ceux qui peu­plaient l’Amérique il y a quar­ante mille ans, je suis venu ren­con­tr­er ceux qui l’ont ren­con­trée il y a seule­ment cinq cents ans.
Ain­si donc, nous nous ren­con­trons tous. Nous savons qui nous sommes, et cela suffit.
Le frère douanier européen me demande un papi­er écrit avec un visa pour que je puisse décou­vrir ceux qui m’ont découvert.
Le frère usuri­er européen me demande de pay­er une dette con­trac­tée par Judas à qui je n’avais jamais per­mis de me ven­dre quoi que ce soit.
Le frère avo­cail­lon européen m’explique que toute dette se paie avec intérêt, même si c’est en ven­dant des êtres humains et des pays entiers sans leur deman­der leur consentement.
Et je les décou­vre peu à peu.
Moi aus­si, je peux réclamer des paiements, moi aus­si je peux réclamer des intérêts.
Les Archives des Indes attes­tent, papi­er après papi­er, reçu après reçu et sig­na­ture après sig­na­ture, que seule­ment entre 1503 et 1660, sont arrivés à San­lu­car de Bar­rame­da 185 tonnes d’or et 16.000 tonnes d’argent en prove­nance d’Amérique.
Pil­lage ? Je ne le croirais pas ! Ce serait penser que les frères chré­tiens ont man­qué à leur Sep­tième Commandement.
Spo­li­a­tion ? Que Tanatzin me garde d’imaginer que les Européens, comme Cain, tuent et nient le sang de leur frère !
Géno­cide ? Ce serait accorder crédit aux calom­ni­a­teurs tels Bar­tolomé de las Casas, qui qual­i­fient la ren­con­tre de “destruc­tion des Indes” ou d’autres comme Arturo Uslar Pietre qui affir­ment que le démar­rage du cap­i­tal­isme et de la civil­i­sa­tion européenne actuelle se sont pro­duits grâce à cette avalanche de métaux pré­cieux ! Non !
Ces 185 tonnes d’or et ces 16.000 tonnes d’argent doivent être con­sid­érés comme le pre­mier de beau­coup d’autres prêts ami­caux de l’Amérique, affec­tés au développe­ment de l’Europe.
Le con­traire serait pré­sumer de l’existence de crimes de guerre, ce qui ouvri­rait droit non seule­ment à exiger leur rem­bourse­ment immé­di­at, mais égale­ment à des dom­mages et intérêts.
Moi, Guaicaipuro Cuate­moc, je préfère retenir la moins belliqueuse de ces hypothès­es. Cette fab­uleuse expor­ta­tion de cap­i­taux ne fut que le début d’un plan “MARSHALLTEZUMA”, des­tiné à assur­er la recon­struc­tion de la bar­bare Europe, ruinée par ses guer­res déplorables con­tre des musul­mans cul­tivés, inven­teurs de l’algèbre, du bain quo­ti­di­en et de bien d’autres pro­grès impor­tants de la civilisation.
Donc, en célébrant le Cinquième Cen­te­naire du Prêt, nous pour­rions nous deman­der : les frères européens ont-ils fait un usage rationnel, respon­s­able ou du moins pro­duc­tif des fonds si généreuse­ment avancés par le Fonds Inter­na­tion­al Indo-américain ?
Nous regret­tons de devoir dire non.
En matière de stratégie, ils l’ont dilapidé lors des batailles de Lépante, dans les invin­ci­bles armadas, dans des troisièmes reichs et dans bien d’autres formes d’extermination mutuelle, sans autre fin que de se retrou­ver occupés par les troupes gringas de l’OTAN, comme à Pana­ma, le canal en moins.
En matière finan­cière, après un mora­toire de 500 ans, ils ont été inca­pables, non seule­ment de liq­uider le cap­i­tal et ses intérêts mais égale­ment de se ren­dre indépen­dants vis-à-vis des revenus en liq­uide, des matières pre­mières et de l’énergie bon marché que leur exporte et leur four­nit tout le Tiers Monde.
Ce tableau déplorable con­firme l’affirmation de Mil­ton Fried­man qui dit qu’une économie sub­ven­tion­née ne peut jamais fonc­tion­ner, ce qui nous oblige, dans votre intérêt, à vous réclamer le paiement du cap­i­tal et des intérêts dont nous avons si généreuse­ment dif­féré le paiement ces derniers siècles.
Ceci étant, nous devons pré­cis­er que nous ne nous abais­serons pas à faire pay­er à nos frères européens les taux d’intérêt vils et san­guinaires de 20 et même 30 % qu’à l’occasion cer­tains frères européens font pay­er aux peu­ples du Tiers Monde.
Nous nous lim­iterons à exiger le rem­bourse­ment des métaux pré­cieux avancés, plus un intérêt mod­ique fixe de 10 % l’an, cumulé seule­ment sur les 300 dernières années, soit 200 ans d’exonération.
Sur cette base, et si nous appliquons la for­mule européenne des intérêts com­posés, nous infor­mons nos décou­vreurs qu’ils nous doivent, en pre­mier paiement de leur dette, un poids de 484.147.000 tonnes d’or et de 42 mil­liards de tonnes d’argent.
À savoir, des vol­umes équiv­alant aujourd’hui à 212.345 fois la pro­duc­tion d’or annuelle mon­di­ale et 3.164.000 fois celle d’argent.
Ce total équiv­aut égale­ment à 70 % de toute l’écorce ter­restre, soit 0,7 % de l’ensemble de la planète.
Elles pésent lourd ces mass­es d’or et d’argent. Et com­bi­en pèseraient-elles si on les comp­tait en sang ?
Ajouter que l’Europe, en un demi mil­lé­naire, n’a pas pu génér­er suff­isam­ment de richess­es pour régler ce mod­ique intérêt, serait admet­tre son échec financier absolu et/ou l’irrationalité démen­tielle des principes du capitalisme.
Bien enten­du, les indi­ens d’Amérique ne se posent pas de telles ques­tions métaphysiques.
Par con­tre nous exi­geons la sig­na­ture d’une Let­tre d’Intention engageant les peu­ples débi­teurs du Vieux Con­ti­nent, les oblig­eant à respecter leur engage­ment par une rapi­de pri­vati­sa­tion ou recon­ver­sion de l’Europe, leur per­me­t­tant de nous la remet­tre tout entière, à titre de pre­mier verse­ment de “la dette historique”.”

Quand le Chef Guaicaipuro Cuate­moc a don­né sa con­férence devant la réu­nion des Chefs d’Etat de la Com­mu­nauté Européenne, il ne savait pas qu’il était en train d’exposer une thèse de Droit Inter­na­tion­al des­tinée à déter­min­er la VÉRITABLE DETTE EXTÉRIEURE.
Il ne reste plus qu’à trou­ver un gou­verne­ment lati­no-améri­cain suff­isam­ment courageux pour porter l’affaire devant les Tri­bunaux Internationaux.

Arti­cle paru dans Mor­phéus n°2, mars/avril 2004, www.morpheus.fr

Annexe 4 : terreur, fanatisme et culte de la personnalité du “petit père des peuples”

“Et voici com­ment les choses se pas­saient, voici un petit tableau de ces années-là. Une con­férence du par­ti (…) dans la province de Moscou (…) A la fin de la con­férence, adop­tion d’une motion de fidél­ité au cama­rade Staline. Bien enten­du tous se lèvent (…) des “applaud­isse­ments fréné­tiques se trans­for­mant en ova­tions” écla­tent dans la petite salle. Pen­dant trois, qua­tre, cinq min­utes, ils per­sis­tent (…) Mais déjà les mains com­men­cent à faire mal (…) Mais déjà les hommes d’un cer­tain âge s’essoufflent (…) Cepen­dant, qui osera s’arrêter le pre­mier ? (…) Dans cette salle, par­mi ceux qui sont debouts et applaud­is­sent, il y a des mem­bres du NKVD et ils sur­veil­lent qui cessera le pre­mier ! (…) Le directeur de la fab­rique de papi­er locale, homme solide et indépen­dant, est debout à la tri­bune et applau­dit, tout en com­prenant à quel point la sit­u­a­tion est fausse et sans issue. Il applau­dit pour la neu­vième minute con­séc­u­tive ! Pour la dix­ième ! C’est de la folie ! De la folie col­lec­tive (…) A la onz­ième minute, le directeur de la fab­rique prend un air affairé et s’assied à sa place (…) Tous s’arrêtent comme un seul homme et s’asseyent à leur tour (…)
Seule­ment, c’est de cette façon-là, juste­ment, que l’on repère les esprits indépendants (…)
La nuit même le directeur de la fab­rique est arrêté. On n’a pas de mal à lui coller dix ans pour un tout autre motif. Mais, après la sig­na­ture du procès-ver­bal de l’instruction, le com­mis­saire instruc­teur lui rappelle :
“Et ne soyez jamais le pre­mier à vous arrêter d’applaudir !”

Con­férence du par­ti com­mu­niste dans la province de Moscou en 1937 rap­portée par Alexan­dre Soljénit­sine dans “L’archipel du goulag”.

Annexe 5 : un grand journaliste vous parle

“Quelle folie que de porter un toast à la presse indépen­dante ! Cha­cun, ici présent ce soir, sait que la presse indépen­dante n’existe pas. Vous le savez et je le sais. Il n’y en a pas un par­mi vous qui oserait pub­li­er ses vraies opin­ions, et s’il le fai­sait, vous savez d’avance qu’elles ne seraient jamais imprimées. Je suis payé 250 $ par semaine pour garder mes vraies opin­ions en dehors du jour­nal pour lequel je tra­vaille. Si j’autorisais la pub­li­ca­tion d’une bonne opin­ion dans un sim­ple numéro de mon jour­nal, je perdrais mon emploi en moins de 24 heures, à la façon d’Othello. Cet homme suff­isam­ment fou pour pub­li­er la bonne opin­ion serait à la rue en train de rechercher un nou­v­el emploi. La fonc­tion d’un jour­nal­iste (de New York) est de détru­ire la Vérité, de men­tir rad­i­cale­ment, de per­ver­tir, d’avilir, de ram­per aux pieds de Mam­mon et de se ven­dre lui-même, de ven­dre son pays et sa race pour son pain quo­ti­di­en ou ce qui revient au même : son salaire. Vous savez cela et je le sais ; quelle folie donc que de porter un toast à la presse indépen­dante. Nous sommes les out­ils et les vas­saux d’hommes rich­es qui com­man­dent der­rière la scène. Nous sommes leurs mar­i­on­nettes ; ils tirent les ficelles et nous dan­sons. Notre temps, nos tal­ents, nos pos­si­bil­ités et nos vies sont la pro­priété de ces hommes.
Nous sommes des pros­ti­tués intellectuels”.

Déc­la­ra­tion faite par le jour­nal­iste John Swin­ton, ex-rédac­teur en chef du New York Times, lors d’un ban­quet don­né en son hon­neur à l’occasion de son départ en retraite, en réponse à un toast porté à la presse indépen­dante. Cité par le R.P. Denis Fahey dans son ouvrage : “The Mys­ti­cal Body of Christ in the Mod­ern World”, et par Deirdre Man­i­fold dans : “Towards World Gov­ern­ment, New World order”.

Annexe 6 : l’esprit de compétition est une faiblesse

“Pour moi, l’esprit de com­péti­tion est une faib­lesse. Vous feriez beau­coup mieux de chercher à vous per­fec­tion­ner ; cela, c’est une force. Vouloir s’imposer à quelqu’un vous mène à votre pro­pre perte ; ce n’est pas ain­si que vous vous élèverez.
Il y avait en Inde un grand swa­mi, Ram Tirth, qui avant d’être swa­mi fut un bril­lant pro­fesseur de math­é­ma­tiques. À l’époque où il don­nait des cours à l’université, il remar­qua l’esprit de com­péti­tion qui rég­nait par­mi ses étu­di­ants. “Vous voulez vous impos­er, leur dit-il, mais cette façon de procéder ne vous mèn­era nulle part.” L’esprit de com­péti­tion, en effet, refroid­it les ent­hou­si­asmes, sape les éner­gies et finit par être déprimant.
Le pro­fesseur Ram Tirth traça une ligne au tableau et deman­da aux étu­di­ants de la rac­cour­cir. Ils com­mencèrent par effac­er une extrémité du trait, mais Ram Tirth pré­cisa : “Vous devez la rac­cour­cir sans y touch­er ; cette ligne ne vous a rien fait de mal !” Tous les étu­di­ants restèrent pen­sifs, car ain­si posé, le prob­lème leur parais­sait insoluble.
“Voulez-vous que je vous donne la solu­tion ?” deman­da Ram Tirth. Il traça alors une autre ligne, plus longue que la pre­mière. “Et voilà, dit-il ; n’est-ce pas une façon de rac­cour­cir la pre­mière ligne ?”
Il y a de la place pour tout le monde. Vous n’avez pas besoin d’écraser les autres pour vous élever.”

La con­science d’égalité

“Toute la nature pra­tique la con­science d’égalité. La terre est la même envers tous ; celle de l’Inde ne dit pas : “Seuls les Indi­ens ont le droit de me fouler.” L’air est le même envers tous ; celui d’Amérique ne dit pas : “Je suis réservé aux Améri­cains ; toi, tu n’as pas le droit de me respir­er.” L’eau est partout la même ; en mélangeant des eaux provenant d’Inde et d’Angleterre, on obtient tou­jours de l’eau. Le soleil est le même pour tous ; il ne dit pas : “Je brille pour celui-ci, qui est bon ; mais je laisse celui-là dans les ténèbres, car je le juge mau­vais.” Seuls les humains font des dis­tinc­tions entre les gens, entre les objets, entre les pays. Mais un véri­ta­ble être humain est quelqu’un qui con­sid­ère tout d’un même oeil, com­prenant que Dieu y est égale­ment présent.
Tukaram Maharaj, le grand saint du Maha­rash­tra, dit dans un de ses poèmes : “Ô Seigneur, voici de quelle manière je vais T’adorer : je vais ren­dre hom­mage à tout ce qui existe, comme si c’était Toi-même.” Ceci est l’essence de la con­science d’égalité. Comme Tukaram, celui qui con­sid­ère toutes choses avec la véri­ta­ble con­science d’égalité devient très hum­ble. Il se prosterne devant cha­cun, com­prenant que cha­cun est une forme de Dieu. C’est pourquoi on dit que l’humilité est une des ver­tus divines…C’est une qual­ité qui se man­i­feste spon­tané­ment chez celui qui prend con­science de son iden­tité avec Dieu. De même qu’un homme riche se recon­naît à son com­porte­ment, à son allure, celui qui pos­sède la richesse divine se recon­naît à son humil­ité. Seule l’humilité per­met d’approcher Dieu…”

Extrait du livre du swa­mi Muk­tanan­da : “J’ai trou­vé la Vie. Les secrets du voy­age intérieur” Edi­tions Saraswati, pages 183 et 131–132.
Swa­mi Muk­tanan­da apparte­nait à une remar­quable et très anci­enne lignée de Sid­dhas qui étaient vénérés comme des saints et des Maîtres réal­isés, pos­sé­dant le pou­voir d’éveiller le poten­tiel spir­ituel de chacun.

Annexe 7 : logo et symbolisme

1) Le tri­an­gle supérieur : c’est le delta, le D majus­cule de l’alphabet grec.
* C’est l’initiale du mot démocratie.
* C’est le sym­bole de la pyra­mide con­sti­tuée par les dif­férents niveaux des groupes-citoyens.
2) Les qua­tre bar­res ver­ti­cales : ce sont les qua­tre piliers de la démoc­ra­tie : égal­ité, lib­erté, tirage au sort des per­son­nes, vote des décisions.
3) L’ensemble évoque un tem­ple grec et les orig­ines de la démoc­ra­tie, ren­for­cées par l’écriture pseudo-antique.
4) Il évoque égale­ment une flèche mon­tante, sym­bole d’élévation et de pro­grès de l’humanité.
5) Il symbolise :
* le lien entre le peu­ple et le pouvoir.
* la con­cen­tra­tion et la redis­tri­b­u­tion du pou­voir politique.
* le fonc­tion­nement des groupes-citoyens.
6) Sous les qua­tre piliers, les qua­tre ini­tiales du nou­veau par­ti poli­tique : le M.C.V.D. : Mou­ve­ment des Citoyens pour la Vraie Démocratie

Annexe 8 : engagement politique du M.C.V.D.

La démoc­ra­tie, c’est le gou­verne­ment du peu­ple par le peu­ple. Tous les citoyens sont poli­tique­ment égaux. La lib­erté poli­tique découle néces­saire­ment de ce principe pre­mier d’égalité poli­tique. La lib­erté poli­tique implique donc toutes les lib­ertés : de penser, de s’exprimer, d’agir ou de résis­ter, à la seule con­di­tion que leurs usages ne vien­nent pas nuire aux droits, à la dig­nité et aux lib­ertés des autres.
Cette con­di­tion n’est pas respec­tée par la pseu­do-démoc­ra­tie actuelle qui cau­tionne le cap­i­tal­isme le plus out­ranci­er et une véri­ta­ble dic­tature de l’économie.
Une minorité, une oli­garchie, acca­pare le pou­voir économique et financier avec la com­plic­ité du pou­voir politi­cien et d’institutions tail­lées sur mesure pour favoris­er la prise du pou­voir par les plus per­vers. Le sys­tème des élec­tions au suf­frage uni­versel n’offre que les apparences de la démoc­ra­tie et per­pétue au pou­voir une caste de politi­ciens pro­fes­sion­nels et arriv­istes qui se trompent et trompent per­pétuelle­ment les citoyens.
En effet, ils ont rem­placé le principe fon­da­men­tal de la démoc­ra­tie, un citoyen égale un citoyen, par un principe truqué, un citoyen égale un vote, ce qui con­stitue la plus incroy­able escro­querie poli­tique que l’on puisse imag­in­er. Les Grecs, fon­da­teurs de la démoc­ra­tie il y a 2500 ans avaient déjà com­pris ce piège et leur démoc­ra­tie igno­rait les élec­tions au suf­frage uni­versel. Elle fonc­tion­nait par­faite­ment sur la base du seul principe poli­tique réelle­ment égal­i­taire et juste : le tirage au sort, pour désign­er des per­son­nes représen­tant les citoyens.
Ain­si, l’objectif poli­tique du M.C.V.D. est clair : il s’agit de con­va­in­cre les citoyens qu’il faut chang­er les insti­tu­tions poli­tiques. En finir avec la Cinquième République, la plus per­verse, la plus cor­rompue, la plus mafieuse de l’histoire de notre pays. Pour cela, il faut rem­plac­er les élec­tions au suf­frage uni­versel par un sys­tème de tirage au sort qui redonnera à chaque citoyen sa véri­ta­ble place poli­tique dans une société véri­ta­ble­ment démoc­ra­tique débar­rassée des par­a­sites du pou­voir. Aus­si longtemps que les citoyens se lais­seront manip­uler par les politi­ciens et qu’ils con­tin­ueront à par­ticiper à la grande mas­ca­rade des élec­tions “démoc­ra­tiques” en allant de temps en temps met­tre un bul­letin dans une urne au béné­fice d’un boni…menteur quel­conque, l’escroquerie “démoc­ra­tique” continuera.
Le sys­tème poli­tique actuel qui oppose la droite et la gauche dans une comédie abjecte, est un sys­tème qui fab­rique de toutes pièces des divi­sions arti­fi­cielles entre les citoyens. Cela s’appelle divis­er pour régn­er. Les politi­ciens divisent la masse du peu­ple pour per­me­t­tre à une infime minorité d’accaparer tout le pou­voir et de gou­vern­er à leur seul profit.
Le M.C.V.D. pro­pose un sys­tème de représen­ta­tion par tirage au sort, sim­ple, facile à met­tre en oeu­vre par les citoyens eux-mêmes, sys­tème totale­ment indépen­dant de l’État et de l’administration, résol­u­ment, par­faite­ment, incon­testable­ment démoc­ra­tique et absol­u­ment légitime. Ce sys­tème n’est pas une vue de l’esprit. Il existe réelle­ment : n’importe quel citoyen peut le faire fonc­tion­ner de sa pro­pre initiative.
Les citoyens vont enfin avoir avec le M.C.V.D. une offre poli­tique pour un vrai choix, une vraie alter­na­tive : pour une vraie démoc­ra­tie qui redonne à chaque citoyen sa place poli­tique et sa parole con­fisquée depuis trop longtemps par les politi­ciens pro­fes­sion­nels et les pseu­do-élites au ser­vice des mafias du fric.

Annexe 9 : questions dérangeantes ? Pour qui ?

“Il y a des ques­tions qui équiv­a­lent à des réponses.”
Jean Jaurès

Com­ment se fait-il qu’un pays comme Israël, recon­nu comme une authen­tique démoc­ra­tie, se com­porte en agresseur et fasse subir à des pop­u­la­tions civiles une ter­reur digne des nazis ? Com­ment se fait-il qu’un Sharon dont le par­ti a recueil­li 40% des voix ait réus­si à ral­li­er à sa poli­tique va-t-en guerre 80% des Israéliens ?
Bien des juifs sur­vivants de la Shoah sont rem­plis de honte et atter­rés par le com­porte­ment des sol­dats de Tsa­hal. Ils le ressen­tent comme une indignité.

Je ne suis ni anti-juif ni anti-arabe. Les deux peu­ples sont frères puisqu’ils recon­nais­sent dans leur tra­di­tion, la plus enrac­inée, leur fil­i­a­tion par le prophète Abra­ham. C’est donc un con­flit frat­ri­cide, ce qui le rend encore plus inad­mis­si­ble et insupportable.

Sharon a été élu sur la promesse de ramen­er le calme et d’en finir avec le terrorisme.
Mais Israël ne respecte pas ses engage­ments et les réso­lu­tions de l’ONU. Les “colonies juives” n’ont cessé de se mul­ti­pli­er et de s’implanter dans des zones promis­es aux Pales­tiniens qui ne subis­sent que des humil­i­a­tions. Com­ment s’étonner qu’une minorité fanatisée par des fous religieux ou manip­ulée par des politi­ciens per­vers utilise la seule arme dont elle dis­pose : le terrorisme ?

Il est tout de même extra­or­di­naire que 80% des Israéliens aient oublié dans quelles cir­con­stances dra­ma­tiques fut créé l’État d’Israël.
Ils ont oublié que c’est par le ter­ror­isme de l’Irgoun, de la Haganah, du groupe Stern qu’ils ont pu met­tre 100 000 sol­dats anglais à la porte. Faut-il rap­pel­er l’attentat du King David Hôtel à Jérusalem, quarti­er général anglais ? Organ­isé et décidé par Mena­hem Begin, chef de l’Irgoun, il causa la mort de 17 Anglais… et de 93 civils juifs et musul­mans. Cela n’empêcha nulle­ment le ter­ror­iste Begin, assas­sin de son pro­pre peu­ple, de devenir Pre­mier Min­istre de son pays et de recevoir le prix Nobel de la paix en 1978 avec l’Égyptien Anouar al Sadate.
Ils ont oublié aus­si les 400 000 Pales­tiniens spoliés et chas­sés de leurs ter­res, et les mas­sacres per­pétrés par leurs soins. Faut-il rap­pel­er celui de Deir Yassin en 1948 : 254 femmes, enfants et vieil­lards mas­sacrés par les sion­istes et en 1982 : Sabra et Chati­la dont on ignore le bilan exact, qui varie entre 500 et 5000 morts, avec la béné­dic­tion du général…Sharon ! Faut-il rap­pel­er le bom­barde­ment de Bey­routh par l’armée de Sharon, durant l’été 1982, qui causa par­mi la pop­u­la­tion civile la mort de 5675 per­son­nes et fit près de 30 000 blessés dont plus de 11500 graves ? Et les innom­brables vic­times de l’Intifada ?

Com­ment est-il pos­si­ble que la démoc­ra­tie israéli­enne per­me­tte le retour au pou­voir d’un homme que ses tri­bunaux ont recon­nu com­plice des mas­sacres de Sabra et Chati­la, et qui fut, pour cela, obligé de démis­sion­ner de son poste de min­istre de la Défense le 11 févri­er 1983 ?

En 2001, la Bel­gique a adop­té une loi per­me­t­tant à ses tri­bunaux d’entendre des plaintes con­cer­nant des crimes con­tre l’Humanité, quel que soit l’endroit où ils ont pu être com­mis. Plusieurs sur­vivants et proches des vic­times de Sabra et Chati­la ont inten­té un procès, devant les tri­bunaux belges, con­tre Sharon. Élie Hobei­ka, le com­man­dant des Forces Libanais­es qui per­pétrèrent les mas­sacres avec la béné­dic­tion de Sharon, avait affir­mé, le 23 jan­vi­er 2002, qu’il se rendrait à Brux­elles pour témoign­er lors du procès. Le lende­main même, 24 jan­vi­er, à Bey­routh, Hobei­ka était expédié ad patres avec trois de ses gardes du corps dans l’explosion d’une énorme bombe déclenchée à dis­tance. Tout le monde a com­pris. Qu’aurait bien pu révéler Hobei­ka sur Sharon, pour faire de lui un tel dan­ger pour son ex-patron-pro­tecteur-com­man­di­taire, et provo­quer une réac­tion aus­si rapi­de que brutale ?
La méth­ode de Sharon con­siste à tout faire pour sabot­er toute pos­si­bil­ité de négo­ci­a­tion. Faut-il rap­pel­er qu’il est à l’origine de l’Intifada (la guerre des pier­res) ? En allant délibéré­ment provo­quer la colère des musul­mans sur le parvis de la mosquée Al Aqsa, il savait ce qu’il fai­sait. Tout comme Benyamin Netanyaou, aus­si jusqu’au-boutiste que lui, avec l’ouverture d’un tun­nel sous la même mosquée qui provo­qua une vague de protes­ta­tions, de répres­sions et d’attentats.
Sharon ne voulait pas d’un État Pales­tinien à sa porte, ni d’Arafat, lequel con­sti­tu­ait, pour lui, à la fois une véri­ta­ble obses­sion rel­e­vant du délire men­tal, et le pré­texte à toutes les agres­sions, le bouc émis­saire idéal.
C’est la rai­son pour laque­lle il s’est bien gardé de le liq­uider physique­ment. Il avait besoin d’Arafat pour exis­ter et jus­ti­fi­er sa para­noïa. Cer­taines infor­ma­tions lais­sent penser que les ser­vices secrets israéliens auraient sus­cité et manip­uleraient des groupes ter­ror­istes pales­tiniens pour jus­ti­fi­er une répres­sion aveu­gle, sabot­er la paix, empêch­er la créa­tion d’un État pales­tinien et ren­forcer les extrémistes religieux qui récla­ment l’ouverture de nou­velles colonies et ont pour objec­tif un État théocra­tique juif, la con­sti­tu­tion de l’État d’Israël ayant oppor­tuné­ment oublié d’en affirmer la laïcité.
Si l’église de la Nativ­ité à Beth­léem n’avait été qu’une église quel­conque, Sharon serait bien allé jusqu’à s’offrir son Oradour-sur-Glane ! Ce qu’il a fait notam­ment avec l’usage affreux des snipers ne vaut pas mieux.
La destruc­tion totale de la ville de Jenine est à met­tre en par­al­lèle avec celle du ghet­to de Varso­vie. C’est la même poli­tique de ter­reur et de liq­ui­da­tion. Ce qui est ter­ri­ble, c’est que Sharon se débrouille, par lob­by juif améri­cain inter­posé, pour avoir l’appui de Bush. On a du mal à admet­tre que le peu­ple juif, en rai­son de son his­toire trag­ique, puisse se com­porter de la même manière que ses anciens bour­reaux, ou du moins comme un vul­gaire État colo­nial­iste. C’est pour­tant ce qu’il fait depuis sa créa­tion, par la force du ter­ror­isme et des armes.
La con­struc­tion du mur de “sépa­ra­tion” est une honte et un scan­dale. Elle est révéla­trice de la folie para­noïaque de Sharon. La para­noïa de Sharon doit pou­voir se rat­tach­er à celle de ses par­ents. Il a passé toute son enfance dans un kib­boutz. La mai­son famil­iale était située au beau milieu du vil­lage. C’était la seule et unique mai­son clo­turée (par une forte palis­sade). Dans le jar­dinet attenant, tous les mas­sifs de fleurs étaient entourés de grillages…
L’armée israéli­enne est financée et équipée par la générosité sans faille de la dias­po­ra améri­caine. L’économie mai­grelette et per­pétuelle­ment en crise de l’État Israélien, porte-avion améri­cain au Proche-Ori­ent, en est bien inca­pable ! Mais elle peut aus­si compter sur l’aide mas­sive directe­ment prélevée sur le bud­get fédéral des États-Unis.
Com­ment s’étonner de la haine des pop­u­la­tions arabes envers l’Amérique, de la liesse qui s’est emparée d’elles au moment du 11 sep­tem­bre, et qu’elles élèvent au pina­cle un Ben Laden qui leur “rend leur hon­neur” en répon­dant à une poli­tique de folie par une autre poli­tique de folie ? Effet miroir. On aurait pu espér­er une remise à plat de la poli­tique améri­caine. Quelques améri­cains ont cer­taine­ment bien com­pris la leçon. Hélas, le matraquage médi­a­tique, le lavage de cerveau imposé par les revan­chards, ne sert que les intérêts des marchands de pét­role : l’Afghanistan enfin “libéré” per­met son con­trôle et assure la sécu­rité d’un oléo­duc per­me­t­tant l’évacuation des rich­es gise­ments de la Caspi­enne et de la Tchétchénie (tiens donc !) vers les marchés mondiaux.
Et voilà nos cow-boys plus patri­otes et incon­scients que jamais der­rière leur ban­nière étoilée, prêts à marcher dans une nou­velle guerre du pétrole.
L’Histoire “clas­sique” nous présente tou­jours le Japon comme l’agresseur des États-Unis avec l’attaque de Pearl Har­bor. On oublie de dire qu’en juil­let 1941, Roo­sevelt décré­ta l’embargo sur le com­merce japon­ais et blo­qua l’approvisionnement en pét­role du Japon. Roo­sevelt savait per­tinem­ment qu’il étranglait le Japon et qu’il le pous­sait à la guerre. Le 7 décem­bre 1941, Pearl Har­bor était pro­gram­mé pour per­me­t­tre l’entrée en guerre des USA. Il n’est pas néces­saire de rap­pel­er ici la longue liste des “nég­li­gences” invraisem­blables qui ont ren­du pos­si­ble le désas­tre de Pearl Harbor.55 Le con­tre-ami­ral Robert Theobald, écrit : “Notre con­clu­sion prin­ci­pale, est que le prési­dent Roo­sevelt con­traig­nit le Japon à faire la guerre en exerçant en per­ma­nence sur lui une pres­sion diplo­ma­tique et économique, et l’incita à ouvrir les hos­til­ités par une attaque sur­prise en main­tenant la flotte du Paci­fique dans les eaux hawaïennes comme appât.” in “Le secret de Pearl Har­bor” Pay­ot 1955, p.151.
Les Japon­ais se sont pré­cip­ités sur Sin­gapour, puis sur Java pour con­trôler les gise­ments de pét­role indonésiens…

La guerre du Viet­nam fut déclenchée lorsque des prospec­tions pétrolières US avancèrent l’existence de réserves mirobolantes du côté des îles Sprat­ley et Paracel.
En août 1964, le prési­dent Lyn­don John­son prit pré­texte d’une attaque de canon­nières viet­nami­ennes pour déclencher la guerre du Viet­nam. Pré­texte fondé sur un pur men­songe, cela va de soi.
Faut-il rajouter que, pen­dant que l’Amérique fai­sait la guerre au Nord Viet­nam, soutenue par l’URSS et la Chine, le gou­verne­ment US accor­dait à l’Union Sovié­tique des aides dont le mon­tant dépas­sait large­ment celles qui lui avaient été ver­sées pen­dant la Sec­onde Guerre Mon­di­ale. Aides util­isées par les Russ­es pour pro­duire du matériel de guerre envoyé au Nord Viet­nam et util­isé con­tre les troupes américaines…

Tout le monde sait que la guerre du Golfe fut une guerre pour le pét­role. Il faut tout de même rap­pel­er que, pen­dant huit années d’une guerre débile con­tre l’Iran (tou­jours pour des ques­tions de pét­role : délim­i­ta­tion de fron­tières sur des gise­ments com­muns aux deux pays), l’Irak de Sad­dam Hus­sein était financé et armé par la CIA.
Ce sont les Améri­cains eux-mêmes qui ont manip­ulé Sad­dam Hus­sein, finan­cière­ment aux abois, pour le décider à récupér­er le Koweït dans le but d’augmenter ses revenus pétroliers. Or, le Koweït fai­sait par­tie de l’Irak sous man­dat bri­tan­nique. Il est une créa­tion des Anglais qui l’ont séparé du sud de l’Irak. De sur­croît, le Koweït, par des for­ages abusifs, souti­rait sans ver­gogne la nappe pétro­lifère com­mune du sud irakien. Sad­dam Hus­sein avait quelques raisons de ruer dans les bran­car­ds. Résul­tat : les mil­i­taires améri­cains, avec l’aide et la béné­dic­tion des Nations Unies, ont pris pied sur une terre inter­dite aux “infidèles” : l’Arabie Saou­dite. Pour longtemps, au grand dam des fana­tiques… dont Ous­sama Ben Laden !

L’action des Améri­cains en Afghanistan ne date pas d’aujourd’hui. Pour bris­er son encer­clement, l’Union Sovié­tique avait réus­si à installer un gou­verne­ment pro sovié­tique à Kaboul. L’Afghanistan, dans l’esprit du Krem­lin, était une étape pour un accès éventuel sur l’Océan Indi­en. Pour con­tr­er les visées des com­mu­nistes, l’administration de Jim­my Carter finança, dès juil­let 1979, les opposants afghans en sachant par­faite­ment que cela pou­vait provo­quer une inva­sion sovié­tique. Les Russ­es tombèrent dans le pan­neau, pris au piège de leur logique, jusqu’en 1988, au moment de leur retrait mil­i­taire. Cette défaite con­tribua large­ment à la chute de l’empire sovié­tique. Pen­dant cette guerre, l’Amérique finançait et armait les opposants, y com­pris les inté­gristes musul­mans de Ben Laden alors que ses com­plices détru­i­saient déjà la caserne des Marines à Bey­routh (241 Marines tués) et le “Drakkar” (58 paras français tués).

Dans la Russie exsangue et déman­telée, la finance inter­na­tionale et les multi­na­tionales du pét­role se pré­cip­i­tent : il y a, dit-on, un pactole de 40 mil­liards de dol­lars de pét­role sous la Caspi­enne, le même butin que con­voitait Hitler, sans compter ce qui se cache dans le sous-sol tchétchène et qui explique l’acharnement russe sur ce pays.
En 1997, six com­pag­nies pétrolières et le gou­verne­ment du Turk­ménistan for­mèrent un con­sor­tium pour con­stru­ire un oléo­duc des­tiné à exporter le pét­role vers le Pak­istan et sans doute l’Inde , via l’Afghanistan. L’ennui, c’est que le régime des Tal­ibans, soutenu par le Pak­istan (lui-même soutenu par les USA), provo­quait un tel chaos dans le pays que ce pro­jet deve­nait irréalisable.
L’enjeu est colos­sal. Il n’est pas seule­ment économique. Le con­trôle de ce pét­role par les États-Unis est un défi à la Chine, voire une provo­ca­tion. La Chine, dernier bas­tion du com­mu­nisme, mais dont l’économie explose : elle se trou­ve con­fron­tée à d’énormes besoins énergé­tiques… en pét­role dont elle ne dis­pose pas en quan­tité suff­isante sur son ter­ri­toire. Elle sera oblig­ée de pass­er sous les fourch­es caudines des USA pour s’en procurer.
La prochaine guerre (pétrolière) avec la Chine est-elle déjà programmée ?

Car l’on sait aujourd’hui que les plans mil­i­taires des États-Unis con­tre l’Afghanistan et l’Irak étaient dans les car­tons longtemps avant les atten­tats du 11 sep­tem­bre 2001. Les attaques con­tre le World Trade Cen­ter et le Pen­tagone fournirent un mer­veilleux pré­texte pour met­tre à exé­cu­tion un pro­jet pré­paré de longue date.

Il est légitime de se deman­der si tout a été fait pour déjouer ces atten­tats. Les a‑t-on sim­ple­ment lais­sé se pro­duire ? Est-il pos­si­ble d’envisager que le gou­verne­ment des USA ait lais­sé faire au point de per­me­t­tre, sinon d’encourager, une attaque con­tre des Améri­cains dans le sim­ple but de favoris­er ses pro­jets poli­tiques ou les affaires par­ti­c­ulières de quelques per­son­nes privées ?
Il sem­ble bien que la réponse soit pos­i­tive. La tac­tique qui con­siste à créer un prob­lème pour pou­voir pro­pos­er une solu­tion dra­coni­enne au béné­fice d’intérêts par­ti­c­uliers ne date pas d’aujourd’hui. Bien avant les leçons d’un Machi­av­el, Néron fit incendi­er Rome, en accusa ses enne­mis et imposa sa dic­tature. Hitler fit la même chose. Le 27 févri­er 1933, le Reich­stag fut détru­it par le feu. Les nazis accusèrent les com­mu­nistes, et le 24 mars 1933, les députés votèrent, à la demande d’Hitler, à 441 voix con­tre 41, les pleins pou­voirs qui mar­quèrent le début de sa dic­tature. Aujourd’hui, on sait que ce sont les nazis eux-mêmes qui ont incendié le Reichstag.

Ces méth­odes sont util­isées par tous les pays, par tous les gou­verne­ments. Pas seule­ment par les dic­tatures, mais aus­si par les démoc­ra­ties ou, plus exacte­ment, par des régimes qui se pré­ten­dent tels.
Elles sont à l’origine du sin­istre bilan de la poli­tique étrangère des États-Unis, entre les mains de quelques per­son­nes siégeant au Con­seil pour les Rela­tions Étrangères. On y trou­ve d’anciens prési­dents, des directeurs de la CIA et d’anciens secré­taires d’État. Tous sont liés à la finance inter­na­tionale, aux com­pag­nies pétrolières et aux marchands d’armes. Beau­coup ne sont même pas des élus…
À plus petite échelle, la poli­tique de la France en Afrique depuis 1960 a péren­nisé les dictatures.
La poli­tique étrangère améri­caine, résol­u­ment néo­colo­nial­iste, con­siste à assu­jet­tir et à con­trôler d’autres pays par l’intermédiaire de familles for­tunées ou de dic­ta­teurs, soutenus et placés au pou­voir par l’intervention directe de l’armée améri­caine, ou, moins voy­ante, par celle des ser­vices secrets. La liste est longue des pays rav­agés par la sol­lic­i­tude américaine.
Citons pour mémoire (et en mémoire des mil­lions de morts pour l’Oncle Sam) : l’Afghanistan et l’Irak bien sûr, la Ser­bie, le Koso­vo, la Bosnie, l’Iran, la Libye, le Liban, la Pales­tine, le Viet­nam, la Corée, l’Indonésie, les Philip­pines, la Soma­lie, le Soudan, le Tchad, le Zaïre, les abom­i­na­tions de la CIA au Guatemala, le Pana­ma, le Mex­ique, la Colom­bie, Haïti, la République Domini­caine, Cuba, le Nicaragua, la Grenade, l’Argentine, le Chili, le Brésil, la Bolivie, etc.

Les enchevêtrements d’affaires impli­quant des lead­ers poli­tiques améri­cains, anciens et actuels, et des hommes du Moyen-Ori­ent sont bien plus que sus­pects. Les liens entre le clan Bush et la famille Ben Laden sont anciens et étroits. En 1975, l’actuel prési­dent des États-Unis était le représen­tant d’affaires de la famille Ben Laden au Texas dans une com­pag­nie de for­ages pétroliers. La firme Ben Laden fut engagée pour con­stru­ire une base aéri­enne en Ara­bie Saou­dite pen­dant la guerre du Golfe, mal­gré le fait qu’Oussama Ben Laden avait été accusé, aupar­a­vant, de l’attentat au camion piégé qui tua 19 Améri­cains sur la base de Dhahran dans ce même pays.
Le père de l’actuel prési­dent, George Bush senior, qui déclen­cha la guerre du Golfe, est en étroites rela­tions d’affaires avec la famille Ben Laden, par l’intermédiaire de Car­lyle Group, une société finan­cière pesant 12 mil­liards de dol­lars. Les investisse­ments liés des familles Bush et Ben Laden, notam­ment dans des indus­tries aérospa­tiales et d’armement, per­me­t­tent d’affirmer, sans l’ombre d’un doute, que les atten­tats du 11 sep­tem­bre, en provo­quant une hausse mas­sive du bud­get de la défense des États-Unis, ont rap­porté à leurs familles respec­tives d’énormes plus-values.

Les ventes à décou­vert d’actions de com­pag­nies d’assurances et de com­pag­nies aéri­ennes améri­caines juste avant les atten­tats du 11 sep­tem­bre mon­trent, on ne peut plus claire­ment, le délit d’initié : cer­taines per­son­nes savaient que les atten­tats allaient se pro­duire. Cer­tains esti­ment à 16 mil­lions de dol­lars les gains réal­isés sur les seules com­pag­nies Améri­cain Air­lines et Unit­ed Air­lines. Curieuse­ment, la piste n’a pu être remon­tée, au point que beau­coup mon­trent du doigt la CIA con­nue pour avoir par­mi ses cadres un grand nom­bre de mem­bres de l’élite de Wall Street. La CIA dirige plusieurs sociétés écrans qui manip­u­lent les actions et les titres…
Les scan­dales récents d’Enron, World Com, Xerox sont révéla­teurs d’un sys­tème financier corrompu.

Il est impos­si­ble d’accepter la thèse que la CIA igno­rait tout des atten­tats. Depuis sa créa­tion en 1947, la CIA s’est forgée une for­mi­da­ble répu­ta­tion …d’incompétence ! Quand on sait que l’essentiel du tra­vail des ser­vices secrets con­siste à dés­in­former et à manip­uler, faire croire que l’on est incom­pé­tent fait par­tie de ce jeu et c’est une tech­nique très habile et très com­mode pour cam­ou­fler les inten­tions réelles.

Il faut rap­pel­er le pre­mier atten­tat con­tre le World Trade Cen­ter, le 26 févri­er 1993. Le FBI savait et lais­sa l’attaque se pro­duire. Elle fit 6 morts et plus de mille blessés, et visait man­i­feste­ment à provo­quer l’écroulement du bâtiment.
Ous­sama Ben Laden était déjà désigné comme l’instigateur de cet atten­tat. Et on veut nous faire croire qu’entre le 26 févri­er 1993 et le 11 sep­tem­bre 2001 la CIA et le FBI se sont tourné les pouces ? Foutais­es ! La CIA savait. Elle avait une con­nais­sance com­plète des atten­tats avant leur exécution.
Si la CIA savait, le prési­dent des États-Unis le savait aus­si ou était cen­sé le savoir : la CIA est un véri­ta­ble État dans l’État et ses ori­en­ta­tions, ses actions, sa poli­tique ne coïn­ci­dent pas tou­jours avec celles de l’exécutif. La tragédie du 11 sep­tem­bre n’est qu’une immonde mas­ca­rade. Les ques­tions dérangeantes sont légions . Entre autres :
— Pourquoi l’armée améri­caine pré­parait-elle des plans d’attaque con­tre l’Afghanistan et l’Irak des mois avant les atten­tats ? Quand on sait à quel point le peu­ple améri­cain rechigne à envoy­er ses “boys” au casse-pipe (au point que les mil­i­taires ont inven­té les con­cepts de “guerre pro­pre”, de “frappes chirur­gi­cales”, de “zéro mort”… améri­cain, cela va de soi !), ne fal­lait-il pas un évène­ment sus­cep­ti­ble de le faire réa­gir pour accepter une logique de guerre revan­charde ? L’évocation de Pearl Har­bor, coïn­ci­dence incroy­able, était là partout sur les écrans de ciné­ma et de télévi­sion pour ébran­ler les fibres patri­o­tiques avec une super­pro­duc­tion hol­ly­woo­d­i­enne à la clef. On sait qu’il existe des con­nex­ions trou­blantes entre Hol­ly­wood et l’armée améri­caine. Le film “Pearl Har­bor” a béné­fi­cié d’aides finan­cières sub­stan­cielles du Pen­tagone. Cette coïn­ci­dence incroy­able n’en est pas une. La sor­tie de ce film juste avant le 11 sep­tem­bre n’est pas un hasard. Elle trahit une volon­té machi­avélique de pré­pa­ra­tion et de manip­u­la­tion de l’opinion publique améri­caine pour lui faire admet­tre sans rechign­er la guerre tout azimut con­tre le ter­ror­isme et par con­séquent l’expédition des sol­dats US en Afghanistan avant de s’attaquer à l’Irak, deux­ième réserve de pét­role mon­di­ale et objec­tif stratégique pour cer­tains intérêts.
— Com­ment a‑t-on pu dénich­er dans les ruines à peine écroulées du WTC des doc­u­ments com­pro­met­tant Ben Laden, alors que les boîtes noires, conçues pour résis­ter, étaient com­plète­ment détruites ?
— Pourquoi, des semaines après l’attentat, empêchait-on encore les jour­nal­istes de pho­togra­phi­er les ruines ? Que craig­naient-ils que l’on puisse voir ?
— Pourquoi les liaisons entre la police de New York et le FBI ont-elles été inter­rompues ? Qu’y avait-il, que le FBI ne voulait pas que la police de New York sache ?
— Com­ment est-il pos­si­ble, répé­tons-le, qu’une entre­prise de ter­ror­isme aus­si sophis­tiquée, com­plexe et ordon­née, impli­quant des dizaines de per­son­nes et pré­parée de longue date, ait pu échap­per à l’attention du FBI et de la CIA ? Pourquoi, au lieu de désign­er des respon­s­ables et de restruc­tur­er ces ser­vices, dou­ble-t-on leur bud­get déjà colossal ?
— Pourquoi ne retrou­ve-t-on aucun des noms des pirates sur les listes des pas­sagers ? Si ces noms sont faux, com­ment le FBI a‑t-il pu les iden­ti­fi­er aus­si vite ? Étant don­né qu’aucun des noms sur les listes des pas­sagers n’avaient une con­so­nance arabe, com­ment savaient-ils lesquels étaient les pirates ? Pourquoi cinq pré­ten­dus pirates sont tou­jours en vie alors qu’ils étaient cen­sés se trou­ver à bord des avions?
— Com­ment des fon­da­men­tal­istes religieux, prêts à l’ultime sac­ri­fice, ont-ils pu être vus la veille des atten­tats dans des bars de Boston, ivres et draguant des filles ?
— Com­ment des ter­ror­istes ont-ils pu se pro­cur­er les codes ultra-secrets de la Mai­son Blanche et de l’avion du prési­dent, rai­son avancée pour jus­ti­fi­er la balade de Bush à tra­vers le pays tout au long de la journée du 11 septembre ?
— Com­ment peut-on pré­ten­dre que le vol 93 de Unit­ed Air­lines s’est écrasé à la suite d’une lutte entre les pirates et des pas­sagers héroïques, alors qu’il n’y a pas de cratère d’impact, que les débris sont dis­per­sés sur dix kilo­mètres, que des témoins par­lent d’un sec­ond avion suiveur, tout cela révélant plutôt une explo­sion en l’air, l’avion civ­il ayant été prob­a­ble­ment abat­tu par un avion de chasse ?

Souf­flons un peu et revenons à Ous­sama Ben Laden. Dans un jour­nal pak­istanais du 28 sep­tem­bre 2001 il réfu­tait les accu­sa­tions le con­cer­nant : “ J’ai déjà dit que je n’étais pas impliqué dans les attaques du 11 sep­tem­bre aux États-Unis”. Certes, on ne peut pas pren­dre ses pro­pos pour argent comp­tant, mais on peut dire la même chose des déc­la­ra­tions de Bush. Ben Laden rajoutait : “…L’Islam inter­dit formelle­ment de faire du mal à des femmes, des enfants et d’autres innocents…Ce sont les États-Unis qui infli­gent des mau­vais traite­ments aux femmes, aux enfants et aux gens ordinaires”.
Ce n’est pas moi qui le con­tredi­rai sur ce point. Quant à savoir s’il respecte les pre­scrip­tions de l’Islam qu’il avance, il est per­mis d’avoir quelques doutes. Dans les doc­u­ments vidéo que tout le monde a vus à la télévi­sion, il donne l’image inverse d’un fana­tique sup­posé. Bien droit et presque figé, avec des mou­ve­ments très lents, une voix douce et envelop­pante, un ton mono­corde, un vis­age impas­si­ble et une expres­sion détachée, il ressem­ble plus à un gourou qu’à un révo­lu­tion­naire exalté. Mais le saint homme a le regard trou­ble et fuyant et la kalach­nikov n’est pas loin. Son absence d’émotivité ne relève pas d’un énorme con­trôle sur lui-même mais, à mon avis, de la psy­chopathie. La logique implaca­ble de ses raison­nements trahit l’intelligence froide d’un pervers.
Il accusa Israël d’être l’auteur des atten­tats : “ Tout ce qui s’est passé en Pales­tine depuis 11 mois suf­fit à appel­er la colère de Dieu sur les États-Unis et sur Israël, ain­si que ce qui a été infligé à des gens inno­cents en Irak, en Tchétchénie et en Bosnie”.
Il est cer­tain que les ser­vices secrets israéliens sont tout à fait capa­bles d’organiser et de réalis­er un coup aus­si tor­du. Ils en ont fait d’autres. Et après tout, Sharon a su en prof­iter un max­i­mum, ayant les coudées franch­es, avec la béné­dic­tion de Bush, pour toutes ses hor­reurs, au nom de la croisade anti-ter­ror­iste. Avec un résul­tat proche de zéro. Les atten­tats sui­cides con­tin­u­ent et continueront.
Le par­lemen­taire du Bun­destag, Andréas von Bülow, par­tic­i­pant à une com­mis­sion de con­trôle des ser­vices secrets alle­mands, a déclaré à l’Agence France Presse qu’il pen­sait que les ser­vices secrets israéliens, le Mossad, étaient der­rière les atten­tats du 11 sep­tem­bre et qu’ils ont été organ­isés pour mon­ter l’opinion publique con­tre les arabes et pour aug­menter les dépens­es mil­i­taires. Pour lui, les 19 ter­ror­istes sup­posés avoir détourné les avions ne sont que “des exé­cu­tants faisant par­tie de la tromperie”. Il pense que “95% du tra­vail des ser­vices secrets de par le monde relève de la tromperie et de la dés­in­for­ma­tion”. Large­ment dif­fusées dans les médias, de fauss­es infor­ma­tions fab­riquent de toutes pièces une ver­sion des évène­ments admise par tous. Pour lui “les jour­nal­istes ne posent même pas les ques­tions les plus sim­ples, ceux qui se dis­tinguent se font traiter de fous”.
Ancien prési­dent du Ver­fas­sungss­chutz, les ser­vices secrets intérieurs alle­mands, Eck­hart Werthe­bach a déclaré à l’AFP que “la pré­ci­sion mortelle, l’ampleur de la plan­i­fi­ca­tion” dans les atten­tats du 11 sep­tem­bre avaient dû néces­siter “des années de pré­pa­ra­tion”. Il atti­rait l’attention sur l’absence de fuites prou­vant, d’après lui, que ces atten­tats étaient “des opéra­tions organ­isées par un État”. Von Bülow et Werthe­bach ont dit tous deux que le refus d’ouvrir une enquête offi­cielle était totale­ment incom­préhen­si­ble. On peut tout autant soupçon­ner les ser­vices secrets irakiens, ou syriens, ou… ?
Quand on sait à quel point les ser­vices secrets des pays les plus con­cernés sont intime­ment liés les uns aux autres par toutes sortes d’informateurs plus ou moins com­muns et d’agents plus ou moins dou­bles ou triples, de réseaux qui se super­posent et se recoupent, tout est possible !
Ben Laden ajou­ta encore ceci : “ Nous ne sommes pas hos­tiles aux États-Unis, au peu­ple améri­cain. Nous sommes opposés au sys­tème de gou­verne­ment qui fait des autres nations des esclaves des États-Unis ou qui les oblige à hypothé­quer leur lib­erté économique et politique”.
Voilà une analyse poli­tique par­faite­ment per­ti­nente que je partage entière­ment et que beau­coup d’autres hommes poli­tiques ont faite avant lui, y com­pris des Améri­cains. Faudrait-il y renon­cer sous pré­texte de “poli­tique­ment incor­rect” ? Bush traite Ben Laden de “démon”, sans avancer la moin­dre preuve. Mais qui est le vrai démon?
Les démons ne sont-ils pas ceux qui met­tent en lam­beaux l’idéal démoc­ra­tique au prof­it de quelques intérêts par­ti­c­uliers? Les don­neurs de leçons de démoc­ra­tie, du moins de la démoc­ra­tie selon leurs voeux, font à juste titre ricaner les dic­ta­teurs et les poten­tats instal­lés par leurs soins intéressés.
Com­ment pren­dre au sérieux une “démoc­ra­tie” améri­caine qui fab­rique des dic­tatures et qui met au pou­voir le mil­liar­daire Bush “élu” en l’an 2000 par moins d’un quart des Améri­cains avec un demi-mil­lion de voix de moins que son con­cur­rent démoc­rate ? Pour être plus pré­cis, 158 mil­lions d’Américains n’ont pas voté pour Bush, sur 200 mil­lions d’électeurs. Sur l’ensemble des États-Unis, Al Gore a obtenu 539 898 voix de plus que Bush qui l’a emporté en Floride avec, offi­cielle­ment, 537 voix de plus que le can­di­dat démoc­rate. Mais la BBC a révélé que 173 000 électeurs ont été abu­sive­ment et illé­gale­ment rayés des reg­istres élec­toraux de Floride (essen­tielle­ment des Noirs à 90 % démoc­rates) par les bons soins de Jeb Bush, frère du précé­dent et gou­verneur de Floride ! La plu­part des Améri­cains ignorent ce fait tout sim­ple­ment parce que les médias améri­cains l’ont cen­suré ! Soyons clairs : cela s’appelle un coup d’État. C’est ce que l’on peut appel­er le putsch de Bush !
Celui de l’année 2000. Et pour 2004 ? Dans quelle farine véreuse le monde a‑t-il été encore roulé ? La réponse est facile et évi­dente : George W. Bush est mem­bre au plus haut niveau de “Skull and Bones” (Crâne et Tib­ias), secte satanique et néo-nazie proche du Ku-Klux-Klan, qui a pour objec­tif la mise en place d’un pou­voir dic­ta­to­r­i­al mon­di­al aux dépens des citoyens et de la démoc­ra­tie dont on ne con­serve que les apparences formelles mais dont les insti­tu­tions sont vidées de leur sens et dont les principes fon­da­men­taux sont vio­lés (con­trôle total des médias en vio­la­tion du pre­mier amende­ment de la con­sti­tu­tion améri­caine, US Patri­ot Act I du 27 octo­bre 2001 que William Safire, jour­nal­iste au New York Times a défi­ni comme “une ten­ta­tive prési­den­tielle d’exercer un con­trôle dic­ta­to­r­i­al”, US Patri­ot Act II de févri­er 2003 et d’autres lois “sécu­ri­taires”…)
Allons citoyens, con­tin­uez de dormir tran­quille ! Tout est sous con­trôle ! Ne vous faites aucune illu­sion sur les “démoc­rates” améri­cains. Le vrai vain­queur des élec­tions prési­den­tielles améri­caines de novem­bre 2004 ne pou­vait être que la secte “Skull and Bones” : le séna­teur John F. Ker­ry en est lui aus­si mem­bre, comme Bush, au plus haut niveau…
Il faut se deman­der avec lucid­ité où se trou­ve la véri­ta­ble source de ter­reur : dans un chef fana­tique et bar­bu d’un pays défa­vorisé du Moyen-Ori­ent ou auprès d’une poignée de cap­i­tal­istes politi­ciens qui prof­i­tent des failles d’un sys­tème démoc­ra­tique débile pour escro­quer, non seule­ment leurs pro­pres conci­toyens mais, égale­ment, tous les peu­ples de la planète ? En imposant aux plus faibles le pil­lage, la guerre, la famine, et aux plus forts une mon­di­al­i­sa­tion à marche for­cée qui ne cache pas son objec­tif : met­tre la planète sous la coupe réglée des seuls intérêts des grands cap­i­tal­istes améri­cains qui con­trô­lent déjà la planète, mais qui, man­i­feste­ment, en veu­lent encore plus, quitte à la ren­dre inhab­it­able (pol­lu­tion, trou dans l’ozone, réchauf­fe­ment cli­ma­tique, destruc­tion des forêts, déser­ti­fi­ca­tion, etc.). Mais sans doute auront-ils gag­né assez d’argent pour ren­dre hab­it­able la planète Mars ! Il faut dénon­cer le délire pub­lic de quelques “savants” fous. Si votre mai­son com­mence à brûler, vous ne faites pas des pré­parat­ifs de voy­age pour aller chercher de l’eau dans les sables stériles du Sahara ! Des mil­lions de gens incultes et mis­érables ignorent l’existence même de la planète rouge et voudraient sim­ple­ment ne pas mourir de faim ou du SIDA sur la planète bleue !

Sur le 11 sep­tem­bre, d’autres ques­tions doivent être posées. Com­ment se fait-il qu’un lieu­tenant de la marine améri­caine, Mike Vree­land, qui tra­vail­lait pour l’ONI (Office de ren­seigne­ments de la Marine) et pour la CIA, empris­on­né au Cana­da, ait pu rédi­ger un doc­u­ment dans lequel il donne le détail des évène­ments du 11 sep­tem­bre plus d’un mois avant que ne survi­en­nent les atten­tats ? Les autorités cana­di­ennes n’ont jamais con­testé que Vree­land avait bien rédigé cette mise en garde qui lui avait été sous­traite jusqu’au 14 sep­tem­bre 2001. Vree­land dit avoir eu con­nais­sance du détail de ces atten­tats par une copie d’un cour­ri­er inter­cep­té, envoyé à Vladimir Pou­tine par Karim Hus­sein, le fils de Sad­dam Hus­sein. Pour Vree­land, il ne fait aucun doute que des agents secrets avaient réus­si à infil­tr­er les réseaux ter­ror­istes, et que ces réseaux étaient manip­ulés. Il arrive à la con­clu­sion que cer­tains respon­s­ables améri­cains voulaient que ces atten­tats se pro­duisent. Il réclame le statut de réfugié per­ma­nent au Cana­da et la pro­tec­tion des Nations-Unies. Il est per­suadé, avec ses avo­cats, que s’il est extradé aux États- Unis, il sera assas­s­iné très vite. Si les Irakiens avaient con­nais­sance des pro­jets d’attentats avant le 11 sep­tem­bre, cela expli­querait-il aus­si l’acharnement de Bush, qui ne peut ignor­er le fait, pour élim­in­er Sad­dam Hus­sein et des témoins gênants…

S’il faut en croire le quo­ti­di­en Le Figaro, en juil­let 2001 Ous­sama Ben Laden était hos­pi­tal­isé à l’hôpital Améri­cain de Dubaï, où il a reçu la vis­ite d’un respon­s­able de la CIA. D’après la chaîne de télévi­sion améri­caine CBS, Ben Laden était sous dial­yse à l’hôpital mil­i­taire de Rawalpin­di, le 10 sep­tem­bre 2001, sous la pro­tec­tion de l’armée pak­istanaise. Et l’on veut nous faire croire qu’après avoir été un agent de la CIA, pen­dant la guerre con­tre les sovié­tiques en Afghanistan, il serait devenu l’ennemi pub­lic n° 1 des États-Unis ? Baliv­ernes ! Michel Peyrard, jour­nal­iste français qui fut pris­on­nier des Tal­ibans, a racon­té que Ben Laden vivait ouverte­ment à Jalal­abad en novem­bre 2001 alors que les Améri­cains bom­bar­daient ailleurs…
Lorsque Ben Laden se trou­vait au Soudan avec ses par­ti­sans, le gou­verne­ment de ce pays offrit aux Améri­cains de leur livr­er Ben Laden ain­si que tous les ren­seigne­ments dont ils dis­po­saient sur Al Qai­da. Les Améri­cains ont refusé. Pourquoi ? Parce que les Soudanais ne leur auraient rien appris qu’ils ne savaient déjà ? Parce qu’ils prévoy­aient que Ben Laden leur serait plus utile par la suite pour jus­ti­fi­er leur croisade con­tre le ter­ror­isme, leur guerre en Afghanistan, puis en Irak ?
Le 11 sep­tem­bre 2001, c’est mon aimable voi­sine, en fin de mat­inée, qui m’a aver­ti de ce qui se pas­sait à New York. J’ai allumé la télévi­sion au moment où des images nous par­ve­naient de l’effondrement de la tour sud. C’était fou, démen­tiel. Tout le monde a vu et revu ces images où les avions dis­parais­sent dans les tours, pro­je­tant à l’extérieur des mass­es de kérosène enflam­mées libérant des nuages noirs et lourds typ­iques des hydro­car­bu­res. Des pas­sants qui se trou­vaient au pied des tours ont été brûlés vifs par la chute du car­bu­rant enflam­mé. J’ai pen­sé immé­di­ate­ment que toutes les per­son­nes qui se trou­vaient au-dessus des points d’impact n’avaient aucune chance d’en réchap­per. Le car­nage serait effrayant, vu que les Twin Tow­ers accueil­laient 60 000 per­son­nes tous les jours. Ceux qui se trou­vaient sous les points d’impact avaient-ils eu le temps d’évacuer ? Puis sont venues les images du Pen­tagone en flamme, dont on nous dis­ait qu’il avait été per­cuté par un autre avion détourné. Au vu des images dif­fusées à ce moment-là, avant l’effondrement de la façade, je n’ai pas cru une sec­onde qu’un gros avion de trans­port civ­il ait pu s’écraser là. Les avions com­mer­ci­aux ont l’essentiel de leurs réser­voirs de car­bu­rant dans la par­tie médi­ane inférieure de la car­lingue et dans les ailes. On aurait dû avoir un incendie mon­stre devant la façade, car le kérosène, comme pour les Twin Tow­ers, aurait été for­cé­ment pro­jeté loin en avant de la façade. Ce n’est pas le cas : la pelouse est intacte, et l’incendie se développe à l’intérieur, der­rière la façade. Ces images, bizarrement, n’ont plus jamais été red­if­fusées, con­traire­ment à celles des tours. Et pour cause : il faut être aveu­gle pour ne pas voir la différence.
Les pho­tos large­ment dif­fusées par la suite mon­trent les fumées gris­es et légères d’un incendie clas­sique, pas les fumées noires et lour­des d’un incendie d’hydrocarbures comme pour le World Trade Cen­ter. Les pho­tos pris­es par une caméra automa­tique mon­trent, sans l’ombre d’un doute, qu’au moment de l’impact, l’explosion ne cor­re­spond pas à une défla­gra­tion de kérosène, mais à la déto­na­tion d’un explosif puis­sant. D’autres pho­tos, pris­es avant l’effondrement de la façade, mon­trent un trou unique presque car­ré, large de 5 mètres. Trou de souris qui aurait englouti un Boe­ing 757–200 d’une enver­gure de 38 mètres et d’une hau­teur de 12 mètres avec la queue ! Évidem­ment, les deux réac­teurs, que l’on retrou­ve tou­jours entiers dans les crashs telle­ment ils sont solides, placés à 8 mètres de part et d’autre de la car­lingue, se sont débrouil­lés pour pass­er par le trou de souris sans faire plus de dégâts sur la façade. Étrange! La rangée de fenêtres juste à 1,5 mètres au-dessus du trou est intacte : les car­reaux ne sont pas cassés ! Entre les fenêtres indemnes et le trou béant, le mur et le lin­teau hor­i­zon­tal sont intacts : il faut donc croire, avec la ver­sion offi­cielle, que l’empennage ver­ti­cal, mesurant 8 mètres de hau­teur au-dessus de la car­lingue, est ren­tré sage­ment dans le trou de souris sans cass­er les fenêtres ni laiss­er la moin­dre éraflure sur le mur au-dessus du trou. Merveilleux !
Le “Boe­ing” aurait frap­pé la façade de biais, selon un angle d’environ 45°, tra­ver­sant trois lignes de bâti­ments (sur les 5 qui con­stituent les anneaux suc­ces­sifs du Pen­tagone) par­courant une bonne cen­taine de mètres à tra­vers une suc­ces­sion de murs en béton armé, ressor­tant enfin de la façade interne du troisième bâti­ment par un ori­fice cir­cu­laire de 2,30 mètres. Entré exacte­ment entre le rez-de-chaussée et le pre­mier étage, il ressort cent mètres plus loin en plein milieu du rez-de-chaussée, ce qui sig­ni­fie une tra­jec­toire proche de l’horizontale. Le “Boe­ing” atter­ris­sait ! Sans doute pour échap­per au tir de bar­rage des bat­ter­ies de mis­siles qui sont cen­sées pro­téger le Pen­tagone et qui n’ont pas fonctionné ?
Les avions qui se sont encas­trés dans les Twin Tow­ers ont, pour leur part, ouvert des “trous de souris” larges de 50 mètres sur 30 mètres ! Ils ont rav­agé l’intérieur, mais ne sont pas ressor­tis de l’autre côté, alors qu’ils n’avaient “que” 60 mètres à faire à tra­vers une struc­ture métallique net­te­ment plus légère et péné­tra­ble. Le Boe­ing qui s’est écrasé sur le Pen­tagone avait des per­for­mances vrai­ment extra­or­di­naires : Air­bus est aver­ti et n’a qu’à bien se tenir ! Tiens, au fait, heureuse coïn­ci­dence : ce ne sont que des Boe­ing. Cela a évité de mêler des Européens aux recherch­es des boîtes noires et aux enquêtes inévita­bles… Libre aux naïfs de croire à la fable du vol Améri­can Air­lines 77 écrasé sur le Pentagone !
L’un des con­trôleurs aériens civils qui suiv­aient “l’avion”, Danielle O’Brien, déclare à ABC News : “ La vitesse, la manoeu­vra­bil­ité, la façon dont il a effec­tué son virage…, cha­cun de nous pen­sait qu’il s’agissait d’un avion militaire”.
Il n’est pas néces­saire d’être un grand expert pour com­pren­dre qu’un avion com­mer­cial ne s’est jamais écrasé sur le Pen­tagone. La nature des dégats occa­sion­nés et les cir­con­stances mon­trent que la seule expli­ca­tion crédi­ble est celle d’un mis­sile de croisière, armé d’une charge creuse, que l’on utilise pour détru­ire des bunkers en béton armé. Alors tout devient limpi­de : la petitesse des trous d’entrée et de sor­tie, l’incendie provo­qué par l’explosion à l’intérieur, un véri­ta­ble tun­nel de 100 mètres de long per­foré au tra­vers de trois bâti­ments par la charge creuse, une arrivée en rase-motte (ces mis­siles volent à basse alti­tude, sont capa­bles de brusques change­ments de direc­tion avec des virages très ser­rés pour enfin plonger sur leur objec­tif au dernier moment).
Si c’est un mis­sile qui a frap­pé le Pen­tagone (rien ne me fera chang­er d’avis) deux ques­tions sur­gis­sent aussitôt :
— Le mis­sile étant for­cé­ment améri­cain, qui a pu le détourn­er, le pro­gram­mer et l’envoyer sur le Pen­tagone en coor­di­na­tion avec les avions expédiés sur les Twin Tow­ers ? D’où pou­vait venir ce mis­sile ? Pourquoi pas de la base de Lan­g­ley en Vir­ginie, à 200 kilo­mètres du Pen­tagone, base appar­tenant à la CIA et dis­posant d’avions de chas­se et de toute la panoplie des mis­siles, dont des mis­siles de croisière…?
— Mais alors, si le vol Améri­can Air­lines 77 ne s’est pas écrasé sur le Pen­tagone, qu’est-il devenu ? Où sont passés ses pas­sagers, déclarés offi­cielle­ment morts ? On sub­odore quelque chose d’effrayant. C’est telle­ment fou que ce n’est pas pos­si­ble, n’est-ce pas, on ne peut pas y croire ! On ne veut pas y croire. On ne veut pas croire que des respon­s­ables améri­cains au plus haut niveau sont mêlés aux atten­tats du 11 sep­tem­bre, pire, qu’ils en sont les insti­ga­teurs, les maîtres d’oeuvre. C’est nor­mal. Le citoyen ordi­naire est un être sim­ple et raisonnable, un enfant de choeur naïf et inno­cent qui ne veut pas croire qu’il est gou­verné par des fous furieux. “La masse croit plus facile­ment le gros men­songe que le petit” (Adolf Hitler dans “Mein Kampf”).
Hélas, le citoyen est un amnésique et un aveu­gle qui a oublié les mil­lions de morts immolés sur l’autel de la folie d’une poignée de politi­ciens et qui ne veut pas voir les hor­reurs que chaque jour qui passe lui soumet, aux heures des repas, via la petite lucarne. Elle ne lui révèle que le plus évi­dent, cela va de soi, et les apparences sont sou­vent trompeuses.
Je n’ai pas fini et il me faut encore rajouter quelques éle­ments au puzzle.
Ce fameux avion d’Américan Air­lines vol 77 qui se serait soi-dis­ant écrasé sur le Pentagone :
— Il décolle de l’aéroport Dulles de Wash­ing­ton (à quelques kilo­mètres du Pen­tagone) à 8h20 en direc­tion de Los Angeles.
— A 8h55, offi­cielle­ment, l’avion dis­paraît des écrans des con­trôleurs aériens civils, le transpon­deur ayant été coupé. Mais les radars mil­i­taires peu­vent le suiv­re. En 35 mn, à 860 km/h, il a déjà par­cou­ru 500 kms.
— A 9h37, il s’écrase offi­cielle­ment sur le Pen­tagone. Cela veut dire qu’il aurait fait demi-tour, par­courant en 42 mn entre 500 et 600 kms avant de s’écraser. La procé­dure est sim­ple : lorsque le transpon­deur est défail­lant ou coupé, le con­tact radio avec le pilote doit être effec­tué. S’il n’est pas pos­si­ble, les mil­i­taires envoient immé­di­ate­ment un chas­seur pour inter­cep­tion. Chez nous, l’armée de l’Air affirme, et c’est une réal­ité, qu’il ne faut que cinq min­utes à un avion de chas­se pour inter­cepter un avion enne­mi ou sus­pect dans l’espace aérien français. Les mil­i­taires améri­cains ont dis­posé de 42 mn et n’ont fait décoller leurs chas­seurs qu’à 9h30, 35 mn après l’alerte, de la base de Lan­g­ley, quarti­er général de la CIA, située à près de 200 kms du Pen­tagone, alors que celle de Saint-Andrews est à moins de 20 kms ! Si le lecteur est capa­ble d’avaler une telle couleu­vre, il doit accepter l’idée que la supéri­or­ité aéri­enne mil­i­taire des États-Unis est une pure fable.
Il y a une autre invraisem­blance, qu’à ma con­nais­sance per­son­ne n’a révélée. D’après la chronolo­gie offi­cielle du NORAD (Com­man­de­ment de la Défense Aéri­enne Nord-améri­caine) un chas­seur F‑16 décolle à 9h30 de la base de Lan­g­ley, située à moins de 200 kms du Pen­tagone. Le F‑16 peut vol­er à Mach 2, soit 2400 Km/h ou 40 kms à la minute. À cette vitesse, en cinq min­utes il peut se trou­ver au-dessus du Pen­tagone. Le crash ayant eu lieu, tou­jours offi­cielle­ment, à 9h37, il avait le temps d’intercepter le vol 77 : au moins deux min­utes de marge de manoeu­vre. Le même doc­u­ment offi­ciel du NORAD nous dit qu’au moment de l’impact, à 9h37, le F‑16 se trou­vait à 105 miles, soit 170 kms du Pen­tagone, alors qu’il aurait pu franchir allè­gre­ment 280 kms dans les sept min­utes qui sépar­ent le moment de son décol­lage de celui de l’impact sur le Pen­tagone. C’est com­plète­ment inco­hérent, irréel. De sur­croît, ce jour-là, il fai­sait très beau temps, ciel bleu sans nuage sur toute la région, ce qui facil­i­tait encore plus l’interception. Peut-être fal­lait-il tout sim­ple­ment éloign­er un témoin génant parce que cer­tains savaient bien qu’il n’y avait aucun avion à inter­cepter mais plutôt un mis­sile incon­gru à apercevoir. Un mys­tère de plus sur une très longue liste !

Le men­su­el “Sci­ence et Vie” dans son numéro de novem­bre 2002 pub­lie un arti­cle inti­t­ulé “ Un logi­ciel rétablit la vérité sur l’attentat du Pen­tagone”. Il rap­porte la sim­u­la­tion infor­ma­tique du choc du Boe­ing 757 sur le Pen­tagone par une équipe d’ingénieurs, d’informaticiens et de graphistes de l’université de Pur­due, à West Lafayette, dans l’État d’Indiana, aux États-Unis : “Résul­tat : la résis­tance du bâti­ment et l’absence de débris d’avion s’expliquent sci­en­tifique­ment” (c’est moi qui souligne). L’auteur de l’article ne craint pas d’aligner une infâme série d’inepties et d’erreurs inad­mis­si­bles de la part d’une revue scientifique.
Qu’on en juge : l’auteur n’hésite pas à affirmer que le kérosène est un explosif dix fois plus puis­sant que le TNT ! Que le TNT est l’explosif chim­ique le plus puis­sant (alors que le TNT, trini­tro­toluène ou tolite, n’arrive qu’en cinquième posi­tion après la nitro­gly­cérine, la pen­trite, l’hexogène et la nitro­cel­lu­lose). Il ne fait pas la dif­férence entre explosif déto­nant et explosif défla­grant. Il reprend la jus­ti­fi­ca­tion de la pré­ten­due absence de débris par la “dés­in­té­gra­tion” de l’avion (y com­pris les réac­teurs) tout ayant “été détru­it par la com­bus­tion du kérosène”. Il n’est pas le moins du monde géné par le fait qu’un réac­teur d’avion est juste­ment conçu pour résis­ter aux très hautes tem­péra­tures et aux très hautes pres­sions engen­drées dans ses cham­bres de com­bus­tion par l’inflammation du kérosène, con­di­tions impos­si­bles à réu­nir dans un clas­sique incendie d’avion, même s’il a été pul­vérisé par un crash. Les réac­teurs des avions qui ont per­cuté les Twin Tow­ers ont bel et bien été retrou­vés dans les décom­bres, eux. L’auteur de l’article affirme que “l’avion” a ouvert “une brèche de 60 mètres de large dans la façade, avant que le car­bu­rant ne s’enflamme”. Ce qui est faux, la façade est restée intacte après l’impact à 9h37, jusqu’à 10h10, moment où elle s’est écroulée. “L’avion”, pour ce soi-dis­ant jour­nal­iste sci­en­tifique cau­tion­né par sa rédac­tion, aurait décol­lé à 7h10 et se serait écrasé à 8h45. Encore tout faux. Enfin dernière per­le : “le car­bu­rant con­sti­tu­ait l’essentiel de cette masse” (de l’avion) estimée par lui à 20 tonnes. Le pau­vre homme ignore qu’un Boe­ing 757–200 pèse plus de 100 tonnes… J’ose espér­er pour lui qu’il tra­vail­lait sur ordres pour garder son emploi.
Sous cou­vert de ver­biage “sci­en­tifique”, l’article accrédite la ver­sion offi­cielle de l’attaque du Pen­tagone par un avion com­mer­cial et réfute la “rumeur” du mis­sile. La ver­sion offi­cielle a sans doute besoin d’être prou­vée par la preuve par 9 de l’Université, et “ quelques 95 heures de cal­culs infor­ma­tiques pour un dix­ième de sec­onde de sim­u­la­tion”. Cir­culez, il n’y a rien à voir, main­tenant c’est prou­vé sci­en­tifique­ment! Voilà un bel exem­ple de dés­in­for­ma­tion et de manip­u­la­tion de l’opinion publique ! Au prof­it de qui ?

Dans les évène­ments du 11 sep­tem­bre, on oublie générale­ment deux “détails” pour le moins troublants :
— l’incendie d’une aile de la Mai­son Blanche, inexpliqué.
— l’incendie et l’effondrement d’un troisième immeu­ble, voisin des Twin Tow­ers. Cause : incon­nue. Ce bâti­ment était occupé par la CIA et était con­sacré à l’espionnage économique et indus­triel au prof­it des intérêts privés des multi­na­tionales améri­caines. Les mil­i­taires, sem­ble-t-il, n’appréciaient guère.

Grâce au réseau Ech­e­lon, les ser­vices secrets améri­cains inter­ceptent toutes les com­mu­ni­ca­tions de la planète, des par­ti­c­uliers, des entre­pris­es et des gou­verne­ments. On soupçonne sérieuse­ment ce sys­tème d’avoir fait échouer des con­trats pour­tant bien engagés pour Air­bus, Thomp­son et Alca­tel, finale­ment emportés par des groupes améri­cains. Plus rien sur la planète n’échappe à l’oeil inquisi­teur et aux oreilles indis­crètes de l’Oncle Sam.
Et l’on veut nous faire croire qu’Oussama Ben Laden, désigné comme enne­mi pub­lic n°1 depuis le pre­mier atten­tat con­tre le World Trade Cen­ter le 26 févri­er 1993, n’a pas été repéré et a pu tran­quille­ment organ­is­er les atten­tats depuis une grotte en Afghanistan? Baliv­ernes ! Le 11 sep­tem­bre 2001, le grand comé­di­en Bush a feint la sur­prise et ver­sé des larmes de croc­o­dile pour finir par recon­naître plus tard que la CIA et le FBI étaient infor­més d’attaques immi­nentes sur le ter­ri­toire améri­cain. Le gou­verne­ment améri­cain savait. Le Pen­tagone savait.
Com­ment se fait-il que Don­ald Rums­feld, le secré­taire à la Défense de Bush, le chef du Pen­tagone, savait qu’une attaque immi­nente allait avoir lieu sur le Pen­tagone, après les attaques sur les tours ? Le jour­nal­iste William Lan­gleyere, dans le Dai­ly Tele­graph du 16 décem­bre 2001 rap­porte les faits suiv­ants : “Don­ald Rums­feld, le secré­taire à la Défense, était dans son bureau qui se trou­ve dans la par­tie est du Pen­tagone, en entre­tien avec Christo­pher Cox, prési­dent de la Com­mis­sion de la Défense de la Cham­bre des représen­tants. Don­ald Rums­feld, se rap­pelle Christo­pher Cox, le matin du 11 sep­tem­bre 2001, regar­dait à la télévi­sion les Twin Tow­ers en flammes et lui dit : “Croyez-moi, ce n’est pas encore fini. Il va y avoir une autre attaque et elle sera pour nous, ici au Pen­tagone.” Quelques min­utes plus tard, un “avion” frap­pait le bâti­ment. Je ne crois pas un seul instant que Don­ald Rums­feld soit un voy­ant extra-lucide : il pou­vait d’autant mieux prévoir le coup qu’il savait qu’un mis­sile de son armée avait été pro­gram­mé pour frap­per une autre façade du Pen­tagone, l’aile ouest! Pas n’importe où. Dans une par­tie qui était en travaux de réno­va­tion, vidée de son per­son­nel habituel ! Il aurait pu y avoir 10 ou 20 fois plus de vic­times que ce qui a été annon­cé. De plus, l’essentiel des vic­times était cen­sé être des pas­sagers du soi-dis­ant vol AA 77…
N’est-il pas étrange­ment mirac­uleux que les atten­tats du 11 sep­tem­bre 2001 aient fait offi­cielle­ment moins de 3000 vic­times, alors que les Twin Tow­ers accueil­lent tous les jours 60.000 per­son­nes et le Pen­tagone tout autant ? Pourquoi les ter­ror­istes ont-ils choisi de frap­per les tours jumelles à une heure où elles étaient loin d’être com­plète­ment occupées? Dans leur cynisme abject, les com­man­di­taires du 11–9 auraient-ils pris la “pré­cau­tion” de lim­iter la “casse” autant que faire se peut ? Rien n’empêchait les ter­ror­istes d’agir seule­ment une heure plus tard pour faire encore plus de vic­times. Voilà des ter­ror­istes étrange­ment scupuleux !
Dans un rap­port du 11 jan­vi­er 2001 d’une com­mis­sion qu’il présidait sur “l’évaluation de l’organisation et de la plan­i­fi­ca­tion de la sécu­rité des États-Unis en matière spa­tiale”, le même Rums­feld écrit : “L’histoire est pleine de sit­u­a­tions dans lesquelles on a ignoré les aver­tisse­ments et résisté au change­ment jusqu’à ce qu’un évène­ment extérieur, jugé jusque-là “improb­a­ble”, vienne forcer la main des bureau­craties réti­centes… Le seul évène­ment capa­ble de gal­vanis­er les éner­gies de la nation et de forcer le gou­verne­ment des États-Unis à agir doit être une attaque destruc­trice con­tre le pays et sa pop­u­la­tion, un Pearl Har­bor.” Quelle pre­science ! Le lecteur n’est-il pas trou­blé comme moi-même par ce “doit” qui induit l’idée de pro­gram­ma­tion volon­taire alors que l’on attendrait plutôt le con­di­tion­nel du verbe pou­voir : “pour­rait” ? En anglais, “could be” au lieu de l’impérieux et direc­tif “must be” ?

Autre étrangeté : les attaques à l’anthrax. La souche util­isée était d’origine améri­caine et sor­tait d’un lab­o­ra­toire américain…

Le jour­nal­iste James Bam­ford a dévoilé l’existence, en 1961, d’un pro­jet de l’État-Major améri­cain ressem­blant étrange­ment aux évène­ments du 11 sep­tem­bre. Après la débâ­cle de la “Baie des Cochons” à Cuba, le Pen­tagone voulait en finir avec Cas­tro et pro­posa un plan bap­tisé “North­wood opéra­tion” pour jus­ti­fi­er l’invasion de Cuba et obtenir le sou­tien de la pop­u­la­tion améri­caine. Ce plan prévoy­ait, entre autres, des atten­tats à la bombe à Mia­mi et Wash­ing­ton, des détourne­ments d’avions civils et de navires. Au dernier moment, Kennedy reje­ta le pro­jet. Ce qui était pos­si­ble il y a quar­ante ans ne le serait pas aujourd’hui, avec des moyens plus sophis­tiqués ? L’armée de l’Air améri­caine a dévelop­pé depuis longtemps la tech­nolo­gie des drones et des mis­siles de croisière. Le sys­tème “Glob­al Hawk” per­met de con­tr­er le piratage aérien en prenant le con­trôle d’un avion détourné sans que ni les pirates ni l’équipage puis­sent inter­venir. L’avion peut être posé sur un aéro­drome ou tout aus­si bien dirigé sur un gratte-ciel !

Près de quar­ante années de silence ont été néces­saires pour que l’on apprenne par une retraitée des ser­vices secrets améri­cains, Mari­ta Lorenz, l’implication directe de la CIA dans l’assassinat de Kennedy en 1963. La vérité, longtemps muselée, a fini par émerg­er. Mais qui la connait ?.
Aujourd’hui, on fait mieux. La Mai­son Blanche a for­cé le Con­grès à renon­cer à une enquête par­lemen­taire et la presse a été oblig­ée de s’abstenir de toute inves­ti­ga­tion, au nom de la sécu­rité nationale.
Chez nous, la presse a emboîté servile­ment le pas : même “le Monde” et “Libéra­tion”. Quelle honte ! Tous les médias se sont aplatis devant le dik­tat de la ver­sion offi­cielle des attentats.
Pour faire bonne mesure de cynisme, le gou­verne­ment améri­cain a offert 1,8 mil­lion de dol­lars à chaque famille vic­time des atten­tats, à la con­di­tion de renon­cer à toutes pour­suites con­tre les com­pag­nies aéri­ennes impliquées et con­tre le gou­verne­ment des États-Unis.

Bush a promis de tout faire con­tre le ter­ror­isme, mais il refuse caté­gorique­ment de s’attaquer aux par­adis fis­caux par lesquels tran­site l’argent sale des mafias de la drogue, des ser­vices secrets, de la haute finance et des réseaux terroristes.
Faut-il s’en éton­ner, quand la plu­part des secré­taires d’État du gou­verne­ment Bush sont issus de l’industrie pétrolière dans laque­lle ils occu­paient tous des postes de direction ?
Le temps vien­dra sans doute aus­si, chez nous, où nous aurons un Thier­ry Des­marets, futur ex-PDG de Total-Fina-Elf, comme min­istre de l’économie ? Après tout, nous avions déjà à ce poste un Fran­cis Mer, ex-PDG d’Usinor !
Dernières révéla­tions du début de l’année 2004 : celles de Paul O’Neill, dans son livre inti­t­ulé “Le prix de la loy­auté”. Ce n’est pas un gauchiste bou­ton­neux, hir­sute et exalté, mais une som­mité de l’establishment répub­li­cain, l’ex-secrétaire au Tré­sor de George W. Bush, him­self. Il dit sans ambages que l’invasion de l’Irak était pro­gram­mée dès les pre­miers mois de 2001 et que sa rai­son d’être n’a rien à voir avec les atten­tats du 11 sep­tem­bre 2001. Que la lutte con­tre le ter­ror­isme n’était qu’un pré­texte et que la fable des armes de destruc­tion mas­sive n’avait pour but que de jus­ti­fi­er à postéri­ori la stratégie politi­co-mil­i­taire du gou­verne­ment US. On attend tou­jours l’autocritique et les excus­es des médias (y com­pris en France) qui ont soutenu et relayé servile­ment les men­songes de l’équipe de gang­sters du gou­verne­ment Bush.
À force de manip­u­la­tions, de dés­in­for­ma­tions, de men­songes sys­té­ma­tiques, de pres­sions inac­cept­a­bles, le gou­verne­ment améri­cain cache la nature réelle des atten­tats du 11 sep­tem­bre 2001. La démoc­ra­tie est trahie par une nou­velle forme de dic­tature qui impose des déci­sions illégitimes fondées sur la “rai­son d’État”, et qui n’hésite pas à com­met­tre des crimes immondes.
Le ter­ror­isme est une réponse vio­lente à l’oppression des oli­garchies qui manip­u­lent à leur prof­it la vio­lence insti­tu­tion­nelle des États, y com­pris ceux qui se présen­tent comme des mod­èles de démoc­ra­tie. Le ter­ror­isme est un révéla­teur de l’absence démoc­ra­tique ou de l’illusion démocratique.
La nou­veauté, dans le ter­ror­isme, c’est sa mon­di­al­i­sa­tion. Le ter­ror­isme des fous d’Allah recrute dans tous les pays musul­mans con­tre l’État mon­di­al imposé par la démesure de la toute-puis­sance améri­caine. Le ter­ror­isme d’une poignée de fana­tiques islamistes est la réponse au ter­ror­isme d’une poignée de fana­tiques du libéral­isme cap­i­tal­iste. Il est une con­séquence directe de l’impérialisme des grandes puissances.
Les États-Unis ont joué avec le feu en sus­ci­tant et en aidant les inté­gristes de l’Islam con­tre l’ex-URSS. Il est logique qu’ils se brû­lent. S’ils se brû­lent volon­taire­ment pour ren­forcer leur pou­voir hégé­monique, cela démon­tre le niveau de folie de quelques politi­ciens et militaires.
Comme l’a exprimé sans ambages le Dr Mar­tin Luther King : “ Mon gou­verne­ment est le pre­mier pour­voyeur de vio­lence du monde”.
Il n’a pas dit “mon pays” ou “les Améri­cains”, mais le “gou­verne­ment”, c’est-à-dire ceux qui le con­trô­lent, les vrais décideurs, une poignée de tor­dus qui sont responsables.
Theodore Roo­sevelt, vingt-six­ième prési­dent des États-Unis, déclarait dans son pro­gramme élec­toral de 1912 :
“Der­rière le gou­verne­ment vis­i­ble siège un gou­verne­ment invis­i­ble qui ne doit pas fidél­ité au peu­ple et ne se recon­naît aucune respon­s­abil­ité. Anéan­tir ce gou­verne­ment invis­i­ble, détru­ire le lien impie qui relie les affaires cor­rompues avec la poli­tique, elle-même cor­rompue, tel est le devoir de l’homme d’État.” Impos­si­ble d’être plus clair !
Cela n’empêche pas que les mil­lions de citoyens, naïfs et incon­scients, qui s’imaginent vivre dans une démoc­ra­tie idéale (parce que, depuis plus de deux siè­cles, cer­tains les en ont per­suadés à force de bour­rage de crâne), por­tent, indi­vidu­elle­ment et col­lec­tive­ment, leur part de reproches et de respon­s­abil­ités. Il ne faut pas s’étonner que, régulière­ment, plus de la moitié des électeurs améri­cains s’abstienne d’aller vot­er. La démoc­ra­tie améri­caine est une illu­sion qui s’est révélée avec le 11 sep­tem­bre et l’écroulement des sym­bol­es de sa dom­i­na­tion. Au som­met de sa puis­sance, l’empire améri­cain est un colosse aux pieds d’argile.
En général, aucun empire ne s’écroule s’il ne s’est lui-même miné de l’intérieur.
Ain­si, L’empire romain.
Ain­si aus­si l’empire sovié­tique, dont l’effondrement en sur­prit plus d’un.
Mais les sociétés, les empires ne se détru­isent eux-mêmes que lorsqu’ils ont cessé de com­pren­dre leurs raisons d’être, quand l’idée dom­i­nante autour de laque­lle ils s’étaient naguère organ­isés s’est effacée pro­gres­sive­ment, dis­soute dans les brumes d’un oubli opportuniste.
Où sont passés les idéaux com­mu­nistes ? Per­dus dans le lénin­isme, dans le stal­in­isme, et dans les méan­dres d’une nomen­klatu­ra cor­rompue et mafieuse !
Où sont passés les idéaux de démoc­ra­tie et de république des révo­lu­tion­naires améri­cains et français ? Per­dus dans les méan­dres du cap­i­tal­isme le plus impi­toy­able, de la tech­nocratie la plus éli­tiste, des mafias légales les plus machi­avéliques ! On est très loin de l’idéal démoc­ra­tique d’un Abra­ham Lin­coln qui affir­mait : “De même que je ne voulais pas être un esclave, je ne voulais pas être un maître. Telle est ma con­cep­tion de la démoc­ra­tie. Tout ce qui en dif­fère, et la dif­férence est d’autant plus grande, n’est point de la démocratie”.
L’empire cap­i­tal­iste améri­cain, totale­ment cor­rompu dans ses bases, s’écroulera lui aus­si. La Bourse, ther­momètre de sa san­té, n’a jamais con­nu, dans son his­toire, de chute aus­si rad­i­cale. Le finance­ment des retraites par des fonds de pen­sions investis en Bourse est remis en ques­tion et beau­coup d’Américains à la retraite sont ruinés. Le sym­bole évi­dent du World Trade Cen­ter s’est déjà écroulé ! Le fruit est plus que mûr, il est pour­ri. Mais il pue et il con­tin­ue d’empoisonner toute l’humanité.

Résumons. Ben Laden était un agent de la CIA. Il l’est tou­jours (s’il est encore en vie, ce qui est peut prob­a­ble). Parce qu’un agent de n’importe quel ser­vice de ren­seigne­ment de n’importe quel pays dans le monde lui reste attaché jusqu’à sa mort. Les spé­cial­istes de la ques­tion le savent bien. La CIA a tou­jours su où il se trou­vait et aurait pu le cap­tur­er à plusieurs repris­es avérées. Le gou­verne­ment améri­cain a fab­riqué de toutes pièces cet épou­van­tail sym­bol­ique pour jus­ti­fi­er sa guerre con­tre un ter­ror­isme qui autorise tous les abus de pou­voir, son hégé­monie plané­taire et sa soif de pét­role. On sait que Ben Laden a tou­jours gardé le con­tact avec sa famille et qu’il existe des liens étroits et sus­pects entre cette dernière et la famille Bush. Après la dis­pari­tion de l’URSS et de l’ennemi com­mu­niste, il était vital de trou­ver un enne­mi de sub­sti­tu­tion pour tout un énorme pan de l’économie améri­caine sural­i­men­té par les immenses bud­gets sur les arme­ments et la défense. Don­ald Rums­feld savait qu’une attaque allait avoir lieu sur le Pen­tagone le 11 sep­tem­bre 2001. Le gou­verne­ment US savait que les atten­tats du 11–9 allaient avoir lieu parce que c’est lui-même qui les a organ­isés. La déci­sion d’envahir l’Afghanistan et l’Irak était déjà prise dès le début de 2001. Il ne man­quait qu’un pré­texte, fab­riqué pour l’occasion : le 11 sep­tem­bre 2001. Gan­grénée par une insi­dieuse dérive total­i­taire, la pseu­do-démoc­ra­tie améri­caine était déjà morte avec la pre­mière élec­tion truquée de George Bush. Un fas­cisme ram­pant et masqué, celui du cap­i­tal­isme mafieux des multi­na­tionales et des ban­ques, l’a remplacé.
L’avenir est à la mon­di­al­i­sa­tion. Pas à celle que nous con­coctent les malades men­taux qui sévis­sent à Wash­ing­ton et à Wall Street. Mais à celle qui pour­rait restituer à chaque citoyen de cette planète une vraie place dans la dig­nité par le renou­velle­ment des idéaux de la démoc­ra­tie. Car les soi-dis­ant démoc­ra­ties “occi­den­tales” sont des fauss­es démoc­ra­ties qui ne valent pas mieux que les défuntes démoc­ra­ties “pop­u­laires” de l’Europe de l’Est. Le retour aux sources de la vraie démoc­ra­tie s’impose plus que jamais !

Annexe 10 : conjectures

Les atten­tats du 11 sep­tem­bre 2001, par leur ampleur, leur mon­stru­osité, leurs moyens, leur reten­tisse­ment, sont des évène­ments d’une nature excep­tion­nelle. Depuis cette date (et avant aus­si), les ter­ror­istes (je les dénomme ain­si par com­mod­ité), ont mul­ti­plié les atten­tats sanglants avec des moyens des plus clas­siques et des plus ordi­naires : les bombes, même si elles sont poussées à l’extrême avec de grandes quan­tités d’explosifs, des véhicules pour les achem­iner sur leurs cibles et, sum­mum de la folie humaine, du fanatisme et de la manip­u­la­tion, les indis­pens­ables chauf­feurs-kamikazes. Le côté sui­cidaire et les trop nom­breuses vic­times frap­pent et révulsent les opin­ions publiques dans le monde entier. Mais cela reste mal­gré tout les moyens habituels d’un ter­ror­isme “clas­sique”.
De nom­breux experts ont par ailleurs affir­mé leur con­vic­tion que des groupes mafieux ou ter­ror­istes ont pu, sans grandes dif­fi­cultés, se pro­cur­er des armes moins clas­siques et autrement red­outa­bles. On se rap­pelle le gaz sarin intro­duit dans le métro de Tokyo par la secte Aoun. Mais il y a aus­si le plu­to­ni­um et les virus comme celui de la var­i­ole. Pour mémoire, rap­pelons que le plu­to­ni­um est non seule­ment mor­tel par sa radioac­tiv­ité à très longue péri­ode, mais que c’est en même temps le poi­son chim­ique le plus vio­lent : 10.000 fois plus puis­sant que le cya­nure de potas­si­um de triste répu­ta­tion. C’est la sub­stance la plus tox­ique et la plus dan­gereuse qui soit. Une masse de plu­to­ni­um de la taille d’une petite orange suf­fi­rait pour tuer tous les habi­tants de cette planète. Ce métal est totale­ment arti­fi­ciel : il n’existait pas sur terre avant la con­struc­tion des pre­miers réac­teurs nucléaires. On en a ain­si fab­riqué des cen­taines de tonnes… Il est donc presque cer­tain que Ben Laden et ses accolytes ont pu se pro­cur­er du plu­to­ni­um en quan­tité suff­isante pour … pour faire une bombe atom­ique ? Non, cer­taine­ment pas, c’est tech­nique­ment trop com­pliqué. L’aveu large­ment médi­atisé, le 4 févri­er 2004, d’Abdul Qadir Khan, le “père” de la bombe atom­ique pak­istanaise, de l’organisation des fuites de tech­nolo­gie de la bombe vers l’Iran, la Lybie et la Corée du Nord, con­firme hélas cette pos­si­bil­ité. D’autant que le Dr Khan, islamiste fana­tique, sou­tien ouverte­ment la mou­vance d’Al Qaï­da, s’il n’en fait pas par­tie… Néan­moins, à défaut de bombe atom­ique, rien n’est plus facile pour leurs arti­ficiers et dis­cret pour leurs volon­taires au “mar­tyre” qu’une bombe dite “sale”, ce qui con­stitue un de ces gen­tils euphémismes de la langue de bois et du “poli­tique­ment cor­rect” pour désign­er une de ces saloperies les plus mon­strueuses que peu­vent con­cevoir des êtres dits “humains”. Un vieux bout de tuyau en plomb rem­pli de 500 grammes de plu­to­ni­um et d’une toute petite charge explo­sive pour tout pul­véris­er fine­ment. On bal­ance le tout d’un ULM, d’un héli­cop­tère ou du som­met d’un grat­te-ciel, une journée de beau temps agré­men­tée d’un bon vent favor­able, à l’heure de sor­tie des bureaux. Résul­tat : une ville con­t­a­m­inée, une panique absolue, un poten­tiel assas­sin énorme : des mil­liers, des dizaines de mil­liers, des cen­taines de mil­liers de can­cers mor­tels inguériss­ables, de mal­adies chroniques inval­i­dantes et incom­préhen­si­bles. Désolé, ce n’est pas aus­si spec­tac­u­laire et hol­ly­woo­d­i­en que l’effondrement des Twin Tow­ers, mais c’est une per­spec­tive encore plus ter­ri­fi­ante et dévas­ta­trice. Faisons deux hypothèses :
1) Si Ben Laden est l’abominable satan de l’Amérique et qu’il dis­pose de plu­to­ni­um ou d’autres joyeusetés chim­iques ou biologiques, en bonne logique ter­ror­iste, il aurait dû les utilis­er. Ce n’est pas le cas. Dans un com­bat à mort con­tre son enne­mi, lorsqu’un coup mar­quant est porté à l’adversaire, on n’attend pas qu’il rassem­ble ses forces et qu’il se relève : on ne voit ça qu’au ciné­ma. Ben Laden serait-il une star de Hol­ly­wood ? La star du ter­ror­isme inter­na­tion­al, serait-elle au ser­vice d’une multi­na­tionale de la manip­u­la­tion de l’opinion publique mon­di­ale ? Un ser­vice secret, un État dans l’État, comme la CIA, par exemple ?
Allons donc, puisque c’est un authen­tique ter­ror­iste au ser­vice de la cause islamiste, on peut en déduire qu’il ne dis­pose ni de plu­to­ni­um, ni d’autres choses (ouf, on respire !)
Oui, mais si mal­gré tout, il en avait, du plu­to­ni­um et d’autres choses? Il est cer­tain qu’il ne les a pas util­isés depuis le 11–9. Qu’il ne les a pas encore util­isés. Parce qu’il n’a pas encore choisi son heure pour les utilis­er. Moment qui devrait être choisi en fonc­tion d’une vraie logique ter­ror­iste. En fonc­tion de vrais critères ter­ror­istes ? Ou de faux critères ter­ror­istes présen­tés comme des vrais ?
2) Si Ben Laden est un agent de la CIA (il l’a été, et un agent secret de n’importe quel ser­vice secret de n’importe quel pays dans le monde le reste jusqu’à sa mort), aux ordres du “satan” qui règne à Wash­ing­ton, il est par con­tre par­faite­ment logique qu’il ait recours aux atten­tats clas­siques, his­toire de main­tenir la pres­sion ter­ror­iste. L’effet recher­ché et obtenu du 11–9 peut se pro­longer ain­si sur un cer­tain nom­bre d’années au plus grand béné­fice de ses com­man­di­taires. Si un jour la néces­sité s’en fai­sait sen­tir, l’oncle Sam-satan pour­rait lui pass­er com­mande d’un atten­tat sur mesure dans la démesure de l’horreur, pour relancer les ardeurs défail­lantes dans la guerre totale con­tre le terrorisme.
Car enfin, à qui prof­ite le crime ? Ques­tion fon­da­men­tale jamais posée ! À qui prof­ite le ter­ror­isme de Ben Laden et d’Al Qaï­da ? Qui tire les ficelles (gross­es comme des câbles) et les mar­rons du feu ?
La réponse est pour­tant évi­dente même si une céc­ité de principe règne partout et impose sa chape de plomb et d’autocensure sur les médias : les com­pag­nies pétrolières, les marchands d’armes et la grande finance qui tien­nent dans leurs mains sales le gou­verne­ment des États-Unis depuis le putsch secret qui leur a livré les clefs de la Mai­son Blanche, avec la pre­mière élec­tion truquée de George W. Bush.
Ceux qui tirent les ficelles se cachent der­rière la mar­i­on­nette Bush. Ils avaient donc un intérêt colos­sal dans l’élection prési­den­tielle de novem­bre 2004. Pour eux, il FALLAIT que Bush soit réélu. Que faire avec des sondages défa­vor­ables ? Com­ment remo­bilis­er les électeurs en sa faveur ? C’est pour­tant sim­ple ! Avec la bonne vieille recette : faire PEUR ! Com­ment faire peur aux mou­tons améri­cains et leur faire suiv­re le chemin bel­li­ciste du berg­er Bush ?
Grâce à la peur du loup Ben Laden ! Relancée avec un atten­tat majeur … juste avant les élec­tions de novem­bre 2004. Pourquoi pas le 11 sep­tem­bre 2004 ? Pour “fêter” la chute des Twin Tow­ers ? Une logique ter­ror­iste très par­ti­c­ulière pou­vait faire crain­dre et red­outer les mois de sep­tem­bre et d’octobre 2004 !
Il est certes beau­coup plus déli­cat pour la CIA d’organiser un atten­tat majeur ailleurs qu’aux États-Unis. Mais l’oncle Sam n’hésiterait pas, chez lui, à sac­ri­fi­er … dis­ons … un avion de plus, ou deux, si néces­saire. Bush devait être réélu. Quant au nou­veau JFK, le can­di­dat démoc­rate John Forbes Ker­ry qui sem­blait avoir le vent en poupe, on pou­vait espér­er pour lui qu’il n’aurait pas la même fin trag­ique que l’ancien… À moins que… Soudain un doute affreux sur­git: et si mon­sieur Ker­ry n’était qu’une triste mar­i­on­nette déjà prévue pour le rem­place­ment de Bush ou pour faciliter la réelec­tion de ce dernier ? Les deux can­di­dats appar­ti­en­nent à la même secte sataniste et néo-nazie “Skull and bones” dont le sin­istre logo ornait déjà les cas­quettes et les uni­formes des SS. Cette secte était assurée de gag­n­er les élec­tions prési­den­tielles de 2004 ! Alors Bush pour­rait peut-être se con­tenter de sor­tir de son cha­peau de pres­ti­di-agi­ta­teur quelques armes de destruc­tion mas­sive oppor­tuné­ment décou­vertes (enfin) en Irak ou un Ben Laden oppor­tuné­ment cap­turé avec l’aide des 250 com­man­dos des forces spé­ciales français­es opérant incog­ni­to (presque) en Afghanistan, juste, tout juste avant les élec­tions de novem­bre 2004 ? Allons, tout cela n’est qu’un pur délire…

Selon un entre­filet paru dans “La Dépêche du Midi” du 13 juil­let 2004, “l’administration Bush étudie la pos­si­bil­ité de reporter les élec­tions prési­den­tielles du 2 novem­bre 2004 en cas d’attaque terroriste”.
Dans un dis­cours tenu le 7 sep­tem­bre 2004 dans l’Iowa, le vice-prési­dent Dick Cheney “prophé­tise” : “Si nous faisons le mau­vais choix pour ces élec­tions, nous serons frap­pés de manière dévas­ta­trice pour l’ensemble des États-Unis”. Il n’hésite pas à associ­er le vote pour Ker­ry à une attaque ter­ror­iste con­tre les États-Unis. Cela con­stitue à la fois une men­ace et un chan­tage : si vous votez Ker­ry, vous serez punis par les ter­ror­istes! Est-ce que l’objectif d’une pareille prophétie est sim­ple­ment de faire peur aux mou­tons-citoyens améri­cains ? Sans doute. Mais qu’est-ce qui lui per­met de dire ça ? De l’affirmer ? Comme s’il était lui-même le chef des ter­ror­istes! Comme il est de toute évi­dence l’organisateur prin­ci­pal des atten­tats du 11 sep­tem­bre, la men­ace de la “prophétie” n’est pas à pren­dre à la légère !
Fal­lait-il qu’il ait des doutes pour en arriv­er là, alors que tout était déjà en place pour tru­quer les élec­tions une sec­onde fois !
Bush a été réélu comme prévu. Il n’y a pas eu d’attentat majeur avant les élec­tions comme on pou­vait le red­outer, heureuse­ment. Mais il y a eu des men­aces réitérées d’attentat con­tre les Améri­cains de la part de chefs d’Al Qaï­da et l’intervention bien oppor­tune de Ben Laden dans une vidéo qua­tre jours avant le scrutin. Chaque fois que Bush en a besoin, le “dia­ble” sort de sa boîte…
Son patron n’avait pas besoin d’en faire plus pour être réélu :
— Tous les sondages d’opinions lui accor­daient une avance sur Kerry.
— Ker­ry est com­plice de Bush puisqu’ils appar­ti­en­nent tous les deux à la même secte raciste et fas­ciste, Skull and Bones.
— Il faut sérieuse­ment met­tre en doute la valid­ité de ces élec­tions, surtout dans les États très dis­putés qui ont “prof­ité” d’un impor­tant déploiement de machines à vot­er élec­tron­iques. Or, le fab­ri­cant de ces machines, Diebold, un Répub­li­cain, a apporté un impor­tant sou­tien financier à la cam­pagne élec­torale de Bush. Des doutes ayant été émis sur la fia­bil­ité de ces machines, des avo­cats des Démoc­rates ont demandé à ce quelles soient démon­tées et véri­fiées. La réplique a été instan­ta­née. Le fab­ri­cant a men­acé de procès quiconque exam­in­erait de trop près les­dites machines, au nom de la pro­tec­tion du secret indus­triel, des brevets et de la pro­priété privée. Pourquoi ce con­trôle légitime est-il ren­du irréal­is­able ? Volon­té de dis­simuler un pro­gramme et une élec­tron­ique très dis­crets per­me­t­tant un bidouil­lage des résul­tats à dis­tance ? C’est tech­nique­ment au point et facile­ment réal­is­able. Il faut bien l’envisager : rien n’est impos­si­ble avec les gang­sters de la Mai­son Blanche !
D’innombrables irrégu­lar­ités ont été relevées :
— Plus de 2 mil­lions de votes ont été refusés à cause d’une carte jugée mal poinçon­née. Qui aurait pu béné­fici­er de ces votes ?
— Dans de nom­breux comtés de Floride et d’Ohio (États dont le gain était décisif), réper­toriés depuis tou­jours comme des comtés très large­ment démoc­rates (de 70 à 80 %), le résul­tat fut favor­able à Bush dans les mêmes pro­por­tions, avec 70 à 80 % des voix pour les Répub­li­cains : dans tous les cas, les machines élec­toniques à vot­er ont sévi !
Bush a inven­té la machine à gag­n­er les élections !
En France, on nous annonce déjà la mul­ti­pli­ca­tion de ces mer­veilleuses machines à bais­er les citoyens.
La démoc­ra­tie est à l’agonie. La pseu­do-démoc­ra­tie est en pleine forme.
Annexe 11 : pour en finir avec le 11 septembre

Extraits d’un dis­cours du jour­nal­iste et con­férenci­er Michaël C. Rup­pert pour le Com­mon­wealth Club à San Fran­cis­co le 31 août 2004 :

“… Quelle que puisse être l’approche de la sit­u­a­tion glob­ale, que se soit la géopoli­tique, l’économie, le cli­mat, la guerre, les aérosols dis­per­sés, les ogives de guerre qui men­a­cent de lâch­er une orgie mon­di­ale d’effusion de sang, la hausse du prix de l’énergie, les man­ques d’énergies, les man­ques d’eau douce, la guerre biologique, la répres­sion des lib­ertés civiles, une con­clu­sion com­mune saute aux yeux : la planète Terre et tous ses habi­tants sont en grand dan­ger. Ce n’est pas le temps de penser à la sécu­rité nationale, c’est le temps de penser à la sécu­rité plané­taire. C’est la survie de la planète qui est en jeu…
Comme je l’ai dit tant de fois pen­dant ces trois dernières années au cours de 40 con­férences sur la vérité et les men­songes du 11–9 et le pic max­i­mal du pét­role, les évène­ments dans les cinq ans qui suiv­ent les attaques du 11 sep­tem­bre déter­mineront le cours de l’histoire de l’humanité pour les 500 années à venir ou plus.
Depuis de nom­breuses années main­tenant, des cita­tions et des preuves ont été présen­tées dans mes con­férences et ma vidéo “Vérités et Men­songes sur le 11–9”. Je ne demande pas que les gens me croient sur parole, je demande que des experts con­tin­u­ent à me défi­er s’il le faut en éval­u­ant mes recherch­es, travaux et doc­u­ments accu­mulés toutes ces années afin qu’ils puis­sent en tir­er leurs pro­pres con­clu­sions. À ce jour le sérieux et la crédi­bil­ité de mes travaux m’ont ouvert les portes du Com­mon­wealth Club.
Je ne suis pas le seul à affirmer que les attaques du 11 sep­tem­bre ont été facil­itées, orchestrées et réal­isées par le gou­verne­ment des États-Unis. En tant qu’ancien offici­er de police, détec­tive et à présent jour­nal­iste je m’en tiendrai aux strictes normes pro­ba­toires d’investigations.
Les attaques du 11–9 sont le résul­tat de la plan­ni­fi­ca­tion délibérée et d’efforts orchestrés par des lead­ers iden­ti­fi­ables aux USA. Le gou­verne­ment et les groupes de l’énergie et de la finance ont tout fait pour obtenir une attaque comme celle de Pearl Har­bor qui puisse fournir à l’empire améri­cain un pré­texte pour la guerre, l’objectif étant la con­fis­ca­tion des réserves de pét­role et de gaz et la clef des voies de trans­port par oléoduc.
Le 11–9 a été un meurtre prémédité. Je nom­merai ce soir cer­tains des sus­pects qui ont com­mis le crime. Je vous mon­tr­erai l’évidence acca­blante de leur cul­pa­bil­ité, ce dont je suis fier.
Je suis prêt et con­fi­ant pour répon­dre devant un pro­cureur ou un jury de district.
His­torique­ment, l’affirmation que le gou­verne­ment des États-Unis serait capa­ble d’orchestrer une attaque con­tre des intérêts améri­cains a plusieurs précé­dents. En 1962 déjà, les chefs inter­ar­mées avaient approu­vé un plan secret appelé “Opéra­tion North­woods” qui était une opéra­tion secrète pour abat­tre un avion améri­cain et lancer une attaque con­tre des équipements mil­i­taires améri­cains, avec l’intention de rejeter le blâme sur Fidel Cas­tro, inci­tant ain­si les États-Unis à envahir et occu­per Cuba.
Il en fut de même pour Pearl Har­bor dont les dates et plans d’attaque étaient con­nus de Roo­sevelt lui-même ; l’histoire four­nit aujourd’hui aux USA une doc­u­men­ta­tion abon­dante sur la com­plic­ité du gou­verne­ment améri­cain à des degrés vari­ables dans de tels évène­ments. Le livre “Le jour de la duperie” et d’autres enreg­istrements aux archives nationales ont prou­vé aux USA que l’administration Roo­sevelt avait bien déchiffré les codes japon­ais avant le 7 décem­bre 1941 et que la déci­sion de laiss­er faire l’attaque sur Pearl Har­bor a été prise en toute con­science. Cette déci­sion a été mise en place pour fournir l’impulsion néces­saire à l’entrée en guerre des USA, à un moment où la Grande-Bre­tagne faib­lis­sait sous les bom­barde­ments et la guerre navale du Troisième Reich.
(…) La demande en hydro­car­bu­res des USA, des pays indus­tri­al­isés et des pays en voie de développe­ment accélère rapi­de­ment l’arrivée du pic max­i­mal de pét­role, point de non retour pour cette ressource lim­itée. L’impact économique et envi­ron­nemen­tal devien­dra insouten­able dans les trois années à venir. Étant don­né les choix peu judi­cieux des 30 dernières années, une fin bru­tale de l’ère du pét­role con­stitue la plus sérieuse men­ace pour l’humanité dans toute son histoire.
(…) Les attaques du 11 sep­tem­bre 2001 ont été le pré­texte pour l’empire améri­cain et à un degré moin­dre pour la Grande-Bre­tagne et pour Israël, de s’emparer par la force des sources d’approvisionnements en énergie, pour soutenir leur puis­sance hégé­monique (régionale ou mon­di­ale) et main­tenir l’équilibre de leur économie dans les prochaines années de pénurie.
(…) Rien dans la pré­ten­due com­mis­sion indépen­dante, la Com­mis­sion Kean, qui a étudié les attaques du 11 sep­tem­bre, ne peut ou ne devrait être accep­té sans un débat con­tra­dic­toire. Cette com­mis­sion reprend la chronolo­gie des évène­ments pub­liée par le Norad (armée de l’Air). Or, plusieurs témoignages faits devant la Com­mis­sion démentent cette chronolo­gie. La chronolo­gie offi­cielle indi­quait que la FAA (sur­veil­lance aéri­enne) avait sol­lic­ité le Com­man­de­ment de l’Armée de l’Air pour une aide mil­i­taire alors que trois avions com­mer­ci­aux de ligne piratés étaient tou­jours en vol. Des témoignages devant la Com­mis­sion affir­ment au con­traire que la FAA a infor­mé l’armée de l’air trop tard, après que les avions se soient écrasés. Un escadron d’avions de com­bat du Norad est en effet bien par­ti mais il a été envoyé au dessus de l’océan Atlan­tique à plus de 200 km à l’est de Wash­ing­ton DC, alors que le troisième engin heur­tait le Pen­tagone Michaël C. Rup­pert sait très bien qu’il s’agit d’un mis­sile. C’est pourquoi il utilise le mot “engin“. Il ne va pas plus loin : c’est trop dan­gereux pour lui. . Un sec­ond escadron était sur l’Alaska pen­dant qu’un troisième sil­lon­nait au-dessus du Cana­da. Devant de telles inco­hérences, il est cer­tain que les mil­i­taires ont men­ti aux Améri­cains, men­ti au Con­grès et men­ti à la Com­mis­sion du 11–9.
Le rap­port de la Com­mis­sion a été remanié pour ten­ter de maquiller au mieux toutes ces inco­hérences chronologiques et don­ner au pub­lic une ver­sion édul­corée. Pourquoi tant de par­tial­ité ? C’est assez sim­ple à com­pren­dre quand on étudie le cur­ricu­lum vitae des mem­bres de cette commission.
(…) La Com­mis­sion Kean a délibéré­ment été con­sti­tuée de per­son­nal­ités impliquées dans les événe­ments du 11–9 et les organ­ismes gou­verne­men­taux chargés de pro­téger les Améri­cains ce jour-là. Tous auraient dû témoign­er plutôt que de diriger et rédi­ger les rap­ports d’une telle com­mis­sion. Un seul mem­bre était vrai­ment impar­tial : il s’agit d’un séna­teur de Georgie, Max Cle­land. Après avoir déclaré que tout cela était une vaste mas­ca­rade, il a démis­sion­né de la Com­mis­sion Kean avant la fin des investigations.
Que s’est-il passé le 11 sep­tem­bre 2001 ?
Nous allons démon­tr­er qu’un sus­pect (ou plusieurs) pos­sé­dait les moyens, les motifs et l’opportunité de com­met­tre le crime.
Jusqu’ici, l’affaire du 11–9 aurait été com­mise par Ous­sama Ben Laden et Al Qaï­da. Cela n’a jamais été prou­vé. En fait, env­i­ron 35 mois après les attaques du 11–9, de toutes les pour­suites judi­ci­aires dans le monde con­cer­nant cette affaire, aucune n’a abouti.
La seule affaire qui aurait dû aboutir fut la pour­suite judi­ci­aire alle­mande con­tre Monir el Motas­sad­eq, chargé de faciliter la pré­ten­due cel­lule de Ham­bourg appelée du nom de Mohamed Atta. La jus­tice alle­mande a dû aban­don­ner ses pour­suites en 2004 car le gou­verne­ment US a refusé de pro­duire les témoins prin­ci­paux tels que Khalid Shaih Muham­mad ou Ramzi Ben al Shibh ain­si que d’autres évi­dences et preuves matérielles.
Pour le grand pub­lic et la com­mu­nauté offi­cielle des inves­ti­ga­teurs du 11–9, l’échec des moyens de défense aéri­enne des USA est un mys­tère. La Com­mis­sion Kean et la ver­sion gou­verne­men­tale des évène­ments ne lais­sent appa­raître aucune expli­ca­tion plau­si­ble. Le fait qu’aucune défense aéri­enne effi­cace ne se soit man­i­festée ce jour-là reste incompréhensible…
Des preuves incon­testa­bles démon­trent la com­plic­ité directe du gou­verne­ment US dans la ges­tion des attaques du 11 sep­tem­bre 2001. Ces élé­ments fig­urent en détail dans mon livre “Tra­vers­er le Rubicon”.
1°) Cheney est le prin­ci­pal sus­pect dans les meurtres de masse du 11–9. J’affirme qu’il a été un plan­ni­fi­ca­teur du 11–9 et que le jour même des attaques il gérait un cen­tre de con­trôle totale­ment séparé du sys­tème de com­mu­ni­ca­tions mil­i­taires et capa­ble de brouiller les trans­mis­sions ou ordres émanant d’autres cen­tres de com­man­de­ment. Pour par­venir à ses fins, il a relié un sys­tème de com­mu­ni­ca­tion au cen­tral prin­ci­pal des ser­vices secrets améri­cains, dans le Cen­tre de Sec­ours des Opéra­tions Prési­den­tielles, le bunker où lui et la con­seil­lère à la Sécu­rité Nationale, Con­dolez­za Rice ont soit-dis­ant été pré­cip­ités après que le vol 175 ait frap­pé la tour sud du World Trade Cen­ter. Je démon­tr­erai qu’en réal­ité Cheney n’a jamais quit­té ce poste et qu’il avait des infor­ma­tions en temps réel, meilleures que celles disponibles au Pentagone.
2°) Je démon­tr­erai cela en expli­quant ce que sont les Ser­vices Secrets des Événe­ments Spé­ci­aux de la Sécu­rité Nationale Améri­caine, une agence de con­trôle opéra­tionnel suprême sup­plan­tant d’autorité toutes les agences civiles et militaires.
3°) J’établirai qu’en mai 2001, par décret prési­den­tiel, Cheney a été placé au com­man­de­ment et au con­trôle directs de toutes les for­ma­tions de straté­gies mil­i­taires, des ter­rains d’exercices d’entraînement et de l’établissement du pro­gramme de plusieurs agences, par­ti­c­ulière­ment la Fema. Qu’en out­re, il a ordon­né tous les exer­ci­ces mil­i­taires aériens inco­hérents du 11 sep­tem­bre 2001.
Je démon­tr­erai que l’exercice Trépi­de II, instal­lé le 10 sep­tem­bre à Man­hat­tan, a été directe­ment piloté par Cheney en prévi­sion du chaos du 11–9 qu’il préparait.
4°) Je prou­verai qu’un cer­tain nom­bre d’officiels de la ville de New York, dont le maire Rudolph Guilani, se sont ren­dus compte pen­dant 20 min­utes, que le vol 175 visait Manhattan.
Ils n’ont rien fait pour ordon­ner l’évacuation ou aver­tir les occu­pants du World Trade Cen­ter. Seul un offici­er mil­i­taire a quit­té son poste pour appel­er en privé son frère qui tra­vail­lait au WTC, le som­mant de sor­tir au plus vite.
5°) Je prou­verai égale­ment que les gou­verne­ments israëliens et bri­tan­niques ont agi en tant qu’alliés au plus haut niveau du gou­verne­ment améri­cain pour aider à la pré­pa­ra­tion et très prob­a­ble­ment, à l’exécution des attaques du 11–9.

Tous ces élé­ments sont présen­tés et doc­u­men­tés sur 850 pages dans “Franchir le Rubi­con” qui prou­ve que George Bush, Dick Cheney, Don­ald Rums­feld, Con­di Rice, le général Ralph Eber­hart, le général Mey­ers, le directeur du FBI Robert Muller, John Ashcroft et George Tenet ont men­ti au peu­ple américain.
(…) En prenant le pét­role de l’Irak et en con­trôlant l’Afghanistan le gou­verne­ment US pense pou­voir retarder les effets du pic du pét­role pour les États-Unis et assur­er ain­si son hégé­monie sur le reste du monde qui man­quera alors de pét­role. Tel est le mobile du crime du 11 sep­tem­bre 2001.
(…) Dans mon ouvrage j’explique com­ment et pourquoi le sys­tème économique actuel du monde s’accélère, décline et dégénère dans des pro­por­tions inimag­in­ables. Tout ceci, pour moi, a com­mencé il y a 27 ans quand, en tant que jeune polici­er, j’ai décou­vert que la CIA était lour­de­ment impliquée dans le traf­ic de drogue. J’ai déjà prou­vé tout cela en util­isant des enreg­istrements d’auditions au Sénat et des doc­u­ments de la CIA elle-même. Un des fac­teurs essen­tiels de la supré­matie économique améri­caine fut le traf­ic de drogue. Tous les ans près de 660 mil­liards de dol­lars de nar­co-prof­its ont ali­men­té les marchés financiers et les insti­tu­tions des États-Unis. L’invasion de l’Afghanistan n’avait d’autre but que de pro­duire plus de drogue pour main­tenir les flux financiers de nar­co-prof­its qui ali­mentent l’économie américaine.
Out­re le traf­ic de drogue qui ali­mente États et Insti­tu­tions de nom­breux pays, nous menons une guerre per­due d’avance. L’ensemble de l’économie mon­di­ale mise sur une crois­sance infinie dans un monde de ressources finies. Ce manque de réal­isme glob­al nous mène à une crise général­isée met­tant en péril l’humanité même. Les solu­tions actuelles de guer­res per­ma­nentes pour main­tenir la crois­sance ne pré­par­ent qu’une chute encore plus brutale.
Sources : Mor­phéus n° 6, t
Annexe 12 : Dix­it… chrono…logique

“Der­rière le gou­verne­ment vis­i­ble siège un gou­verne­ment invis­i­ble qui ne doit pas fidél­ité au peu­ple et ne se recon­naît aucune respon­s­abil­ité. Anéan­tir ce gou­verne­ment invis­i­ble, détru­ire le lien impie qui relie les affaires cor­rompues avec la poli­tique, elle-même cor­rompue, tel est le devoir de l’homme d’État.”
Déc­la­ra­tion de Theodore Roo­sevelt, vingt-six­ième prési­dent des États-Unis, dans son pro­gramme élec­toral de 1912.

“Nous devons, au sein des assem­blées de l’État, nous pré­mu­nir con­tre le fait que le com­plexe mil­i­taro-indus­triel acquière une influ­ence injus­ti­fiée, qu’elle soit vis­i­ble ou invis­i­ble. La pos­si­bil­ité d’ascension d’un pou­voir illégitime existe, et elle per­sis­tera. Nous ne devons jamais per­me­t­tre à une telle com­bi­nai­son de men­ac­er nos lib­ertés et nos proces­sus démoc­ra­tiques. Nous ne devrons jamais rien tenir pour acquis. Seul un ensem­ble de citoyens act­ifs et avisés peut, à l’aide des proces­sus et objec­tifs paci­fiques qui sont les nôtres, con­tenir les menées bien réelles de cet immense mécan­isme indus­triel et mil­i­taire de défense, afin que sécu­rité et lib­erté puis­sent prospér­er de concert.”
Déc­la­ra­tion de Dwight D. Eisen­how­er, trente-qua­trième prési­dent des États-Unis, après la fin de son deux­ième man­dat, en jan­vi­er 1961.

“La direc­tion du Bureau du Prési­dent a été util­isée pour fomenter un com­plot pour anéan­tir la lib­erté des Améri­cains et avant de vous quit­ter, je dois informer les citoyens de ces faits.”
Déc­la­ra­tion de John F. Kennedy, trente-cinquième prési­dent des États-Unis, dans un dis­cours fait à l’Université Colum­bia le 12 novem­bre 1963, dix jours seule­ment avant qu’il ne soit assassiné.


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