ACTAS
Les bénéfices du choix
du Tirage Au Sort
pour composer l’Assemblée Constituante
Extrait de lavraiedémocratie.fr
« Les élections sont aristocratiques et non démocratiques : elles introduisent un élément de choix délibéré, de sélection des meilleurs citoyens, les aristoï, au lieu du gouvernement par le peuple tout entier. » (Aristote, rapporté par Moses I. Finley dans Démocratie antique et démocratie moderne)
« Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie, le suffrage par choix est de celle de l’aristocratie. » (Montesquieu)
À force de critiquer l’élection, que ce soit pour désigner des gouvernants ou les membres d’une assemblée constituante, une question se pose : à quoi peut donc bien ressembler un système politique sans (ou pratiquement sans) élections ? Rejeter les élections, ne serait-ce pas prôner un retour en arrière vers la monarchie ? En fait, dire cela, c’est oublier la possibilité d’une démocratie, une vraie, qui utilise nécessairement du tirage au sort (nous allons voir pourquoi). Qui dit « tirage au sort » dit « hasard », donc imprévisibilité du résultat et possibilité de désigner « n’importe qui », y compris des affreux. Cela semble absurde a priori et c’est normal : comment peut-on voir le tirage au sort comme clé de voûte de la démocratie alors que l’on nous a toujours dit que c’étaient les élections qui caractérisaient la démocratie ?
« On avale à pleine gorgée le mensonge qui nous flatte, et l’on boit goutte à goutte une vérité qui nous est amère. » (Diderot).
Il faut d’abord se rassurer sur l’étendue des pouvoirs que délivre le tirage au sort aux citoyens qu’il sélectionne : les personnes tirées au sort ne prennent absolument pas les pleins pouvoirs. Le tirage au sort ne sert pas du tout à désigner des maîtres envers lesquels on est supposé avoir confiance (comme le fait l’élection) mais des serviteurs auxquels on a toute raison d’opposer de la défiance. Toute comparaison avec nos députés serait sans objet : le tirage au sort ne vise en aucun cas à donner l’équivalent du pouvoir de nos députés aux personnes qu’il sélectionne, il vise simplement à désigner des personnes statistiquement représentatives socialement du peuple (pour peu que le nombre de personnes tirées au sort soit suffisamment grand – c’est la loi des grands nombres) selon un processus incorruptible (une personne malintentionnée n’a aucun moyen de favoriser sa sélection, alors que dans un système électif elle pourrait présenter sa candidature et mentir). L’assemblée constituante tirée au sort travaillerait publiquement et tout citoyen devrait pouvoir observer et commenter le travail des tirés au sort (Internet peut être bien pratique pour ce faire). Ces derniers ont tout intérêt à y prêter attention car leur projet de constitution devra être approuvé par référendum (on peut même envisager de laisser la possibilité à l’électeur d’approuver ou de refuser chaque article). Ainsi, quand bien même un improbable hasard ferait que des personnes majoritairement malintentionnées seraient désignées par le tirage au sort pour rédiger la constitution, leur proposition ne serait pas approuvée lors du référendum constituant et une nouvelle assemblée constituante serait formée.
Statistiquement (c’est une règle qui découle de la loi des grands nombres en mathématiques), lorsque l’on effectue un tirage aléatoire au sein d’une population, et sous réserve que l’on choisisse un échantillon suffisamment grand, la probabilité que l’échantillon soit fidèle à la population étudiée est très haute. Par exemple, si l’on tire au sort 1000 personnes, il y a 95 % de chances que les résultats des actes qu’elles effectueront seront identiques à ce qu’aurait fait la population entière, et ceci avec une marge d’erreur sur le résultat des décisions de ± 3 % (calcul d’intervalle de confiance). Ainsi, si 60 % des Français sont opposés à un projet de loi et que l’on tire au sort 1000 personnes, entre 57 % et 63 % des tirés au sort seront aussi opposés à cette décision avec une probabilité de 95 % (vous pouvez vous en assurer avec cette animation). Ce sont là des gages de représentativité jamais atteints avec des élections. Ainsi apparaît-il qu’un collectif de personnes tirées au sort aura toutes les chances d’être diversifié, dans des proportions fidèles à la société française, et ces personnes auront par conséquent des intérêts contradictoires. De ce fait, le risque que ces personnes se mettent d’accord pour écrire une constitution instaurant une aristocratie dans laquelle leurs amis seraient par la suite impliqués est minime (et de toute façon, le peuple ne validerait pas un tel projet lors du référendum). Leurs intérêts seront forcément contradictoires : cela dessert les intérêts particuliers et promeut l’intérêt général. Les tirés au sort sont nécessairement, du fait de leur diversité, collectivement désintéressés vis-à-vis du texte qu’ils s’apprêtent à écrire. Ils n’auront par conséquent aucun complexe pour limiter drastiquement le pouvoir des futurs dirigeants puisque le conflit d’intérêts qui faisait précédemment obstacle n’a plus lieu d’être. Quoi de mieux que ce processus pour rédiger une constitution qui protège le peuple des abus de pouvoir et est conforme à ses volontés ?
Le tirage au sort permet l’amateurisme politique, ce qui est une bonne chose car il favorise la politisation des citoyens et permet que la Constitution qu’ils écriront soit compréhensible par le plus grand nombre (et non plus seulement par les juristes). L’honnêteté est beaucoup plus importante que la compétence pour écrire une bonne constitution. Il n’y a pas besoin d’être compétent pour demander après un temps de réflexion la reddition des comptes, le référendum d’initiative populaire et d’autres mesures défendant l’intérêt général, même si on ne connaît pas le vocabulaire de juristes qui les désigne (un citoyen peut très bien écrire que « Toute personne élue est responsable de ce qu’elle fait devant le peuple. Le peuple peut à tout moment lui demander des comptes et la congédier par un vote national. », là où un juriste aurait parlé de « reddition des comptes » et de « référendum révocatoire d’initiative citoyenne » — les deux rédactions veulent néanmoins dire la même chose dans le fond). De plus, du fait de la diversité des membres de l’assemblée, ils ne pourront logiquement se mettre d’accord que sur ce qui préserve l’intérêt général car aucun intérêt particulier ne leur sera commun. Le tirage au sort favorise ainsi l’incorruptibilité de l’assemblée. Pour preuve, de multiples exemples historiques montrent que le tirage au sort de serviteurs politiques fonctionne. Voir à ce sujet l’article d’Yves Sintomer, « Petite histoire du tirage au sort en politique. D’Athènes à la Révolution française » (La Vie des idées, 9 avril 2012. Disponible en ligne ici).
Objection : la rédaction de la Constitution et des lois est une chose trop importante pour être laissée à des amateurs tirés au sort.
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Pour en savoir plus, consultez l’argumentaire de
lavraiedemocratie.fr
Objections
contre l’Assemblée Constituante
Tirée au Sort
Trucage du tirage au sort
Des gens mal-intentionnés finiront bien un jour par réussir à truquer le système
1) Le tirage au sort est infaillible s’il est bien organisé. Le tirage doit se produire en public, être filmé de près et retranscrit en direct. N’importe quel citoyen qui le désire pourra filmer le déroulement du tirage au sort.
2) A Athènes, les citoyens se réunissant lors de l’assemblée pour voter les lois, tiraient au sort les magistrats en présence de tous (les citoyens présents à l’assemblée), pour que chacun puisse contrôler et éviter justement ce problème.
3) Diverses méthodes peuvent être mises en place, entre autre faire divers tirages aux sorts dans chaque commune/département/région… plus accessible à la vérification de chacun. On peut tout aussi bien faire successivement des tirages au sort parmi des tirés au sort :
- parmi tous dans la communes chacun pouvant assister au tirage
- puis parmi les tirés aux sort parmi les tirés au sorts des communes au niveau départemental chacun pouvant s’y rendre.…
- jusqu’au niveau national
Mais la forme de la constituante n’est pas restreinte, elle pourrait aussi être un ensemble d’assemblées locales proposant leurs articles…La façon de procéder peut vraiment être imaginée de bien des formes, avec Internet ou sans, avec plusieurs assemblées ou une seule, avec plusieurs sections d’assemblée avec des rôles différents ou similaires… (liste non exhaustive)
=> cette méthode a aussi l’avantage de permettre à chaque étape de vérifier la possibilité statistique, en effet avec beaucoup de tirages on peut vérifier que l’ensemble correspond bien à la population. De plus les tirés et tirages étant très nombreux à chaque niveau il est difficile pour un corps/organisation de placer tous ses pions partout où il le souhaite et de truquer tous les tirages.
4) Rien ne remplace le vote des citoyens pour confirmer que la constitution est bien telle qu’ils l’espèrent, si le tirage est truqué le vote sert de filtre. Si le peuple accepte une constitution on ne peut pas lui dire: “non, car le tirage était truqué.”
Et cela dénote aussi de la préconception de la forme de la constituante, on peut proposer plusieurs textes, même avoir différentes constituantes en collaboration ou concurrence…
5) Si les tirés au sort sont nombreux, il est plus difficile de le truquer. Et encore plus si les tirages sont nombreux.
6) Contrairement à l’élection dans le cadre du gouvernement représentatif, les postes des personnes tirées au sort ne sont pas particulièrement attrayants en Démocratie. Il s’agit de tirer au sort des serviteurs, avec plus de devoirs que de droits, des comptes à rendre, et sans gain de pouvoir important par rapport à tout autre citoyen. Le mobile même de truquer un tirage au sort disparaît alors.
Il n’y a quasiment aucun intérêt à truquer un tirage au sort dans une Démocratie, et dans tous les cas certainement bien moins que de truquer une élection actuellement.
Peuple non compétent
Le peuple n’est pas compétent pour écrire une constitution
1) Le peuple n’a pas besoin de l’être. De nos jours, la constitution est écrite par des constitutionnalistes (oui carrément des gens dont c’est le métier ! … exemples : http://actua.unitariennes.over-blog.com/article-la-loi-fran-aise-anti-burqa-le-point-de-vue-du-constitutionaliste-bertrand-mathieu-50741198.html, ou encore la vidéo d’Etienne dans l’émission !impertinences, débat avec un constitutionnaliste), des juristes, des hommes politiques professionnels, bref par des personnes maîtrisant le droit, et/ou présentant des conflits d’intérêt majeurs vis à vis de la production de ces lois, rendant nos lois souvent injustes, très difficiles à comprendre et même à appliquer/exécuter, pour des néophytes. Il n’est plus à démontrer que ces lois sont pour la majorité plutôt mal construites et inefficaces, affaiblissant les lois simples et nécessaires (citation Montesquieu éventuellement là-dessus).
Ce serait donc finalement une bénédiction si de simples citoyens non compétents dans le droit, pouvaient la rédiger ensemble. Cela permettrait une constitution bien plus simple, proche des gens, avec l’essentiel. Il est primordial d’avoir une constitution compréhensible par tous. Comment pouvons-nous accepter un contrat social sans en comprendre toutes les implications ?
De plus, cela rendra les personnes rédigeant la constitution très difficiles à corrompre, puisque désintéressées, n’ayant aucune ambition politique par la suite, si ce n’est de toujours pouvoir exercer leurs droits civiques, ce qui n’est pas le cas de nos politiciens professionnels.
2) Personne ne l’est, par contre le peuple est le seul légitime auteur d’un contrat qui le lie avec tous les contractants/citoyens. Il n’a pas à se faire imposer un contrat par d’autres.
Indifférence — refus d’écriture
Le peuple se fout de la politique, il ne veut pas écrire sa propre constitution
1) Le désintérêt des gens pour la politique est logique : ils sont éduqués à ne pas s’y intéresser. Comme ils n’ont de toute façon pas la possibilité de s’exprimer, ils sont naturellement désintéressés et laissent les professionnels de la politique s’occuper de toutes les décisions politiques et sociales à leur place. Rien ne nous dit que les gens ne veulent pas écrire la constitution eux-même, ils savent simplement qu’ils ne le peuvent pas, donc ils n’y pensent plus !
2) Il ne faut pas généraliser : Ce n’est pas 100% de la population qui est indifférente à la vie politique et sociale et qui refuserai d’écrire une nouvelle constitution, quand bien même ce serait 90%, ce n’est pas une raison valable pour ôter cette possibilité aux 10% de ceux qui le souhaitent. D’autant plus que ceux qui ne le souhaitent pas aujourd’hui en auront finalement la possibilité demain. Il y a une différence structurelle (fondamentale et démocratique) entre le fait de ne pas vouloir et celui de ne pas pouvoir !
3) Il n’y a que pendant 200 ans à Athènes (Grèce Antique) qu’une vraie démocratie était pratiquée : le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple. Donc, c’est depuis plus de 2000 ans que les peuples n’exercent plus eux-même le pouvoir mais sont représentés par une élite qui l’exerce à leur place. Cette situation, sociologiquement, est responsable du désintérêt pour la politique de la majeur partie de nos concitoyens. Le rythme de vie et la situation actuelle ne fournissent aux gens, ni le temps, ni la force et l’envie de débattre ou de s’investir dans la vie politique et sociale. Le village de Vandoncourt est un très bon exemple : lorsqu’on fait confiance aux gens et qu’on leur donne individuellement la possibilité d’agir, ils s’impliquent beaucoup. Il y a d’autres exemple à plus grande échelle, comme en Colombie Britannique (Canada).
Propres intérêts
Ceux qui écriront ne verront que leurs propres intérêts particuliers
1) Les constituants citoyens seront déjà largement désintéressés par le mécanisme du tirage au sort. Mais il peut en effet y avoir quand même des risques.
A relativiser car les constituants seront nommés pour une durée courte (durée de l’assemblée constituante) et non-renouvelable. Ce qui fait qu’ils ont tout intérêt à écrire une bonne constitution pour le peuple entier, car ils redeviendront à l’issue de ce mandat simples citoyens noyés dans la masse, donc ils encourent des risques égaux et potentiellement graves pour eux-mêmes aussi s’ils écrivent une mauvaise constitution…!
2) Nous tirons au sort un ensemble de personnes pas une, c’est la confrontation des intérêts particuliers ou intérêts de classes qui s’opposent et qui ont tendance à ne permettre un accord que si tous les intérêts sont convergents dans l’estimation du futur commun. C’est pourquoi il est toujours nécessaire d’opposer les gens dans l’optique d’un accord consensuel voire unanime. Une constituante d’élus n’aurait eu comme premier point d’accord que le fait de donner plus de pouvoirs aux élus en toute pondération de l’avis du peuple, et une constituante de professionels n’aurait qu’entretenu la nécessité de professionnalisme et protégé leurs moyens d’actions. Une constituante tirée au sort a pour avantage de présenter des forces relativement équilibrées, peu d’esprit de corps, et comme accord premier un point plus proche du peuple que toute autre assemblée où la sélection aurait biaisé le premier accord trouvé et amené à la perpétuité de cette sélection. En effet toute personne se pensant honnête aura tendance à utiliser le moyen qui l’a promu, croyant au systématisme de ce fonctionnement et favorisant la promotion de ses semblables présupposés honnêtes et toute personne malhonnête en fera autant, il n’y a que l’absence de sélection ou la sélection aléatoire qui puisse contrecarrer ce biais.
Entente commune sur le texte
Rien ne garantit qu’ils pourront s’entendre sur un même texte
La difficulté à s’entendre sur un texte est ce qui montre qu’il y a discussion sur les différences et les points communs, cela n’est pas un mal que cela prenne du temps si c’est pour trouver une constitution plus fondamentalement démocratique. Il n’y a qu’en confrontant les différences et en prenant du recul que les participants pourront trouver des points sur lesquels il n’y a pas de désaccord.
Vont-ils alors tomber d’accords sur un même texte? Rien ne peut le garantir, mais des méthodes diverses de discussions pourraient être proposées à l’assemblée pour faciliter le processus, à chacun de choisir sa méthodologie lors des délibérations. Par exemple commencer point par point et se décider si oui ou non chaque article est validé dans le projet. Ensuite tous les articles non suffisamment soutenus sont écartés et on forme un texte avec ce qui reste. Il sera toujours temps d’en rajouter ou d’en enlever après…
On pourrait tout aussi bien retenir plusieurs versions de texte ou voter article par article avec plusieurs versions de chaque sans nécessité d’accord unanime des constituants ni même majoritaire, il faut rappeler que la constituante n’est pas une chose fixe et la méthodologie appliquée peut prendre bien des formes.
Le texte ne conviendra pas à la majorité
Rien ne garantit que le texte final ira aux autres citoyens
1) En effet, sinon nous ne ferions pas appel au vote de la population après la constituante. Mais pourquoi parler d’ UN texte FINAL ? D’ailleurs la question laisse voir des préjugés sur la forme que pourrait prendre la constituante :
- on peut présenter plusieurs textes/articles simultanément et laisser choisir le peuple.
- on peut, en plusieurs étapes, présenter article par article et laisser choisir le peuple.
- on peut renouveler régulièrement le vote ou la constituante pour s’assurer que le texte convient toujours.
- on peut faire une constituante dans chaque régions/communes… et regrouper les idées à proposer.
- on peut faire une constituante avec participation citoyenne via le net.
- Le nombre de tirés au sort en accord avec le texte/les textes devrait être proche proportionnellement de l’accord du peuple. A ceci près des informations qu’aurait eue la constituante mais pas le peuple et inversement.
- il n’y a pas de texte final, la démocratie se doit d’évoluer avec la culture de toutes les parties du peuple, c’est donc un renouvellement continu qui parait plus approprié. En faisant et déclarant cela, il serait plus facile de s’engager envers des propositions ne fusse qu’à l’essai.
Respect du texte
Rien ne garantit que tous les gens s’engageront à respecter ce texte [la constitution]. Ce n’est qu’un texte de plus
1) Il est vrai que la constitution “montagnarde” de 1792, constitution pourtant exemplaire, n’a jamais été appliquée, la contre-révolution ayant eu lieu pour empêcher cela. Ce qui laisse à penser que l’histoire pourrait à nouveau se répéter. C’est pour cela qu’il est indispensable que la décision d’une vraie démocratie et d’un vrai processus constituant citoyen et désintéressé, donc tiré au sort, viennent de tout le peuple entier, y compris donc les “ultra-riches”, les politiciens professionnels etc… Il ne faut pas qu’elle soit imposée d’une quelconque manière. Si tout le monde est d’accord, alors elle s’imposera d’elle-même et tous les gens s’accorderont à la respecter.
2) Ce n’est pas différent de la constitution actuelle, à ceci près que celle réellement démocratique serait plus proche des aspirations du peuple.
Peur et refus
Beaucoup auront peur et refuseront, ne resteront que les professionnels ou les puissants.
1) C’est une peur légitime, mais qui n’est peut-être pas si fondée que ça. N’est-ce pas un honneur de servir l’intérêt général (et donc par là-même son propre intérêt personnel en toute égalité) pour le bien commun ?
2) Si vous n’avez pas peur, qu’est-ce qui vous fait croire que les autres auraient peur ? Moi je n’ai pas peur ;-).
3) Si ne reste que les professionnels et les puissants alors ce n’aura été qu’un coup d’épée dans l’eau.
4) Ceux qui craignent qu’il ne reste que des professionnels ou des puissants sauront convertir leur peur en action et œuvrer pour qu’il ne reste pas que des professionnels et des puissants.
5) De quelle sorte de peur parle-t-on ?
Pression et influence extérieure
Rien ne garantit que les tirés au sort ne subiront pas des pressions ou des influences extérieures
1) Plusieurs solutions issues essentiellement de l’expérience de démocratie athénienne, peuvent être apportées pour limiter grandement ce risque :
- Des mandats courts pour éviter que la corruption ne s’installe avec le temps
- Des mandats non-renouvelables pour éviter une projection future, et donc un calcul dans le présent à faire une constitution pas trop contraignante, dans les strates du pouvoir. Ceci est le gros problème de nos politiciens actuels de métier.
- L’inéligibilité des tirés au sort pour éviter qu’il n’écrivent des règles allant dans un intérêt personnel de carrière future.
- La reddition des comptes, une fois le mandat terminé, avec punition si mandat mauvais, récompense si mandat OK : les représentants devront défendre devant un jury de citoyens tirés au sort, s’ils ont bien servi ou pas l’intérêt général. A l’issue de la décision de justice, une punition (qui pouvait aller jusqu’à la peine de mort à Athènes…!), ou une récompense (par exemple, une statue en son honneur) sera adoptée. Ceci pousse les tirés au sort à résister à la corruption, en craignant le jugement final de leurs actions au service de l’Intérêt général pendant toute la durée de leur mandat.
- Un contrôle permanent par les citoyens, au moyen par exemple d’une assemblée citoyenne tirée au sort, du Référendum d’Initiative Citoyenne, du contrôle direct par les citoyens etc…
2) Pour avoir un réel impact sur toute une Assemblée, le corrupteur doit tenter d’influencer un grand nombre de personne.
3) N’importe quel tiré au sort peut, à la moindre tentative de corruption, donner l’alerte.
4) Les tirés au sort sont des anonymes impuissants politiquement qui n’ont donc vraisemblablement jamais été abordé par des corrupteurs contrairement aux hommes de pouvoirs. Or le corrupteur a besoin d’être familier de sa cible et de temps pour ne pas se faire démasquer par des pressions trop grossières.
5) Protéger des tirés au sort des pressions s’arrange aussi bien qu’avec des élus par une protection policière voire citoyenne.
6) Le grand soutien populaire à ce changement démocratique pousse les tirés au sort à tirer le meilleur d’eux-même et à ne pas décevoir.
7) Les citoyens tirés au sort n’étant pas coupés de leur milieu respectif et y retournant à la fin du processus, ils sont poussés à écouter ses opinions et à ne pas le trahir.
Inaptes tirés au sort
Le tirage au sort c’est une loterie avec toutes les chances que ce soient les plus inaptes qui soient tirés.
1) Le tirage au sort n’est pas une loterie mais une méthode statistique avec toutes les chances que le peuple soit tiré au sort. Contrairement à l’élection qui sélectionne seulement le plus apte, le meilleur pour remporter une campagne (celui qui a été le plus prêt à tous : à toutes les compromissions, les trahisons, les bas-coups etc… en d’autres mots : le pire).
2) Inapte à quoi ? Qui mieux que l’ensemble d’une population est apte à savoir ce qui est le mieux pour le pays dans lequel il vit ?
3) La démocratie consiste à confier le pouvoir au peuple, si vous jugez le peuple inapte sans doute est-ce dû au fait qu’on nous fait croire que notre république est une démocratie. Que l’élection = démocratie. Et que c’est donc le peuple, pas nos dirigeants, qui sont inaptes à gouverner pour le bien commun. Mais si ça ne vient pas de là, il serait intéressant pour vous d’instaurer une vraie aristocratie. Encore faut-il trouver le moyen pour que les “meilleurs”(Aristos en grec) restent les meilleurs garant de l’intérêt général.
4) Actuellement ceux qui écrivent les lois et les règles sont ceux qui sont les plus intéressés par le pouvoir alors que le pouvoir corrompt. Le tirage au sort permet plus sûrement à ceux qui possèdent le sens du bien commun d’être choisis.Cette méthode statistique permet un plus vaste échantillon au sein de la population représentatif de l’ensemble de la population et, au contraire, la plus large diversité d’aptitude possible.
Hasard non garanti
Cela dépend sur qui on tombe, le hasard fait bien les choses, dit-on souvent, mais ce n’est pas garanti…
1) la part de hasard c’est nous qui la maitrisons par les règles mises en place, et ne souhaitant pas du tout avoir des politiques hasardeuses nous ne lui laisserons que la place qui lui revient pour son utilité. Convenons que l’on parle d’une part du pouvoir que l’on veuille démocratique, c’est à dire où le peuple donne les objectifs/ses souhaits/ses directives, alors on tire au sort un certain nombre de citoyens, suffisamment pour qu’en assemblée la raison de l’ensemble émerge et que la volonté du peuple s’exprime. De fait étudier les statistiques pourrait vous aider à comprendre pourquoi ainsi il reste une part minime d’aléas dans le résultat politique. Toute sélection pourrait biaiser la représentation de la volonté générale c’est pourquoi si on doit sélectionner sans que quelconque ségrégation soit faite, il faut nécessairement soit ne sélectionner personne(donc que tous participent à égalité stricte), soit sélectionner par le Hasard.
Quand on fait un tirage au sort de cette ampleur (pour la constituante) la part de hasard dans le résultat de l’expression de la volonté générale n’a que très peu de place, c’est la délibération et la concertation des citoyens ainsi rassemblés qui exprimera cette volonté, donc la convergence de chacun vers les autres. Il n’y a donc peu de chance que cette “moyenne” soit éloignée de la réalité de la volonté générale des citoyens. Pour éviter le coup de malchance, il est absolument nécessaire pour une constituante d’être suivi d’un vote qui confirme le souhait de la Nation. Confirmation qui prendrait une forme moins impérieuse si cela était pour la confirmation d’une loi.
Il faut bien se rendre compte qu’aujourd’hui le fonctionnement politique est de telle sorte que la volonté générale ne puisse converger, et que animée par les divergences les citoyens souhaitent davantage de biais, opposant toutes les parties du peuple pour chaque divergence, ce faisant on connait essentiellement les divergences mais point les convergences. La volonté générale est biaisée, on lui retire du sens, du contenus, on la cache derrière les divergences, ainsi on ne peut plus réellement parler de volonté générale dans le fonctionnement politique actuel. Malgré que celle-ci existe chaque partie du peuple l’ignore du fait du martelage des dissensions qui, il est vrai sont inhérentes à la démocratie, mais qui n’en sont pas son essence. Ce faisant il est incapable de connaitre la volonté générale, et donc de l’opposer aux éventuelles décisions politiques qui ne lui conviennent pas. Il est incapable alors de se dire légitime dans sa volonté de changement politique. C’est à cela que doit remédier entre autre une assemblée non biaisée par des sélections partiales/dogmatiques et donc tirée au sort. Ainsi la constituante disposant de ressources pour faire constitution pourra sereinement établir sa volonté, proche du point de convergence de tous les citoyens, et donc très proche de la volonté générale, ce qui sera vérifié par le vote de l’ensemble des citoyens.
2) On retombe sur les arguments 1, 10 et 18 . Voir leurs réponses associées.
3) Argument antinomique primaire : Et l’élection ça fait bien les choses ? C’est garanti ? Il sera difficile de répondre “oui” à cette question je pense.
L’élection ferait peut-être bien les choses, si les élus, donc les aristocrates, étaient de vrais aristocrates (les meilleurs quoi). Or, ce n’est pas le cas à l’heure actuelle, à cause de l’équation argent = pouvoir. Ceux qui ont de l’argent peuvent se faire passer pour les meilleurs ou acheter les meilleurs. Et puis le meilleur, le plus fort, n’est-ce pas sensiblement la même chose ? Dans ce cas, c’est comme si on n’avait aucun régime politique, aucune construction de la société, aucune civilisation car si c’est la loi du plus fort, c’est la loi de la Nature, (la loi Darwinienne), donc l’absence totale de lois… attention, Darwin a expliqué en quoi la loi du plus fort ne s’applique pas à l’Homme dans la selection naturelle …
Le tirage au sort, si les tirés au sort sont suffisamment nombreux et si les contrôles types “athéniens” en amont sont effectués afin de neutraliser cette composante négative et obscure du hasard pour n’en garder que le positif, garantira mathématiquement que le hasard fera bien les choses (voir les lois de probabilités en mathématiques).
Reste aussi à définir ce qui est entendu par “le hasard fait bien les choses”. Le bien et le mal sont des notions somme toute assez subjectives.
Pas de temps
Les gens n’ont pas de temps pour faire cet exercice
1) La constituante peut autant être ponctuelle que périodique ou continue, dans tous les cas la période la plus prenante est le lancement de la démocratie, c’est à ce moment qu’il y a le plus de risques. Mais si le tirage au sort se limite à la constituante il n’y a pas de raison que la plupart des gens y perdent du temps, seul quelques milliers sur des millions c’est peu de temps pris même sur des années, tant qu’il y a changement régulier des tirés au sorts.
De plus on peut étaler la constituante sur plus de temps si nécessaire, mais au final cela n’est pas si grave de prendre un peu de temps pour cela. Car avant combien de temps preniez-vous pour élire des CHARLOTS? Sachez aussi qu’il est fort probable que la constituante permette de se libérer du temps imposé par la société du travail, mais cela c’est à la constituante d’en écrire la substance.
2) Les personnes vont enfin pouvoir s’exprimer et agir dans une nouvelle démarche qui respectera l’avis de l’ensemble du peuple, cela représente une belle motivation pour investir un peu de son temps libre.
Ne représentent pas l’ensemble des citoyens
Les gens tirés au sort ne représenteront pas l’ensemble des citoyens
1) La réponse sera visible lors des votes ou référendums qui suivront inconditionnellement la constituante, si elle ne l’est pas il y aura un rejet massif du texte.
2) d’un point de vue strictement mathématique/statistique cela se juge par un taux de représentativité, la loi des grands nombres dit que plus un échantillon d’un ensemble est grand plus il a de chance que la moyenne de l’échantillon s’approche de la moyenne de l’ensemble. D’un point de vue mathématique, de nombreux outils permettent de juger de cela autant avant qu’après le tirage. Mais tout autant mathématiquement, si l’échantillon est sélectionné il sera moins représentatif, toute influence sur le principe d’aléas du tirage individuel implique un biais qui peut remettre totalement en cause ce principe. On peut voir ici un des biais observés dans les sondages, seulement les sondages ne sont jamais purement aléatoires et imposent aussi des biais que la constituante peut éviter, entre autres les sondages ont des questions orientés et des réponses restreintes…
3) — D’un point de vue plus éloigné des statistiques on peut en effet remettre en cause la représentativité vis à vis de l’ensemble, mais elle sera toujours plus proche que celle d’élus à la majorité autant qu’à la proportionnelle. Le principe de tirage au sort permet surtout de sortir de tout esprit de corps, en faisant venir des individus de tout horizons par une méthode aléatoire on retire l’esprit de corps résultant de la sélection elle-même, qui aurait abouti à la reproduction systématique du schéma, mais cela ne retire pas la possibilité de le reprendre.
Incompétents
AVEC LE TIRAGE AU SORT, ON DÉSIGNERAIT DES INCOMPÉTENTS…
1) Autre objection courante : le monde devient complexe et les tirés au sort ne seraient pas aussi COMPÉTENTS que les élus… (c’est avec les élus que le monde s’est complexifié)
Parce que vous trouvez que, de par le monde et à travers l’histoire des faits, les élus sont « compétents » ?!
C’est une blague ?
Savez-vous combien de bombes atomiques les élus soi-disant compétents ont fait exploser dans l’atmosphère, en plein air ou sous l’eau !, depuis 1945 ? Plus de 2 000 ! En fait de compétence, c’est de la folie furieuse, oui. Et combien de guerres ?! Et combien de millions de milliards de dollars gaspillés avec des armées suréquipées —qui se neutralisent mutuellement !!!—pendant que des milliards d’hommes crèvent de faim ? Et combien de scandales de corruption avérée ? Et combien de cas de collusion abjecte avec les riches qui ont permis d’élire les élus ? Et combien de trahisons du bien commun ?
Un avocat, un homme d’affaires ou un professeur qui vient d’être élu est tout à fait incompétent dans le domaine nucléaire ou climatique ou médical ou autre, et c’est son travail sur les dossiers qui va le rendre compétent. On peut en dire tout autant de n’importe quel tiré au sort volontaire qui va devenir compétent en travaillant sur ses dossiers. Les très nombreuses expériences d’assemblées tirées au sort sur des sujets techniques complexes montrent une extraordinaire compétence collective et un formidable désintéressement par rapport aux lobbys. L’honnêteté et l’absence de conflit d’intérêts sont des caractéristiques bien plus importantes pour le bien commun que la (prétendue) compétence, puisqu’un réalisme élémentaire conduit à constater qu’aucun être humain ne peut prétendre maîtriser un savoir encyclopédique a priori.
2) Pour simplement faire preuve de l’incompétence des candidats aux élections il suffit de regarder les chiffres du nucléaire de 2007, et de comparer aux dires des deux candidats à la présidentiel, ils étaient tout deux dans l’erreur, faute impardonnable étant donner que moi petit lycéen à l’époque connaissait mieux le dossier qu’eux mais aussi étant donné le débat entourant le nucléaire civil et la part importante de l’influence qu’il avait/a sur notre société, tant d’un point de vue pratique, sécuritaire et économique.
Et si, moi, j’ai envie de choisir mes repréants ?!!
ET SI, MOI, J’AI ENVIE DE CHOISIR MES REPRÉSENTANTS ?!!
Certains objectent avec véhémence qu’ils tiennent absolument à choisir leurs représentants, que c’est leur précieuse part de souveraineté qu’on leur dérobe avec le tirage au sort, et que personne ne leur retirera sans qu’ils se battent bec et ongles. Ce que j’observe, c’est que ces cris viennent souvent de personnes plutôt favorisées qui n’ont rien à craindre de l’élection puisqu’ils sont précisément de ceux que les élus ne martyrisent jamais. Je ne suis pas sûr qu’il soit utile de tenter de les convaincre car il est possible qu’un intérêt personnel contraire à l’intérêt général les anime, auquel cas la discussion est un simulacre, et sans doute une impasse. Par contre, de la part de personnes défavorisées, cet argument est vraiment étonnant : après 200 ans de trahisons répétées, après 200 ans de promesses non tenues, continuer à s’accrocher à ce qui est — de fait — un pur mensonge, relève de la pensée magique, un peu comme certaines croyances conduisent à protéger une vache sacrée. Peut-on argumenter contre une croyance ? Peut-être. Je pense par exemple à une voie médiane (transitoire ?) : une Assemblée qui combinerait les deux modes : une partie élue (pour ceux qui veulent choisir) et une partie tirée au sort (pour ceux qui ont compris que l’élection est une menteuse). Le résultat serait déjà bien meilleur pour l’intérêt général qu’une élection à 100%. On peut aussi proposer de choisir la procédure par référendum. Par exemple, après un honnête débat public ouvert à toutes les opinions dissidentes, on poserait la question au peuple : souhaitez-vous que la prochaine Assemblée constituante soit 1) intégralement tirée au sort, 2) intégralement élue, 3) tirée au sort pour moitié et élue pour moitié, 4) constituée de tous les citoyens volontaires ?
Mais aujourd’hui, à l’évidence, EN NOUS PRIVANT DE L’INITIATIVE (tantôt des candidats, tantôt des questions), LE SUFFRAGE UNIVERSEL NE NOUS PRÉSENTE QUE DE FAUX CHOIX.
Dans la constituante il ne peut y avoir d’élus car ils sont élus du fait de la possibilité donnée par la constitution elle même qui est sensée limiter leurs éventuels pouvoirs, il serait paradoxal d’utiliser les élus d’une constitution jugée caduque pour en recréer une autre. Donc il est contre Nature de faire une constituante d’élus.Cela n’empêche pas les constituants d’y faire appel dans le régime mis en place s’ils croient en cette possibilité.
CorruptionTirésAuSort
LES TIRÉS AU SORT SONT ÉGALEMENT MANIPULABLES ET CORRUPTIBLES, PLUS FACILEMENT MÊME, PUISQU’ILS SONT DÉBUTANTS POLITIQUES ET DONC PLUTÔT NAÏFS
On objecte aussi parfois que rien ne protège les tirés au sort contre les manipulations ni contre la corruption ; on souligne même que des éternels débutants seront particulièrement exposés aux influences des fonctionnaires, eux inamovibles. D’abord, encore une fois, c’est faire comme si les tirés au sort avaient le pouvoir alors que ce n’est pas le cas. Pour corrompre ou manipuler la volonté commune, c’est toute l’Assemblée populaire qu’il faut corrompre et manipuler puisque c’est elle qui conserve le pouvoir en démocratie. Et les procédures de mise en cause après-coup comme le Graphe para nomon permettent précisément de punir un orateur adroit qui aurait réussi à circonvenir l’Assemblée et la conduire à voter de mauvaise décisions. Par ailleurs, pour ce qui concerne les tirés au sort, il n’est pas vrai qu’il est aussi simple de corrompre un amateur qu’un professionnel : la corruption et la manipulation prennent du temps. Et en attendant, il suffit d’un incorruptible dans une assemblée pour sonner le tocsin et alerter tous les citoyens des intrigues éventuelles. Enfin, même imparfait, le tirage au sort reste meilleur pour l’intérêt général que l’élection sur bien des aspects. Le fait que le tirage au sort soit (évidemment) imparfait n’est pas suffisant pour y renoncer.
Les corrupteurs ne souhaitent pas risquer leurs méfaits avec des gens honnêtes qui les dévoileraient, il doivent prendre le temps de connaitre les interlocuteurs avant de savoir s’ils peuvent agir de la sorte. Donc cela rend la corruption plus difficile qu’avec des élus que l’on connait par leurs campagnes, leurs actes, leurs alliances/connaissances… Il est difficile de corrompre quelqu’un dont on ne peut pas approcher sereinement.
Déception
Et si, comme à Athènes, les citoyens sont déçus de la constitution après l’avoir exercé un certain temps ?
1) 200 ans d’évolution dans un même sens démocratique prouve qu’ils n’étaient pas si déçus que ça.
2) Les citoyens décidant de tout, y compris de changer ce qui les déçoit, comment pourraient-ils être déçu ?
3) Les déçus sont d’avantage ceux qui veulent le pouvoir sur autrui (comme l’a montré les coups‑d’état des oligarques) ou ceux qui ont la paresse d’exercer leur souveraineté.
4) La constituante peut très bien prévoir que la constitution soit modifiable par le peuple à tout moment.
Volonté des dieux
Les athéniens ne tiraient au sort que parce qu’ils pensaient que cela faisait émerger la volonté des dieux et non parce qu’il avaient des conceptions statistiques. L’organisation politique Athénienne n’est donc pas un modèle à reprendre.
1) — Que l’origine du tirage au sort soit inscrit dans la mythologie même, que ce tirage au sort soit aussi inscrit dans la culture des athéniens ne sont pas des arguments valables pour contrer la réalité de la démocratie des athéniens pendant 200 ans. Rien ne se crée sur du vide et il me semble normal que les athéniens aient pensé utiliser le tirage au sort déjà inscrit au sein de leur culture pour d’autres domaines. En tous cas cela n’invalide pas la pertinence du tirage au sort. C’est aussi parce qu’ils avaient déjà exercé le tirage au sort et réalisé ses bienfaits qu’il l’ont utilisé pour créer la démocratie. C’est donc une extension de leur base culturelle appliquée à leur organisation politique suite à leurs expériences positives vécues en d’autres domaines:
— dans la mythologie les dieux n’avaient leur fonction que suite à un tirage aux dès donc au sort donc on peut supposer qu’à la base cette mythologie avait déjà un sens démocratique ; d’autant plus que les Dieux des grecs n’étaient pas supérieurs aux grecs.On est biaisé dans notre approche par la notion de dieux par notre culture judéo-chrétienne et le monothéisme, les dieux grecs étaient des êtres différents des autres mais subissant le même destin, il n’avaient donc pas de pouvoirs supérieurs …
2) — il est vrai que cet argument théologique est souvent repris, mais avec un regard détaché de la théologie sur le fonctionnement concret du régime Athénien on se rend-compte qu’il fonctionnait démocratiquement, au delà des éventuelles convictions religieuses. Il n’y a pas de raison qu’il en soit différemment aujourd’hui si on s’en donne les moyens.
3) — Le livre de Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, évoque une éventuelle utilisation “religieuse” du tirage au sort chez les romains, plus que chez les grecs. Bien que cette théorie ne soit pas écarté définitivement chez ces derniers, elle reste peu probable.
Je trouve ce texte vraiment excellent! J’ai initié un projet de recherche au Québec où je propose justement le tirage au sort comme meilleure forme d’assemblée constituante. J’ai hâte de découvrir l’avis des participants à la recherche.