Holacratie ou holocratie
Définition de holacratie ou holocratie
Etymologie : de l’anglais holacracy, composé à partir du grec ancien holos, entier, totalité, entité qui est à la fois un tout et une partie d’un tout, et kratos, pouvoir, autorité. Le terme holacracy est dérivé de holarchy, inventé en 1967 par Arthur Koestler (1905–1983) dans son livre The Ghost in the Machine.
L’holacratie (ou parfois holocratie qui semble étymologiquement plus correcte) est un mode de prise de décision et de gouvernance qui permet à une structure de s’auto-organiser comme une entité vivante. Chacune des parties prenantes participe à l’organisation sans faire appel à une hiérarchie ou à un organigramme traditionnel.
L’holacratie est une nouvelle méthode de management d’entreprise développée dans les années 2000 par la société américaine HolacracyOne (“Holacracy” est une marque déposée). Elle est fondée sur la mise en application de l’intelligence collective et part du principe qu’établir un organigramme ou des fiches de poste n’est pas réellement utile. La prise de décision est ainsi répartie au sein d’une organisation “fractale” d’équipes (cercles) autonomes mais aussi dépendantes de l’ensemble auquel elles appartiennent.
Pouvant être comparée à la sociocratie dont elle s’est inspirée, l’holacratie applique les mêmes quatre grands principes : gouvernance par cercles interdépendants et auto-organisés, doubles liens entre deux cercles, gestion par consentement et élections sans candidat. Cependant elle a un caractère plus opérationnel et formalisé.
Quelques critiques faites par les détracteurs de l’holacratie :
- ce n’est qu’une nouvelle mode managériale venue des Etats-Unis,
- elle induit un stress supplémentaire chez les salariés à qui l’on impose cette théorie de management,
- elle provoque de nombreuses démissions parmi les salariés,
- le fonctionnement en équipe autonome conduit à la loi du plus influent au sein du groupe,
- elle génère une augmentation paradoxale de bureaucratie,
- etc.
En matière de politique, des tentatives d’adapter l’holocratie à la gouvernance de la société apparaissent, mais demeurent encore embryonnaires.
Notes :
* intelligence collective : capacité cognitive d’un groupe produite par les interactions multiples entre ses membres. Elle est supérieure à la somme de celle de chacun de ses membres.
Aux origines de la holacratie volet informatique
Un progiciel est un logiciel qui peut se connecter à une série de logiciel spécialisé et coordonner leur action, plus particulièrement du point de vue de l’échange de donnée.
Les ERP (Enterprise Resource Planning)/ PGI (progiciels de gestion intégrée) sont des progiciels permettant de gérer informatiquement les différentes fonctionnalités d’une entreprise en coordonnant l’action des services impliqués. L’objectif des ERP était de faire fonctionner le personnel de l’entreprise sur le mode de la stigmergie, le mode d’organisation des insectes eusociaux.
Le problème est qu’une entreprise est une organisation habituellement plus complexe qu’une fourmilière et que les premiers ERP étaient conçus du point de vue d’organigramme standard complexe sans rapport avec l’organisation adoptée par la plupart des utilisateurs.
Brian Robertson a résolu le problème en créant un ERP simplifié, pouvant être paramétré de nombreuses façon et conçu du point de vue de la gouvernance par cercle.
Aux origines de la holacratie volet managérial
On peut supposer de Gerard Endeberg a influencé indirectement Robertson puisque la sociocratie, sa variante de la gouvernance par cercle, a été largement diffusée aux USA sous le nom de gouvernance dynamique.
La sociocratie d’Endeberg visait essentiellement à masquer l’action des managers derrière une certaine forme de participation des salariés à la prise de décision pour court-circuiter l’action des délégués syndicaux. C’était une approche voisine du lean management à la Japonaise qui, lui, vise à favoriser l’amélioration continue du travail et la résolution des problèmes imprévus. L’Etat néerlandais a soutenu la démarche d’Endeberg et ses émules en affranchissant toute entreprise sociocratique de l’obligation de créer un comité d’entreprise.
Relation entre la holacratie et la sociocratie
On peut donc assimiler la holacratie à une version informatisée de la sociocratie d’Endeberg, codifiée du point de vue de la réalisation de l’objectif de l’entreprise (la raison d’être de l’organisation). L’élément fondamental de la holacratie, c’est son logiciel ERP et le volet sociocratie est au service de sa mise en oeuvre. Astreinte à un formalisme rigoureux, l’entreprise holacratique n’est pas une “entreprise libérée” mais plutôt une entreprise intégrée dans l’économie numérique qui produit des preuves de bonne gouvernance à l’attention des commissaires aux comptes, bailleurs de fond, grossistes. Un aspect mineur de la holacratie est la facilité à intégrer les sous-traitants et consultant dans le processus de gouvernance.
Difficulté d’application
L’expérience tend à prouver que les entreprises devraient d’abord pratiquer la sociocratie classique avant de passer en holacratie. Cela permet de se roder à un mode de fonctionnement différent de la pyramide hiérarchique classique et d’éviter la confusion entre gouvernance par cercle et absence de manager.
Les mises à jour régulière de la “Constitution de l’holacratie” (le mode d’emploi) démontrent que le modèle est encore assez expérimental ou vite rendu obsolète par les mutations rapide du marché.
Quoi qu’il en soit, il peut être intéressant d’étudier les possibilités d’application de la holacratie à des personnes morales publiques ou non capitalistes. Le technat imaginé par Howard Scott (https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_technocratique) fonctionnerait sans doute mieux en tant qu’holacratie:
‑le Continental Board serait remplacé par un “cercle d’ancrage”,
‑les conseils dirigeants des séquences fonctionnelles seraient remplacés par des sous-cercle du cercle d’ancrage,
‑les délégations locales des séquences des relations sociales, des forces armées et de l’Area Board seraient administrées par des sous-cercles des sous-cercles précités.
A méditer pour ceux qui voudraient organiser les futurs établissements extra-atmosphériques selon les principes du technat.