Initiation à l’intelligence collective

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Créer les conditions
de l’intelligence collective

(Par Shab­nam Anvar, facil­i­ta­trice et fon­da­trice de ReCom­pose, mem­bre du Con­seil sci­en­tifique de la Fon­da­tion Nico­las Hulot – Extrait du “guide des out­ils pour agir” pub­lié par la Fon­da­tion Nico­las Hulot et réal­isé en parte­nar­i­at avec L’Université du Nous.)

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Le terme « Intel­li­gence Col­lec­tive » englobe une diver­sité de méth­odes per­me­t­tant aux par­tic­i­pants d’un groupe de con­tribuer à un objec­tif com­mun avec leurs capac­ités cog­ni­tives. Le pos­tu­lat de départ de ces méth­odes est que l’intelligence du groupe sera supérieure à la somme des intel­li­gences isolées. C’est bien la ren­con­tre d’une diver­sité de per­son­nes dotées de leurs expéri­ences, de leurs savoirs tacites et explicites qui nour­ri­ra une réflex­ion com­mune dans un cadre don­né. S’il n’y a pas de recette mir­a­cle pour mobilis­er les poten­tiels humains, il y a cepen­dant quelques ingré­di­ents, couram­ment util­isés et com­muns à de nom­breuses approches organ­i­sa­tion­nelles, qui une fois inté­grés à la recette per­me­t­tent de créer des con­di­tions favorables.

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Les principes de l’intelligence collective

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Instau­r­er une rela­tion d’équivalence

La diver­sité des expéri­ences, du savoir-être et du savoir-faire de cha­cun est un atout pour le groupe. Cha­cun a une place, sa place dans le groupe ; il est accep­té tel qu’il est, avec ce qu’il est. Il n’y a pas de hiérar­chie, il y a juste des per­son­nes qui assu­ment des respon­s­abil­ités d’ordre dif­férent. Per­son­ne n’a de pou­voir ni de con­trôle sur l’autre, chaque indi­vidu est souverain.

Priv­ilégi­er une archi­tec­ture en cer­cle per­met de ren­dre vis­i­ble la rela­tion d’équivalence car chaque mem­bre se trou­ve à équidis­tance du cen­tre. Écouter avec atten­tion Pour sor­tir de la course men­tale de «com­ment je peux – réa­gir – à ce qu’il dit », l’écoute active s’impose. Ce qui sig­ni­fie écouter ce que la per­son­ne dit, écouter avec attention.

Le tour de parole est une tech­nique pour habituer un groupe à l’écoute active. Cha­cun par­le sans être inter­rompu ; les autres par­tic­i­pants ne doivent pas « réa­gir » dans l’immédiat, mais sont invités à « s’exprimer » lorsque ce sera leur tour de par­ler. Par­ler avec inten­tion Chaque par­tic­i­pant est invité à par­ler en son nom en employ­ant le «je » et en évi­tant d’utiliser des for­mu­la­tions telles que «on pense que ». Le silence, c’est aus­si la pos­si­bil­ité de pass­er son tour et ne rien dire. Assumer la respon­s­abil­ité de sa parole ou son silence est déjà un grand pas.

Être bien­veil­lant

Chaque par­tic­i­pant est invité à ne pas être dans le juge­ment de l’autre, des idées pro­posées, ni dans le juge­ment de soi-même. Il n’y a ni bon ni mau­vais. En effet, une idée qui pour­rait être con­sid­érée comme « mau­vaise », pour­rait être l’élément déclencheur de la solu­tion trou­vée par le groupe. Faire con­fi­ance Se faire con­fi­ance, oser suiv­re son intu­ition, oser exprimer son savoir, faire con­fi­ance aux autres, au proces­sus et au facil­i­ta­teur. Ce qui arrive devait arriv­er : les moments hyper­ac­t­ifs, les silences, les dires des uns, les ques­tions des autres vien­nent tous enrichir le pot com­mun, “le cen­tre” pour co-con­stru­ire ce qui est à faire.

Respecter le cadre

Le cadre est bien sûr com­posé des règles ci-dessus, ain­si que les règles de forme (con­signes pour chaque exer­ci­ce). Par exem­ple, afin que chaque par­tic­i­pant puisse s’exprimer et faire par­tie du groupe, il est souhaitable de prévoir au début de la réu­nion un temps équiv­a­lent pour cha­cun. Deux min­utes per­me­t­tent en règle générale à cha­cun d’exprimer l’essentiel et invite à un exer­ci­ce de con­ci­sion pour le bien-être de tous.

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Les phases de l’intelligence collective

Il y a cinq grandes phas­es com­munes aux out­ils d’intelligence col­lec­tive. Les iden­ti­fi­er per­met de mieux veiller aux res­pi­ra­tions néces­saires pour bien dérouler son processus.

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Inten­tion

Cette pre­mière phase est l’occasion de définir avec clarté l’intention de la réu­nion, de répon­dre à la ques­tion «dans quel objec­tif sommes-nous réu­nis ? ». Il est impor­tant de n’avoir qu’une inten­tion par réu­nion pour éviter les con­fu­sions. La déf­i­ni­tion peut avoir lieu en amont ou sur place selon le fonc­tion­nement du groupe.

Inclu­sion

La phase d’inclusion ouvre la ses­sion d’intelligence col­lec­tive. Elle a pour objec­tif d’accueillir tous les par­tic­i­pants afin que cha­cun se sente à sa place dans le groupe, en équiv­a­lence avec les autres.
Il existe de nom­breuses manières de procéder à une inclu­sion. Une manière très sim­ple est d’inviter cha­cun des par­tic­i­pants à se présen­ter par son prénom et son nom, et un mot pour qual­i­fi­er son attente vis-à-vis de la réu­nion (« appren­dre », « con­tribuer », etc.) ou son humeur (« joyeux », « scep­tique », etc.). Même si la parole de chaque par­tic­i­pant est très brève et l’exercice très sim­ple, elle per­met à cha­cun de se con­necter au groupe et d’avoir sa voix dans celui-ci.

Émer­gence

Cette phase est celle de l’ouverture où l’expression des idées, du ressen­ti, etc. est accueil­lie et encour­agée. Elle est celle où les par­tic­i­pants sont invités à libér­er leur créa­tiv­ité indi­vidu­elle et col­lec­tive. Il n’y a ni l’enjeu de pren­dre une déci­sion, ni celui de trou­ver « LA » solu­tion, ni celui de se met­tre d’accord. La phase d’émergence se libère de ces con­traintes pour per­me­t­tre à tous de sor­tir des sen­tiers bat­tus, oser penser autrement, ne plus être en réac­tion à ce qui se dit, mais se laiss­er nour­rir pour, à son tour, nour­rir les échanges et la session.

Con­ver­gence

La phase de con­ver­gence a pour objec­tif de ramen­er les par­tic­i­pants les pieds sur terre. Il s’agit de la phase de con­struc­tion ou de syn­thèse à par­tir de l’écoute de ce qui a été dit lors de la phase d’émergence. Il ne s’agit pas, pour un ou plusieurs par­tic­i­pants, de faire val­oir sa solu­tion, son idée ou sa propo­si­tion, mais bien de se met­tre au ser­vice du groupe et de pren­dre l’essence de ce qui a été dit ou vécu pour co-con­stru­ire une propo­si­tion ou syn­thèse commune.

Clô­ture

La phase de clô­ture est celle du partage du vécu et du ressen­ti, ain­si que la phase pour célébr­er ce qui a été fait. Elle per­met à cha­cun de dire ce qui a été impor­tant et ce qui n’a pas fonc­tion­né pour lui. Il est essen­tiel de sor­tir du sché­ma où seul l’animateur ou le for­ma­teur reçoit les avis, via un ques­tion­naire par exem­ple. Pour nour­rir la démarche, le partage doit se faire ensem­ble, car chaque par­tic­i­pant a sa part de respon­s­abil­ité dans ce qui a été vécu par le groupe.

Choi­sis­sez, for­mulez et utilisez les principes avec lesquels vous vous sen­tez à l’aise.
Aucune règle n’est figée.


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L’épanouissement
de l’intelligence collective

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Les méthodes
de l’intelligence collective

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Les outils
de l’intelligence collective

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Les processus d’intelligence collective

LA GESTION PAR CONSENTEMENT issue de la sociocratie

Là où, pour agir, le con­sen­sus exige que tous les par­tic­i­pants à une déci­sion soient unanimes, le con­sen­te­ment se con­tente du fait qu’aucun mem­bre n’y oppose d’objection raisonnable. Une objec­tion est jugée raisonnable si elle boni­fie la propo­si­tion à l’étude ou l’élimine com­plète­ment. L’objection n’est plus syn­onyme d’obstruction mais d’identification de lim­ites, de tolérances qui devi­en­nent les con­di­tions de réal­i­sa­tion de la propo­si­tion. Le proces­sus per­met de faciliter l’identification de ces con­di­tions et la mise en pra­tique des décisions.

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L’ELECTION SANS CANDIDAT issue de la sociocratie

C’est une des per­les de la méth­ode ! Ce proces­sus per­met de décider en con­sen­te­ment qui pren­dra la respon­s­abil­ité d’un rôle, d’un poste ou d’une fonc­tion. Cette méth­ode per­met égale­ment de faire des choix entre plusieurs options pos­si­bles con­cer­nant une proposition.
Elle fait l’objet, comme la prise de déci­sion, d’un proces­sus rigoureux en plusieurs étapes. L’élection sans can­di­dat est aus­si une façon de créer du lien, de met­tre à jour cer­tains con­flits larvés, de soutenir et d’encourager un par­tic­i­pant pour pren­dre sa place au sein du cer­cle et de nour­rir notre besoin de reconnaissance.
Dans une élec­tion sans can­di­dat nous votons « Avec » et jamais « Pour ou Contre ».

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LA GESTION DE CONFLIT

Voici un proces­sus de médi­a­tion en cer­cle issu de la sociocratie et inspiré par la com­mu­ni­ca­tion non vio­lente dans son approche et son déroulé per­me­t­tant de con­duire deux par­ties à s’entendre et ten­ter de résoudre les con­flits lev­és au sein d’un groupe.

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[Autres méth­odes, à trier]

LA COMMUNICATION BIENVEILLANTE

Plusieurs de nos mem­bres ont été for­més à la com­mu­ni­ca­tion non vio­lente. La CNV est un socle per­ti­nent pour la mise en oeu­vre d’une gou­ver­nance partagée. Elle ren­force la pos­ture du Je, le dia­logue avec soi et avec l’autre, la respon­s­abil­ité dans l’expression de ses paroles et ses ressen­tis. Cela per­met d’identifier des deman­des claires sous forme de propo­si­tion dans les proces­sus de prise de décision.

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LES METHODES DE CREATIVITE

En fonc­tion des sit­u­a­tions qui se présen­tent dif­férents out­ils d’émergence créat­ifs exis­tent. En voici une liste non exhaustive…

LE BRISE-GLACE

LE MUR D’EXPRESSION et LE NUAGE DE MOTS

LA CONFÉRENCE INTERACTIVE

Les 6 chapeaux de Edward de Bono 

 

La méthode Disney
Le World Café
Le pro-action café
Le théâtre forum
Forum ouverts

LE JEU DU TAO

Le jeu du Tao est un jeu gag­nant-gag­nant qui favorise, dans un cadre de com­mu­ni­ca­tion bien­veil­lant, la coopération entre les joueurs :
« Il per­met de vivre avec les autres une aven­ture à l’intérieur de soi. Il per­met par l’écoute et une meilleure con­nais­sance de soi, de trou­ver les solu­tions qui con­duisent vers la réalisation d’un objectif.
En cela le Jeu du Tao offre la pos­si­bilité unique de jouer avec et non pas con­tre ses parte­naires. L’entraide et le don y rap­por­tent plus que l’esprit de compétition. Son mécanisme reste cepen­dant très sim­ple : on choisit une quête, on lance le dé, on répond aux ques­tions. Le jeu per­met à cha­cun de trou­ver en soi les qualités à sa dis­po­si­tion pour servir les autres. »

www.taovillage.com

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LES OUTILS SENSORIELS

L’Université du Nous, au tra­vers de son « pôle sen­so » a dévelop­pé des exer­ci­ces sen­soriels spé­ci­fiques afin de per­me­t­tre la com­préhen­sion par le corps des con­cepts dévelop­pés sur un plan intel­lectuel. Ces exer­ci­ces sont incon­tourn­ables et artic­ulés tout au long des sémi­naires proposés.

DEMOCRATIE PARTICIPATIVE

La nou­velle édi­tion du guide des out­ils pour agir pub­lié par la Fon­da­tion Nico­las Hulot a été réal­isée en parte­nar­i­at avec L’Université du Nous.

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Cultivons nos Richesses !

« La vraie mis­ère n’est pas tant le fait de ne pas avoir accès à quelque chose mais celle de ne pas pou­voir don­ner. » JF Noubel.

1. La richesse

Dans notre société le con­cept de richesse est très sou­vent can­ton­né à un con­cept économique lié à un échange de biens et de ser­vices. Le champ de ces richess­es qui s’échangent se matéri­alise par l’utilisation de la monnaie.
Selon cet enten­de­ment ce champ ne cou­vre pas l’ensemble des qual­ités, ressources et com­porte­ments dont un être regorge. En effet ces richess­es indi­vidu­elles peu­vent s’exprimer, par­fois même se mesur­er, mais elles ne peu­vent pas s’échanger.

2. Les traceurs

Toute organ­i­sa­tion a besoin de faire grandir en son sein les richess­es qui sont néces­saires pour servir sa rai­son d’être. L’idée est donc de créer des traceurs sur ces richess­es et de cul­tiv­er ensem­ble le développe­ment de celles-ci, d’en favoris­er l’expression et de mesur­er ce qui peut l’être. Ce sont les Indi­ca­teurs de Richess­es [IdR].

3. La démarche

La démarche con­siste tout d’abord à iden­ti­fi­er ces richess­es, à imag­in­er ensuite, de quelles façons les met­tre en lumière.

4. La relation d’équivalence

Ce ne sont pas des bons points puisque nous sommes dans une rela­tion d’équivalence. Il y a là une con­di­tion néces­saire à la pra­tique de ces outils.
Cha­cun dis­pose de cer­taines richess­es mais pas for­cé­ment de toutes les richess­es utiles au groupe. Nous pou­vons être forte­ment val­orisé par un type d’IdR et pas par les autres.

5. Culture commune

Au fil du temps se crée une cul­ture com­mune car nous enten­dons l’expression des moti­va­tions qui poussent à don­ner tel IdR, par exem­ple, à un moment où nous n’aurions pas pen­sé à le faire.

6. L’holoptisme

C’est une façon de ren­dre vis­i­ble les échanges : leur nature, leur vol­ume, qui donne, qui reçoit… Il per­met de voir où se trou­ve les ressources sur un indi­ca­teur don­née. De fait il per­met à cha­cun d’avoir une vision de soi et du Tout. Ain­si cha­cun peut adapter son com­porte­ment en fonc­tion des autres comme le font les foot­balleurs sur un ter­rain de foot ou les mem­bres d’un orchestre de jazz.

7. Paternité

Ce tra­vail repose sur les recherch­es en intel­li­gence col­lec­tive menées notam­ment par Jean Fran­cois Noubel qui par­le plutôt de mon­naie libre. L’UdN est égale­ment soutenue dans sa démarche par Eti­enne Hayem.

8. Applications concrètes

De nom­breuses appli­ca­tions con­crètes sont en train de voir le jour sur les réseaux soci­aux. Les exem­ples les plus con­nus sont les sys­tèmes de répu­ta­tion que vous pou­vez trou­ver sur ebay ou dans les sites de cov­oiturage avec les petites étoiles pour éval­uer les prestations.

9. Partage

Vous pou­vez créer vos pro­pres indi­ca­teurs, adap­tés aux final­ités de vos pro­jets en iden­ti­fi­ant les richess­es essen­tielles à sa réussite.
L’UdN pro­pose durant ses Ate­liers du Nous une con­stel­la­tion d’IdR qui ser­vent à soutenir la dynamique d’apprentissage par l’expérience. Elle offre un libre usage de sa con­stel­la­tion d’indicateurs pour soutenir l’apprentissage de la pra­tique du cer­cle et des proces­sus de décision.

Voir les fiches pratiques de l’Université Du Nous

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